Editorial de M. Jacques Voisin, secrétaire général de la CFTC, et communiqués dans "La Lettre confédérale" du 7 juillet 1997, sur la fermeture de l'usine Renault à Vilvorde, le développement du temps partiel, le plafonnement des allocations familiales.

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La lettre confédérale CFTC : 7 juillet 1997

La voix de Vilvorde - Jacques Voisin, secrétaire général - Le 2 juillet 1997

L’été n’est pas au rendez-vous et vous qui allez, je l’espère, bientôt partir en vacances, vous devez penser : « pourvu que ça s’améliore. »

Il en est de même pour le climat social : à peine un mois après les élections législatives, les nuages obscurcissent l’horizon. Premier orage, tonnerre et foudre dans le ciel médiatique : Vilvorde et toutes les promesses qui prennent l’eau, des machines qui vont rouiller, des chômeurs à la pelle et à la clé sous le paillasson.

Et nous, spectateurs de la colère des cieux, comme ceux de Vilvorde, nous voyons la partie sceller les sorts.

Ainsi, dans l’affaire Vilvorde, les salariés devaient être pleinement associés à la recherche des solutions qui les concernent directement. L’erreur aurait été d’avoir nommé un expert sans avoir des dispositions dans ce sens.

Ni en tant que citoyen, ni en tant que salarié, quelqu’un ne peut déléguer de façon totale et définitive à l’État ou à son entreprise le soin d’exercer les responsabilités qui concernent directement son avenir professionnel et celui de sa famille. Il existe une responsabilité imprescriptible de la personne humaine qui fonde sa dignité et sa liberté.

Moulinex comme Renault ont considéré qu’ils n’avaient pas d’autre recours pour déclencher le financement public des plans sociaux, que la mise en scène d’un désastre social suffisamment important pour que l’opinion publique somme l’État de réagir. On ne peut imaginer situation plus dangereuse, plus coûteuse et plus dévastatrice pour la paix sociale.

Pour cette raison, nous avons toujours soutenu et encouragé la négociation sociale. Un accord est intervenu mercredi. Il faut aujourd’hui savoir en tirer toutes les leçons.

Nous souffrons cruellement d’un manque de participation. Personne ne peut faire l’impasse sur ce que pensent et veulent les salariés.

Il faut aussi répondre aux questions qu’ils se posent, notamment sur les évolutions industrielles.

On voit bien là l’importance du dialogue social au niveau du groupe européen.

La voix de Vilvorde est celle de tous les salariés.


La lettre confédérale CFTC - 7 juillet 1997

Communiqué : Allocations familiales : on n’impose pas un pacte, Paris, le 27 juin 1997

La CFTC marque sa surprise devant les propos tenus par le Premier ministre au Sénat, mettant en cause la représentativité des corps intermédiaires qui se sont élevés contre la décision de placer les allocations familiales sous condition de ressources.

La CFTC s’étonne devant une méthode qui consiste à s’attribuer seul la connaissance des besoins du peuple en jetant le discrédit sur les corps intermédiaires qui ont mission reconnue par la loi de représenter les intérêts des familles ou des salariés.

Entre les citoyens et le gouvernement, n’y aurait-il plus que les sondages et la rue ?

Loin d’être « extrêmement minoritaires », syndicats de salariés et associations familiales se sont d’ailleurs déclarés à la quasi-unanimité opposés à cette mesure.

S’il s’appuie sur des sondages qui ne donnent jamais qu’une vision partielle et fugace de la réalité, le gouvernement pourrait bien voir remises en cause ses certitudes, comme l’ont été celles du précédent gouvernement.

Comme elle l’a demandé par lettre le 26 juin au Premier ministre, la CFTC demande qu’aucune décision ne soit engagée hors d’une perspective d’ensemble, et hors de la concertation entre l’État et les corps intermédiaires. Le succès du gouvernement ne pourra se construire que dans le pacte avec le corps social, que Lionel Jospin a appelé de ses vœux. Un pacte ne s’impose pas.


La lettre confédérale CFTC : 7 juillet 1997

Communiqué : Enquête de l’INSEE sur l’emploi : derrière la flexibilité, le sous-emploi, Paris, le 27 juin 1997

L’enquête sur l’emploi de l’INSEE de mars 1997 souligne le bond opéré par le travail à temps partiel qui concerne aujourd’hui 3,7 millions de personnes.

Ce temps partiel, souvent subi, s’apparente de plus en plus au sous-emploi, celui de personnes, de plus en plus nombreuses, exerçant à temps partiel mais voulant travailler davantage.

Ces données confirment les analyses de terrain effectuées par la CFTC et soulignent l’urgence d’une législation, promise par le gouvernement, sur les heures supplémentaires et le temps partiel, ainsi que celle sur la précarité.

Lors de ses prochains entretiens avec les ministres en charge, la CFTC présentera ses travaux sur l’élaboration d’un nouveau statut du travailleur, permettant de concilier la mobilité des salariés sous l’effet des mutations économiques, avec la sécurité et la stabilité sociale qui leur sont indispensables.


La lettre confédérale CFTC : 7 juillet 1997

Communiqué : Chiffres du chômage en mai : au-delà des apparences, une précarisation stable du marché de l’emploi, Paris, le 30 juin 1997

La forte progression du chômage enregistrée en mai ne représente une rupture par rapport aux mois précédents qu’en apparence. Selon l’ancien baromètre du chômage (qui comptabilise les demandeurs d’emploi exerçant une activité de plus de 78 heures), la hausse globale se situe à 0,6 %. Ce qui signifie tout simplement que parmi les chômeurs travaillant plus de 78 heures le mois dernier, certains n’ont pas pu le mois dernier poursuivre une activité même précaire et viennent aujourd’hui grossir le rang des chômeurs dits de catégorie 1 (ceux n’exerçant pas d’activité du tout ou une activité de moins de 78 heures).

Que l’on exerce une activité réduite de plus ou moins de 78 moins, le sous-emploi reste le sous-emploi. Au-delà des fluctuations comptables, le marché de l’emploi reste dominé par une précarisation sur laquelle il s’agit d’agir, notamment à travers la législation promise sur la précarité. Le profil des demandeurs d’emploi exerçant une activité réduite de plus de 78 heures mériterait en particulier d’être mieux connu. En quels cas cette activité réduite débouche-t-elle sur un emploi ? En quoi cette activité réduite s’apparente-t-elle au sous-emploi ?

La CFTC propose d’inscrire ces questions à l’ordre du jour de la conférence de septembre sur le temps de travail, l’emploi et les salaires.