Article de M. Jean-Luc Bennahmias, secrétaire national des Verts, et Yves Cochet, porte-parole des Verts, dans "Verts contact" de juillet 1997, sur la préparation des élections régionales, cantonales et sénatoriales de 1998.

Prononcé le 1er juillet 1997

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Média : Vert contact

Texte intégral

À peine sommes-nous sortis des législatives de ce printemps qu'il nous faut préparer les trois échéances électorales de 1998 (régionales, cantonales, sénatoriales). Réfléchissons d'abord aux régionales en examinant les enjeux et les choix, compte tenu de la nouvelle situation politique nationale.

Lorsque les instances locales des Verts s’étaient réunies, avant l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, nombre d’entre elles avaient opté pour la présentation de listes départementales Vertes et ouvertes, sans alliance. En effet, bien que l’accord Verts-PS contienne quelques paragraphes sur les élections régionales, le mode de scrutin proportionnel et le souvenir des bons résultats de 1992 avaient incité les militants Verts à privilégier les listes autonomes.

La donne politique française, et les responsabilités des Verts dans celle-ci, ayant pour le moins changé, il nous faut reconsidérer nos conclusions d'il y a quatre mois. Et d'abord dire et redire que Les Verts ne peuvent espérer obtenir de bons résultats globaux aux élections régionales et cantonales s'il n'y a aucune stratégie nationale possible pour ces élections. En effet, souvenons-nous des élections municipales de juin 1995 où, malgré un avis du Conseil national interrégional (CNIR) des Verts pour des listes autonomes au premier tour, la moitié de nos candidat(e)s et, du même coup, plus de la moitié de nos élu(e)s furent présents sur des listes d'union dès le premier tour. En outre, aucune négociation nationale n’ayant pu être mise en œuvre, nous offrîmes ainsi plus de cent grandes mairies au PS sans contrepartie équivalente pour Les Verts. À notre avis, il en va de même pour les régionales et les cantonales prochaines : si chaque département, ou même chaque région, réfléchit et décide seul(e) dans son coin, nous aurons moins de conseillers régionaux et de conseillers généraux, et moins de postes de responsabilité que nous ne pouvons en escompter aujourd'hui (nous perdrions à coup sûr la région Nord - Pas-de-Calais, par exemple).

Un deuxième élément de réflexion est la poursuite de l'accord Verts-PS dans sa modulation régionale précitée. En résumé, nous pourrions dire : on ne change pas une stratégie qui gagne ! Certes, les régionales ne sont pas les législatives. Mais il faut s'interroger sur l'effet curieux que pourrait produire une concurrence électorale vive entre Les Vert et le PS dans tous les départements, dès la rentrée de septembre et, d'un autre côté, une solidarité majoritaire gouvernementale et parlementaire (néanmoins critique, bien sûr). Cela ne veut pas nécessairement dire qu'il faudrait constituer des listes communes avec le PS dans tous les départements, mais considérer pragmatiquement les cas où elles seraient possibles, voire souhaitables, notamment dans les régions qui pourraient basculer du côté de la nouvelle majorité nationale. Pourquoi ne pas imaginer et envisager aussi des listes de large union des gauches et des Verts ?

Peut-on écarter la question d'un changement de la loi électorale pour ces régionales ? Pas totalement, bien que nous ne connaissions pas l'état de la réflexion gouvernementale à ce sujet. Si la région devait être la base territoriale de constitution des listes, cela ne pourrait que nous satisfaire. Mais devrait-on simultanément accepter la « prime majoritaire » qui garantit des majorités du type municipal ? Avec cette dernière modalité, une telle loi électorale risquerait de donner la région Provence-Alpes-Côte d'Azur à Le Pen, ce qui est complètement inconcevable.

Nous reparlerons de tout cela aux Journées d'été, en n'oubliant pas que le temps est compté : le CNIR des 30 et 31 août devra indiquer la stratégie choisie (un rapport plus complet que ce papier y sera présenté) et le CNIR des 4 et 5 octobre devra examiner les listes constituées par les régions. En attendant, bonnes vacances à toutes et à tous !