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Le parti, relais du gouvernement et acteur du changement
Le PS comme relais du gouvernement. Dans cette période inédite qui s’ouvre, quel peut être le rôle de notre parti ? Il n'est pas conçu, et heureusement, pour être un simple porte-parole d'un gouvernement qui d'ailleurs ne le demande pas. Il n'a pas non plus à tomber dans je ne sais quel harcèlement systématique qui ne serait même pas compris par nos électeurs. Aussi, doit-on bâtir, sous l'autorité de Lionel Jospin, un dispositif qui permette au Parti socialiste d'être non seulement un relais du gouvernement dans le pays, mais aussi un acteur du changement espéré. Nous pourrions ainsi nous fixer trois objectifs :
Le premier serait d'appuyer résolument l'action engagée par le gouvernement de la gauche. Si nous ne le faisions pas, qui le ferait à notre place ! Cela suppose une présence sur le terrain et nous avons montré ce que nous étions capables de faire à l'occasion de ces élections. Nous pourrions déjà engager deux actions de communication dans les prochains jours. D'abord relayer puissamment dans le pays la déclaration d'investiture de Lionel Jospin devant l'Assemblée nationale. Puis, après notre université d'été, expliquer ce que nous avons déjà fait et ce que nous nous apprêtons à faire pour la rentrée. Voilà pourquoi nous avons veillé, collectivement, à la différence de 1981 et de 1988, à ce que les ministres, membres du bureau national, continuent à y siéger, et que ceux qui n'en sont pas membres soient régulièrement invités à nos travaux. Nous avons également souhaité qu'avant toute réforme législative importante, les groupes parlementaires, bien entendu, mais aussi les commissions du parti soient associées à l'élaboration de ces réformes. Enfin, Lionel Jospin a confirmé que les ministres socialistes seraient mobilisés, en liaison avec le parti, pour ce travail d'explication, dans nos départements.
Le PS comme relais d'une nouvelle dynamique.
La deuxième tâche qui nous incombe est d'accueillir de nouveaux adhérents. Comme souvent après les succès électoraux, notre parti connaît une vague plus ou moins haute d'adhésions. Ce serait une faute grave pour notre organisation de nous passer de cet apport-là. Voilà pourquoi nous avons décidé de lancer une campagne dans les prochains jours, à l'échelon national comme à l'échelon des fédérations. Elle devra être dirigée vers les jeunes, vers les couches populaires et vers le milieu associatif et syndical. J'ajoute aussi une mission qui doit être confiée à tout le parti, et notamment à ses nouveaux adhérents : celle de ne pas relâcher le combat contre le Front national. Nous savons bien quelle est la stratégie qui s'esquisse dans de nombreux départements par rapport à de possibles alliances avec la droite. À nous de combattre à la fois cette stratégie et les menées du Front national.
Le PS comme lieu d'écoute et de réponse.
Enfin, notre troisième mission sera de dialoguer directement avec le pays. Nous avons tiré les leçons de nos échecs passés, sans doute liés au renoncement à certaines promesses, notamment par rapport à la lutte contre le chômage. Aujourd'hui, il faut que notre parti se mette en situation non seulement d'écouter mais aussi d'être le relais des demandes, des difficultés, voire des incompréhensions de beaucoup de Français. Cela suppose de rencontrer, avec beaucoup de modestie peut-être, mais aussi de persévérance, l'ensemble des acteurs sociaux à l'échelon local.
Cela suppose aussi des débats avec la population sur les réformes en cours. Cela exige enfin un suivi de l'action gouvernementale, et je pense notamment à l'emploi des jeunes.
Le PS comme lieu de débats. J'en arrive à nos échéances pour les prochains mois. Au nombre de trois : d'abord l'université d'été, fin août. Je crois que c'est un moment privilégié de formation mais aussi de rencontres et d'échanges entre les militants, et enfin de préparation de la rentrée politique.
Le congrès est notre deuxième rendez-vous. C'est le débat d'orientation qui va s'ouvrir, pour les trois ans qui viennent. Celui-ci ne peut que se placer à côté de l'action gouvernementale engagée, mais qui, en même temps, doit ouvrir les perspectives nouvelles à cette action. Je pense que ce congrès doit s'engager le plus tôt possible et c'est pourquoi nous sommes convenus de le laisser à la date prévue, c'est-à-dire fin novembre, à Brest. Enfin, les élections sont notre troisième rendez-vous. Élections cantonales d'abord, puis les élections partielles, suite au renouvellement, de l'Assemblée nationale, qui serviront de baromètre de la sympathie envers le gouvernement. Nous avons également souhaité, par rapport au renouvellement de mars prochain, qu'il y ait un effort de fait, comme nous l'avons mené pour les élections législatives, sur la présence des femmes.
Pour terminer, je voudrais vous dire que je suis conscient, comme chacun d'entre nous, de nos responsabilités collectives. Nous en avons fini avec cette culture de la délégation qui voudrait que seul le gouvernement puisse agir, le Parlement et les formations politiques, en tout cas la nôtre, ne jouant que les utilités dans ce processus en n'offrant ou que des amendements de circonstances, ou que des plateaux d'estrade. Je suis sûr que c'est encore de nous et du Parti socialiste que dépend désormais notre succès collectif pour les cinq ans qui viennent, au service de notre pays et des intérêts que nous représentons.