Interview de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, à France-inter le 12 septembre 1997, sur l'impasse du processus de paix au Proche-Orient.

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Média : France Inter

Texte intégral

France Inter : Que pensez-vous de la réaction israélienne qui a été très dure par rapport à vos propos ?

Hubert Védrine : C'est parce que la France est engagée depuis extrêmement longtemps dans la recherche d'un processus de paix, c'est parce que la France est vraiment profondément convaincue, qu'il faut trouver un accord politique qui permette la cohabitation de l'ensemble des peuples et des États de la région, qu'elle est désolée d'avoir à constater dans quelle impasse se trouve aujourd'hui le processus de paix, à la suite notamment de beaucoup d'actes unilatéraux décidés ces derniers mois et qui ont d'ailleurs été regrettés les uns après les autres, ce que je me suis borné à récapituler, encore une fois, en déplorant que le processus de paix soit, aujourd'hui, inanimé. Donc, je pense tout à fait qu'il faut redonner vie à ce processus de paix. À cet égard, je salue les efforts qui ont été entrepris par Mme Albright. Je souhaite qu'elle les poursuive. Je pense que d'autres efforts doivent venir se joindre aux siens parce qu'il n'y a pas d'autres solutions. Et tant qu'il n'y aura pas de solution politique, il n'y aura pas de vraie sécurité même si, par ailleurs, naturellement, pour progresser vers cette solution politique, il faut qu'à toutes les étapes tous les responsables fassent un maximum d'effort en matière de sécurité. Mais cela forme un tout. On ne peut pas opposer l'un ou avoir une solution entièrement dans un volet avant d'avoir traité l'autre. Je crois qu'il n'y a pas d'autre perspective que celle-ci.

Quant au gouvernement israélien, nous continuerons à nous parler avec franchise, avec respect et amitié comme nous le faisons avec tous les gouvernements et les responsables de la région.

France Inter : Vous ne retirez rien à ce que vous avez dit ?

Hubert Védrine : J'ai porté une appréciation qui est extrêmement répandue. Dans le monde entier, la plupart des responsables sont désolés de cette situation d'impasse. Quant aux actes unilatéraux qui ont été regrettés, ils l'ont été, en effet, par de très nombreux gouvernements, de très nombreux responsables, et on voit à quelle situation très préoccupante cela conduit aujourd'hui. Je pense que si Mme Albright s'est sentie tenue d'aller finalement au Proche-Orient, c'est aussi parce qu'il lui a semblé que cette situation de blocage ne pouvait plus durer.