Texte intégral
Mes chers amis,
Nous nous étions donné rendez-vous en mars prochain.
Si nous nous retrouvons plus tôt que prévu c'est que les événements se sont accélérés. Il nous faut, dès aujourd'hui, décider pour l'avenir.
Avant d'aborder devant vous les idées et les actions que j'entends privilégier, je veux rappeler en quelques mots le chemin parcouru depuis le 17 avril, quand nous avons, ensemble, lancé le mouvement La Droite.
Face à une gauche déclarée et arrogante, confrontés à des partis d'opposition paralysés par le conformisme de la pensée dominante, que voulions-nous ?
Une droite, décomplexée, fière de ses valeurs et fermement décidée à être une véritable force d'alternance. Vous êtes très nombreux à souscrire à cette analyse. Vous êtes très nombreux à suivre pour relever ce défi. Grâce à votre dynamisme militant, des fédérations départementales, des comités locaux fonctionne dans la France entière et La Droite peut déjà s'appuyer sur 28 000 adhérents et près de 25 000 sympathisants. Tout ce travail en moins de 10 mois.
Quel parti politique peut en dire autant ?
Dans le même temps, à la tête de la région Rhône-Alpes, et malgré l'obstruction systématique du PS, malgré les manifestations hostiles, malgré les manoeuvres de couloir, nous avons mené une politique conforme à nos promesses. Nous avons engagé des politiques novatrices, notamment dans les domaines économiques et éducatifs.
Chacun s'est rendu compte qu'il y avait des projets sur lesquels se réunissait une majorité.
Chacun a pu constater qu'aucune concession, qu'aucun compromis n'a été fait sur nos convictions et sur nos valeurs.
Chacun a pu réaliser que dans une grande collectivité locale il pouvait y avoir un clivage clair entre une gauche socialo-communiste et une droite d'affirmation.
Mais cette démarche est insupportable pour tous les partis politiques.
Chacun a pu réaliser que dans une grande collectivité locale il pouvait y avoir un clivage clair entre une gauche socialo-communiste et une droite d'affirmation.
Mais cette démarche est insupportable pour tous les partis politiques.
C'est pourquoi, dès l'annulation de mon élection, les uns comme les autres, ont déployé - en fonction de leur positionnement ou de leur tempérament - tous leurs efforts pour mettre fin à cette situation.
C'est d'abord le PS, qui est allé jusqu'à renoncer au pouvoir régional et à le confier à un vassal UDF pour être sûr d'interrompre cette expérience, mortelle pour lui.
C'est ensuite l'UDF qui, retrouvant son syndrome centriste et son rêve de la troisième force, a accepté après tractations et compromissions de prendre en charge l'exécutif de région sous le contrôle et la férule la gauche plurielle.
Ce sont aussi les états-majors parisiens qui ont voulu traiter de cette élection en fonction de leur propre tactique et ont considéré les élus comme des pantins que l'on manipulait.
Ce sont enfin des personnalités politiques qui, en sous-main, ont voulu régler des comptes au détriment de la région Rhône-Alpes et de tous les Rhônalpins.
Oui, ma Présidence était insupportable pour les socialistes :
Car elle démontrait qu'ils ne pouvaient pas bloquer, selon leur bon vouloir, des projets engagés au profit des citoyens.
Oui, ma Présidence était insupportable pour l'Alliance :
Car elle lui apportait la preuve qu'il est possible de se dégager du conformisme, de se libérer des oukases de la pensée dominante, c'est à dire de la pensée de gauche.
La démarche que nous avons adoptée a bousculé bien des tabous et c'est pourquoi j'ai fait devant vous, ce soir, ce bref retour en arrière.
La création de notre mouvement et les événements Rhônalpins, surtout les derniers, ne sont pas en effet, une péripétie.
Ils ne sont pas non plus un accident, comme j'entends certains le dire aujourd'hui… bien tard.
Ce qui s'est passé en Rhône-Alpes est bel et bien un tournant qui va s'inscrire dans la durée et qui aura des conséquences pour l'ensemble de la France.
Pourquoi un tournant ?
Parce que nous sommes pris dans une logique infernale.
Une logique qui a débouché, d'une part, sur un dévoiement de nos institutions, nées en 1958, d'autre part sur l'implosion de l'actuelle opposition parlementaire.
Fort de son expérience politicienne, François Mitterrand, le seul adversaire déclaré et déterminé de la Vème République, a su façonner les deux instruments qui ont alimenté cette logique la cohabitation et le Front National.
Il ne fallait pas accepter la cohabitation.
J'ai moi-même toujours refusée.
Raymond Barre aussi, d'ailleurs... en son temps.
La cohabitation est artificielle et trompeuse.
Elle est un mauvais service rendu à la France.
Il n'est pas possible qu'un président de la République et un Premier ministre appartenant à des camps opposés puissent conduire une politique dynamique, offensive et cohérente.
Gouverner la France devient une partie d'échec entre l'Elysée et Matignon.
C'est le règne des intrigues, des faux-sourires et des chausse-trappes. C'est ce que nous vivons aujourd'hui.
C'est ce que nous avons vécu entre 1986 et 1988, 1993 et 1995.
Que de temps perdu !
Et pendant la même période, François Mitterrand installait le Front National...
Le Front national est l'enfant naturel du socialisme triomphant et d'un peuple de droite égaré. Vous connaissez tous, aussi bien que moi, les facteurs qui ont contribué à l'émergence de ce parti. L'hégémonie culturelle de la gauche, le scrutin proportionnel, le manque de discernement des responsables de la droite parlementaire. Il est désormais inutile de revenir sur ces évidences. Aujourd'hui la stratégie imaginée dans les années 80 par François Mitterrand a dépassé toutes les espérances de la gauche.
La droite extrême se normalise, engrange.
Et l'étau se resserre un peu plus sur les partis qui devraient avoir pour vocation de représenter le peuple de droite.
Depuis des mois les dirigeants de l'Alliance n'ont cessé d'accumuler les erreurs stratégiques face à cette poussée de l'extrémisme.
Je le dis tout net.
Arrêtons de nous faire peur.
Arrêtons d'entretenir et d'exciter de dangereux fantasmes en lançant à tout va les mots, de raciste, de fasciste, de xénophobe.
Des millions de nos concitoyens, dans leur vie quotidienne, sont confrontés à des peurs, des angoisses, des incertitudes, qui, celles-là sont réelles : l'exaspération de l'insécurité et de la violence, le désordre des flux migratoires, l'augmentation continue du chômage et de la pauvreté, la perte des repères culturels et moraux, l'inquiétude devant les phénomènes de mondialisation économiques et financiers.
Ces peurs, ces angoisses, ces incertitudes n'ont rien d'illégitimes et l'on ne peut plus les enfermer dans des notions aussi diabolisantes qu'hypocrites, comme le "populisme", le "poujadisme" ou le "nationalisme". Oui, nous vivons bel et bien un tournant et toutes nos grilles traditionnelles d'analyses sont de plus en plus fausses.
Ce tournant, il faut maintenant le prendre.
Il faut que la droite le prenne, sinon elle ira droit dans le mur.
Prendre ce tournant, c'est accepter deux impératifs.
Premier impératif : Reconstituer une force de droite.
Second impératif : Regarder la réalité en face.
Premier impératif
Oui, il faut reconstituer une force de droite, sans complexe, fière de se nommer.
Je ne cesse de le marteler depuis bientôt un an.
Cette reconstruction de la droite ne tombera pas du ciel.
La preuve est faite que les états-majors actuels de l'Alliance, empêtrés dans leurs embrouilles et leur suffisance, sont incapables d'en être les initiateurs et, à plus forte raison, le moteur.
Il faut rebattre toutes les cartes, remettre tout à plat et s'armer de volonté pour moderniser l'ensemble des structures partisanes de la droite.
Il faut remettre en cause, de façon radicale, leurs modes de recrutement ·et de fonctionnement. Nous avons, vous avez, avec moi ouvert une brèche qui va dans ce sens, qui va dans le bon sens. Il faut que vous le sachiez.
Le mode de fonctionnement de notre mouvement, La Droite, est unique dans notre pays. Il est unique parce qu'il est moderne.
Parce qu'il redonne la parole aux Françaises et aux Français qui s'y engagent. Parce que, surtout, il fait émerger des gens nouveaux.
En effet, pour sortir du système de cooptation et de copinages nous nous sommes imposés des méthodes parfaitement transparentes pour vous consulter et pour désigner nos animateurs. C'est ce que j'ai fait en Rhône-Alpes pour les dernières régionales. Plus de 600 personnes se sont présentées et ont accepté de se plier aux contraintes de la sélection.
Voilà un chiffre qui mérite d'être médité par tous ceux qui ne cessent de déplorer le dégoût de nos concitoyens pour la chose publique.
Ce dégoût, n'est-ce pas plutôt la classe politique qui, par son comportement, l'entretient ?
Il faut rompre avec le cours magistral. L'homme politique n'est ni un professeur ni un clerc. Laissons la cléricature à la gauche.
L'homme politique doit écouter ses concitoyens, les intégrer dans ses équipes. C'est ce que je fais.
Dès la semaine prochaine, j'irai à leur rencontre. Dans toutes les régions de France, je dialoguerai avec eux. La procédure mise en place en Rhône-Alpes, nous l'étendrons maintenant à toute la France.
Il s'agit pour nous de renforcer, au sein de notre mouvement, ce comportement fait d'honnêteté, de courage, d'une réelle volonté de gouvernance. Il n'y a pas d'autre moyen et pour associer les Français au travail politique et pour leur redonner le goût du politique.
C'est à ce prix là, et seulement à ce prix là, que le fossé entre les Français et les partis commencera à se combler et que l'on pourra amorcer le renouvellement de nos. dirigeants politiques.
Le deuxième impératif :
Il faut redescendre sur terre, c'est à dire regarder la réalité du pays, sans les lunettes du moraliste bien-pensant, où de l'idéologue suffisant.
Pour montrer à quel point l'analyse de notre classe politique est décalée par rapport à la vie quotidienne de nos concitoyens, je retiendrai quelques exemples qui touchent à la sécurité, au travail, à l'éducation et à la fiscalité.
Voyez l'insécurité
Il se passe quelque chose de grave dans notre pays.
Par peur d'affronter certaines formes modernes de violence, on a créé une notion absolument extravagante baptisée zones de non droit. Dans des quartiers entiers la police et la gendarmerie ne peuvent plus pénétrer. C'est l'aveu même que la loi de la République est bafouée. Mille enquêtes ont été faites sur ces zones. Economie parallèle, trafic de drogue, développement des bandes dans lesquelles la pègre recrute.
Face à cette poussée de la délinquance, et principalement celle des mineurs, on ne sort pas des faux débats prévention ou répression, sécuritaire ou sécurisante, prévenir ou punir.
En vérité, nous avons peur de faire peur à ceux qui nous font peur.
Aujourd'hui, faire peur aux casseurs, enrayer ces rituels de violence gratuite, c'est d'abord privilégier la sanction.
Nous le savons l'une des causes de la délinquance juvénile est l'éclatement des familles, l'inadaptation du système éducatif, l'urbanisme inhumain.
A nous de proposer d'aider les familles dans leur mission éducative par le développement, le soutien et le renforcement des mouvements d'éducation populaires.
A nous de proposer la réforme du système éducatif afin que les établissements aient une autonomie pédagogique suffisante pour prendre en charge les jeunes en rupture avec leur milieu familial et social.
A nous de proposer un nouvel urbanisme qui permettra à ces ghettos de banlieues de retrouver une âme avec des lieux de vie.
A nous de réclamer une évolution du système pénitentiaire pour qu'il y ait des centres et des associations de réinsertion propres aux jeunes délinquants.
Tout cela ne se fera pas gratuitement. Il faudra repenser le budget de l'Etat et exiger que la priorité budgétaire porte sur la fonction essentielle de l'Etat la sécurité des biens et des personnes.
Voyez je travail
Le gouvernement a imaginé l'usine à gaz des 35 heures qui va complètement à contre-courant des réalités économiques, sociales, et des intérêts de la France.
Un éminent éditorialiste vient d'écrire, "notre pays travaille d'arrache-pied pour développer le ·chômage". Comment pourrait-on ne pas souscrire à un tel propos ?
Où sont les 500.000 emplois promis avec l'instauration des 35 heures ?
Comment peut-on imaginer et faire croire que le travail puisse se redistribuer comme les parts d'un gâteau ? Moins nous travaillerons, et moins il y aura d'emplois.
Et qui paiera la facture des 35 heures ? Vous, nous les contribuables.
Le seul accord concernant EDF-GDF va nous coûter, au départ, près d'un milliard de francs. J'ai bien dit au départ. Qu'en sera-t-il dans quelques années quand il faudra supporter les nouveaux retraités de 55 ans, voire 52 ?
A nous·de rappeler qu'il n'y aura pas de créations d'emplois s'il n'y a pas d'entrepreneurs et de créateurs d'entreprises.
La droite crée, la gauche distribue.
A nous de souligner que les entrepreneurs ne pourront créer, innover qu'à condition de ne pas être écrasées par des charges sociales insupportables et étouffés par une sur réglementation.
A nous de proposer une réforme de l'Etat et une baisse drastique des dépenses publiques.
Prenez l'éducation !
Les Français sont inquiets de la dégradation du système éducatif.
Ils le sont d'autant plus qu'ils ne voient pas de différence de nature entre la politique qu'avait mené François Bayrou il y a 3 ou 4 ans et la non politique poursuivie par son successeur Claude Allègre.
Pourtant sur ce sujet le clivage entre la droite et la gauche est clair. Mais la droite n'a jamais voulu s'assumer, par crainte du jugement des médias, et de la pression des syndicats.
Or chacun le sait, notre système éducatif ne pourra répondre aux attentes des parents et des élèves qu'a une double condition.
Il faut donner l'autonomie aux établissements scolaires et permettre un traitement pédagogique différencié d'établissement à établissement en fonction des publics scolaires.
Il faut donner aux acteurs du système éducatif responsabilité et autorité.
Comment refuser d'admettre qu'il n'y a pas deux enfants identiques, qu'il n'y a pas deux lycées similaires. Le mythe de l'égalité absolue provoque la pire des inégalités.
Prenez enfin la fiscalité !
Faudra-t-il que toute notre élite se soit expatriée, que nos capitaux aient fui vers les paradis fiscaux pour qu'enfin on prenne la mesure du poids excessif des charges fiscales et sociales ?
La droite a une responsabilité historique, celle de rendre espoir aux entreprenants. Aujourd'hui, hélas, la France atteint de tristes records le taux des prélèvements obligatoires est, chez nous, l'un des plus lourds du monde, juste derrière la Suède. Comment notre pays peut-il être compétitif et battant quand notre TV A est 5 points en dessus de celle pratiquée en Allemagne, quand l'impôt sur nos sociétés est de 25 % plus élevé qu'en Grande-Bretagne, quand l'ensemble des cotisations sociales représente près de 20 % des charges de nos entreprises contre environ 15 % en moyenne dans l'union européenne ?
A-t-on pris conscience que les meilleurs d'entre nous partent à l'étranger ?
Ce sont nos meilleurs savants qui vont travailler dans les universités américaines. C'est plus de 50 milliards de francs qui ont fui durant l'année écoulée.
Oui, nous aurons plus de sécurité si nous avons une meilleure éducation et davantage de travail.
Oui, nous aurons davantage d'emplois si nous travaillons et si nous payons moins d'impôts. C'est simple.
Je constate avec tristesse, que la droite, empêtrée dans ses querelles internes et ses querelles d'appareils, ne parvient plus à redonner une espérance à nos concitoyens.
Le 8 novembre dernier, j'ai adressé un appel aux formations politiques de l'opposition pour engager ensemble une oeuvre de rénovation et de reconstruction de la droite.
Je n'ai reçu aucune réponse.
Les seuls échos arrivés jusqu'à nous, vous les connaissez, je veux parler des embrouilles de Charbonnières ou des manoeuvres de l'Alliance.
Pourtant nous avions adopté une démarche modeste. Nous n'avions jamais pensé incarner toute la droite à nous seuls. Nous nous étions contentés de constater que l'abandon des uns et l'arrivisme des autres avaient créé un vide dans l'espace politique.
Ce vide il nous faut l'occuper.
Sauf à vouloir faire le jeu de la gauche d'une part, des partis extrêmes d'autre part. Il est de notre devoir de forcer l'évolution des choses.
Puisque les partis politiques de droite ne veulent rien entendre, il reviendra au peuple de choisir entre ceux qui privilégient l'esprit partisan et ceux qui prônent l'idéal du rassemblement. Nous sommes convaincus que la majorité des Français ne veut pas du retour au régime des partis.
La majorité des Français veut que lui soit proposé un choix clair.
La majorité des Français souhaite que son vote soit respecté et que ses idées soient appliquées.
Il faut redonner la parole à cette majorité.
Avec toutes les femmes et tous les hommes qui partagent notre analyse, notre seule ambition est de construire est de construire un rassemblement puissant et populaire qui participe à la refondation de notre République.
Ce rassemblement aura comme premier objectif d'affirmer son attachement à la démocratie représentative. Son refus du retour au régime des partis et sa fidélité à l'esprit originel des institutions de la Vème République. Il oeuvrera pour qu'émerge en France un système de bipartisme, permettant un choix clair et sans ambiguïté des citoyens et évitant l'émiettement partisan et la montée des extrêmes. Il militera donc pour la mise en oeuvre aux législatives d'un scrutin uninominal majoritaire à un tour. Il réunira toutes celles et tous ceux qui veulent construire en face de la gauche, une grande formation de la droite pluraliste et qui refusent toute confusion, cogestion ou cohabitation dans le gouvernement et la gestion des affaires publiques.
A ceux qui nous accusent de diviser la droite, nous leur répondons très sereinement que ce n'est pas nous qui donnons aujourd'hui le spectacle affligeant des querelles partisanes.
Que nous avons attendu en vain la réponse à nos appels.
Que l'union de la droite ne passe pas par des accords d'appareils mais par un retour au peuple.
Aujourd'hui, La Droite, de mouvement se transforme en rassemblement.
Un rassemblement qui, comme toute formation politique, sera amené à prendre toutes ses responsabilités lors des élections où des choix fondamentaux auront à être effectués par les Français.
La première de ces échéances, vous la connaissez tous, il s'agit des élections européennes. C'est un point essentiel que je voudrais, ce soir, aborder avec vous.
Chacun entend parler de la composition des listes, du choix des têtes de liste, chacun suit avec lassitude la chronique des déjeuners, des disputes, des séparations et des réconciliations.
Mais à ce jour personne n'a entendu parler des véritables enjeux de l'élection -européenne. Or, il s'agit de décider de l'orientation politique de l'union européenne.
Si les partis de l'Alliance persistent dans leur mutisme et leur indétermination les thèses européennes de la gauche l'emporteront.
L'enjeu, vous le savez bien, n'est plus de choisir entre européens et eurosceptiques, entre partisans d'Amsterdam et adversaires d'Amsterdam.
L'Europe est aujourd'hui une réalité économique grâce à l'espace unique, une réalité monétaire grâce à l'euro et à la banque centrale et une réalité administrative grâce à la commission de Bruxelles.
Elle doit maintenant devenir une réalité humaine en prenant, enfin, une vraie dimension politique. Or, il y a deux conceptions politiques de l'Europe.
Ou bien c'est l'Europe centralisée, qui privilégie la normalisation et toutes les formes d'harmonisation c'est l'orientation actuelle conduite par la Commission, appuyée et soutenue par les 11 gouvernements socialistes sur 15 que compte l'union.
C'est le rêve de tous ceux qui voudraient appliquer à l'Europe le schéma que les jacobins ont imposé à la France il y a deux siècles.
Cette conception égalisatrice refuse les différences, les divergences ou la concurrence. Elle relève d'une philosophie de gauche. Sa mise en oeuvre exige que les nations renoncent à leurs spécificités ou à leurs compétences propres.
C'est l'utopie de la nation européenne qui se substituerait à toutes les nations d'Europe.
C'est le credo d'une technocratie qui ignore la réalité des peuples, qui se drape dans ses certitudes théoriques. Pour eux, contester leur credo, c'est être anti-européen.
Et bien, non, je suis européen et, face à cette Europe de gauche, j'affirme qu'il y a une Europe de droite. C'est pour en défendre la conception, c'est pour porte haut et fort ce message, c'est pour faire gagner nos idées que je conduirai, si vous le voulez bien, une liste aux prochaines élections européennes.
Car oui, c'est une Europe de droite que nous voulons édifier.
Une Europe subsidiaire, respectueuses des identités et des singularités.
Une Europe au service des nations.
Une Europe qui assume les seules compétences que les Nations ne peuvent plus assumer seules.
Une Europe qui permet aux nations de recouvrer au moins pour partie leur souveraineté perdue.
A l'Europe de gauche qui est pour uniformiser, harmoniser, égaliser, j'oppose l'Europe de droite qui mettra en concurrence les services publics, les systèmes sociaux, les systèmes fiscaux pour le bien des citoyens. La construction de cette Europe de droite ne peut être définie et menée par une Commission composée de fonctionnaires. Elle doit relever d'autorités politiques. J'ai fait, sur ce point deux propositions. La création d'une chambre des, Etats qui aurait pour mission essentielle d'éveiller au respect de la subsidiarité et la constitution d'un conseil politique composé de l'ensemble des ministres des Affaires européennes, résidant à Bruxelles. Oui, l'Europe est devant nous.
Si le lancement de l'euro fut un événement, la réforme de notre Constitution, nécessaire à la ratification du traité d'Amsterdam, n'aura pas suscité un grand enthousiasme. Nous avons entendu de tout à propos de ce traité. Pour certains, la France vient de perdre son âme, ses vertus, son honneur. Elle aurait abdiqué.
Pour d'autres, l'Union Européenne ne serait que duperie et servitudes. Pour quelques-uns encore, elle incarnerait le seul espoir, alors que s'ouvre le troisième millénaire.
Tout cela manque de mesure et de bonne foi.
Voilà maintenant un demi-siècle que les premières pierres de la construction européenne ont été posées. Chacun doit se rendre à l'évidence l'Europe qui arrive à maturité n'a jamais été une faillite collective et reste un défi difficile à relever. Cette vérité s'impose à tous.
Ni l'enfer, ni le paradis.
La route vers l'achèvement de l'Europe est parsemée de dangers, d'embûches. Nous le savons tous. Organisons-nous pour y faire face. Prenons la route ardemment.
Aujourd'hui, confrontés au défi européen. le caractère comptera plus que les idées, la résolution plus que les polémiques.
Caractère et résolution, voilà de quoi et à partir de quoi nous devons nous engager sur la route de l'union européenne.
Caractère et résolution, cela veut dire, pour nous autres Français, une France fière d'elle-même et soucieuse de ses intérêts.
A chaque étape, en effet, l'union européenne peut être corrigée, révisée, réaménagée par des nations souveraines qui la composent.
C'est toujours ainsi que j'ai pensé mon engagement au travers d'une Europe forte. Oui à l'Europe, oui à la France.
Il n'y a là aucune antinomie.
Arrêtons, par démagogie ou procès d'intention, de nous perdre en querelles byzantines. Aujourd'hui, face au défi européen, étant donné la dérive de nos institutions, le climat délétère de notre politique intérieure, le développement des jeux partisans, il nous apparaît urgent qu'au-delà des divergences passées et acceptant les différences présentes, des femmes et des hommes s'unissent sur l'essentiel. Qu'ils agissent avec caractère et résolution pour que la France recouvre autorité et dignité !
Qu'elle puisse enfin peser réellement sur la construction européenne !
Soyons clairs notre objectif n'est pas de créer un énième parti qui viendra participer au mécano politique et aux arrangements électoraux.
Notre objectif est de provoquer un rassemblement de toutes celles et tous ceux qui refusent la fatalité et l'impuissance, de toutes celles et tous ceux qui croient à la volonté et à la force des idées.
Notre objectif est de dépasser les clivages artificiels entretenus par ceux qui ont intérêt à conserver leur boutique et leur chapelle.
Notre objectif est d'écarter la constitution en France d'un bloc homogène social-démocrate qui viendrait pérenniser la politique engagée par les socialistes depuis près de 20 ans.
Face à la constitution en cours de ce bloc social-démocrate je crois, plus que jamais, à l'impérieuse nécessité d'un rassemblement populaire de la droite.
En moins de dix mois vous avez entrepris, avec enthousiasme, ce vaste chantier. En moins de dix mois, vous avez enclenché une véritable dynamique de la droite.
Nous avons cinq mois pour transformer cette dynamique en victoire politique.
Je sais que vous le voulez.
Je sais que vous le pouvez.
Que La Droite devienne le rassemblement populaire pour la France !