Texte intégral
LA LETTRE CONFÉDÉRALE CGC : 8 septembre 1997
L’avenir est un combat.
La rentrée sociale ça se prépare. Une partie de l’été y a été consacrée, notamment au travers du plan emploi-jeunes. Le 10 septembre, nous rencontrons – officiellement – Martine Aubry, pour préparer la Conférence nationale sur les salaires, l’emploi et le temps de travail.
Le 22 septembre, la CFE-CGC affirmera dans une conférence ses positions sur les sept thèmes qu’elle veut aborder lors de cette conférence, à savoir : croissance, productivité et partage profit/salaires ; emploi des jeunes et contrat de générations ; réduction net aménagement du temps de travail ; contrôle des plans sociaux ; emploi qualifié de demain et nouvelles technologies ; grilles salariales et déclassement à l’embauche des jeunes diplômés ; prélèvements sociaux sur la valeur ajoutée et déduction de la CSG.
Le 23 septembre, nous aurons l’occasion de confronter ces positions avec les employeurs et les politiques dans les tables rondes du Forum emploi-jeunes de Bercy organisé par l’UIMM.
Le 30 Septembre, la Métallurgie CFE-CGC tiendra un meeting à Paris pour sa rentrée sociale – à laquelle je participerai – et qui sera l’occasion d’affirmer encore nos revendications et nos propositions et aussi de montrer notre force et notre unité dans la perspective des élections prud’homales.
Alors, loin de fausses polémiques sur la date de la Conférence, l’important étant qu’elle se tienne avec sérieux et surtout avec des résultats. Alors, loin des faux débats, égrenés mois après mois sur les statistiques du chômage ; la seule certitude étant qu’il croît continûment depuis un quart de siècle et ceci nonobstant le fait qu’en vingt ans, trente millions de salariés soient passés par soixante-seize dispositions d’indemnisations et d’aide à l’emploi. C’est bien la raison pour laquelle notre projet social inclus la réduction du temps de travail.
J’entends d’ici les cris et lamentations de ceux qui pensent que la seule croissance, aidée par la démographie, résoudra le problème… dans 40 ans.
Non, notre raisonnement ne procède pas de malthusianisme, mais de l’analyse lucide ! Il s’agit pour nous de tirer les leçons du passé : en douze ans, alors que le chômage doublait, le produit national en valeur s’accroissait de 125%. Il s’agit pour nous de prendre en compte l’avenir porteur de gains de productivité encore accélérés par les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Il s’agit pour nous de rendre espoir aux jeunes, objectif premier de tout parent et condition nécessaire de l’équilibre social de notre pays et dans l’intérêt de toutes ses composantes. En résumé, ce n’est pas un partage malthusien du travail que nous voulons, mais une autre répartition que celle imposée par le chômage et l’exclusion dans le même temps où ceux qui ont un emploi sont de plus en plus pressurés et précarisés.
C’est d’un nouvel équilibre dont nous avons besoin où le travail soit plus accessible à tous et moins contraignant pour chacun. Mais attention, cela ne se fera pas en sacrifiant, soit par des contreparties illusoires, soit par des discriminations de compensations salariales, les techniciens et l’encadrement ! La marginalisation de la France que certains prédisent, n’est heureusement pas inéluctable si nous sommes capables de rompre scepticisme, sentiment d’impuissance et immobilisme.
L’avenir, le seul avenir possible passe par la formation, la qualification et l’implication. Il faut les respecter. C’est aussi notre combat.
LA LETTRE CONFÉDÉRALE CGC : 29 septembre 1997
La faute de Monsieur Jospin.
Ça va ? Vous êtes à l’aise ? Vous avez ce sentiment de bien-être, cette absence de gêne, cette certaine fortune que définissent Littré et Larousse ?
Vous, qui êtes un couple de techniciens, un ménage d’agents de maîtrise, un foyer de jeunes cadres ; vous, qui êtes payés au salaire moyen des Français ; aux yeux du gouvernement, vous êtes aisés… mieux, riches !
Vous n’aurez donc plus droit aux allocations familiales. Votre allocation de garde d’enfants et la déduction fiscale du salaire de votre employé familial seront divisées par deux.
Une paille ! qui peut entraîner pour une famille de deux enfants, dont chaque conjoint gagne 15 000 francs par mois, une perte de 42 000 francs soit 12% de leurs revenus et jusqu’à 18% s’ils ont trois enfants et 16 000 francs.
Lionel Jospin ne sait-il pas que la France n’est pas un pays sous-développé où il n’y aurait que deux populations : celle des pauvres et celle des riches ? Ne voit-il pas que les catégories moyennes qui tirent l’économie, la consommation, la croissance et les emplois qui se créent encore, ont, elles aussi, des difficultés lourdes à concilier vie professionnelle et familiale et que les allocations et les allègements fiscaux sont légitimement déterminants pour l’organiser ?
Le Premier ministre ne prend-il pas en considération que ces « nantis » sont ceux qui financent, par l’impôt direct, une large part des charges de la Nation ?
Oublie-t-il qu’il joue contre l’emploi puisque le nombre d’employeurs familiaux, qui dépassent le million, a doublé depuis l’instauration des mesures fiscales d’allègement ? Vive le « noir » semble-t-il dire aussi !
Craigniez Monsieur Jospin la réaction de ceux qui paient toujours plus pour avoir toujours moins ! Ne soyez pas surpris si, demain, ils refusent l’effort de solidarité et rejoignent le camp du « chacun pour soi ».
Ne comptez pas sur nous pour nous laisser illusionner par une manipulation politiquement circonstancielle de plafonds révisables au gré des Lois de finances successives.
Le coup de l’artichaut feuille à feuille, on nous l’a déjà fait. D’autant que c’est le principe fondateur de l’universalité de la protection sociale que vous attaquez. Il n’y a nul déshonneur à corriger une erreur. Persévérer devient une faute.
Ne nous laisser pas penser, Monsieur le Premier ministre, que vous agissez par idéologie car je ne peux imaginer que vous soyez tombé tout jeune dans le chaudron de la lutte des classes.
En tout cas, c’est une potion amère que la CFE-CGC est déterminée à ne pas boire.