Déclaration de Mme Edwige Avice, ministre de la coopération et du développement, sur les grandes lignes de la coopération en Angola notamment les aides au redressement économique, au développement rural, à la santé et à la formation, Paris le 24 mars 1992.

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Intervenant(s) : 
  • Edwige Avice - Ministre de la coopération et du développement

Circonstance : Déclaration à l'occasion de l'ouverture de la 3ème commission mixte franco-angolaise à Paris le 23 mars 1992

Texte intégral

Monsieur le ministre,
Mesdames et Messieurs,

Je voudrais tout d'abord souhaiter la bienvenue à Paris à la délégation angolaise. Je me réjouis d'autant plus d'ouvrir les travaux de la troisième commission mixte franco-angolaise que je viens d'effectuer une visite dans votre pays et que j'ai pu mesurer personnellement l'ampleur des questions de développement que vous aurez à traiter. Je voudrais également souligner que cette concertation est la première à se dérouler en temps de paix ce dont il faut se féliciter.

Le processus dans lequel vous vous êtes engagés après les accords de Bicesse a reçu tout le soutien du gouvernement français, tout d'abord avec la participation de la France aux travaux de la CCFA, puis par une contribution financière à l'organisation des élections que j'ai eu récemment le plaisir d'annoncer par courrier au Président Dos Santos.

Monsieur le ministre, les liens de la France avec l'Angola ont été continus depuis l'indépendance comme en témoignent les nombreuses visites officielles que votre Président a effectué à Paris, les voyages de membres du gouvernement français en Angola, et l'excellente qualité de notre coopération.

Votre pays traverse une période difficile pendant laquelle vous devrez concilier de nécessaires mesures de redressement économique avec la lourde tâche que représente la réinsertion dans le tissus économique et social des soldats démobilisés des deux armées et des populations que la guerre a entraînés, parfois depuis longtemps, loin de chez elles.

Soyez assurés de notre soutien à ce moment crucial de l'histoire de l'Angola. En étroite relation avec nos partenaires de la communauté européenne, nous déploierons les efforts nécessaires pour mener à bien le processus dans lequel vous vous êtes engagés.

Les besoins de l'économie angolaise en cette période de reconstruction sont, en effet, immenses et c'est pourquoi j'attache un prix particulier à l'action que mon pays peut mener à travers sa coopération bilatérale mais également comme État membre d'institutions multilatérales et de la communauté européenne. Dans cette perspective la France souhaite mettre l'accent sur la nécessaire coordination des aides autour de l'élaboration et la mise en œuvre de politiques économiques et sectorielles cohérentes et se montre disposée à vous y aider.

Les axes forts de notre coopération s'imposent aujourd'hui d'eux-mêmes :
– il y a tout d'abord les questions d'urgence qui concernent la réhabilitation des infrastructures prioritaires, les mesures de redressement de l'économie, l'amélioration de l'efficacité des secteurs public et parapublic ; 
– ensuite dans le cadre de politiques à moyen et long terme, il s'agira de définir les lignes directrices dans les secteurs prioritaires du développement rural, de la pêche, de la santé et de la formation.

La réhabilitation des infrastructures prioritaires dans laquelle la coopération s'est engagée de façon significative, notamment dans les domaines des télécommunications et de l'énergie, fait l'objet d'investissements lourds qui demandent une planification et une coordination étroite dans un esprit de partenariat. C'est là un élément indispensable à la mise en œuvre d'une coopération à la satisfaction des deux parties.

Le redressement de l'économie requiert la restructuration des administrations économiques et financières et du secteur bancaire que vous êtes en trains d'effectuer. À cet égard, la création d'un environnement favorable à l'investissement prive intérieur et extérieur me paraît déterminant. Je saisi cette occasion pour saluer les représentants du secteur privé qui se sont joints à votre délégation et leur souhaiter bonne chance pour leurs travaux.

Mais vous devez également aujourd'hui faire face à la reconstruction de votre pays dans de nombreux domaines. Dans les secteurs sur lesquels vous nous avez demandé de vous accompagner, l'aide de la France mettra l'accent sur :
– la formulation, la conception et la mise en œuvre des politiques de développement ;
– l'élaboration de projets dans ce cadre.

Dans le domaine du développement rural, la coopération française poursuivra les politiques de développement des filières agricoles et celles visant à assurer la satisfaction des besoins nutritionnels de la population.

Le secteur de la santé aussi est à bien des égards, primordial et nécessite des modes de gestion adaptés. Conformément à votre demande nous vous aiderons à élaborer un code de santé public. J'attire cependant votre attention sur la nécessité d'une planification adéquate du secteur hospitalier afin de conserver une maîtrise des coûts supportable pour l'économie de votre pays.

Au cours de mon séjour, j'ai été sensible à la maîtrise de la langue française par nombre de vos compatriotes. Il s'agit là d'un facteur de compréhension mutuelle qu'il me paraît souhaitable de cultiver.

À cette fin, nous poursuivrons l'appui engagé à l'enseignement du français dans vos établissements et le développement des alliances françaises. Les contacts entre établissements supérieurs et universités seront également encouragés.

Monsieur le ministre, les champs de coopération entre nos deux pays sont vastes mais je voudrais préciser que par souci d'efficacité, je souhaite que notre action reste concentrée que les domaines que j'ai évoqués plus haut.

Je voudrais terminer en vous assurant encore une fois de l'appui de la France dans le processus de réformes que vous avez engagé. Je n'ignore pas qu'en marge de nos travaux, une partie de votre délégation doit rencontrer des responsables du ministère français des finances pour tenter de résoudre un point de désaccord sur le traitement d'arriérés de paiement. Je suis confiante qu'une solution adéquate pourra être trouvée avec un effort des deux parties afin que ce point ne pénalise pas la venue en Angola, dont vous avez à plusieurs reprises exprimé le souhait, d'investisseurs français qui pourraient participer au développement économique de votre pays.

Je souhaite que les travaux de cette troisième commission mixte se déroulent sur des bases constructives et répondent à nos attentes communes.