Interview de M. Michel Charasse, ministre chargé du budget, à France-Inter le 29 janvier 1992, sur la difficulté de réduire les dépenses militaires.

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Média : France Inter

Texte intégral

Q. : le Président Bush en campagne électorale annonce à ses électeurs qu'il va réduire les impôts et notamment qu'il va grignoter sur le budget des armées. Pourquoi ne faites-vous pas la même chose ?

R. : Je vois que le Président Bush a décidé de réduire les dépenses militaires – il y a plusieurs années qu'ils ont commencé à le faire – ; tous les pays occidentaux l'ont fait. Nous, nous avons cette année, vous le savez, pour mettre en route le budget 1992, un débat assez difficile sur la réduction des dépenses militaires. Bref, de tous les pays occidentaux, la France reste encore celui qui a le moins ou le moins vite réduit ses dépenses depuis 2 ou 3 ans.

Q. : Et vous le regrettez ?

R. : La question ne se pose pas comme ça. Il y a un certain nombre de missions que nos armées doivent assumer ; et je voudrais savoir si l'opinion publique est prête. Car toutes les fois que nous demandons à l'armée – et on lui a demandé depuis 2 ou 3 ans – de faire un certain nombre d'efforts, on n'a pas porté véritablement le fer comme l'on fait les grands pays occidentaux, mais on l'a fait un petit peu. Toutes les fois que nous demandons une réduction des dépenses militaires, il y a un tollé immédiat au Parlement, dans toutes les formations politiques : « vous désarmez la France », « vous ne permettez plus aux armées de remplir leurs missions... » etc.

En réalité, je ne sais pas vraiment ce que veulent les Français ; parce que au fond, je pense qu'ils considèrent certainement globalement qu'on peut réduire les dépenses militaires. Ah ! Oui ! « Mais il ne faut pas enlever mon régiment de la ville ». Ah bon, pourquoi ? Parce que l'armée est devenue maintenant un élément d'aménagement du territoire. Par conséquent ; tout cela pour dire que c'est un sujet difficile et qu'on ne peut pas le régler à 8 h 26.