Texte intégral
La première réaction dont je voudrais vous faire part, à l'issue de vos interventions, c'est d'abord une grande satisfaction.
La satisfaction que notre congrès, dans les séances que nous avons vécues ensemble, nous ait offert un réel débat, associant informations, échanges et parfois même une confrontation d'opinions que nous n'avons pas à regretter dès lors qu'elle se déroule dans le respect mutuel.
Il n'est pas possible de revenir en quelques minutes sur l'ensemble des sujets abordés, mais certains appellent commentaire.
Je ne développerai pas longuement d'autant que le congrès n'est pas achevé, que nous avons encore à prendre connaissance des travaux de la commission du « Document d'orientation », à mettre en place les organismes de direction de la CGT qui auront la responsabilité d'inscrire nos orientations dans la vie.
L'organisation de nos travaux et le respect des règles que nous avons adoptées ensemble ont permis 201 interventions de délégués à un moment ou à un autre de nos discussions.
C'est un progrès très important qui nous a conduits à des échanges dynamiques en prise avec la réalité et les défis que nous devons relever pour répondre aux besoins des salariés, des syndiqués de la CGT.
C'est un progrès très important sur nos précédents congrès puisqu'au 45e Congrès, seuls 92 camarades avaient pu intervenir dans le même délai.
C'est un progrès puisque ce sont bien les délégués qui ont conduit leur discussion, leur réflexion, qui ont cheminé ensemble, dans leur analyse, au rythme de l'échange des arguments.
Certains observateurs y voient des tâtonnements, des hésitations. J'y ai plutôt vu pour ma part le signe d'une organisation progressant dans son fonctionnement démocratique, poussant son analyse avec l'ensemble des opinions et des propositions de ses syndiqués, de ses militants. Ce faisant, elle a conscience qu'elle compte dans le paysage social et qu'en accentuant cette démarche elle peut occuper une place plus importante encore.
La CGT n'est pas composée de modernistes, de conservateurs, d'oecuménistes, d'orthodoxes et autres tribus, avec leurs druides et leurs prêtresses. Je comprends que les commentateurs qui s'obstinent à vouloir nous « décrypter » en nous étiquetant commencent à s'y perdre. Il n'y a pas de sphinx à la CGT et je veux leur dire amicalement qu'ils ne trouveront jamais de réponses aux énigmes qu'ils ont eux-mêmes inventées.
La CGT, ce sont des syndiqués très divers dans leur situation professionnelle et sociale, dans leur sensibilité régionale ou encore de leur génération.
Leur investissement militant les amène naturellement à croiser leurs analyses, leurs propositions et c'est alors que cette diversité devient une richesse en se fondant dans un patrimoine commun.
C'est l'objectif premier d'une confédération que de savoir matérialiser les convergences entre catégories, entre professions au-delà des clivages qui peuvent alimenter la dispersion ou la division. C'est à ce prix que peut se construire le rapport de force.
Vous avez témoigné, avec beaucoup de force et de vérité, des souffrances et des inégalités dans notre société.
Vous avez amplement confirmé l'urgence de créer les conditions du rassemblement de tous ceux qui comme nous, pensent qu'il y a d'autres perspectives à offrir aux générations futures, qu'il est possible d'avoir prise sur les événements, que le monde du travail a les capacités de mieux faire entendre sa voix.
Notre rencontre avec le président d'ATD-Quart Monde a jeté une lumière crue sur l'ampleur et la gravité des drames vécus quotidiennement dans une société inégalitaire : au-delà des statistiques, ce sont des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants dont la dignité, le droit de vivre même se trouvent bafoués et c'est insupportable.
Il nous aura aussi convaincus qu'il y a, en d'autres lieux, dans d'autres organisations que la nôtre, des militants engagés dans un combat social différent du nôtre mais tout aussi exigeant, tout aussi difficile.
Mais est-il si différent finalement ?
Soyons ouverts à d'autres expériences et à ceux qui puisent en elles les motifs de leur détermination.
Il n'y a aucune raison à ce que le refus de la misère et l'aspiration à un monde meilleur ne suscitent pas des convergences plus fortes, plus systématiques et donc plus efficaces entre tous ceux qui y croient et qui y travaillent.
Vous avez montré une impatience certaine et parfois exprimé des désaccords avec l'action gouvernementale dans la mesure où, effectivement, certaines décisions ne s'inscrivent pas dans le panel de nos revendications.
Être réellement indépendants nous autorise à cette liberté de pensée, nous confère le droit et même le devoir de livrer l'opinion de la CGT sur les choix, les options retenues en les passant au crible de l'analyse que nous faisons nous-mêmes de la situation.
Nous n'hésitons pas et nous n'hésiterons jamais, chaque fois que nous le jugerons utile, à nous adresser au gouvernement, à ses ministres, y compris au premier d'entre eux.
Nous le faisons à partir de nos prérogatives, sur la base des actes du gouvernement ou de ses silences et non à partir de la composition de la majorité gouvernementale qui reste de sa seule responsabilité.
Nous ne sommes ni indifférents, ni neutres à l'égard de l'action gouvernementale, il y a suffisamment d'enjeux, de rendez-vous cruciaux pour les salariés dans la toute prochaine période pour que nous occupions toute notre place avec toutes les forces dont nous disposons.
Qu'il s'agisse de l'avenir de la protection sociale, des retraites, de la deuxième loi sur les 35 heures, nous saurons placer notre voix et donner le ton. Mais la tonalité ne suffit pas, il faut aussi du monde pour faire une belle chorale !
Dans le même temps, l'expérience nous enseigne que notre syndicalisme ne peut réduire son expression, les bases de son engagement à la critique des seules décisions politiques, sans d'abord procéder à l'analyse objective des rapports de force qui les confinent ou les orientent et la porter devant ceux qui sont seuls en mesure de les faire reculer ou de les faire évoluer.
Nous sommes en effet bien conscients qu'il faut faire porter l'essentiel de nos efforts à la source, à l'endroit où se situe la vraie ligne de rupture, celle au long de laquelle se nouent les véritables antagonismes, se joue la capacité pour le système capitaliste d'étendre l'emprise des logiques de rentabilité financière, de reproduire et développer les inégalités.
Nous interviendrons avec d'autant plus d'efficacité que c'est auprès des salariés, des privés d'emploi, des retraités que nous aurons d'abord fait part de nos arguments, de nos propositions, qu'ils auront été appréciés, enrichis dans le cadre d'une vaste mise en mouvement, concrétisant une expression plus forte de l'aspiration à la justice sociale en France et en Europe.
Dans un pays au trop faible taux de syndicalisation – et c'est peu dire – réhabiliter le syndicalisme, la liberté des salariés de s'organiser pour la défense de leurs intérêts, est aussi une priorité.
Je le dis avec toute l'indignation que m'inspire la décision prise cette semaine par un procureur : la CGT ne laissera pas Michel BEURRIER, secrétaire général de l'Union départementale du Puy-de-Dôme, être conduit en prison pour « délit de solidarité ».
Quelle que soit l'entreprise, la branche, le département, le défi des libertés, de la citoyenneté est un autre combat à conduire ensemble.
Réhabiliter le syndicalisme, c'est aussi développer ses valeurs fondatrices au-delà des vicissitudes et des tourments dont il a été victime, au plan national comme à l'échelle internationale.
Notre demande d'adhésion à la Confédération européenne des syndicats
Dans le rapport d'ouverture, j'ai rappelé l'ancienneté de notre demande d'adhésion à la CES.
En mettant tout particulièrement l'accent sur ce fait, je ne voudrais pas accréditer l'idée que nous aurions sacrifié à un de nos penchants : vouloir asseoir la légitimité d'une position, prioritairement et essentiellement sur ses références historiques.
Même si c'est important, ce n'est pas décisif et ça ne peut pas remplacer « l'analyse concrète de la situation concrète ».
Alors disons le tranquillement, l'élément nouveau qui peut permettre à la CGT de rejoindre la CES c'est, qu'aujourd'hui, une majorité des organisations syndicales européennes souhaite sa présence.
Que s'est-il passé depuis 25 ans ? Au moins trois choses :
– la construction européenne s'est poursuivie et a atteint un stade nouveau, celui de l'intégration économique,
– la CES est vraiment devenue représentative de l'Europe syndicale en regroupant 63 organisations de 28 pays pour 58 millions de membres, parmi lesquels toutes les confédérations italiennes, espagnoles et portugaises (en fait toutes les organisations confédérées représentatives y sont… sauf la CGT),
– le système économique et politique de l'Europe de l'Est s'est effondré avec entre autres conséquences pour l'Europe, la perspective immédiate de son élargissement.
L'objectif d'un progrès social continu, assis sur un juste partage des fruits d'une croissance dopée par le développement du marché européen a semblé longtemps devoir suffire à la définition d'une démarche syndicale commune.
La crise est passée par là et le cataclysme géopolitique aussi exceptionnel qu'inattendu, qui ont tous deux bouleversé l'Europe et les schémas de pensée qui s'y étaient solidifiés : les rêves des uns et des autres ont laissé la place à une réalité contrastée où dominent partout le chômage massif, les déréglementations sauvages, la remise en cause de la protection sociale et plus largement des services publics, l'approfondissement des inégalités. Elles s'accompagnent, sur le continent, d'un retour de l'insécurité, de la montée des nationalismes réactionnaires à la périphérie mais aussi dans les pays de la communauté.
Enfin, de lourdes inquiétudes accompagnent les formidables dévastations résultant de l'injection de surdoses de libéralisme dans des sociétés dépourvues de tout système immunitaire et de traditions démocratiques.
Voilà la scène réelle sur laquelle doivent se dérouler maintenant toutes les actions syndicales pour toutes les organisations européennes.
La dégradation de la situation économique et sociale en Europe a atteint partout le mouvement syndical. Mais dans le même temps, de toutes parts a émergé l'étroite corrélation entre exigence revendicative européenne et nationale.
Qui aurait pu prévoir il y a seulement dix ans une action comme celle des routiers, dans un secteur où l'éclatement des cultures, la lutte antisyndicale, la faiblesse des forces organisées sont patentes ?
L'eurogrève des cheminots, la lutte de tous les salariés de l'énergie articulant le débat national et la riposte contre les directives gaz et électricité montrent la nécessité et l'efficacité de l'articulation national-européen.
Nous sommes prochainement invités par la FERPA (la Fédération européenne des retraités et personnes âgées), c'est-à-dire la structure spécifique de la CES pour participer à une réunion destinée à préparer une mobilisation et une action européenne des retraités.
Au moment où la plupart des organisations européennes accède à cette vision commune, au moment où elles en déduisent logiquement qu'il est devenu préjudiciable aux intérêts de tous de se priver de la coopération d'un syndicat aussi enraciné dans la réalité des luttes syndicales de son pays que la CGT, notre hésitation serait incompréhensible, pour tout dire irrationnelle.
Pire ce serait, derrière les apparences d'une soi-disant rigueur, la marque d'un manque de confiance dans la valeur de nos analyses et surtout de la portée de nos actions.
D'autres nous ont jugé sur pièces et ils ont eu raison. Ils ont vu dans la dernière période la qualité et la profondeur de nos engagements face aux problèmes sociaux vécus par tous les salariés européens, notamment sur la nécessaire solidarité de combat avec les privés d'emploi, ils ont constaté la sincérité, la réalité et l'efficacité de notre approche démocratique, associant directement les salariés à toutes les phases de l'action, ils ont vu notre détermination et notre capacité à contrebattre les initiatives libérales les plus destructrices.
Paradoxalement il semble qu'ils aient été plus sensibles, que nous ne l'avons été nous-mêmes, à la participation massive et déterminante de la CGT aux actions menées en commun au niveau européen. Il faut avoir participé aux manifestations européennes de Bruxelles et de Luxembourg pour témoigner de la surprise de beaucoup de nos camarades de la CGT, découvrant les mêmes mots d'ordre, les mêmes slogans les mêmes revendications sur les calicots de leurs camarades de l'Europe entière.
Je sais qu'Astérix et les Gaulois s'annonce comme une superproduction française, mais un scénario où 654 000 clairvoyants apporteraient la lumière à 58 millions d'aveugles n'a aucune chance de succès.
Oui, nos camarades des autres organisations européennes sont des gens salariés comme nous, ils réfléchissent et ils agissent.
Les situations qu'ils rencontrent ont suffisamment de points communs avec les nôtres pour que des convergences deviennent effectives. Dans d'autres cas l'approche au niveau européen est même une condition sine qua non de l'efficacité.
Pour les camarades qui s'estimeraient insuffisamment informés sur les orientations portées par la CES, j'indique que le dernier document d'orientation issu de son congrès de 1995 est disponible pour tous.
Chacun pourra y vérifier la réalité des convergences existant entre nous.
Quant à l'actualisation de ce document qui sera à l'ordre du jour du prochain congrès de la CES, chacun comprendra que la CGT ne puisse pas y participer avant que son adhésion soit effective.
La CGT est une organisation syndicale responsable, combative et active, et ceci n'a pas échappé aux autres organisations européennes. La CGT, syndicat fier de son passé mais lucide sur ses faiblesses et parfois ses erreurs, confiant dans son approche des réalités sociales, mais attentif à la démarche des autres, désintoxiqué et donc allergique à toutes les « pensées uniques », à l'affût de tout ce qui pourrait nourrir le combat commun, doit tout faire pour un syndicalisme européen qui vise lui aussi le progrès social.
La CGT doit répondre présente et nous serons présents.
Rassembler ses forces, chacun comprend que ce qui est vrai pour le niveau international l'est tout autant au niveau national.
Nous avons tous entendu plus que des nuances sur notre approche, y compris à partir d'oppositions non fondées.
Pourquoi opposer unité des salariés à la base et convergence de leurs organisations syndicales à tous les niveaux ? Les salariés ne semblent pas vouloir privilégier l'une des deux et encore moins les opposer. A chaque consultation, ils continuent à se reconnaître dans l'une ou l'autre des organisations, tout en critiquant prioritairement et sévèrement la division comme source majeure d'inefficacité.
Pourquoi s'inquiéter d'un axe privilégiant une organisation en particulier alors que nous plaçons l'enjeu du rassemblement pour l'ensemble du champ syndical, et au-delà, avec l'ensemble des acteurs disponibles pour que le mouvement social prenne plus d'ampleur.
Affirmer en toute lucidité notre volonté de voir la situation évoluer, faire des syndiqués, des salariés les véritables acteurs pour de nouvelles relations entre organisations syndicales, ça n'est rien d'autre que de construire un moteur assez puissant pour désembourber la machine pour arracher de nouvelles conquêtes sociales.
Vous avez, j'ai, sur une série de sujets, des différences d'appréciation ou d'opinion avec des militants des responsables des autres organisations y compris avec les premiers d'entre eux. Certaines sont du domaine public.
Cela n'empêche pas d'espérer qu'un jour et le plus tôt sera le mieux, l'ensemble des responsables syndicaux puissent s'asseoir autour d'une même table ou être tous présents dans les rangs d'un congrès, quelle que soit la puissance invitante.
Et pourquoi pas aussi en tête d'une manifestation portant le plein emploi comme une ambition et un objectif commun.
Que le chemin soit long et tortueux, c'est incontestable ! Ni la course de vitesse, ni la course de fond ne nous font peur.
Chacun de vous le sait bien, parce qu'il a sa propre expérience, il est plus confortable et surtout bien plus efficace pour la défense des intérêts des salariés que leurs organisations syndicales s'expriment dans le même sens sur un large fond de mobilisation.
Mais tout cela se gagne. L'unité se mérite. Il faut la vouloir non comme un objectif en soi mais comme levier, comme élément de confiance, de solidarité entre les salariés.
La difficulté à résoudre est finalement comparable à celles que nous affrontons dans notre pratique syndicale quotidienne, par rapport à tous les clivages qui peuvent s'opérer au sein de l'ensemble des salariés et qui sont autant de brèches dans lesquelles l'adversaire peut s'engouffrer pour affaiblir notre combat.
– Les fonctionnaires contre les salaires privés.
– Les salariés occupés contre chômeurs.
– Les Français contre immigrés.
– Les jeunes contre anciens.
– Les temps plein contre temps partiel.
L'autre camp joue en permanence, de façon brutale ou sournoise, sur toutes ces sources potentielles de division.
La division syndicale vient s'y ajouter et c'est un comble lorsque l'on sait que toutes les organisations ont affiché dans leurs statuts l'objectif de rassembler les salariés pour la défense de leurs intérêts collectifs et individuels.
Non et non, nous ne pouvons pas nous résoudre qu'au sein des 10 % de salariés qui ont fait le pas en décidant de se syndiquer on s'applique longuement à marquer son territoire devant les 90 % d'inorganisés qui les regardent avec désolation.
Continuer à débattre partout de cette situation, parler vrai aux salariés, moins pour se fondre dans un consensus que pour ensemble faire évoluer la situation sur les contenus revendicatifs comme sur les formes de relation entre les syndicalistes français est une nécessité.
Dans ce qui bouge dans la société française, la volonté de compter pour un est une donnée incontournable.
Il faut nous en saisir pour transformer le salarié spectateur d'une division qu'il regrette en acteur d'une unité qu'il maîtrise.
Parallèlement, l'attachement des salariés au syndicalisme a progressé. La reconnaissance de son utilité, l'aspiration à un syndicalisme actif et proche d'eux, combatif et solidaire renforcent notre conviction que des espaces nouveaux s'ouvrent pour la syndicalisation.
Il faut les investir avec beaucoup plus de détermination et éviter de glisser sur un syndicat d'élus, d'influence où les salariés délégueraient à d'autres la responsabilité de l'action revendicative.
Admettons que ceux qui prétendent que nous nous sommes institutionnalisés mettent le doigt sur une réalité préoccupante en certains endroits.
Changer de braquet, c'est décisif pour le syndicalisme que nous voulons incarner.
Comment parler de vaste consultation sur un accord ou une proposition de loi, alors que nos forces dans telle ou telle entreprise nous permettent à peine de couvrir le tiers des salariés.
Notre démarche démocratique ne peut vivre et se développer qu'en interaction avec un nombre de syndiqués qui lui permette de se déployer.
La syndicalisation n'est pas qu'affaire de chiffres, elle est avant tout le moyen humain de mettre en oeuvre à une toute autre échelle les décisions que nous prenons ensemble.
Relevons ce défi et en grand de la syndicalisation, les salariés ont besoin d'une CGT présente, créatrice, efficace.
Le début de reconquête des syndiqués doit impérativement s'amplifier, s'accélérer : c'est indispensable et c'est possible.
Si chacun d'entre nous conçoit que chaque syndiqué là où il est, chaque militant, chaque organisation a de quoi faire autour de lui, dans son entourage immédiat, de l'autre côté de la rue, sur la zone industrielle, alors la conquête devient possible.
Si chacun conçoit qu'aucun secteur ne restera fort chez lui si, autour de lui, les autres s'affaiblissent, alors les convergences s'établiront et nous parviendrons à dynamiser les solidarités nouvelles.
Nous n'aurons peut-être pas tout abordé, tout tranché, tout résolu en une semaine.
Il reviendra, après notre congrès, au Comité Confédéral National, aux organismes de direction de la CGT, d'assurer les prolongements nécessaires que vous aurez souhaités.
Ce sera le cas pour mettre au point les repères revendicatifs qui seront mis en discussion dans les organisations et conduire le travail engagé sur certains sujets.
Un mot sur le débat de ce matin pour qu'il n'y ait pas de quiproquo entre nous.
Cela fait des années, qu'à juste titre, les syndicats harcèlent la direction confédérale, les directions fédérales sur la complexité de notre système de cotisations et surtout sur son inadaptation qui prive, parfois, les structures de base des moyens nécessaires pour mener leur activité.
La direction confédérale sortante a fait le travail nécessaire pour vous permettre d'avoir tous les éléments en mains et de mesurer à quel point les décisions que nous avons empilées depuis des années ont rendu le système inextricable et parfois peu logique.
C'est à vous de décider des suites, par deux votes dont l'explication est reprise dans le Peuple de ce matin :
– Premier vote, il s'agit de décider du principe d'une cotisation reversée en pourcentage aux différentes structures, étant entendu qu'un projet devrait être soumis à l'ensemble des syndicats qui en prendront connaissance et l'approuveront, ou le rejetteront, au 47e Congrès. Rien n'est donc imposé.
– Deuxième vote : pour ouvrir un débat en grand dans toute l'organisation.
– Comment simplifier notre système ?
– Quelle modification dans les moyens accordés à telle ou telle structure en fonction de nos objectifs politiques ?
– Quelles échéances nous fixons-nous pour un nouveau dispositif ?
Et bien d'autres aspects sur lesquels chaque syndicat a son opinion.
Là aussi, ce sont vos successeurs au 47e Congrès qui tireront les enseignements d'un débat qui durera trois ans, si vous en retenez le principe.
Si, aujourd'hui, nous ne prenions pas nos responsabilités dans un domaine où beaucoup de trésoriers, de responsables à la politique financière ou de militants veulent des changements, je demande à ce qu'un délégué se porte volontaire pour répondre, à l'avenir, aux courriers qui prendront la suite de tous ceux adressés directement à Louis lui demandant des explications sur notre immobilisme.
Le dynamisme, la détermination dont vous avez fait preuve depuis le début de ce congrès augurent bien de ceux de toute la CGT.
Ce sont ces atouts qui vont nous être précieux pour faire face à nos responsabilités et en tout premier lieu l'action.
L'engagement que nous avons pris ensemble de construire un processus de mobilisation dans chaque entreprise, chaque branche, débouchant sur un rendez-vous coordonné et interprofessionnel unitaire peut avoir une grande portée dans le monde du travail.
Rien ne doit être négligé pour y parvenir.
Nous devons mettre en oeuvre des dispositions précises, adaptées à chaque entreprise, à chaque secteur pour viser des succès revendicatifs.
Mettre au coeur de cette initiative le plein emploi doit concourir à engager rapidement et partout l'ensemble de nos forces sur le pont.
Rien ne doit être écarté, il faut s'appuyer sur les mouvements d'ores et déjà en construction, travailler aux convergences, aux solidarités, actifs, chômeurs, retraités.
L'objectif visé doit être clairement identifié afin que l'élan ainsi donné génère un mouvement d'ensemble unitaire qui donne confiance aux salariés dans leur capacité de peser et de gagner !
Notre 46e Congrès, j'en suis sûr, place la CGT en position de conquête.
C'est ce qu'attendent les salariés !
Personnellement, j'ai confiance, parce que vous donnez confiance !