Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
C'est avec un vrai bonheur que j'ai parcouru cet après-midi les galeries de la 24e Foire internationale de l'art contemporain. Bonheur de la découverte, plaisir de la rencontre avec la qualité, avec l'ingéniosité, avec la beauté.
De ce bonheur, que des milliers de visiteurs connaîtront dans les prochains jours, je remercie les organisateurs, les exposants et bien sûr les artistes.
Je suis également particulièrement heureux de vous recevoir à l'hôtel de Matignon et d'avoir l'occasion de vous dire la place privilégiée qu'occupe la culture dans l'action de l'État, mais aussi tout l'intérêt que je porte personnellement à la création artistique.
L'art contemporain fait plus que nourrir l'esprit et combler les sens. À l'instar de la recherche scientifique, la création contemporaine est indispensable à notre société. Elle traduit la capacité d'imagination d'un peuple, son aptitude à innover et se renouveler, en recourant à de nouveaux matériaux, en inventant de nouvelles formes.
Nous faisons confiance aux créateurs contemporains, même si nous savons que le temps inévitablement accomplira son œuvre.
L'art contemporain est difficile, entend-on communément, il trouble. Tant mieux... René Char disait : « Tout ce qui paraît sans troubler ne mérite ni égard ni patience. » Vous êtes, marchands, collectionneurs, critiques, universitaires, responsables d'institutions, mécènes, au premier rang de ceux qui font preuve de cet « égard » et de cette « patience ».
En prenant des risques, en osant juger et adopter, en encourageant patiemment dans la durée de jeunes artistes, vous contribuez à éviter les deux écueils que constitueraient la promotion d'un art officiel ou la simple dictature du marché.
Dès lors que les arts plastiques ont conquis leur autonomie par rapport à la représentation du réel, depuis la fin du XIXe siècle, ils ont rarement été compris d'emblée par l'ensemble de leurs contemporains.
C'est bien pourquoi est essentiel votre travail tenace de repérage, de promotion, de diffusion de cet art contemporain. Vous contribuez ainsi à le légitimer.
Mais beaucoup reste à faire pour que l'art d'aujourd'hui soit mieux compris, mieux aimé du public.
Je suis convaincu que pour l'apprécier pleinement, au-delà des coups de cœur, mieux vaut connaître l'art du passé. Il faut pouvoir le mettre en perspective, donc le relier aux différentes formes d'expression antérieures.
C'est naturellement à l'école que le plus grand nombre accède à cette connaissance, à travers l'enseignement des arts plastiques, les pratiques artistiques et une approche de l'histoire des arts. Ces dispositifs devront être renforcés dans les années à venir. Mais d'autres institutions, institutions artistiques, culturelles, audiovisuelles, ont leur rôle à jouer dans ces actions de sensibilisation et de formation.
La formation est le moyen d'encourager la création artistique, mais aussi de multiplier le nombre des amateurs et également de faire éclore des vocations de collectionneurs.
Outre sa mission éducative, l'État se doit de créer les conditions propices au développement du marché de l'art dans notre pays. Ne serait-ce que parce que la vitalité du marché est essentielle pour les artistes. Le gouvernement entend, dans toute la mesure du possible, l'encourager dans le cadre de la relance économique générale de notre pays et dans celui de la construction européenne.
Je sais que la ministre de la culture s'est engagée à définir en concertation avec les galeries d'art les mesures les plus adéquates et les plus équitables, notamment fiscales.
Je confirme par ailleurs que les travaux indispensables de consolidation et de rénovation du Grand Palais seront très bientôt entrepris, et que la FIAC pourra, si elle le souhaite, y retrouver dans quelques années un lieu adapté à sa vocation.
La Foire internationale de l'art contemporain est une manifestation dont l'envergure contribue au rayonnement international de notre pays, puisque des galeries appartenant à quinze nationalités différentes y sont représentées.
Elle confirme, une fois de plus, que la France est une terre d'accueil pour des artistes venus de très nombreux pays, qui ont voulu y vivre et y créer.
Je me réjouis en particulier que le comité d'organisation ait choisi cette année comme invitée d'honneur la Suisse, pays voisin et ami, pays de Paul Klee, de Giacometti et de Tinguely.
À tous ceux qui par leur talent de créateur ou d'entrepreneur contribuent au succès de cet événement parisien, j'exprime ma reconnaissance et mon admiration car nous vous devons une partie de notre fierté nationale et de notre prestige international.