Interview de M. Marc Vilbenoit, président de la CGC, dans "La Dépêche du midi" du 16 mars 1999, sur la réduction du temps de travail, la réforme des retraites et la privatisation d'Aérospatiale.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : La Dépêche du Midi

Texte intégral

La Dépêche du Midi : 35 heures : votre fédération s’est prononcée sans équivoque pour la semaine des quatre jours. Pourquoi ?

Marc Vilbenoît : Depuis pas mal de temps, le personnel d’encadrement est favorable à la semaine de quatre jours. Car en dépit des tentatives d’essais en ce qui concerne l’annualisation, le décompte des heures, et autres techniques, on s’est rapidement rendu compte que l’on était en conflit avec l’aménagement du temps de travail, notamment au regard de la deuxième loi Aubry.
Dans cette optique, nous avons déjà rencontré la CGT afin d’échanger nos points de vue. Les discussions sont actuellement engagées sur un quota de jours (vingt-deux en l’occurrence), comme à Eurocoptère (filiale d’Aerospatiale).
Cette loi des 35 heures est un immense chantier, décentralisé, discuté branche par branche, long, lent même, mais qui doit amener malgré tout à la création d’emplois.

La Dépêche du Midi : À votre avis, les retraites sont-elles vraiment menacées ?

Marc Vilbenoît : Nous sommes entrés dans une folie de la dramatisation dans ce secteur. Et nous, représentants des cadres – premiers soucieux de l’avenir de leurs mandants, dès 1945, avec la création des caisses complémentaires –, savons de quoi il en est. Il n’est pas admissible de laisser s’installer un sentiment d’insécurité à l’horizon 2020-2040. Car, il n’y a rien de pire que cette insécurité entretenue aujourd’hui. Montrer aussi la capitalisation individuelle, comme la solution miracle, est une erreur. Comme d’ailleurs la rallonge du temps de travail. On est alors dans une spirale d’augmentation de la durée du travail sans évoquer le chômage, par exemple. La solution ? Pourquoi pas la création d’un fonds de réserve à partir notamment des excédents de la Banque de France récoltés après le passage à l’euro, qui serait de l’ordre de 300 milliards de francs ?

La Dépêche du Midi : La privatisation d’Aerospatiale vous fait-elle peur ?

Marc Vilbenoît : Nous n’y sommes absolument pas opposés ! Dans ce domaine, nous avons pris un retard préjudiciable. Notamment face aux USA. Il n’en demeure pas moins que les salariés devront rester vigilants devant cette opération.