Texte intégral
RFI : Monsieur le ministre, comment avez-vous trouvées après vos entretiens, d’une façon générale, les relations entre la France et les États-Unis, concernant l’Afrique ?
Charles Josselin : Je trouve que l’entretien que j’ai eu avec Mme Rice était très constructif. Il a été direct mais utile. J’ai pu, sur le plan des grands objectifs en matière de coopération et de développement, vérifier qu’il y a une large convergence, qu’il y a évidemment un point délicat qui est celui de l’insuffisante participation des États-Unis par rapport à leur richesse. Mme Rice m’a rappelé aussi que c’était le résultat d’un accord entre Maison-Blanche et le congrès. Mais j’ai redit notre volonté de voir les États-Unis s’impliquer davantage, parce que l’aide publique au développement en particulier, nécessitait des moyens très importants et que nous ne pouvons pas nous satisfaire de l’inégalité qui continue d’exister, notamment dans la satisfaction de certains besoins sociaux. J’ai rappelé à Mme Rice que, dans certains pays, les enfants sont moins scolarisés que n’étaient les parents. Il en va de même pour les raisons de santé. Donc, il y a vraiment besoin d’un effort supplémentaire et j’ai entendu Mme Rice confirmer que c’était aussi son analyse et elle m’a dit également qu’elle n’entendait pas opposer l’aide publique et l’investissement.
RFI : À propos du Congo-Brazzaville, par exemple, il y a quand même certaine différence de perception ?
Charles Josselin : Si je vous disais qu’on a tout réglé cet après-midi, vous ne me croiriez pas et vous auriez raison. Mais je fais confiance aux discussions que nous continuons d’avoir et que les diplomates auront dans les semaines qui viennent pour trouver un point d’accord, en tout cas, pour permettre aux États-Unis et à la France de se rencontrer davantage pour se concerter mieux sur l’Afrique. La politique africaine de la France et les politiques en Afrique des États-Unis doivent se concerter mieux. C’est vrai pour la préparation au maintien de la paix, mais c’est vrai aussi pour les questions de développement, de part et d’autres du fleuve Congo.
RFI : Monsieur le ministre, lors de vos contacts au FMI, avez-vous plaider particulièrement le dossier de certains pays, je pense particulièrement à la Côte d’Ivoire ?
Charles Josselin : Je vois que vous avez le souci des intérêts de la Côte d’Ivoire. Moi aussi, d’ailleurs, même si nous avons parlé aussi d’autres pays. Nous avons évoqué le Tchad, le Cameroun et d’autre encore, dont les dossiers sont aussi sur le bureau de FMI ou la Banque mondiale. Mais, s’agissant de la Côte d’Ivoire, j’ai senti qu’il y avait une compréhension réelle même si celle-ci s’accompagne d’une volonté de voir poursuivre l’effort entreprise afin que la preuve soit donnée d’une bonne gouvernance. Je crois que c’est nécessaire aussi en Côte d’Ivoire.
RFI : Mais justement, dans le cadre de ce tour d’horizon général de la situation des pays africains… quel est le degré de compréhension de la part du FMI, disons pour laisser une chance, de développement, sans appliquer des critères trop stricts ?
Charles Josselin : Je crois que les interlocuteurs que j’ai rencontrés cet après-midi font preuve d’un bon équilibre entre le besoin d’obliger les gouvernements africains à respecter un certain nombre de règles, car il y va de leur crédibilité et de l’adhésion de l’opinion des bailleurs de fonds, tout en tenant compte de la situation. Nous avons parlé du coton, peu du cacao, davantage du dossier budgétaire, mais je le répète, la compréhension est là. Il faut que les dirigeants africains sachent qu’il leur revient aussi de faire les efforts nécessaires.