Texte intégral
Rapport au comité national 26 mai 1999
Camarades,
La campagne pour les élections européennes commence.
Évidemment, pour chacune et chacun de nous, qui sommes engagés activement dans la campagne électorale depuis plusieurs semaines, cette affirmation a un côté un peu provocateur. Pourtant, ce n’est pas qu’une boutade.
C’est en effet maintenant que, pour la plupart, nos concitoyens commencent à s’intéresser à ces élections et donc à se poser la question de leur vote. Nous sommes à dix-huit jours du 13 juin. C’est maintenant que tout va se jouer.
Toutes les listes en sont conscientes, et toutes vont se battre. Le constat – qui n’était pas sans fondement – que la campagne était « molle » a fait son temps. À coup sûr, une période de confrontation politique très rude est en train de commencer, qui ne va pas cesser de gagner en intensité jusqu’au jour du vote.
Nous l’abordons avec confiance. Car nous avons de sérieux atouts. Ils nous sont donnés, précisément, par tout ce que nous avons fait jusqu’ici.
L’innovation majeure que constitue la liste Bouge l’Europe ! dont nous avons pris l’initiative, les propositions qu’elle avance, les millions de tracts d’ores et déjà diffusés, le retentissement de plusieurs grandes émissions auxquelles Robert Hue a participé, les milliers de rencontres, grandes ou petites qui ont eu lieu dans tout le pays, dont très précisément 713 à ce jour avec des candidates et candidats ; bref, le courant de curiosité, d’intérêt, de sympathie d’ores et déjà créé autour de notre liste – tout cela constitue un acquis important.
Cet acquis a permis de dégager beaucoup de potentiels. Nous sommes à l’étape où il s’agit de les réaliser, de construire ainsi le bon résultat de notre liste. Je le répète, ce sont les efforts que nous allons fournir maintenant – nous : la tête de liste, les candidats, et chaque militante et militant du Parti – qui vont être décisifs.
L’objet unique de notre réunion d’aujourd’hui et donc de cette introduction à notre discussion est de favoriser une amplification et une efficacité maximale de ces efforts. Ce qui implique d’en préciser les raisons et la nature. Pour y parvenir, j’aborderai successivement trois points : l’enjeu des élections européennes ; les motivations du vote pour notre liste ; les possibilités et conditions d’un bon résultat.
I. L’enjeu des élections européennes
L’enjeu du vote du 13 juin, c’est le rapport de forces qui va en découler, en France et en Europe. Et, par voie de conséquence, c’est la nature des réponses qui vont être apportées aux préoccupations les plus essentielles des Français.
L’Europe est, en effet, devenue notre quotidien. Pacte de stabilité ou directive électricité, euro ou réglementation du droit de chasse… C’est en tout domaine qu’elle intervient, que ses institutions et ses décisions influent sur la politique de tout gouvernement. Or, de grandes questions sont aujourd’hui posées sur l’orientation même de la construction européenne comme de la politique du gouvernement de la gauche plurielle. En ces mois de mai et de juin, des dossiers cruciaux sont à l’ordre du jour, qui ont et auront des conséquences directes sur la vie de chacune et de chacun.
Chaque force politique et sociale agit pour faire prévaloir ses propres réponses et ses propres intérêts face à ces grandes questions. Chacune compte sur le poids que peut lui donner le résultat de ces élections pour y parvenir. C’est pourquoi le vote du 13 juin va peser lourd, dans un sens ou dans un autre, sur les décisions qui vont être prises, sur les choix qui doivent, qui vont être faits.
L’objectif des listes de droite
L’objectif de la droite, c’est de faire de ces élections une étape de sa revanche.
On peut évidemment se dire qu’elle en est plutôt à l’heure de régler ses propres comptes. Ses divisions ne sont pas feintes. Elles tiennent à des rancœurs tenaces et à des ambitions concurrentes, qui sont au demeurant typiques de cette famille politique. Elles tiennent surtout à des visions différentes de la recomposition en cours de la droite dans la perspective de l’élection présidentielle : faut-il un grand parti de droite, comme le souhaitent Sarkozy-Madelin, ou la configuration née lors de cette élection, qui a les faveurs de Bayrou ? Faut-il se réclamer de Jacques Chirac ou ne pas le faire, à la manière de Pasqua ? Le résultat des élections européennes jouera évidemment sur ce débat interne à la droite.
Il se mène dans cette campagne sous la forme de la confrontation entre les notions biaisées de « souverainisme » et de « fédéralisme ». La souveraineté, c'est-à-dire la liberté de chaque peuple de choisir son destin est un droit inaliénable, mais tout le monde comprend bien que, dans le cas Pasqua, cette notion de « souverainisme » renvoie au nationalisme, et il est réconfortant qu’aucune personnalité de gauche n’ait, en définitive, répondu à ses appels. Quant au « fédéralisme », le fait est qu’il est le drapeau des partisans de l’accentuation de la concentration des pouvoirs au sommet, à l’image de la Banque centrale européenne, organe fédéral par excellence. L’objectif d’une « Europe fédérale » est également conçu comme le noyau autour duquel pourrait s’édifier un « centre » hypothétique, agglomérant certaines forces de droite et de gauche.
Mais tout cela étant dit sur ce qui divise la droite, voyons bien aussi ce qui, aujourd’hui, la rassemble.
C’est d’abord son glissement d’ensemble vers l’ultralibéralisme. Ce qu’a représenté le gaullisme est désormais résiduel. « Trop de charges sociales, trop de services publics, trop de protection sociale, trop de droits pour les salariés… », c’est son programme commun, qui colle à celui du grand patronat.
Et ce qui rassemble la droite, c’est, dans le même temps, les ponts de plus en plus nombreux qu’elle jette en direction de l’extrême droite. J’ai évoqué les thèmes de campagne de Pasqua. Au RPR, l’ancien secrétaire général, Jean-François Mancel, exclu pour cause d’alliance avec le Front national, devrait bientôt, dit-on, être réintégré. Démocratie libérale, quant à elle, a fait la démonstration, lors de l’élection législative d’Aubagne, de l’efficacité de ses pratiques de complaisance envers l’extrême droite. La droite tend de plus en plus à se « droitiser », à s’ « extrêmiser ». Chaque voix en sa faveur lors de ces élections renforcera ceux qui, demain, au Parlement européen, travailleront à ce que l’Europe s’enfonce dans une voie de plus en plus « libérale », de plus en plus antisociale et anti-services publics. En France, elle encouragera les compromissions de la droite avec l’extrême droite et donnera plus de poids au grand patronat pour que les décisions se prennent en sa faveur. Il ne faut pas le permettre. C’est un des principaux enjeux du 13 juin.
Les objectifs des listes de gauche et d’extrême gauche
Et qu’en est-il des objectifs des listes se réclamant de la majorité plurielle ou de l’extrême gauche ?
Ceux de la liste des Verts, ont le mérite d’être explicites. Daniel Cohn-Bendit les a formulés dès le départ, précisément en termes de rapport de forces : il s’agit de « dépasser le Parti communiste ». Il a dû, depuis lors, en rabattre un peu de cette ambition, mais ses proches expliquent qu’en tout état de cause, le but est bien de parvenir à un autre équilibre au sein de la majorité et du gouvernement. Pour mener quelle politique ? On le sait, Daniel Cohn-Bendit défend l’idée d’une Europe fédérale et même d’une Europe libérale, et il se félicite de l’émergence, avec la liste Bayrou, d’une force centriste. Le vote pour la liste des Verts aura le sens d’un appel à une modification sensible de la configuration actuelle de la gauche plurielle, en faveur d’une formule voisine de l’alliance rose-verte qui prévaut en Allemagne.
La liste d’Arlette Laguiller a certains points communs avec cette liste. Là aussi, on est obsédé par l’objectif de prendre des voix au Parti communiste et on se réclame d’une Europe fédérale. Mais le discours y est résolument protestataire, d’opposition à L’Europe actuelle – même si on « oublie » de rappeler la consigne d’abstention lors du référendum sur le traité de Maastricht, ce qui a contribué à son adoption – et de contestation de la politique du gouvernement. Compte tenu de ce qu’elle celle-ci, – je vais y venir –, bon nombre de ces critiques sonnent juste. Mais quelles propositions avance-t-on, quel rôle joue-t-on pour faire évoluer, concrètement, les choses dans le bon sens ? On en reste aux généralités et à la rhétorique du tout ou rien. Les voix qui se porteront sur cette liste ne sont pas moins respectables que les autres, mais, de fait, elles seront sans efficacité.
Quant à la liste de François Hollande, ses objectifs découlent de la position qu’elle occupe. En Europe, onze pays sur quinze sont dirigés par des sociaux-démocrates et, en France, le gouvernement est composé de façon ultra-majoritaire de ministres socialistes. La liste de François Hollande est celle de l’Europe et de la politique gouvernementale telles qu’elles se font maintenant. Elle tient d’ailleurs demain un meeting avec Tony Blair, Gerhard Schröder et Massimo D’Alema et son programme tient en une formule : « défense et illustration des choix de Lionel Jospin ».
Tout le monde sait que, sur des questions essentielles – qu’il s’agisse de l’Europe fédérale ou de la guerre en Yougoslavie –, il y a, au sein de cette liste, des opinions contradictoires. Mais ces différences ont cédé le pas à l’essentiel. Ce qui a prévalu, ce qui a rendu possible la constitution de cette liste, c’est la volonté du Parti socialiste, du Mouvement des citoyens et du Parti radical de peser pour que la politique du gouvernement suive le même cap qu’actuellement. Ce sera ce choix politique qu’appuieront celles et ceux qui voteront pour cette liste.
Voilà donc pour le sens du vote en faveur de tel ou tel.
La liste du Parti communiste, du mouvement social, des féministes
Et, nous le savons bien, avec cette description, nous n’avons pas tout dit.
Car, non, les jeux ne sont pas faits. Il n’y a aucune fatalité à ce que les réponses libérales ou « social-libérales » l’emportent. Tout simplement parce que ce n’est pas ce que souhaitent nos concitoyens. Leurs aspirations à de réels changements, leur refus de se voir imposer des sacrifices, des contraintes supplémentaires demeurent très forts, comme en témoigne le mouvement social. Dès lors, la question posée lors de ces élections européennes est la suivante : est-ce que ce scrutin va permettre à ces refus et à ces aspirations de peser plus fort sur le cours des choses ? Est-ce que la politique menée en France et en Europe sera conduite à en tenir davantage compte ?
Y parvenir est la raison d’être de la liste Bouge l’Europe !, avec sa conception et ses propositions novatrices.
Je ne vais pas développer ici les caractéristiques inédites de notre liste, « à double parité » : nous y avons consacré une réunion du Conseil national et plusieurs du Comité national, et ses candidates et candidats ne cessent de s’en expliquer dans leur campagne. Je ne souhaite faire qu’une remarque à ce propos : il est bien normal qu’on nous dise : « Vous nous avez surpris », mais, en toute bonne foi, on ne saurait nous demander : « Quelle mouche vous pique ? ».
Il y a en effet une relation étroite entre notre liste, telle qu’elle est, et nos choix d’ordre fondamental, stratégique. On la trouvera dans la volonté qui nous anime de construire du neuf pour offrir des possibilités nouvelles aux citoyens de se réapproprier la politique et de peser sur les choix. Cette démarche nous a incités à créer les espaces citoyens ; elle inspire beaucoup de réflexions et d’expériences touchant à la vie du Parti ; elle est à la base de l’initiative que nous avons prise lors de cette élection. Elle n’a donc rien de conjoncturel : c’est une option de longue portée. Car elle entend s’attaquer à ce problème de fond, structurel, qu’est la crise de la politique et de la citoyenneté. Je le rappelle en quelques mots, cette crise est faite d’abord du discrédit de la représentation politique, de l’effritement du lien social, du doute sur le besoin et sur l’utilité de vivre ensemble. Elle se nourrit du sentiment d’impuissance du politique face aux grandes priorités nationales.
Dans le même temps, l’autre terme de la contradiction qui est le fondement même de la crise de la politique, l’aspiration à intervenir, à faire de la politique autrement, ne se dément pas. On lit ainsi ce constat dans un ouvrage récent intitulé La nouvelle société française, basé sur les enquêtes de la Sofres et les études du Cevipof : « On est entré aujourd’hui dans une période marquée plutôt par des attentes plus vives et plus rigoureuses à l’égard de la politique que par une dépolitisation du corps électoral. » Les faits sont multiples qui attestent l’émergence d’une énergie citoyenne nouvelle. Faire en sorte qu’elle marque ces élections est l’ambition de l’innovation politique importante que constitue la liste Bouge l’Europe ! « Il faut arrêter de penser, disait dernièrement Robert Hue, que les partis politiques ont réponse à tout. » Cette modestie, pour signifier non pas que les partis aient fait leur temps, mais qu’il y a besoin d’une autre façon de concevoir et de faire vivre la politique. Le Parti communiste, pour sa part, mesure son utilité à son efficacité pour changer la société, et celle-ci passe par l’établissement de rapports nouveaux d’écoute, d’échanges, de coresponsabilité entre le Parti, les communistes et les autres citoyens, les autres actrices et acteurs du mouvement social. La nature de notre liste, la conception de toutes ses initiatives, fondées sur l’écoute et l’échange d’idées, découlent de cette conviction. Ce qui se passe dans cette campagne avec notre liste fait du bien à la politique, nous fait du bien. Les communistes qui ont eu l’occasion de participer, ces dernières semaines, à une rencontre avec des candidates et candidats de notre liste sont à même de ressentir l’enrichissement que constitue l’apport de ces syndicalistes, de ces animatrices et animateurs de comités de chômeurs, de ces féministes, de ces antiracistes, de ces militantes et militants des droits de l’Homme et de la solidarité internationale qui ne sont pas adhérents de notre parti.
Nous avons toutes les raisons d’être fiers, comme communistes, d’avoir pris et de réussir cette initiative inédite qu’aucune autre force politique n’ose même imaginer pour elle-même. Bouge l’Europe ! a l’ambition d’être reconnue comme la liste du mouvement social, des féministes, de la jeunesse. Ce n’est donc pas, nous l’avons dit, la liste du Parti communiste seul. Mais c’est pleinement la liste du Parti communiste, qui vaut, pour qui est adhérent ou ami de notre parti, qu’on se mobilise en sa faveur.
II. Les motivations du vote pour notre liste
À quoi le vote pour notre liste va-t-il servir précisément, concrètement ?
1/ Le vote en faveur d’un nouvel élan pour le changement
Il va d’abord être un vote d’intervention directe, d’utilité immédiate dans la confrontation politique en cours contre la droite et au sein de la gauche plurielle qui porte sur les solutions aux problèmes, aux difficultés qui préoccupent le plus directement celles et ceux qui nous entourent.
Je l’ai dit, le vote pour notre liste sera le vote le plus résolu contre la droite, contre toutes ses listes. Ce sera le vote de rejet radical de l’extrême droite. C’est par le vote pour notre liste que, demain, Le Pen et Mégret, s’ils sont élus, trouveront face à eux au Parlement européen la France Black-Blanc-Beur qu’ils détestent tant, avec Yasmine Boudjenah et Fodé Sylla. Et c’est un enjeu du vote du 13 juin que, pour la première fois depuis des années, le Parti communiste soit devant Le Pen.
C’est précisément parce que nous voulons contribuer à dresser un barrage à la droite et réduire le terreau du vote d’extrême droite que nous disons : les choses ne peuvent pas continuer comme aujourd’hui. Il faut maintenant prendre des décisions qui soient à la mesure des problèmes posés, qui permettent de répondre à l’urgence sociale et aux besoins de développement du pays.
C’est ce qu’attendent beaucoup de celles et ceux qui ont permis, en 1997, que s’ouvre l’expérience d’un gouvernement de la gauche plurielle. Ils voient bien que, durant ces deux années, certaines avancées ont été décidées. Mais c’est très loin de suffire pour répondre à leur besoin d’améliorations tangibles. Et ils s’inquiètent de projets de plus en plus marqués par les exigences du grand patronat et l’influence des partisans du « social-libéralisme ».
Trois grands dossiers
Cette introduction à notre discussion n’a pas vocation à être exhaustive. Prenons, pour illustrer cette appréciation, les trois grands dossiers au cœur de l’actualité.
D’abord, la seconde loi du passage aux 35 heures. La droite et le MEDEF se sont d’abord opposés, on s’en souvient, à l’idée même des 35 heures. Normal : ce pourrait être un grand progrès de civilisation facteur de nombreuses créations d’emplois. Robert Hue en avait d’ailleurs fait un des points essentiels de sa campagne pour l’élection présidentielle. Mais aujourd’hui, où en est-on ?
Selon le bilan gouvernemental, au 24 avril dernier, 1,1 million de salariés sont à présent concernés par un accord sur les 35 heures – 40 % viennent de deux entreprises publiques, La Poste et EDF – et un peu plus de 53 000 emplois ont été créés ou préservés, tous accords confondus. Inutile d’épiloguer : les chiffres, en eux-mêmes, témoignent de l’immense, immense effort qui reste à produire pour l’emploi.
Or, les projets du gouvernement, tels qu’ils sont actuellement rendus publics, tendent à instituer la réduction du temps de travail en renonçant de fait à ce qu’elle permette en progrès significatif de l’emploi. En effet, l’augmentation prévue de 11,4 % du SMIC horaire lors du passage aux 35 heures permettrait de maintenir au niveau actuel le SMIC mensuel, mais elle serait accompagnée d’un allègement des charges sociales patronales jusqu’à 1,7 ou 1,8 fois le SMIC. Cette mesure, d’une part – toute l’expérience des exonérations de charges patronales le démontre –, ne créerait que peu ou pas d’emplois et d’autre part, inciterait encore plus les employeurs à ne pas augmenter les petits salaires. Son financement envisagé, par de nouvelles taxes sur la consommation d’énergie des entreprises (l’écotaxe) et sur leurs bénéfices, n’est pas plus incitatif à la création d’emplois.
Ces projets du gouvernement instituent un lien entre le traitement de ce premier grand dossier, celui des 35 heures, avec le deuxième, celui des retraites et de la protection sociale. Sur ce point, le Premier ministre, a heureusement, précisé que le rapport Charpin, qui s’inscrit dans la perspective d’une sorte d’éternisation d’un taux de chômage élevé et préconise le recours à la capitalisation et l’allongement de l’âge ouvrant droit à la retraite – ce rapport n’était qu’un des éléments de la discussion qui allait s’engager.
Mais l’allègement des cotisations sociales patronales « compensant » les 35 heures touche directement à l’avenir de la protection sociale : il mettrait encore plus en cause le financement du système de retraite par répartition et il accentuerait le déséquilibre des comptes de la Sécurité sociale.
Pourtant, il serait possible d’assurer tout à la fois le financement des 35 heures en favorisant l’emploi, et le financement des retraites. Il faudrait pour cela, d’une part, baisser non pas les charges sociales des entreprises, mais, de façon sélective, les charges financières du crédit favorisant l’emploi et, d’autre part, réformer l’assiette des cotisations sociales patronales en l’élargissant aux revenus financiers des entreprises. Plusieurs rapports officiels ont dernièrement donné un avis favorable à ce type de propositions. Mais pour qu’elles entrent en application, comme on dit, il y a un hic. C’est que la logique pro-emploi dans laquelle elles s’inscrivent est du même coup une logique anti-marchés financiers, une logique contraire à celle du MEDEF pour lequel doit primer dans tous les cas la baisse du coût du travail. Qui l’emportera ? Revoilà le rapport de forces.
Enfin, quelques mots sur le troisième dossier, celui du budget pour l’an 2000. On connaît le cadre défini par Lionel Jospin : croissance zéro des dépenses de l’Etat – en fait, précise-t-on : augmentation de 0,3 % hors charges de la dette – pour une hypothèse de croissance de 2,5 %. Un objectif un peu aléatoire, car la croissance en 1999 sera sensiblement inférieure aux 2,7 % initialement prévus. Quoi qu’il en soit, ce freinage budgétaire percute à l’évidence la nécessité d’un grand effort pour répondre aux besoins sociaux, aux nécessités de formation et de recherche, effort qui conditionne une véritable politique de croissance et d’emploi. Le Pacte de stabilité pèse ici directement sur les choix. Faire ceux qu’attendent les Français suppose la volonté politique de se dégager de ce carcan. Je parlerai bien sûr de l’Europe dans quelques instants.
On pourrait continuer cette analyse avec d’autres aspects de la politique actuelle. Ils conforteraient ce constat qu’après deux ans d’existence, ce gouvernement se trouve confronté en tout domaine à la même question : l’impossibilité de résoudre les plus graves problèmes posés – le chômage, la précarité, les urgences sociales – et même d’empêcher leur aggravation sans réformes profondes permettant de se dégager de la chape du Pacte de stabilité et des marchés financiers, réformes qu’il ne fait pas. L’impossibilité, toutefois, de rester immobile, de ne pas travailler à des réformes, et la tendance de plus en plus forte, dans de telles conditions, à en décider qui respectent ce cadre de l’Europe actuelle et des exigences du MEDEF.
Donner plus d’impact aux exigences de changements réels
Dans le même temps, ce gouvernement n’est pas celui de la droite. Il n’est décrété nulle part que sa politique sera « social-libérale », et que tout est dit. Dans leur domaine de compétence – évidemment limité –, les ministres communistes contribuent à ce que cette politique présente d’autres aspects, de gauche. Certaines lois sont marquées par l’apport de nos parlementaires. Et il n’est pas une seule des propositions que nous avançons à l’occasion de ces élections que nous jugions irréaliste, au sens où nous penserions qu’il est exclu a priori que ce gouvernement puisse décider de la prendre. La question posée est de l’y inciter davantage, dans la société et dans les urnes.
Il est arrivé qu’on présente la diversité de notre liste comme un obstacle à sa cohérence. Celle-ci apparaît aujourd’hui concrètement sous la forme de ses propositions précises. Dans ce scrutin, la liste Bouge l’Europe ! conduite par Robert Hue est celle qui propose de convertir tous les emplois précaires en emplois stables ; de refuser les délocalisations ; d’instituer une sécurité d’emploi et de formation ; d’engager la réduction du temps de travail sans diminution de salaire et avec les embauches correspondantes ; d’instaurer dans chaque pays européen un salaire minimum garanti et de revaloriser les minima sociaux ; d’harmoniser par le haut les lois sociales ; d’élargir les droits des salariés et du mouvement social et syndical ; de préserver les services et les entreprises publics et de stopper toutes les privatisations et les déréglementations ; de réorienter la politique économique en faveur de l’emploi, de la formation et de la croissance ; de taxer les mouvements de capitaux spéculatifs ; d’adopter des droits nouveaux contre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie, l’homophobie et le sexisme.
C’est à chacune de ces exigences que le vote pour notre liste va donner plus de résonance, plus d’impact.
2/ Le vote pour ancrer l’Europe à gauche
Inséparablement, et comme l’indique le nom même de notre liste, ce vote est fait pour « bouger l’Europe ».
Chacun comprendra que je sois très bref sur ce second point. Il serait d’ailleurs inquiétant que j’aie beaucoup de choses nouvelles à dire à ce propos au Comité national, alors que c’est l’objet même de la campagne que nous menons avec notre liste depuis plusieurs semaines !
Je m’en tiendrai donc à une remarque, de même nature que celle que je viens de faire à propos du réalisme de nos demandes pour la France : nous avons la conviction que notre volonté de contribuer à réorienter l’Europe dans un sens social, citoyen, solidaire, que les idées avancées dans le rapport de Francis Wurtz au Conseil national du 14 mars et les propositions de la liste correspondent aux possibilités et aux nécessités.
Renforcer le courant européen antilibéral, progressiste
Aux possibilités : je l’ai dit, onze gouvernements sur quinze de l’Union européenne sont aujourd’hui dirigés par les socialistes. On pourrait mener une politique de gauche en Europe. Ces gouvernements en sont loin, comme on le sait, et, au Parlement européen, un consensus de fait existe entre les deux groupes – socialiste et de droite – qui dominent cette assemblée. Il y a donc besoin d’un groupe de gauche plus important en son sein pour agir contre ce consensus. Et il y a besoin de faire progresser le mouvement social, antilibéral, progressiste qui se développe en Europe. Chacun a à l’esprit les eurogrèves, les euromanifestations – il vient encore d’y avoir celle des gaziers et des électriciens –, les marches européennes pour l’emploi, comme celle qui se dirige vers Cologne samedi prochain, 29 mai, et à laquelle, naturellement, nous allons prendre part. La liste Bouge l’Europe !, qui comprend deux candidates allemandes et une italienne, est partie intégrante de ce mouvement. Nous devons noter à cet égard, comme un fait particulièrement encourageant, la participation à un débat de notre liste, le 6 mai dernier à la Mutualité, d’un des principaux dirigeants du syndicat allemand IG-Metall et du syndicat de la métallurgie de la CGIL italienne.
Et notre affirmation du besoin d’Europe, d’une Europe sociale, démocratique, pacifique et ouverte au monde, correspond aussi aux nécessités.
C’est si vrai que tout le monde – signe des temps – se prononce à présent en faveur de « l’Europe sociale » et d’un « Pacte pour l’emploi ». On peut penser que le prochain sommet de Cologne, les 3 et 4 juin prochains, débordera de bonnes intentions à cet égard. Mais puisque tel est l’objectif proclamé, alors, confrontons les propositions pour y parvenir !
Comment construire l’Europe sociale en maintenant intactes le carcan des institutions et des directives ultralibérales de l’Europe actuelle ? Comment ne pas qualifier cet objectif d’illusoire, de démagogique si on se refuse à renégocier le Pacte de stabilité pour permettre la relance des dépenses publiques et sociales ?, à traduire tout Pacte européen pour l’emploi « en objectifs chiffrés et contraignants, avec un calendrier contrôlable », selon la formule de notre Conseil national ?, à réviser en profondeur les missions et les pouvoirs de la Banque centrale européenne afin d’y inscrire la priorité à l’emploi, notion aujourd’hui totalement absente de ses préoccupations ?, à mobiliser, dans chaque pays et en coopération, tous les outils disponibles – politique fiscale, du crédit, services et entreprises publics, fonds structurels – pour l’emploi, la formation, la promotion des capacités humaines ?, à taxer les mouvements de capitaux spéculatifs ?
Il faut avoir le courage de se donner les moyens économiques et politiques de ses ambitions sociales proclamées ; le courage de placer le mouvement social et l’ingérence citoyenne au cœur de la construction européenne et, pour cela, d’ouvrir concrètement des brèches à leur intervention. C’est ce choix que va exprimer le 13 juin le vote pour Bouge l’Europe !
Pour une paix juste et durable dans les Balkans
Ce vote va être, dans le même temps, le vote pour l’Europe conçue comme une Union de nations solidaires, l’Europe puissance pacifique, ouverte au Monde. Il va être le vote qui va affirmer que l’Europe doit être celle de l’entente entre les peuples contre les nationalismes, de l’Europe capable de résoudre ses propres crises sans tutelle américaine.
Les huit semaines de guerre en Yougoslavie constituent un échec pour l’Europe. Parce que la « purification ethnique » qui se poursuit au cœur de notre continent sous l’autorité du régime odieux de Milosevic est tout simplement insupportable. Parce que les pays de l’Union européenne se sont laissé déposséder de leurs responsabilités par les États-Unis. Parce que, comme nous l’avions affirmé dès le premier jour des bombardements de l’OTAN sur la Yougoslavie, la guerre non seulement ne règle aucun problème, mais les exacerbe tous. Plus l’exode des réfugiés kosovars se poursuit, plus leurs témoignages se font précis, concordants, et ils glacent d’horreur. Mais qui peut croire que leur tragédie va s’amenuiser parce qu’en Serbie, des civils meurent sous les bombes, que les hôpitaux sont en péril d’être privés d’électricité et que l’eau potable peut venir à manquer ?
Notre seul objectif, pour notre part, est celui de voir créer les conditions d’une paix juste et durable dans les Balkans. Nous tenons le droit au retour de toutes les personnes chassées de leur foyer pour un principe absolu et c’est le faire respecter que nous prononçons en faveur d’une force de paix internationale – européenne, pour l’essentiel – placée sous l’égide de l’ONU, dans un Kosovo autonome et démilitarisé. Et nous agissons pour que, à l’opposé des projets d’intervention terrestre, dont nous avons demandé et obtenu que les autorités françaises se démarquent nettement, toute possibilité permettant d’amorcer l’élaboration d’une solution politique soit saisie.
C’est le cas en ce moment même, à partir de la position commune du G8, dont même le pouvoir de Belgrade dit accepter l’esprit. Je n’ai pas besoin, devant le Comité national, d’insister sur la très grande importance de l’initiative que Robert Hue a prise vendredi dernier, en lançant avec Fausto Bertinotti, Lothar Bisky, Gregor Gysi et Julio Anguita un appel – dont quiconque est libre de se saisir – aux chefs d’État et de gouvernement des pays de l’Union européenne sur le thème : « Donnez une chance à la paix ! Arrêtez les bombardements ! Ouvrez immédiatement des négociations ! »
Notre volonté est de faire grandir cette exigence dans l’opinion française, d’aider nos concitoyens à peser en faveur d’une initiative forte de la France en ce sens. Nous attachons donc une grande importance au fait qu’à l’initiative du Mouvement de la paix et d’autres organisations, parmi lesquelles notre parti et la CGT, des rencontres vont se tenir en vue d’organiser une journée de débats et d’actions le mercredi 2 juin prochain. En Île-de-France, cette réunion a eu lieu hier soir. Il en ressort une résolution partagée de faire de cette journée un grand évènement, dans une démarche la plus unitaire possible, en étant à l’initiative de dizaines de points de rencontres et de débats, dans les lieux publics, les quartiers, aux portes des entreprises, dans chaque département de la région.
3/ Ce qui est en jeu avec la progression de notre liste
Tel est le sens, l’utilité, l’importance décisive du vote pour notre liste. Chacune, chacun de ceux qui vont le choisir le 13 juin va contribuer concrètement, efficacement à faire bouger les réalités dans le bon sens, à ancrer la France et l’Europe à gauche.
Je sais bien qu’on nous dit parfois : « Qu’est-ce que ça peut faire 1 %, 2 %, 3 % de plus que ce qu’on vous donne actuellement ? »
Ça peut faire beaucoup ! Car c’est de l’ampleur de la progression de notre liste que va dépendre qu’on entende, qu’on prenne davantage en considération le message qu’elle porte, les refus et les exigences que j’ai énumérés. C’est cette progression qui va donner plus de poids au Parti communiste et lui permettre d’agir efficacement en ce sens. C’est cela, l’enjeu du meilleur résultat possible de notre liste.
Permettez-moi d’ouvrir une parenthèse à ce propos. Dire que tel est l’enjeu du bon résultat de notre liste, c’est dire qu’il n’y en a aucun autre. Et notamment pas celui de préparer une autre échéance que le vote du 13 juin, qui serait, par exemple – prenons « au hasard »… – le futur congrès du Parti communiste. On lit, on entend ainsi des commentateurs assurer que cette campagne serait une sorte de mise en condition pour que, demain, le Parti communiste ne soit plus ni un parti, ni communiste ; ou encore que le vote pour notre liste aurait valeur de plébiscite à notre participation au gouvernement.
Tout cela est sans aucun fondement. Nous sommes mobilisés par la préparation d’une élection dont l’enjeu est décisif ; pas par celle de notre congrès. Cette préparation-là viendra à son heure. Les communistes auront tout le temps nécessaire pour débattre et faire leurs choix. Et, sans préjuger de leurs décisions, il me semble tout simplement farfelu de penser qu’ils choisiront de ne plus être le Parti communiste français. Quant à notre participation au gouvernement, nous avons précisé dès le départ, lorsque nous avons soumis aux communistes l’idée d’une liste à double parité – je renvoie au rapport de Robert Hue au Comité national de janvier dernier – que, pour être la liste du mouvement social, notre liste devrait s’extraire de la problématique « pro- » ou « anti- » gouvernement. Nous en avons même fait une condition de sa constitution. Quel qu’il soit, le résultat de notre liste n’interviendra en rien sur ce débat.
Ce qui va s’exprimer avec le résultat de notre liste, c’est la force des aspirations à de réels changements en France et en Europe. C’est précisément parce que tel est l’enjeu que ceux qui veulent faire taire ces aspirations s’activent pour tenter de limiter le plus possible ce résultat. C’est ainsi qu’on donne une importance colossale, dans tel journal de droite, mais aussi dans certains autres, à un appel au boycottage de notre liste émanant d’un groupe d’adhérents, baptisé « Gauche communiste ». Lire la prose de ce groupe, dont le bulletin titre : « Niet à la liste Hue-Fraisse » et réclame sa « purification », suffit à en attester le caractère marginal. Mais y faire écho a, aux yeux des autres forces politiques, le grand « mérite » d’indiquer que, pour tout adhérent ou ami du Parti qui n’est pas d’accord sur tel ou tel point avec notre politique, le bon moyen de faire entendre cette différence serait de ne pas voter pour notre liste. Une recette, soit dit en passant, qu’on ne préconise pour aucun adhérent d’aucun autre parti…
Mais la liste Bouge l’Europe ! n’est pas la liste de certains communistes contre d’autres : son Manifeste précise explicitement qu’elle comprend « des communistes de sensibilités diverses ». Elle est la liste de la diversité des communistes, donc de leur rassemblement. En quoi un moins bon résultat du Parti le 13 juin le rendrait-il plus ferme et plus efficace ? En quoi un rapport de forces plus favorable – par voie de conséquence – pour la droite et le Parti socialiste serait-il entendu comme un message de gauche, confortant le mouvement social et les exigences de changement ? En quoi l’élection par défaut d’un député lepéniste ou d’un député de droite supplémentaire au lieu, par exemple, de la députée sortante Aline Pailler, ou de la féministe Sylvie Jan, ou de l’ancien secrétaire général de la FSU Michel Deschamps serait-elle un bon point aux yeux de quelque adhérent, quelque ami du Parti que ce soit ? Le résultat de notre liste sera le résultat de tous les communistes : meilleur il sera, meilleures seront les conditions pour développer tout à la fois notre action au service de notre peuple et les débats que nous devrons avoir le moment venu pour être davantage efficaces à son service.
III. Les conditions et les possibilités d’un bon résultat
Je l’ai dit, nous abordons les dix-huit jours qui nous séparent du 13 juin avec confiance. Les enquêtes d’opinion indiquent un niveau d’intention de vote pour notre liste similaire à celui d’il y a deux mois. Outre qu’on nous situe ainsi en progrès par rapport aux élections européennes précédentes, il faut, me semble-t-il, considérer cette stabilité non pas comme un piétinement, mais comme une résistance qui, dans les conditions que nous avons connues, est une manière de performance. Je n’ai pas besoin d’insister sur le fait que la guerre au cœur de l’Europe, l’engagement de la France dans cette guerre ont fortement perturbé le débat électoral, et tout simplement les esprits. C’est l’honneur de notre parti d’avoir pris dès le départ la position qui est la sienne ; convenons que ce n’est ni le confort intellectuel, … ni le confort électoral. Il est donc encourageant que les efforts que nous avons déployés dans cette période nous aient, semble-t-il, permis de ne pas pâtir outre mesure de cette très difficile situation.
Aujourd’hui, la tragédie du Kosovo, la guerre en Yougoslavie continuent de bouleverser – légitimement – l’opinion. Celle-ci est partagée sur ce qu’il convient de faire maintenant. Elle a besoin, pour se situer et pour agir, de transparence, de libres confrontations d’opinions et on pas de propagande et d’anathèmes. C’est à cela que nous voulons contribuer, par nos propositions et nos initiatives.
Et puis, j’ai évoqué les grands dossiers politiques et sociaux qui sont au cœur de l’actualité. « Cette semaine, notait Robert Hue, marque le retour en force du social », avec les initiatives unitaires sur les 35 heures, les actions – entre autres – des salariés d’ELF, la marche européenne pour l’emploi à Cologne. L’air du temps n’est pas à la résignation. Et ce nouveau dynamisme se rencontre sur tous les terrains : école, environnement, question des banlieues, lutte contre le racisme, régularisation des sans-papiers. Il se repère à bien des signes, perceptibles, parfois, là où on ne les attend pas.
Qu’on me permette de seulement mentionner le Festival de Cannes, la Palme d’or à Rosetta des frères Dardenne et le Grand Prix du jury à l’Humanité de Bruno Dumont. Il ne s’agit pas de faire dire à ces films plus ou autre chose que ce qu’ils expriment, ni non plus de « politiser » ce qui n’a pas lieu d’être. Plus simplement, alors que le Figaro y voit un « palmarès provocateur » et en profite pour fustiger « une production francophone tristement fidèle à ses gémissements sociaux », comment ne nous réjouirions-nous pas de l’existence – et de la reconnaissance – de créations libres, irrévérencieuses, contestatrices de l’ordre établi et des injustices sociales ? « Après des années qui virent le triomphe de l’idéologie des « gagnants » et des « performants » sur fond de peur devant « l’autre » s’ouvre une autre époque, note avec force le Manifeste des 87 candidats. À coup sûr, le message social, humaniste, anticonformiste que porte notre liste correspond à ce que des millions de nos concitoyens ont envie d’entendre et d’exprimer.
Encore faut-il que la rencontre se fasse entre cette attente et l’expression possible que lui offre le vote pour notre liste. Cela va dépendre de ce que nous allons faire maintenant, d’ici au 13 juin.
J’ai parlé, au début de cette introduction, « d’acquis important » pour qualifier ce qui a d’ores et déjà été accompli. Il est à mettre au crédit de gros efforts des directions de fédération et de section, des militantes et des militants du Parti, d’une réelle implication dans la campagne de dizaines de milliers de communistes. Il s’agit maintenant, sur cette lancée, d’accélérer nettement le rythme et l’ampleur de notre campagne. Ni les enjeux de ces élections, décisifs pour aujourd’hui et pour demain, ni les motivations du vote pour notre liste ne vont, en effet, apparaître spontanément : tout va être fait, au contraire, pour brouiller les cartes. Le bon résultat de Bouge l’Europe ! va donc dépendre du nombre de personnes qui vont avoir l’occasion, dans les dix-huit jours qui viennent, d’accéder aux idées, aux arguments qui leur permettront de se déterminer en connaissance de cause. Ce qui est une autre manière de dire qu’il va dépendre du nombre d’adhérentes et d’adhérents, d’amis de notre parti qui vont faire quelque chose en faveur du vote pour notre liste. Et nous avons nombre d’indices qui montrent que, ces jours-ci, beaucoup sont en train de venir à cet effort.
Le résultat de notre liste sera leur résultat. Je précise : le résultat de chacun de leur apport. Important ou minime. Tout ce qui va contribuer à poser la question du vote pour Bouge l’Europe ! va contribuer à son succès. Préparer une initiative publique et y participer est utile. Contribuer à faire signer l’appel à soutenir notre liste est utile. Discuter avec ses proches, ses collègues de travail, ses voisins, ses connaissances est utile. Coller des affiches est utile. Distribuer des tracts sur un lieu de passage ou dans les boîtes aux lettres est utile. Participer à la tenue des bureaux de vote est utile. Téléphoner le dimanche 13 juin à 21 heures à un camarade qui a oublié que c’était le jour du vote et que les bureaux fermaient à 22 heures est utile… Tout le monde n’a ni le goût ni la possibilité de faire la même chose. Il n’y a aucune façon de faire qui soit négligeable.
Toutes vont compter.
N’en négligeons donc aucune. Ce qui est une autre façon de dire : n’écartons personne. Et, dans le même temps, bien sûr, soyons conscients que tout n’est pas d’égale importance. Toute personne que nous allons convaincre de voter et de faire voter pour notre liste n’a pas le même rayonnement. Une attention particulière doit être apportée, de ce point de vue, aux contacts personnels avec les militants syndicaux ou d’association. Notre liste, comme en témoignent sa composition, celle du Comité national d’animation, ses propositions que j’ai citées, est la liste du mouvement social. Celui-ci est en train de croître. Cette évolution « apporte un souffle bénéfique dans cette campagne », soulignait Robert Hue dimanche dernier. En retour, un bon résultat de notre liste confortera cette force montante.
Contribuer à l’engagement militant, voir le plus large possible.
Tout ce que nous avons à faire durant ces dix-huit jours, c’est donc de tendre à deux buts. Le premier : contribuer à l’engagement personnel de tous les communistes. Le second : voir le plus grand, le plus large possible.
Premièrement, les communistes. Dès demain et après-demain se tiennent, dans un grand nombre de fédérations, des assemblées de militants. On y aura, bien sûr, un libre débat politique. Et on y veillera surtout au plan de travail concret jusqu’au 13 juin. Chacune, chacun devrait en repartir avec le calendrier, jour par jour, des initiatives qui lui sont proposées et en sachant précisément comme elle ou il peut pendre sa part à la campagne.
Une des tâches les plus urgentes, c’est d’aller à la rencontre de tous les adhérents qui n’auront pas assisté à ces assemblées. Et d’abord de toutes celles et ceux qui n’ont pas leur carte 1999, qui n’ont donc pas eu de contact personnel avec leur parti au moins depuis janvier dernier. Elles et ils sont actuellement 25 % des communistes à être dans ce cas. 25% qui manquent, donc, pour réaliser la chaîne humaine pour le vote en faveur de notre liste qui est indispensable. Qui manquent, peut-être, pour le vote lui-même. N’est-il pas possible, lors des assemblées de cette semaine, de se répartir ces adhérents – ce qui fera, pour la plupart des participants, une, deux, trois personnes à voir –, d’organiser ainsi dans les jours qui viennent un porte-à-porte les concernant ? Remettre leur carte à ces adhérentes et adhérents, qui ne demandent que ça, examiner avec eux ce qu’il est possible de faire, concrètement, d’ici au 13 juin, pour conforter ou gagner des voix sur lesquelles, souvent, personne d’autre n’a prise, c’est accroître immédiatement le bon résultat de notre liste.
Pour contribuer à cet effort d’ensemble de mobilisation de tous les communistes, le bulletin Transparence, qui comporte un appel de Robert Hue, parviendra à leur adresse la semaine prochaine.
Et, en second lieu, il s’agit, dans ces deux semaines et demie et ces deux week-ends, de voir le plus grand possible. Je l’ai dit, cette période va être celle d’une intense bataille politique, où l’intérêt pour ces élections va devenir plus tangible. C’est donc celle où l’activité de terrain, de proximité peut être le plus efficace. Tout point de rencontre, toute initiative publique, toute distribution de tracts va être maintenant l’occasion de débats et de confrontations d’idées portant sur l’essentiel. La seule question posée est de les multiplier. Notamment devant les entreprises, avec les salariés qui, dans leur écrasante majorité, n’ont encore qu’une très vague idée des objectifs réels de notre liste, qui correspondent étroitement à leurs préoccupations.
Pour les aider à accomplir cette activité militante, les communistes ont beaucoup de « matériel » à leur disposition : après le journal de quatre pages, un autres de huit pages ; l’appel à soutenir notre liste ; de nombreux projets de tracts, dont vingt et un portraits de candidats et un tract des jeunes candidats, qui parviendra en fin de semaine.
Dans ces dix-huit jours, 639 initiatives vont avoir lieu avec des candidats. C’est considérable. Parmi elles, il va y avoir les plus grands rassemblements de notre liste : Grenoble ce soir même, Montpellier après-demain, Marseille le 31 mai, Amiens le 1er juin, Vierzon le 2, Nantes le 3, Bordeaux le 4, Toulouse le 10, avec une mention particulière pour le Zénith, à Paris, le 8 juin.
Deux étapes dans la dernière ligne droite
Partout, il s’agit de viser l’efficacité. Donc de simplifier. C’est pourquoi, pour faciliter l’établissement de plans de travail précis, nous suggérons de définir deux étapes dans cette dernière ligne droite.
D’abord, les huit jours qui viennent : grosso modo, cette semaine et le week-end prochain, des 29 et 30 mai. Cette période est celle des assemblées de communistes et des visites aux adhérents dont j’ai parlé. Celle aussi de « l’ambiance » à créer autour de notre campagne : du collage des affiches, que toutes nos fédérations ont en abondance ; de la distribution, publique ou dans les boîtes aux lettres – il y en a suffisamment pour cela – du journal de huit pages ; de la multiplication des points de rencontre.
Et, ensuite, les dix derniers jours. Le 1er juin aura lieu, au Cirque d’hiver, à Paris, une nuit de rencontre et de fête à l’initiative du Comité national d’animation intitulée : « Et si c’était ça la vie », avec la participation d’artistes et de candidats, dont Robert Hue. Nous ne proposons évidemment pas de faire la même chose partout !, mais, dans le plus grand nombre possible d’endroits, de donner l’occasion aux communistes et à toutes celles et tous ceux qui auront manifesté de l’intérêt ou leur soutien à notre liste de reprendre contact dans cette semaine du 31 mai au week-end des 5 et 6 juin. Ici, ce peut-être un apéritif ; là, une petite fête ; là encore, un rendez-vous plus traditionnel : l’important est de se retrouver, de faire le point, d’examiner ensemble ce qui peut être fait la semaine dernière.
Le calendrier de celle-ci est déjà partiellement établi : les 5 et 6, la vente géante de l’Humanité hebdo ; le 7, un débat entre Robert Hue, Nicolas Sarkozy, François Hollande et François Bayrou sur France 2 ; le 8, je l’ai dit, le plus grand rassemblement de la campagne, au Zénith. Un tract dit « de dernière minute », à nouveau d’important tirage, sera publié.
Beaucoup d’observateurs s’accordent pour prévoir un fort taux d’abstention lors de ces élections. Nous verrons bien ce qu’il en sera. Ce qui est certain, c’est que, comme cela a pu être observé lors d’autres scrutins, une proportion importante d’électrices et d’électeurs décideront d’aller voter ou non, et pour telle liste ou telle autre, dans les tous derniers jours, quand ce ne sera pas dans les toutes dernières heures. Nous devrons à ce moment-là, le 9 juin, le 10 juin, le 11, le 12… non pas « souffler » en nous disant qu’on a fait une belle campagne, mais redoubler d’efforts. Ce sera dans les derniers moments que le bon résultat se confirmera, se gagnera.
Bref, il s’agit dans ces dix-huit jours de gagner en puissance, jour après jour, jusqu’au 13. La réussite est à cette condition. Elle implique des mesures minutieuses d’organisation de l’activité militante, d’aide concrète à son plein déploiement.
Le bon résultat est à notre portée
Camarades,
Tout nous l’indique : le bon résultat de notre liste est à notre portée. Il peut faire événement le 13 juin et peser ainsi sur le cours des choses. Il dépend de nous, de chaque communiste. Il va permettre au Parti de compter davantage. Il va rendre service à notre peuple.