Texte intégral
Notre congrès s'ouvre au lendemain de la plus puissante des manifestations nationales des personnels du second degré et de l'enseignement supérieur depuis 1989. Hormis celle de janvier 1994 naturellement qui couvrait un autre champ. Un enseignant du second degré sur 5 en moyenne y a pris part. Le SNES et le SNEP ont constitué l'essentiel de ce long cortège et sous nos banderoles beaucoup de jeunes collègues pour lesquels c'était la première grande manifestation, des syndiqués bien sûr mais aussi des non syndiqués venus là pour dire leur exigence d'une autre politique scolaires qu'ils exigent ou passe par la démission du ministre de l'éducation nationale.
Venant après les grèves de la rentrée de septembre, les manifestations du 30 janvier, d'importants mouvements depuis plus de deux mois, qui bien qu'étant restés localisés à quelques régions n'en ont pas moins contribué à développer une mobilisation qui a fait tache d'huile, la grève du 15 mars avait déjà un très gros succès de participation et la manifestation nationale marque un nouvel élan de mobilisation.
Nous sommes donc aujourd'hui dans une situation nouvelle, plus forte qu'hier d'autant plus que le débat public se développe pour mieux faire apparaître les enjeux d'un conflit que le ministre a pris la responsabilité d'ouvrir sur les enseignements du second degré avec les personnels du second degré.
Car en effet au coeur de ce conflit qui dure maintenant depuis deux années, il y a un vrai désaccord sur les finalités de l'enseignement, une vraie divergence sur les ambitions qu'il faut se fixer dans cette phase nouvelle du développement de la scolarité des jeunes qui pose avec force la nécessité de conduire rapidement la très grande majorité des générations futures au niveau du baccalauréat ouvrant la voie à des qualifications reconnues et à des poursuites d'études.
Ce désaccord est d'autant plus vif que nous sommes porteurs d'exigences de démocratisation du système éducatif alors que la société dans laquelle nous vivons et vivent les jeunes est marquée par des inégalités sociales et culturelles qui s'accroissent, par le développement d'une pauvreté sociale qui est devenue telle qu'elle engendre l'exclusion, des rapports sociaux marqués par la violence, des pratiques de survie économique qui empruntent des voies qui ne peuvent plus se fonder sur le travail et sur ses règles.
Cette partie de la société dans laquelle vivent une partie de nos élèves se déstructure en même temps qu'elle se restructure sur d'autres règles que celles que nous enseignons dans nos classes ce qui leur fait faire le grand écart entre ce qu'ils vivent au quotidien hors de l'établissement et ce que nous le apprenons tant bien que mal. Ce grand écart est d'autant plus difficile à vivre pour certains que l'école est parfois et trop souvent encore synonyme d'échecs, d'ennuis parfois, en tout cas d'un mal vivre incontestable.
S'il est vrai que l'école républicaine, que nos enseignements du second degré que nous-mêmes dans l'exercice de nos métiers, ne peuvent s'exonérer dans évolutions nécessaires pour contribuer à réduire les inégalités et à cette indispensable élévation du niveau de formation attendue de tous, l'école ne peut réussir ce pari à elle seule, sans prise en compte de cet objectif par la société tout entière ce qui doit se traduire y compris par des choix et sans s'attaquer plus résolument qu'hier et qu'aujourd'hui à cet apartheid social qui marque les quartiers de nos villes, une partie de nos campagnes qui peuvent être un recours pour les populations les plus démunies.
Est-ce que ce désaccord sur l'ambition pour les jeunes, sur la démocratisation et les chemins qu'elle doit emprunter ne découle pas aussi de choix économiques et sociaux qui ne mettent à mal ni le chômage, ni l'injustice sociale et laissent au fond les choses en l'état tout en conférant à l'école la responsabilité de résoudre des problèmes qui ne relèvent pas de sa compétence ?
Avant d'en venir à ce que nous proposons pour une nouvelle étape de démocratisation précisons que nous nous situons dans la filiation des choix que nous avons toujours faits. Et il faut d'abord ici dénoncer cette réécriture de l'histoire des dernières décennies du système éducatif ou, à en croire, le ministre, les enseignements du second degré et le SNES avec eux, auraient été systématiquement contre toute réforme et contre tout progrès. Est-il besoin de rappeler les combats que nous avons menés pour que le collège soit bien l'école de tous les élèves, pour lutter contre les filières ségrégatives, dans les années 60 ? Est-il besoin de rappeler les campagnes d'opinion de grande envergure que nous avons animées dans les années 70 pour démasquer le faux collège pour tous de la réforme Haby qui maintenait d'énormes taux d'évictions en fin de 5e, qui jetait de la poudre aux yeux en prétendant installer 3 heures de soutien individualisé en 6e et 5e, en réduisant d'autant les horaires d'enseignement et en supprimant tous les dédoublements ? À l'époque nous étions bien seuls à soutenir l'idée que le collège pour tous impliquait l'existence de travaux en petits groupes.
A cet égard, la réforme Allègre du lycée ressemble étrangement à la réforme Haby du collège – même faux semblants, même procédé ; encore que M. Haby avait provisoirement ramené les classes à 24 élèves, ce que ne fait pas le Gouvernement actuel.
Parlons aussi de nos luttes sur la nécessité de faire disparaître la ségrégation organisée entre les différents types de maîtres. Il a fallu près de dix ans pour convaincre que tous les enfants de collèges pouvaient prétendre avoir des personnels formés au moins au niveau de la licence et que l'échec n'est pas dû à la multiplicité des enseignements et le ministre actuel garde avec ses alliés à 4,5 % la nostalgie du temps où une partie de la profession enseignait deux disciplines avec un DEUG. Il est vrai qu'à l'époque un secrétaire général de la FEN théorisait l'idée que moins on en sait mieux on enseigne et que ces conceptions ont beaucoup inspiré ceux qui ont eu la direction du ministère lorsque la gauche a été élue.
Faut-il rappeler les batailles acharnées, où nous étions bien seuls parmi les forces syndicales pour convaincre de développer les lycées contre l'imprévoyance des plans des ministres Beullac et Savary, du SNI et de la FNE de l'époque qui continuaient à prêcher la fin de la scolarité à seize ans pour le plus grand nombre et le seul développement des formations professionnelles ; ce n'est pas si vieux que cela puisqu'il s'agit des années 1980 et de l'époque du ministère Jospin. Qui étaient les anciens ? Qui étaient les modernes ? Faut-il rappeler ce que nous avons fait pour augmenter le nombre des scientifiques dans ce pays dans les années 80 où le pénurie était telle qu'on ne pouvait pas même recruter des enseignants ? Quant à la défense acharnée des enseignements technologiques dont la formation des maîtres a été portée au niveau de celle des disciplines d'enseignement général grâce au SNES en 1975, que nous avons été les seuls à défendre contre tous ceux qui voulaient et qui veulent encore uniformiser les lycées, alors même que ces formations ont joué un rôle fondamental dans l'accès au baccalauréat, aux Bac +2. Et si nous avions laissé faire le premier projet de réforme du ministre Jospin nous aurions ressemblé à la Grande-Bretagne avec son bac à la carte au menu composé par les élèves. Le ministre ne pourrait certainement pas dire que nous avons un des meilleurs systèmes du monde !
Faut-il rappeler que nous avons dû batailler en 1989 pour que des objectifs ambitieux de scolarisation soient fixés dans la loi. Relevons le silence assourdissant de ce ministre et de ce Gouvernement sur ces objectifs. Nous aurions dû les atteindre en 10 ans, cette année même. Personne ne songe ni à fêter cet anniversaire, ni à rappeler que ces objectifs répondent à des besoins impérieux de la société, validés d'ailleurs par tous les sondages qui montrent que le baccalauréat est le niveau minimum que s'assignent les familles et que le standard c'est maintenant le Bac +2. Nul ne s'inquiète, dans ce ministère que le taux d'accès d'une génération en classe terminale stagne et même régresse ces dernières années, que le nombre de jeunes sortant sans diplôme et sans qualification ne diminue plus depuis plusieurs années. Nous ne croyons pas que « la formation tout au long de la vie » puisse se substituer à une bonne formation initiale, même su, par ailleurs, nous soutenons l'idée de la validation des acquis professionnels. Nous ne croyons pas que les « écoles de la 2e chance » puisse nous exonérer de réussir la première.
Modernes ceux qui ne cessent de dire que les jeunes passent trop de temps à l'école, ont trop d'heures d'enseignement, que les programmes sont toujours trop chargés même quand on les allège ? Moderne, un ministre qui stigmatise les livres en public, qui faut des programmes l'essentiel des raisons de l'échec scolaire et de la sélection sociale ? Moderne, une école et un collège recentré sur le lire, écrire, compter, parler ?
Qu'on fasse bien les comptes, les réductions cumulées d'horaires obligatoires à l'école primaire sont de 540 heures sur les cinq années, elles sont au minimum de 216 heures avec le collège Bayrou, elles seront de même ordre avec le lycée Allègre. L'élève du début du XXIe siècle aura perdu 972 heures d'enseignement obligatoire, il aura suivi moins d'options. C'est l'équivalent d'une année de formation à 25 heures par semaine.
Non seulement, l'accès au bac stagne mais on vole aux élèves le temps pour y parvenir. On nous objectera qu'on remplace une partie de ces heures par d'autres activités : celles qu'encadrent les emplois jeunes ou les multiples intervenants et autres locuteurs natifs qui sont l'ossature de la charte de l'école et que le ministre compte étendre aux autres niveaux.
Ce Gouvernement veut persuader l'opinion que la scolarité de masse ne peut maintenir les mêmes exigences. En fait, il s'agit de la faire changer d'avis car tous les sondages concordent pour dire l'intérêt que portent les personnes interrogées au maintien d'exigences fortes en matière d'horaires, de programmes, d'aides aux élèves en difficulté, d'effectifs de classes, de compétences disciplinaires de personnels à qui ils confient avec confiances leurs enfants : 82 %...
L'effort financier serait derrière nous mais :
- les taux de scolarisation régressent en lycée et à l'université. La modernité consiste-t-elle à se résigner à cette évolution ?
- les jeunes dont les parents n'ont pas accédé au lycée ont encore plus besoin que d'autres d'une aide individualisée, de travaux en petits groupes.
La modernité consiste-t-elle à réduire les exigences pour tous et à répandre l'illusion que les têtes seraient ainsi mieux faites ?
En réalité, tout le monde sait ou sent que la démocratisation exige un nouvel et conséquent effort financier mais le Gouvernement empêtré dans les variations sur « l'économie de marché » reste tétanisé sur le gel de l'emploi public.
Dès lors, il faut ruser, discréditer ceux qui refusent d'être complices de cette résignation. Et le vieux rictus de la résignation sociale se masque sous les rituelles apparences de la modernité.
Qu'on nous entende bien : nous ne pensons pas que la simple présentation des savoirs suffit à les apprendre ; nous savons que l'exigence, c'est d'abord que les élèves apprennent. Et non seulement il ne faut pas qu'ils apprennent moins mais il faut qu'ils apprennent mieux. Depuis longtemps, nous luttons contre les programmes qui n'incitent pas assez à la réflexion, contre les programmes qui n'incitent pas assez à la réflexion, contre toutes les dérives qui permettent aux élèves de reproduire les gestes de l'apprentissage sans s'en approprier vraiment le sens et l'utilité. Tandis que les plus fragiles plongent dans la violence et le rejet total de l'école. Nous avons été les premiers à dénoncer une conception du projet scolaire et professionnel qui pense tout en terme de valeur d'échange et néglige la formation des personnes. Nous avons toujours contesté les découpages en micro compétences qui interdisent toute mise en perspective, toute prise de distance, et finalement toute culture. Nous avons dit, à de multiples reprises, que nous voulons mettre en activité les élèves, mais pas en installant de l'activité pour de l'activité mais en faisant en sorte qu'ils se confrontent avec des savoirs vivants, avec des problèmes, avec des controverses porteurs d'enjeux pour soi-même et pour comprendre le monde.
Il y a donc bien pour nous un lien étroit entre les connaissances à apprendre et les modalités de leur travail. C'est pourquoi nous récusons la fausse opposition entre ceux qui brandiraient les savoirs et ceux qui défendraient la pédagogie.
Les savoirs qui nous donnons à apprendre sont porteurs de valeurs et le système éducatif sélectionne ceux qui lui semblent avoir de la valeur. Mais nous savons aussi que cela ne s'impose pas automatiquement aux élèves. L'école n'a rien à gagner à dire que tout se vaut, mais elle a aussi tout à perdre à ne pas mettre en débat ses valeurs, auprès des élèves eux-mêmes. Elle a tout intérêt à s'ouvrir aux formes multiples des productions humaines. Car la culture générale que nous voulons est d'abord une attitude intellectuelle, une capacité à réfléchir sur la norme et ses variations. Elle se caractérise d'abord par sa capacité à se mettre en question. C'est ce que nous avons essayé de dire dans la brochure sur les programmes. Nous sommes les seuls à l'avoir fait alors que tout le monde disserte sur les « savoirs de base » ou les « fondamentaux » sans jamais tenter de les définir. 0 % sont les forces de propositions dans ce domaine essentiel ?
Nous sommes confrontés aussi à cette conception condescendante de l'échec scolaire et des inégalités que résume bien la formule ministérielle « l'école doit être son propre recours ». Loin de modifier en profondeur les conditions même du travail des classes, on se contente de redistribuer quelques heures à quelques-uns en prenant à tous. La formule exempte d'aller voir plus loin.
On veut que le lycée établisse l'égalité avec deux malheureuses heures d'aide en seconde. La disproportion des moyens et des fins est frappante ! Elle l'était déjà pour les candidats en 6e. Ce sont des moyens d'aide de beaucoup plus grande ampleur qui sont nécessaire au collège et au lycée.
L'ascenseur social que constituerait l'école serait en panne alors que ce sont les emplois qualifiés à la sortie qui font défaut. Dans le secteur même de l'enseignement, les débouchés les plus accessibles sont devenus les emplois jeunes avec les aides éducateurs.
Le collège, le lycée ne peuvent pas être des parangons de justice et d'égalité dans une société qui creuse à ce pont les inégalités. Nous n'acceptons cependant pas que ceux qui s'accommodent de fait de ces inégalités sociales, de l'injustice sociale, limitent les ambitions du service public.
Et nous ne pouvons-nous exonérer de nous confronter en permanence à cette contradiction avec les moyens et les convictions qui sont les nôtres et celles de la grande majorité de la profession. Tous les jeunes sont éducables, tous peuvent apprendre, tous doivent grandir dans leurs corps et dans leur tête.
Nous devons faire en sorte que cela s'opère par le travail et l'effort sur des savoirs construits, par l'appropriation de la liberté dans le langage, seule garantie de l'autonomie de la pensée. Mais nous ne pouvons le faire si l'on continue à amplifier l'apartheid scolaire, si l'on érige la concurrence entre établissement en dogme, si l'on ne construit pas de nouveaux établissements, si l'on n'étend pas la gratuité, si l'on ne développe pas les prolongations d'études et les sections et options valorisantes dans les banlieues, si l'emploi n'est pas là à l'issue de l'effort scolaire. L'école ne pourra rien si toute la société rejette les jeunes, si elle ne leur donne pas envie de jouer leur partie, de s'intégrer, de devenir citoyen. Quel sens a la généralisation d'une demi-heure d'éducation civique au lycée si les adultes continuent de discréditer la politique par la corruption et la précarisation ?
Les enseignants savent que leur métier consiste à travailler sans cesse la contradiction fondamentale de l'école entre pouvoir de reproduction et devoir d'émancipation. Le SNES s'honore d'avoir toujours travaillé des propositions que ne se contentent pas de penser des pédagogies au rabais pour « enfant de milieu défavorisé » mais qui, partant de l'absolu nécessité qu'ils apprennent interrogent de ce point de vue tout le fonctionnement du système au coeur des pratiques professionnelles.
Là aussi notre divergence est fondamentale avec la politique scolaire actuellement menée qui discrédite les personnels, qui estime devoir au moins partiellement les remplacer par d'autres moins qualifiés, qui néglige le rôle essentiel de la qualification de la formation du travail quotidien dans les classes, des échanges, du travail collectif et complémentaire et qui projette d'organiser la flexibilité maximum pour les TA et les TR et la dénaturation profonde de leur métier.
De ce point de vue, la forme c'est bien le fond. Les agressions contre notre profession ne sont pas fortuites. Elle maintient aussi d'étourdissants silences sur ce qui au coeur de notre métier ? Sur les vraies difficultés que nous rencontrons. Le ministre renvoie de nos pratiques l'image du cours magistral et prétend faire la révolution en nous proposant d'un côté le cours magistral, de l'autre des heures dirigées ou d'accompagnement. C'est ignorer tout de l'énorme travail de chacun pour inventer des situations pédagogiques nouvelles, pour créer des documents, pour travailler de nouveaux exercices, pour intégrer les possibilités des technologies informatiques.
Nous savons que nos métiers doivent évoluer encore. Nous prenons ce problème au sérieux depuis des années. Nous avons mené des travaux de recherche sur la complexité de ce métier qui passe d'abord par un rapport au savoir mais qui ne s'arrête pas là. Nous avons contribué à l'élaboration d'un texte de référence sur notre métier ; nous avons encore récemment fait une enquête sur le temps et le contenu de notre travail qui sert de base à nos interventions dans la commission Bancel. Qui peut en dire autant ? Si le SNES s'est opposé et s'oppose à la déconcentration du mouvement ce n'est ni par dogmatisme ni pour préserver un quelconque pouvoir. C'est d'abord parce qu'il veut défendre une certaine conception du service public garant d'égalité de traitement sur tout le territoire national, offrant partout des enseignants qualifiés, c'est aussi parce qu'il veut défendre une conception du métier fondé sur les libertés pédagogiques sur une gestion démocratique face à la caporalisation que l'on cherche à imposer à travers de nouveaux modes de gestion. Nous voulons mieux articuler liberté pédagogique individuelle, diversité des pratiques, souci du dialogue, travail collectif et participation active à la vie et à l'évolution de l'institution éducative. Notre congrès devra dire quelles sont les conditions qui permettraient à chacun de mieux vivre son métier sans contrainte et sans isolement.
Le SNES s'est battu pour empêcher les subventions illégales des collectivités territoriales aux établissements privés. Il demande, agrès l'arrêt complaisant du Conseil d'Etat, que le Parlement vote une loi pour que le plafond prévu par la loi Falloux soit effectivement appliqué. Curieusement, sur ces questions, le ministre, d'habitude si loquace, est étrangement muet.
Nous voulons aussi qu'une aussi vaste institution trouve les voies de la démocratie pour assurer son fonctionnement et son évolution. Là aussi, nous sommes en complète divergence avec les pointes de vue du ministre. Il veut nous appliquer des méthodes de management dépassées dans les entreprises et inadaptées au système éducatif : là aussi la méthode, c'est le fond, absence de dialogue, invectives, décisions prises sans débats, si possible pendant les congés, coercition des hiérarchies intermédiaires, mise en cause des organismes paritaires, contournement des élections professionnelles, renforcement des pouvoirs locaux investis progressivement de pouvoir d'évaluation pédagogiques, bientôt de nomination. Ce ministre gère ce ministère en autocrate. Pour être en odeur de sainteté, il faut dire amen à tout. Il ne discute qu'avec ceux qui approuvent ses réformes et ses chartes. C'est vrai pour son entourage. C'est aussi sa ligne de conduite pour les organisations syndicales.
Dans quelle démocratie sommes-nous quand on a à faire à un Gouvernement dont un de ses membres nous dit tous les deux mois et particulièrement au lendemain d'une manifestation qui rassemble un collègue sur cinq et plus de 50 000 personnes qu'il ne discute pas. C'est pourtant ce que vient encore de faire le ministère lundi dernier qui nous a fait recevoir par sa directrice de cabinet dont la préoccupation première était de faire un communiqué pour dire qu'elle avait rencontré le SNES alors qu'elle a refusé d'apporter une réponse à nos demandes. Dans quelle démocratie sommes-nous quand le mensonge est devenu un moyen de régner ?
Quel exemple est ainsi donné à la jeunesse par celui qui a la responsabilité du service publique d'éducation ? Quelle démocratie sommes-nous quand le Premier ministre lui-même approuve cette politique désastreuse, quand il avalise tout ce que dit et fait le ministre de l'éducation nationale, quand il refuse de répondre aux demandes de rencontres et fait dire qu'il ne négocie pas sous la pression de la rue. Il oublie qu'il avait négocié au lendemain du 4 mars 1989. Il paraît qu'il nous en veut beaucoup et que le ministre est là pour imposer la conception du « travailler autrement, travailler plus » qu'il n'avait pu imposer à l'époque. Il a pour l'instant déjà faut beaucoup dans ce sens en imposant des heures supplémentaires dont le taux a été réduit de 17 % et en refusant de les transformer en emplois. Et pour rectifier un nouveau mensonge du ministre précisions que le SNES demande haut et fort la transformation des heures en emploi et le rétablissement du taux et qu'il avait obtenu du précédent ministre qu'il retire 100 000 heures supplémentaires pour payer des salaires de maîtres auxiliaires. Il n'y a eu aucune manifestation pour protester contre cette mesure. Et comme tous les patrons de combat il prétend se substituer aux salariés pour choisir ses interlocuteurs syndicaux.
Mais au fait ceux qui nous font des leçons et qui prennent prétexte du fait que le SNALC n'a pu faire autrement que d'être présent dans la manifestation du 20 mars pour discréditer un peu plus les enseignants et le SNES et refuser toute discussion une fois de plus, pourquoi trouve-t-il si méritante la déclaration des 13 organisations qui ont approuvé les principes de la charte sur les lycées ? La PEEP n'en faisait-elle pas partie ? Serait-elle devenue par ce simple fait une organisation de gauche ? Et la direction nationale de la FCPE si souvent d'accord avec la PEEP aurait-elle perdue son label de « gauche » ? Décidément avec ce ministère on est en odeur de sainteté quand on dut amen à tout.
Et cela n'inquiète personne au Gouvernement de relever sondages après sondage l'impopularité de ce ministre au point que pour la première fois depuis des décennies les enseignants de façon très majoritaires demandent qu'il démissionne ?
La raison de cette apparente sérénité tient sans doute au fait que les choix en matière de politique d'éducation s'emboîtent somme toute assez bien sur les choix économiques. Cela saute aux yeux sur les questions budgétaires et financières. Quand on préconise la réduction des dépenses publiques et le gel de l'emploi public comment avoir l'ambition nécessaire pour les jeunes. Quand on en vient à introduire des personnels de droit privé payés au SMIC pour s'occuper d'enfants dans le service public pour contourner ces choix on ne peut que mettre cette politique en relation avec le développement de l'emploi précaire et sous rémunéré qui frappaient jusqu'ici le privé et qui est désormais introduit encore plus massivement dans le service public. On connaissait les maîtres auxiliaires, on a maintenant des contractuels 200 heures sans droits, les contrats emplois solidarité, et en deux ans on aura recruté deux fois plus d'emplois-jeunes que de personnels statutaires.
Ces choix sont d'ailleurs inscrits dans la durée puisque l'on sait maintenant que le programme pluriannuel des finances publiques à l'horizon 2002 prévoit que la progression cumulée retenue par le Gouvernement est de 1 % de croissance sur l'ensemble des trois années. Il va en résulter une pression très forte sur le budget de l'État et sur la sécurité sociale avec des effets dépressifs sur l'économie et évidemment sur l'emploi public et sur l'emploi privé qui retrouve difficilement son niveau du début des années 1990 avec toujours plus de précarité. Comment résorber les trois millions de chômeurs quand l'emploi public stagne et quand l'emploi privé continue à se rétrécir ? Quel avenir construit-on pour la jeunesse du XXIe siècle, cette jeunesse qui est déjà aujourd'hui avec les femmes victimes du chômage, de la précarité et aujourd'hui de la pauvreté.
Quel avenir pour les futurs retraités dans le public comme dans le privé ? Quelques jours avant l'ouverture de notre congrès les journaux faisaient leur une sur le travail jusqu'à 70 ans. De quoi s'agit-il ? Un projet de rapport de la commission de concertation du commissariat général au plan prévoit un allongement à 42,5 ans de la durée de cotisation pour une retraite à taux plein et l'introduction de mécanismes d'abattement pour la fonction publique qui s'additionnerait pour nous enfermer dans le dilemme de devoir travailler jusqu'à 65 ans et même nettement plus ou bien accepter une amputation de l'ordre de 30 % du niveau des pensions.
Nous allons mener ce débat dans notre congrès. La FSU a déjà dit son désaccord. Ce sont ces questions qui ont provoqué le mouvement de novembre 1995. Il y a urgence. C'est d'ailleurs pourquoi la FSU vient de s'adresser à toutes les confédérations et les organisations syndicales pour aller vite vers une initiative de grande ampleur et pour que le débat public et les solutions aux problèmes de retraite se fondent sur de toutes autres bases.
On le voit, le mouvement syndical a un rôle important à jouer dans le développement d'alternatives économiques et sociales qui donnent toute leur place à l'investissement éducatif, à la réduction du temps de travail, à une nouvelle politique salariale, à la prose en compte de nouveaux besoins sociaux qui résultent en particulier de l'allongement de la durée de la vie pour les hommes et pour les femmes, pour développer les services publics, les solidarités, pour recentrer la construction européenne sur ses dimensions sociales.
Évidemment ce tour d'horizon rapide à l'ouverture de ce congrès m'amène à poser la question du développement du rapport de force indispensable.
J'ai choisi de développer notre conception de l'enseignement, de revenir fortement sur ses finalités, sur nos propositions pour faire évoluer le système éducatif dans un sens qui assure à tous les qualités pour tous. Dans la situation que nous connaissons d'un conflit qui est une véritable guerre que mène le Gouvernement pour imposer sa loi, nous devons réfléchir aux moyens que nous avons d'être plus forts et de faire naître un mouvement d'opinion en faveur de nos propositions et de nos solutions.
Car il faut se tourner vers l'avenir en tirant les conséquences de ce que nous avons fait depuis deux ans. Les collègues se sont prononcés sur le rapport d'activité qui obtient environ 69 %. C'est bien mais cela ne doit pas dissimuler le vif débat qui s'est déroulé dans le syndicat sur la stratégie que nous avons suivie. Le désaccord sur le report de la grève du 10 a mis en évidence le discrédit important du ministre discrédit que nous avons sans doute sous-estimé et qui a du coup gelé le soupçon sur une stratégie qui articule report de force et exploration de toutes les possibilités d'avenir pour la discussion sur les dossiers, l'objectif du syndicat étant en tout cas de chercher à faire avancer les problèmes, c'est la conception qui prévaut très majoritairement. Nous avons sans doute sous-estimé le choix du ministre et du Gouvernement de passer en force. C'est une stratégie dangereuse pour le service public et aussi pour le syndicalisme, on voit bien comment dans le secteur privé l'intransigeance patronale est un des facteurs de la perte d'influence du syndicalisme. C'est un sujet de préoccupation pour tous.
En même temps chacun voit bien que dans la situation aussi compliquée et inédite il a fallu en permanence chercher à rassembler, surmonter le scepticisme des collègues quand nous décriions cette politique comme une politique très inspirée par le modèle anglo-saxon, résorber les écarts de mobilisation entre une partie des collègues qui voulaient en découdre et l'autre qui restait dans l'expectative. Il a fallu construire pour rassembler, pour agir, pour être plus fort et ce qui s'est passé en janvier, cette mobilisation qui est allée croissante, à partir de grèves reconduites à l'initiative des collègues syndiqués et non syndiqués pour devenir un vrai mouvement majoritaire grâce à l'engagement du SNES et du SNEP dans des actions de grèves répétées qu'ils ont lancées. Nous avons cherché à rassembler y compris en trouvant les formes de contacts avec les coordinations, les collectifs, qui se sont créés en partie parce que les collègues qui s'y sont retrouvés ont pu avoir le sentiment que notre syndicat ne prenait pas ou plus assez en compte leurs attentes, alors même qu'elles se sont nourries de cette politique, en menant des actions répétées le SNES a été le seul syndicat à le faire. Cela doit aussi nous faire réfléchir à nos rapports aux syndiqués, nos rapports à la profession, notre capacité d'être à l'écoute de tous, à prendre appui sur les plus mobilisés pour mettre en mouvement tous les autres, sur nos pratiques démocratiques en un mot.
Nous avons commencé ce travail, il faut le poursuivre. Il faut aussi mieux intégrer un questionnement sur la façon de permettre aux jeunes collègues de prendre des responsabilités à tous les niveaux du syndicat, de l'établissement aux responsabilités de premier plan au plan national. Il faut faire preuve d'ouverture, de volontarisme, de pédagogie pour transmettre le patrimoine collectif et aussi accepter que les jeunes collègues voient les choses autrement.
Pour la première fois depuis dix ans, nous sommes en retard de syndicalisation cette année de quelques 3 000 collègues, ce qui traduit déjà un redressement. C'est en soi un sujet de préoccupations. Rien n'est perdu mais rien n'est gagné et l'on sait que chaque fois que les obstacles apparaissent infranchissables que le blocage revendicatif est grand, des collègues renoncent à se syndiquer. Il faut donc discuter, comprendre leurs raisons, les prendre en compte, améliorer nos pratiques, trouver la bonne stratégie pour être plus efficace, et alors nous pourrons regagner leur confiance et renforcer notre représentativité lors des prochaines élections professionnelles.
Si nous sommes parfois tentés de dire que nous ne jouerons pas éternellement les don Quichotte si les parents ne se résignent pas à ce que le service public en donne moins à leurs enfants c'est pour mieux faire comprendre à l'opinion que c'est la cause des jeunes que nous défendons avant tout dans cette affaires, celle de ceux qui sont scolarisés et celle des étudiants qui aspirent à exercer nos métiers. Mais une chose est certain, il nous faut encore gagner la conviction que cela vaut le coup, que l'on peut faire le pari de la connaissance pour tous.
Trois voix doivent être explorées : celle de la création d'un vaste mouvement de salut public pour la culture, la justice et l'égalité, pour l'investissement éducatif. Avec la FSU qui vient de tenir un très intéressant forum sur l'école. Nous pouvons créer ce mouvement autour du projet de manifeste qui va être adressé à toutes les organisations, associations, personnalités diverses, intellectuels, mouvements pédagogiques et éducatifs, de jeunes, centrales ouvrières concernées par les problèmes d'éducation.
Il nous faut réfléchir à la contribution spécifique que le SNES peut apporter à ce mouvement. Ne devons-nous pas au troisième trimestre et au-delà penser une intervention forte et continue en direction des parents d'élèves, de l'opinion. Comment le faire et selon quelles modalités et avec quelle participation active des collègues ?
La deuxième voix de recherche est celle de l'action qu'il faut bien poursuivre puisque le Gouvernement joue le mépris et le pourrissement du conflit. Comment poursuivre pour être plus fort ? Une des façons de peser plus fortement est que toute la FSU s'engage dans une action au 3e trimestre. Les perspectives viennent d'être ouvertes par le dernier conseil fédéral qui a proposé d'organiser une grande manifestation nationale à Paris. Cette proposition est bonne et nous devons tout faire pour qu'elle devienne décision le 7 avril prochain. Pour y contribuer notre congrès doit réfléchir à la forme, à la période et à cet égard la deuxième quinzaine de mai pourrait être une bonne période et à cet égard la deuxième quinzaine de mai pourrait être une bonne période compte tenu de la date de retour des congés de Pâques le 3 mai. Il faut aussi réfléchir à la façon d'élargir à d'autres cette unité, aux parents, aux autres syndicats, aux jeunes et si mai pouvait être un mois de l'éducation qui permette à tous ceux qui sont soucieux de la qualité et de démocratisation de prendre la parole cela ne manquerait pas de peser.
Et dans ce cadre que peut faire le SNES dans son secteur d'ici là ? Doit-on recourir à de nouvelles grèves et sous quelles formes ? Quelles autres initiatives prendre ? À nous tous de le dire pour être en prise avec tous nos collègues qui sont venus à Paris le 20 mars, avec tous ceux qui ont contribué à son succès en finançant les déplacements te pour convaincre encore et toujours ceux qui hésitent.
La troisième piste est à plus long terme. Il nous faut absolument animer un travail de réflexion grand public sur les questions d'éducation non seulement pour être animateur d'un débat national nécessaire qui est actuellement esquivé ou caricaturé comme on ne pouvait l'imaginer et pour que le SNES soit enfin crédité de l'important travail qu'il fournit pour proposer des solutions à des problèmes compliqués. Pour gagner ce crédit, il nous faut mieux et plus à tous les niveaux confronter nos propositions, nos idées à d'autres, nous enrichir de celles des autres, débattre publiquement selon diverses formes avec ceux qui défendent d'autres points de vue que les nôtres. Ce travail nous devons le conduire en associant nos collègues. Nous avons un projet de colloque sur les langues vivantes, pourquoi ne pas songer à une initiative sur ce qu'il faut enseigner à partir de notre brochure sur les contenus, sur le bac et ses suites, avec l'enseignement supérieur. À l'heure de l'Europe, une initiative sur les enseignements du second degré en Europe, pourrait permettre des confrontations utiles avec des personnalités, des universitaires, des chercheurs et des mouvements, associations, syndicats de ces pays.
C'est dire aussi combien, dans ce contexte, il est essentiel que le mouvement syndical de ce pays joue pleinement son rôle. Or force est de constater qu'il est trop silencieux, encore trop divisé, trop peu offensif pour proposer une alternative, à d'autres choix que ceux qui sont faits. C'est vrai sur toutes les questions sur l'emploi, sur les retraites, sur l'éducation, sur les choix budgétaires.
Dans ce contexte le rôle de la FSU peut devenir essentiel. Nous sommes à un moment charnière de son développement. Ces atouts sont nombreux puisqu'elle est non seulement devenue la première fédération de l'éducation, de la recherche et de la culture, mais les récentes élections professionnelles montrent qu'elles continuent à se renforcer, les initiatives convergentes que plusieurs de ses syndicats ont pris au cours de la semaine du 15 mars au 20 mars. Le succès de la grève de l'UNATOS du 22 mars. Le niveau des débats au sein du forum du 21 mars sont autant de messages d'espoir qui montrent qu'elle a la confiance des personnels. En même temps elle a ses faiblesses. Elle n'a pas toujours su éviter le piège de la division tendue par le ministre de l'éducation nationale qui continue d'ailleurs à chercher à opposer le premier degré et le second degré par exemple d'une manière si grossière que cela finit par tomber à plat. Parmi ses faiblesses celles de ne pas encore avoir su réaliser toutes les synthèses nécessaires pour parvenir à une plate-forme fédérale offensive, ses hésitations sur la façon de ne pas se laisser anesthésier par la stratégie gouvernementale, qui a flatté les uns pour mieux tordre le cou aux autres, son insuffisante expérience sur la façon de se positionner par rapport à un gouvernement de gauche. Nous avons eu et nous aurons encore des débats d'orientation dans la FSU. Ils ne portent pas comme certains le suggèrent parfois sur le fait que les uns dont le SNES seraient tenter par un syndicalisme de contestation, du contre, tandis que d'autres dont le SNUIPP défendraient un syndicalisme de propositions. Eux comme nous avons toujours cherché dans des situations différentes à défendre une conception faite de propositions à partir desquelles nous déterminons pour contester chaque fois que les choix gouvernementaux vont à l'encontre de nos demandes et de nos exigences. Ce n'est donc pas la nécessité de réformes que nous contestons mais ce sont les mauvaises réformes eu égard aux besoins sociaux et à nos propres propositions.
Le syndicat de la FSU, le SNES se veut donc pleinement concerner par la réforme de la fédération à laquelle il a contribué à donner sa représentativité, son mouvement, son hégémonie, mais en cherchant à faire en sorte que son point de vue soit pleinement pris en compte au même titre que celui de tous les autres syndicats qui la constituent. À cet égard nous confirmons notre choix pour une fédération de syndicats nationaux. Nous voyons son développement dans plusieurs directions.
Quelle soit davantage en mesure de réaliser les synthèses qui la dote d'un projet ambitieux et précis sur les évolutions du système éducatif. Il faut qu'elle devienne toujours plus la référence sociale dans le secteur de l'éducation, de la recherche et de la culture. Devenir la référence c'est aussi placer la société, les décideurs dans la situation de devoir se situer par rapport à ses propositions. Cela nécessite de la réflexion, du débat, mais aussi la création d'un mouvement social fort et rassembleur autour de ces conceptions. Les personnels doivent être au coeur de ce mouvement qui doit aussi être en mesure de fédérer d'autres forces. Devenir la référence c'est se donner les moyens d'une pensée collective autonome, ouverte et soumise à la critique, intégrant les attentes des jeunes, de la société, des parents.
Devenir la référence c'est aussi être en capacité d'agir pour faire aboutir ce projet. La FSU est aussi la première fédération des fonctionnaires de l'État. Il faut que cela se voit davantage par la nature des initiatives qu'elle peut prendre. Evidemment ce n'est pas facile mais la aussi sur l'emploi public, sur les retraites, sur la protection sociale, sur la violence, sur la culture, nous devons contribuer à ce qu'elle développe son activité de façon à ce qu'elle devienne incontournable de par la qualité de ses propositions mais aussi de par sa capacité à animer des débats sur ses solutions et à rassembler largement, autour d'elle. C'est plus facile à dire qu'à faire mais l'expérience des sections départementales de la FSU montre qu'il y a des potentialités.
Il y a urgence à ce que se construise dans ce pays un fort mouvement social pour réorienter les choix économiques, sociaux, scolaires et notamment sur le terrain de l'emploi public, des retraites. C'est le sens de l'appel récent lancé par la FSU.
Évidemment c'est une tâche très lourde, difficile. Nous n'avons pas fini d'inventer un nouveau fédéralisme, il y a des obstacles. Pour y parvenir, il faut une volonté commune. Existe-t-elle ? Je crois pouvoir dire que oui. Le départ de Michel Deschamps qui s'est produit dans des conditions que nous avons contestées est l'occasion pour toutes les composantes de réaffirmer cette volonté commune.
Il faut aussi beaucoup de travail collectif, beaucoup de respect et de confiance. C'est pourquoi il faut inventer de nouvelles façons de travailler ensemble et collectivement, dans les sections départements d'abord mais sans doute aussi dans les établissements, dans les localités. Les rencontres, les débats à ces niveaux, sont la meilleure garantie d'une unité possible et d'une recherche continue de convergences des points de vue.
Mais aussi au plan national jusqu'au plus haut niveau de direction. Il faut nous protéger contre la trop forte personnalisation à laquelle nous conduit souvent l'extérieur, et je le dis pour le et je le dis pour le SNES comme pour la FSU car la situation actuelle qui fait reposer sur une personne le monopole de l'expression publique est une élément de fragilisation pour toute organisation sans compter la pression parfois insupportable qu'elle exerce sur ceux ou celles qui sont dans cette situation et j'en parle en connaissance de cause. C'est pourquoi nous voulons innover pour le SNES et pour la FSU. Pour le SNES en allant plus loin encore dans le sens d'un secrétariat général collectif faisant toute sa place au renouvellement et pour la FSU en proposant un collectif pour la représentation publique de la FSU appuyé sur un solide travail collectif des instances et d'un secrétariat de 10 à 12 personnes.
C'est aussi la seule façon de tirer tout le bénéfice de la diversité et de la richesse d'approche des divers secteurs et des diverses composantes.
Notre congrès se doit d'apporter une contribution forte sur toutes ces questions et sur celles qui au travers notamment du thème essentiel du congrès « étudier, dialoguer et transmettre dans l'établissement scolaire ».
Il doit nous donner aussi la force de poursuivre l'action en rassemblant toujours plus la profession, les parents, la jeunesse car je le dis en conclusion de ce propos d'ouverture, il faut que le gouvernement sache qu'au mépris qu'il continue à afficher face à l'expression des attentes et des propositions des personnels, le SNES est déterminé à répondre avec sa fédération par des actions qui ne peuvent que s'élargir et se renforcer, le temps qu'il faudra pour qu'il accepte de négocier sur d'autres bases que celles qu'il définit de façon unilatérale. Les personnels seront d'autant plus les moteurs des réformes que ces réformes correspondront aux exigences qu'ils formulent dans ce pays pour le service public d'éducation aille toujours plus et mieux dans le sens de la démocratisation et de la qualité pour tous.