Texte intégral
Jean-Claude Gayssot : On n’a pas le droit de se louper
L’événement : Faites-vous partie des 42 % de Français qui, selon un récent sondage, considère que le Gouvernement même une politique « plutôt libérale » ou des 47 % qui pensent qu’il fait une politique « plutôt socialiste » ?
Jean-Claude Gayssot : Le développement des privatisations peut accréditer l’idée que ce Gouvernement ne se démarque pas des précédents dans ce domaine. Mais, en même temps, nous nous sommes attaqués au chômage, nous avons créé les emplois-jeunes, fait voter une loi contre l’exclusion, mis en place la couverture maladie universelle, les 35 heures sont en marche…
L’événement :
Dans sa seconde loi sur les 35 heures, Martine Aubry n’a-t-elle pas cédé aux pressions du Medef ?
Jean-Claude Gayssot :
Dès le 1er janvier de l’an 2000, les 35 heures comme durée légale du travail doivent être inscrites dans la loi, sans perte du pouvoir d’achat des salariés et avec création d’emplois. Dans mon secteur de responsabilité, on a enregistré 6 000 créations d’emploi liée aux accords intervenus et 14 000 emplois-jeunes. Enfin, à la SNCF, RATP et Air France, on devrait atteindre, dans les trois ans à venir, de 30 000 à 35 000 embauches. Les accords doivent être conclu le plus rapidement possible pour que les entreprises qui ne veulent pas jouer le jeu ne bénéficient pas d’un délai supplémentaire.
L’événement :
Dans quels domaines doivent être poursuivies les réformes ?
Jean-Claude Gayssot :
Lionel Jospin m’a confié, ainsi qu’à Louis Besson, le soin de préparer une loi sur l’habitat, l’urbanisme et les déplacements afin de sortir de la ségrégation sociale et spatiale qui existe dans les grandes agglomérations. C’est un grand problème de société qui s’inscrit dans le cadre de réformes indispensables. Ce sera un des grands chantiers de l’an prochain.
L’événement :
Après le score décevant de la liste communiste aux européenne, le conseil national du PCF a préconisé une accélération de la mutation de votre parti. N’est-ce pas une fuite en avant ?
Jean-Claude Gayssot :
Non. Nous sommes en déficit de projet communiste de société. Mais nous ne voulons pas retourner en arrière. Nous voulons construire un nouveau communisme avec l’ensemble des militants et sympathisants.
L’événement :
Est-ce encore possible ?
Jean-Claude Gayssot :
Oui, car le communisme, c’est l’humanisme et la démocratie. Et c’est bien antérieur à la révolution de 1917.
L’événement :
Le PCF n’est-il pas menacé plutôt de devenir l’aile gauche de la social-démocratie ?
Jean-Claude Gayssot :
Pas question de devenir l’aile gauche de la social-démocratie. Nous ne voulons pas améliorer le système libéral, nous voulons changer la société. Ce qui nous différencie des socialistes, c’est l’objectif de transformation sociale. Le PS n’est pas favorable à une remise en cause du système capitaliste dans ses fondements essentiels. Sur les privatisations, par exemple, il existe des différences entre socialistes et communistes. Nous, nous voulons dépasser le capitalisme.
L’événement :
En attendant, vous dépassez à peine 6 % et vos militants ne semblent pas emballés ni par la mutation engagée par Hue ni par la participation gouvernementale…
Jean-Claude Gayssot :
6,8 % à une élection européenne qui n’est pas la plus facile ! Ne confondez pas avec une élection législative où nous nous situons à environ 10 %. Les militants se sont prononcés, en 1997, pour la participation gouvernementale. Ils savaient bien que, compte tenu du rapport de forces au sein de la majorité, ce n’est pas la politique du PCF qui serait appliquée. Dans les domaines qui sont de la responsabilité des ministres communistes, ils peuvent vois qui nous mettons en œuvre une politique de progrès. Nous avons créé des emplois à la SNCF, à la RATP et à Air France, par exemple, alors que les gouvernements précédents en supprimaient. Dans d’autres domaines – comme le sport, le logement et le tourisme -, personne ne peut nier les avancées. La question que se posent aujourd’hui les militants, c’est plutôt de savoir comment créer un parti plus fort et plus efficace. Elle est au centre des débats de préparation de notre prchain congrès avec le contenu du nouveau communisme. Et là, nous n’avons pas le droit de nous louper.