Texte intégral
entretien avec France Inter (Ramallah, 25 novembre 1997)
Q. (Au sujet du blocage du processus de paix)
R. Ce que je peux dire simplement c'est que du point de vue français, comme du point de vue européen, et, me semble-t-il, de plus en plus nettement du côté américain également, il faut que ce processus reprenne car c'est la seule façon de trouver un jour une vraie solution politique permettant de répondre aux aspirations légitimes des différents peuples de cette région et de leur assurer une stabilité et plus encore, une vraie sécurité. Donc, c'est fondamental qu'il y ait un processus, une perspective, une dynamique qui soit plus forte que tous les facteurs d'affrontement ou de désagrégation. C'est le cœur de notre intervention. On ne peut pas plaquer des solutions préfabriquées mais il se trouve qu'il y a des accords qui ont été conclus et qui forment un cadre pour l'application des accords quand ils ne tranchent pas tout dans les détails. Il faudrait retrouver un état d'esprit de coopération, un souci d'avenir qui permette d'avancer malgré tout. Évidemment, ce que j'ai entendu hier du côté israélien et aujourd'hui du côté palestinien ne m'amène pas à penser que les choses sont faciles, pour qui que ce soit, pour les protagonistes ou pour les pays extérieurs qui sont soucieux de la paix. Mais cela m'amène à penser que plus que jamais nous ne devons pas nous décourager. Il faut poursuivre cet effort de bonne volonté et être tenaces et patients.
Q. Vous avez rencontré le président Arafat plus de deux heures, je crois. Comment l'avez-vous trouvé physiquement ?
R. Je l'ai trouvé normal. Nous avons eu une discussion longue et ensuite un déjeuner chaleureux et sympathique. C'était d'ailleurs la première fois que ce bâtiment était inauguré. C'était le premier déjeuner qu'il faisait dans ce contexte.
entretien avec La Voix de la Palestine (Ramallah, 25 novembre 1997)
Q. Au sujet de la rencontre du ministre avec M. Fayçal Husseini et le président de l'Université d'AI Quds.
R. J'ai trouvé tout naturel de venir rencontrer M. Fayçal Husseini et le président de l'Université dans une des institutions importantes qui symbolise la présence palestinienne à Jérusalem-Est. Nous avons eu un échange de vues général sur la situation politique et sur la coopération culturelle.
Q. Est-ce qu'on peut dire qu'il s'agit-là d'une confirmation de la position française à l'égard de Jérusalem et un refus de la politique israélienne concernant la colonisation à Jérusalem-Est ou les pratiques israéliennes contre les institutions à Jérusalem-Est ?
R. La position de la France sur Jérusalem est une position traditionnelle et bien connue. C'est une question qui n'est pas tranchée et qui ne pourrait être tranchée au moment venu que par une négociation entre les différentes parties intéressées et dans le cadre d'un accord international. C'est une position constante.
point de presse conjoint (Ramallah, 25 novembre 1997)
Mesdames et Messieurs, je voudrais d'abord remercier très chaleureusement le président Arafat pour la façon dont il nous a reçus, la délégation qui m'accompagne et moi-même, à Ramallah. Il s'agit d'abord de poursuivre un dialogue franco-palestinien qui est maintenant établi depuis longtemps, qui est, je crois, confiant et fécond, et qui se poursuit dans les moments difficiles ou plus difficiles encore. La préoccupation de la France, et d'ailleurs de ses partenaires européens, en ce qui concerne le processus de paix, est bien connue, j'en ai parlé longuement hier avec les responsables israéliens que j'ai rencontrés. Aujourd'hui, avec le président Arafat, j'ai indiqué comment la France, en concertation étroite avec ses partenaires européens ainsi qu'avec les États-Unis, œuvrait de toutes les façons pour que ce processus soit relancé. Les difficultés sont considérables, nous le savons bien, mais nous pensons qu'il ne faut pas se décourager et que toutes les bonnes volontés doivent travailler ensemble et en tout cas dans la même direction, parce que tout simplement il n'y a pas d'autre solution possible. Je remercie encore une fois le président Arafat pour le moment très intéressant que nous avons pu passer ensemble.
Q. Étant donné les difficultés que connaît le processus de paix, y a-t-il des positions spécifiques présentées par l'Europe ou par la France ? Qu'attendez-vous de l'Europe et de la France ?
R. En ce qui concerne la France, notre action est continue. Je veux dire par là que nous n'avons pas besoin de faire des propositions spéciales puisque cette action se mène dans la continuité. Nous souhaitons que le processus de paix soit repris. Nous souhaitons que les engagements pris dans les accords signés puissent être respectés, mis en œuvre. Nous souhaitons notamment qu’un redéploiement significatif puisse intervenir pour précisément illustrer la poursuite de ce processus. Nous pensons que dans ces phases, les mesures unilatérales doivent être gelées, qu'elles ne sont pas propices à la recherche d'une solution. Je répète une fois encore que, si nous sommes tellement attachés en France, - et je crois que c'est également le cas dans les autres pays d’Europe -, au processus de paix, c'est parce qu'il n'y a pas d'autre solution pour répondre aux aspirations légitimes des uns et des autres, et pour assurer au bout du compte la sécurité pour tous.
propos sur France 2 (Ramallah, 26 novembre 1997)
Nous souhaitons que les engagements pris dans les accords signés puissent être respectés, mis en œuvre. Nous souhaitons notamment qu'un redéploiement significatif puisse intervenir pour, précisément, illustrer la poursuite de se processus (…)
Q. Quel est votre sentiment à l'issue de votre visite en Israël et dans les Territoires occupés ?
R. Quelle que soit la complexité, qu’elles que soient les difficultés de toute nature qui sont rencontrées, nous ne devons pas, nous ne pouvons pas nous décourager. Il faut donc à la fois poursuivre nos efforts et le dialogue avec les uns et les autres inlassablement. (…)
Q. Vous repartez aussi inquiet que lorsque vous êtes arrivé ?
R. Je repars aussi préoccupé puisque tant qu'il n'y a pas une réponse à cette question centrale sur l'avenir du processus de paix, la préoccupation demeure. Mais je repars avec la conviction qu'il ne faut en aucune façon se décourager.
Q. Notamment du côté palestinien, on parle d'une catastrophe éminente et d'une situation économique plus que déplorable. Est-ce que c'est également le sentiment que vous avez ?
R. Je ne veux pas me répéter. L’absence de perspective de politique claire, l'absence de processus, est quelque chose qui est extrêmement inquiétant et qui est ressenti comme tel par les Français, par les Européens et d'une façon croissante, je crois, par les Israéliens sans parler des protagonistes eux-mêmes ici. Mais je le répète, quelle que soit la complexité et quelles que soient les difficultés de toutes natures qui sont rencontrées, nous ne devrons pas, nous ne pouvons pas, nous décourager. Donc, il faut à la fois poursuivre nos efforts et le dialogue avec les uns et les autres, inlassablement.