Interview de M. Bernard Kouchner, secrétaire d’État à la santé, dans "Le Point" le 9 août 1997, sur la fermeture des services maternité et chirurgie de l'hôpital de Pithiviers, le projet de création d'un système SOS-anesthésie, et les restructurations hospitalières.

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Intervenant(s) : 

Circonstance : Suspension des activités des services maternité et chirurgie de l'hôpital de Pithiviers (Loiret) le 4 juillet 1997, à la suite du décès d'une patiente-décès le 31 juillet du foetus d'une mère pendant son transfert de pithiviers à Orléans.

Média : Le Point

Texte intégral

Le Point : Que pensez-vous des réactions provoquées par ces accidents ?

Bernard Kouchner : Je comprends l’émotion suscitée par ces décès, mais j’attends les conclusions de l’enquête de l’Igas – elles devraient être rendues dans les semaines à venir – avant de me prononcer sur ces accidents.

Je sais que la disparition d’un hôpital, c’est toujours un drame, c’est la vie qui s’en va. À Pithiviers, il n’est pas question de fermer l’hôpital ni le service d’obstétrique, qui est très performant. Mais, en raison de son activité, il ne peut fonctionner sans un anesthésiste à plein temps. Or cet établissement n’en trouve pas à embaucher.

Le problème est réel : on ne forme plus assez d’anesthésistes. Dans un premier temps, je vais tenter de mettre sur pied un système d’intérim, un SOS-anesthésie, pour qu’il y ait de tels spécialistes disponibles partout, en permanence.

Ensuite, pour répondre aux impératifs de santé publique, il faudra peut-être que les pouvoirs publics « conseillent » le choix de certaines filières. La France est l’un des seuls pays dans lesquels les médecins choisissent librement leur spécialité. Résultat : il y a beaucoup de radiologues et très peu d’anesthésistes et de pédiatres.

Le Point : Les réformes hospitalières engagées vont-elles vous conduire à fermer de petits hôpitaux ?

Bernard Kouchner : Lorsque deux ou trois hôpitaux distants de quelques kilomètres remplissent les mêmes missions avec une dispersion des moyens, il faut harmoniser les structures, faire jouer la complémentarité. Cela ne conduit pas à la suppression des soins de proximité. Au contraire, il s’agit de concilier la prise en charge de proximité pour les soins courants avec le regroupement des soins lourds, nécessitant des appareils et des équipes adaptés, sur des sites spécialisés.

L’harmonisation hospitalière se fera en fonction des besoins des patients au sein de ce que l’on appelle un bassin sanitaire. Toute la population doit être à une distance raisonnable des hôpitaux, en temps de trajet et non en nombre de kilomètres.

Le Point : Aurez-vous les moyens politiques et financiers de vos ambitions ?

Bernard Kouchner : Un hôpital, c’est d’abord un établissement qui doit dispenser des soins de qualité. C’est aussi un employeur qui fait travailler beaucoup de monde. C’est enfin un élément important de l’aménagement du territoire.

Quant aux moyens financiers, il est encore trop tôt pour en parler.