Interview de M. Jack Lang, membre du bureau national du PS, à "L'Evénement", le 27 mai 1999, sur l'émission "Politiquement correct" de France 2.

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Intervenant(s) : 
  • Jack Lang - membre du bureau national du PS

Texte intégral

« Avec Politiquement correct France 2 a fait preuve d'une incontestable audace. Une émission de satire politique, c'est ce qu'on attendait depuis longtemps du service public. Pourquoi Canal Plus serait-elle la seule chaîne à innover en ce domaine ? On s'en est moqué, mais il y avait du vrai dans la formule « Osons ! » Et l'audace de France 2 a été d'autant plus grande que « Politiquement correct » est conçu à partir d'une technologie nouvelle, celle des images de synthèse.

J'entends la voix des impatients mécontents, qui disent avoir vu l'émission et n'y avoir pas trouvé ce qu'elle promettait. Je les comprends sans difficulté. Je n'ai pas été moi-même séduit par les premiers résultats montrés à l'antenne : des textes hésitants, des images froides, des personnages mécaniques -, si je cherche moi aussi des critiques, je les trouve. Mais je me méfie des premières réactions qui ne laissent aucune chance à la nouveauté. Est-ce un hasard si toutes les émissions qui innovent ont du mal à s'installer ? Comment juger si vite, d'une façon aussi tranchée, quand on sait par exemple que les Guignols ont mis deux ans pour prendre la place qui est aujourd'hui la leur ?

Deux ans ! Et on voudrait qu'en quelques émissions, deux fois par semaine, “Politiquement correct” soit déjà installé !

La technologie des images de synthèse est nouvelle, ses logiciels encore mal maîtrisés, et personne n'avait jusque-là l'habitude d'écrire pour des personnages virtuels. Aussi, je ne dis rien d'autre que ceci : il faut laisser le temps au temps. À quoi bon avoir eu le courage de lancer cette expérience d'avant-garde, si on n'a pas celui de la poursuivre et de la juger, avec le public sur la longueur. La télévision ne doit pas céder à la facilité des enthousiasmes immédiats. « Politiquement correct » est une aventure. Cette aventure est loin d'être gagnée, mais elle mérite à coup sûr qu'on ne l'interrompe pas à peine née. »