Texte intégral
Michèle Cotta : Bonjour. La situation politique à quinze jours des élections européennes, des élections européennes qui tardent à démarrer malgré les prestations des têtes de liste devant les micros et les caméras. Il faut dire que l’actualité ne manque pas et qu’elle ne tourne pas autour du scrutin du 13 juin. La Corse, le Kosovo ont éloigné les Français du vote. Mais nous voici néanmoins dans le sprint final. Revue de presse dans la dernière partie de cette émission. Ils sont attentifs justement à la campagne, Jacques Séguéla derrière François Hollande et l’autre, Thierry Saussez derrière Nicolas Sarkozy. Les deux publicitaires sont en quelque sorte les façonneurs des images publiques des leaders du Parti socialiste et du RPR. Nous les retrouverons pour un débat dans la deuxième partie de cette émission. Et notre invité pour la première partie, c’est Jean-Marie Le Pen que je vais interroger avec Philippe Reinhard de L’Événement. Jean-Marie Le Pen, bonjour.
Jean-Marie Le Pen : Bonjour.
Michèle Cotta : Vous avez subi au Front national une sérieuse tempête. Qu’est-ce que vous ressentez maintenant après votre rupture encore récente après tout avec Bruno Mégret ? De la rage envers lui ? De la résignation ? Et de toute façon, qu’est-ce qui vous sépare exactement ? On n’arrive pas à comprendre.
Jean-Marie Le Pen : Permettez-moi, avant d’aborder la polémique peut-être, d’avoir une petite pensée tendre pour les mamans, celles qui sont parmi nous et celles que nous avons perdues. Et puis, nous allons entrer dans le vif du débat. Vous savez, je suis un vieux combattant politique. J’ai l’habitude de l’adversaire, cependant rarement quand il vous poignarde dans le dos et qu’il est de votre camp. Alors, je ne peux pas dire que je suis rempli de joie, ni d’allégresse, mais je fais face. Je me retourne quand on me poignarde dans le dos et je combats.
Michèle Cotta : Et là, vous combattez ? Vous êtes en situation de combattant, mais je veux dire, votre premier adversaire, c’est Bruno Mégret ?
Jean-Marie Le Pen : Non. Il est dérisoire. Par conséquent, je ne combats que des gens importants. Encore faudrait-il qu’il y ait combat, encore faudrait-il que ce combat se fasse à armes égales. Or, je viens d’apprendre que j’aurai droit pour la campagne officielle à 56 secondes 25 centièmes. Les 25 centièmes sans doute pour le petit clin d’œil qui, chez moi, devra remplacer la déclaration d’amour.
Michèle Cotta : Pour le moment, vous êtes ici à égalité des temps de parole en tout cas en ce qui concerne cette émission.
Jean-Marie Le Pen : Oui, oui, mais je parle de la campagne générale, aussi bien la pré-campagne que la campagne officielle. Visiblement, malgré nos millions d’électeurs, nous sommes traités comme des parias. Ça, je crois que les électeurs et les électrices sauront en tirer les conséquences.
Michèle COTTA : C’est la loi.
Philippe Reinhard : Monsieur Mégret n’a probablement pas plus que vous d’ailleurs…
Jean-Marie Le Pen : Oui, mais enfin, là aussi, moi, j’ai 11 députés sortants. Lui, il en a 2.
Philippe Reinhard : Parmi les gens qui ont manié le poignard, comme vous dites, il y a une majorité des cadres du Front national qui ont rejoint Bruno Mégret.
Jean-Marie Le Pen : Ça, c’est vous qui le dites ça. C’est lui qui le dit.
Philippe Reinhard : Qu’est-ce que vous ferez de ces gens-là après le 13 juin si vous êtes devant monsieur Mégret bien sûr ?
Jean-Marie Le Pen : Écoutez ! Vous parlez des cadres. Les trois quarts du bureau politique ont été avec moi, les 8/10e, les 9/10e du bureau exécutif et l’immense majorité des adhérents. Par conséquent, il s’agit d’un putsch. Il s’agit d’une petite insurrection d’ambition et puis rien d’autre. Et puis, le 14 juin, tout cela sera terminé. Il ne restera que les dettes.
Michèle Cotta : Non, mais est-ce que vous allez réintégrer ces gens qui sont partis ?
Jean-Marie Le Pen : Sûrement pas. Il n’en est pas question.
Michèle Cotta : Est-ce que vous pouvez les réintégrer, s’ils le demandent ?
Jean-Marie Le Pen : On ne peut réintégrer que des gens qui ont les mêmes valeurs morales que vous.
Michèle Cotta : Pas de pardon ?
Jean-Marie Le Pen : On peut sur la politique discuter. On ne peut pas discuter sur les principes fondamentaux de l’action de la vie. Alors, les militants, les électeurs, enfin bref, les sympathisants, oui, pourquoi pas ? Mais les dirigeants, certainement pas.
Philippe Reinhard : Les électeurs, vous ne les refuserez pas quand même ?
Jean-Marie Le Pen : Et je crois que personne, personne dans le monde politique ne les acceptera car qui a trahi, trahira.
Michèle Cotta : Mais au « Club de la Presse », vous avez quand même dit, « Club de la presse » d’Europe 1, vous avez quand même dit que vous vous attendiez à 20 % des voix. Est-ce que vous restez sur ce pronostic ? Et dans ce cas-là, il faut quand même avoir des électeurs, peut-être même ceux qui viennent d’ailleurs ?
Jean-Marie Le Pen : Oui, mais les électeurs, ils n’ont pas choisi. Les électeurs sont en dehors de ça. Si j’ai dit ça, je me suis trompé. Il s’agit bien des adhérents, des sympathisants. Les 20 %, c’était l’objectif que j’avais fixé au mouvement puisque, d’ailleurs, les sondages nous donnaient entre 16 et 18 % au mois d’octobre. Et cette performance était tout à fait possible. Je vais essayer de la rendre possible. Vous savez ce que disait Napoléon : « si c’est possible, madame, c’est fait. Si c’est impossible, cela se fera. »
Michèle Cotta : Néanmoins, effectivement, c’est un point de départ que vous fixez qui est à 18, mais la division vous a beaucoup nui.
Jean-Marie Le Pen : Oui, sûrement, sûrement. Dans les premiers résultats concrets, c’est qu’en effet le courant national a subi un coup d’arrêt. Et ce coup d’arrêt est né de la trahison d’un certain nombre de ses dirigeants.
Philippe Reinhard : Oui, mais justement, les sondages aujourd’hui vous situent entre 7 et 8,5 %.
Jean-Marie Le Pen : Oui, mais ça, ils ne sont pas toujours favorables pour nous.
Philippe Reinhard : Mais, après 27 ans de Front national, est-ce que ce n’est pas décourageant de se retrouver, 27 ans après, sur une pente qui sera descendante puisque, ne serait-ce qu’en 84 déjà, vous faisiez 10 % et aux présidentielles, vous avez fait 15.
Jean-Marie Le Pen : Oui, mais mesurez des choses comparables, ne mesurez… des sondages avec des résultats. Et puis, posez la question à monsieur Hue pour savoir ce qu’il pense au bout de 72 ans de communisme si jamais il a progressé ou s’il a…
Michèle Cotta : Il n’est pas secrétaire du parti depuis 27 ans.
Jean-Marie Le Pen : Oui, bien sûr, c’est vrai. Mais je ne suis pas si mécontent d’être parti de 0,74 % des voix et d’avoir amené le mouvement à 15 %, 15 % aux régionales, 15 % aux législatives, 15 % aux présidentielles. Ce sont ces élections qui sont principales. Mais, l’élection européenne joue son rôle quand il y a campagne européenne. Mais, il est évident que nos compatriotes ne se rendent pas bien compte des enjeux de la campagne européenne. Et ils ne se rendent pas compte, en particulier, comme nous, nous essayons de le leur dire qu’il y va du sort de la France, de son existence et donc en quelque sorte de leur protection, de leur liberté, de leur sécurité, de leur prospérité.
Michèle Cotta : Ça, beaucoup de gens le leur disent aujourd’hui.
Jean-Marie Le Pen : Qui cela ?
Michèle Cotta : D’autres listes.
Jean-Marie Le Pen : D’autres listes ? Ah oui, mais elles n’ont pas toutes la même autorité morale et politique que le Front national qui, lui, n’a jamais changé d’idée. On peut comme monsieur Pasqua se déclarer souverainiste aujourd’hui, mais on est obligé de reconnaître qu’il a voté pour Maastricht.
Philippe Reinhard : Non, Charles Pasqua a clairement voté contre Maastricht.
Jean-Marie Le Pen : Absolument pas. Au Sénat, il a voté pour Maastricht.
Michèle Cotta : Bon, restons là-dedans. Pourquoi avoir pris Charles de Gaulle, le petit-fils du Président Charles de Gaulle sur votre liste ? Est-ce que c’est pour étendre votre champ d’action ou par jubilation pour avoir sur votre liste le petit-fils d’un vieil adversaire à vous quand même ?
Jean-Marie Le Pen : Pour trois raisons. La première, c’est qu’il me l’a demandé. C’est un député européen qui a quitté le groupe de monsieur de Villiers et qui a demandé à combattre avec nous.
Michèle Cotta : Il ne se serait pas appelé Charles de Gaulle, peut-être…
Jean-Marie Le Pen : Si, il y a aussi Éric Pinel qui est un autre député du même groupe qui nous a rejoints. La deuxième, c’est qu’en effet, Charles de Gaulle porte un nom emblématique et que, si j’ai été l’adversaire du général de Gaulle sur beaucoup de points de sa politique, il en est un au contraire avec lequel j’ai été d’accord, c’était sa politique européenne. Et nous sommes ici dans une politique européenne. Troisièmement, parce qu’il est des moments dans la vie – et on peut considérer que ce point de vue peut être gaullien – où il faut essayer de rassembler les Français face aux dangers qui les menacent et aux épreuves qui les attendent. Et c’est dans cet esprit-là que nous avons accueilli des gens tout à fait différents, que nous avons en position éligible, Saïd-Ahmed Ellaoui (phon), main tendue vers les Harkis, les pieds noirs, les Français d’origine d’Afrique du Nord, Martinez qui est descendant d’Espagnols, main tendue aussi aux Français qui sont d’origine européenne.
Michèle Cotta : Charles de Gaulle, ce n’est pas la même chose. Charles de Gaulle, sur une liste en numéro 2, ce n’est pas la même chose.
Jean-Marie Le Pen : C’est pour ça qu’il est deuxième. C’est vrai qu’il a un nom prestigieux puisqu’il a un nom de porte-avions, d’aéroport, d’avenues, etc. C’est sûr que…
Philippe Reinhard : Monsieur Le Pen, Charles de Gaulle aujourd’hui, et puis vous vous étiez accaparé Jeanne d’Arc, même Clovis…
Jean-Marie Le Pen : Non, pas accaparé, je rends hommage.
Philippe Reinhard : Et puis, récemment, vous avez placé le parrainage de votre liste derrière Georges Brassens et Paul Valéry. C’est un peu excessif, ça ?
Jean-Marie Le Pen : Non, je n’ai pas placé. Nous choisissons toujours, pour les grandes circonstances, des lieux où souffle l’esprit des lieux emblématiques. Il nous a semblé que le Mont Saint-Clair à Sète était à l’image…
Michèle Cotta : Même s’il pleuvait beaucoup ce jour-là…
Jean-Marie Le Pen : Il pleuvait beaucoup. Mais on dit, « mariage pluvieux, mariage heureux. » Par conséquent, en effet, Paul Valéry parce que Paul Valéry, en 1919, il avait dit « civilisations, nous devons savoir que nous sommes mortelles ». Et justement, nous sommes dans une des phases de possibilité de mort de notre civilisation et de notre culture. Et la deuxième fois, Brassens parce que Brassens est un libertaire ; c’est un anticonformiste ; c’est un homme qui est contre la pensée unique. Et, dans ce sens-là et dans le sens d’ailleurs de ses chansons dont j’en connais énormément, eh bien, nous avons une communauté de sentiments.
Philippe Reinhard : C’est parce qu’il a défendu ta messe en latin peut-être ?
Jean-Marie Le Pen : Non, pas seulement, non, non. Parce qu’il est rebelle à l’establishment, parce qu’il n’hésite pas à prendre le contre-pied des idées reçues, des idées communes. C’est un petit peu comme moi.
Michèle Cotta : À ce propos, je voudrais revenir sur la liste Pasqua/Villiers. Au fond, qu’est-ce que vous leur reprochez ? Vous les traitez d’alliance, enfin vous dites que c’est l’alliance entre la carpe et le lapin, que c’est le « radeau de la Méduse ». Est-ce que c’est eux qui vous font le plus peur finalement pour votre électorat ?
Jean-Marie Le Pen : Non, pas du tout. Enfin, en l’occurrence, si vous voulez, monsieur Pasqua aurait sans doute voulu faire sa liste, monsieur Villiers aussi. Ils n’avaient pas la force de la faire. Alors, ils ont fait comme le recommandait La Fontaine au paralytique et à l’aveugle. Ils ont fait un binôme, mais c’est un binôme infirme. Ils peuvent en effet marcher, mais ils ne peuvent pas s’aligner pour les Jeux olympiques, c’est évident.
Philippe Reinhard : Vous direz la même chose s’ils sont devant vous ?
Jean-Marie Le Pen : Voilà des gens qui prétendent aller au Parlement européen et qui n’iront pas parce que l’un est sénateur, président de Conseil général, l’autre est député et président de Conseil général. Et, quand il était au Parlement européen alors qu’il était tête de liste aux dernières élections, il a quitté le Parlement européen pour aller au Palais-Bourbon.
Michèle Cotta : Ça, ils peuvent choisir. Vous ne pouvez pas préjuger de leur choix.
Jean-Marie Le Pen : Oui, mais à ce moment-là, on ne se met pas en tête de liste. D’ailleurs, j’ai remarqué une chose, je suis le seul homme politique tête de liste aux élections européennes qui siège toujours au Parlement européen. Aucun des têtes de liste qui a été élue que ce soit monsieur Fabius, monsieur Hue ou je ne sais qui, eh bien, aucune d’entre elles n’a jamais siégé à Strasbourg. Ils font un geste de pure propagande.
Philippe Reinhard : Et vous irez plus souvent que dans la dernière législature ?
Jean-Marie Le Pen : J’y ai été beaucoup. Je suis à toutes les séances, monsieur, à toutes les séances. Et les documents qui ont été publiés sont faux. Je suis à toutes les séances. Et j’ai assisté à la grande majorité des travaux parlementaires du Parlement européen.
Philippe Reinhard : Monsieur Le Pen, passons à ce qui préoccupe peut-être encore davantage les Français, c’est-à-dire à ce qui se passe dans les Balkans. Vous avez vu que le Tribunal pénal international vient d’inculper monsieur Miloševic pour crime de guerre. Quelle est votre réaction puisque je crois que vous êtes plutôt du côté de monsieur Miloševic que du côté de l’OTAN dans cette affaire ?
Jean-Marie Le Pen : Non. Moi, je suis du côté du peuple serbe. Monsieur Miloševic Est un socialiste ancien communiste. C’est donc un ami de ceux qui dirigent l’Europe aujourd’hui car l’Europe est dirigée dans quinze pays au moins par des socialo-communistes, soit quelquefois des socialistes d’origine, soit quelquefois des socialistes d’origine communiste. Alors Miloševic est beaucoup plus proche d’eux. Mais il se trouve que Miloševic est aujourd’hui le Président élu d’un pays victime d’une agression massive. Et je suis en faveur du peuple serbe. Et je dois vous dire mon écœurement de voir la guerre qui est menée à ce petit peuple.
Michèle Cotta : Jean-Marie Le Pen, vous ne pouvez pas quand même dire que l’épuration ethnique, vous pouvez peut-être dire qu’elle est accélérée par les bombes, mais vous ne pouvez pas dire qu’elle n’existe pas.
Jean-Marie Le Pen : Oui, ça, c’est un grand débat madame Cotta. On pourrait entrer sur le plan du droit international, savoir si c’était mieux de respecter l’autonomie et l’indépendance des nations ou de permettre l’ingérence. Sachons seulement que cette ingérence sera toujours une ingérence des forts sur les faibles. Et on ne s’attaque pas à tout le monde. Les Américains ne se sont jamais attaqués aux Russes pour sauver les gens du goulag, non plus qu’ils ne s’attaquent à la Chine pour défendre les Tibétains.
Michèle Cotta : Vous ne répondez pas sur l’épuration ethnique. Est-ce que ça existe, est-ce que ça n’existe pas ?
Jean-Marie Le Pen : L’épuration ethnique. Il y a une guerre, une opposition qui dure probablement depuis des décennies entre deux populations différentes. Mais, je constate que la fuite de ces populations n’a commencé qu’avec les bombardements américains, enfin bombardements alliés puisque, malheureusement et honteusement, notre pays est associé à ce crime.
Philippe Reinhard : Est-ce que votre hostilité à l’intervention de l’OTAN, et donc de la France, en Yougoslavie n’est pas pour vous un moyen de poursuivre une guerre que vous poursuivez depuis plus de vingt ans contre celui que vous appelez aujourd’hui « le petit télégraphiste de l’OTAN », c’est-à-dire Jacques Chirac ?
Jean-Marie Le Pen : Jacques Chirac, dans cette affaire, reste le petit télégraphiste, en effet, et ne passe pas pour un dirigeant international alors que la France a encore un siège au Conseil de sécurité et a droit de veto, et que nous ne l’utilisons pas puisque nous l’avons sans doute secrètement concédé. L’Europe démontre en tout cas – puisque nous parlons d’Europe – démontre qu’elle est une colonie américaine, qu’elle obéit au doigt et à l’œil et qu’elle s’inscrit dans cette guerre aux ordres de l’OTAN qui est pourtant une organisation défensive. Il faut dire que cette guerre est faite au mépris des principes de l’ONU, au mépris du traité de l’OTAN.
Michèle Cotta : Vous seriez pour une défense européenne ?
Jean-Marie Le Pen : Dans le cadre d’une Europe des nations, pourquoi pas ? Une alliance. Ce sont des choses qui ont déjà fonctionné en d’autres guerres. Par conséquent, ce n’est pas une exigence absolue.
Michèle Cotta : Monsieur Le Pen, merci. Ils font l’image des hommes politiques. Tous deux publicitaires, ils sont amis dans le métier. Mais en politique, ils sont opposés. Jacques Séguéla est le gourou de la campagne de François Hollande. Thierry Saussez est le mentor de la campagne de Nicolas Sarkozy. Leur rôle dans la campagne, Jean-Michel Mercurol.
Jean-Michel Mercurol : Difficile campagne des européennes occultée d’abord par le vacarme des bombes au Kosovo, puis les péripéties des affaires corses. Voilà les candidats déjà arrivés sur la dernière ligne droite et c’est à peine si l’on s’est aperçu qu’ils étaient en campagne. Deux hommes pour faire la course en tête, jeunes – ils sont tous deux quadras – et pour chacun, c’est le premier combat d’envergure nationale. Mais là s’arrête la ressemblance. François Hollande la joue plutôt modeste, voire besogneux. La conduite de la campagne, c’est lui. Mais tout se passe dans l’ombre de la popularité de Lionel Jospin. Son problème, autrement dit, est de passer du statut de candidat délégué à la notoriété personnelle, et cela sans risquer de perdre le leadership socialiste dans les sondages. Nicolas Sarkozy, lui, c’est plutôt l’homme des coups. En mal de légitimité chiraquienne, il s’invite par surprise chez les amis du président pour se faire adouber. Gêné par son concurrent UDF, François Bayrou, il court chez Giscard pour s’y faire approuver. Son handicap dans la campagne, c’est d’y arriver tard, remplacement au pied levé de Philippe Seguin oblige. Un problème, passé du statut d’intérimaire et remplaçant à celui de chef reconnu du RPR. Hollande, Sarkozy et quelques autres, quinze jours encore pour les départager. Et comme toujours, une bataille d’images entre les candidats, aussi bien pour le succès de leur liste que pour la réussite de leur propre carrière.