Texte intégral
Chers camarades,
A l'issue de notre congrès, que j'ai souhaité tenir à Brest et qui fut un congrès de rassemblement tourné vers les Français, je sollicite vos suffrages comme candidat à la fonction de premier secrétaire du Parti.
J'entends poursuivre dans la voie qui a été tracée par Lionel Jospin, je veux pérenniser les réformes, ouvrir plus encore le Parti sur la société et rassembler les socialistes autour d'un projet politique cohérent, élaboré collectivement, dans le respect de notre démocratie interne.
Le Parti socialiste, dans cette période cruciale, ne peut rester un simple spectateur. Le Gouvernement ne réussira pas tout seul. Nous devons être pleinement associés à la transformation sociale et à la réforme. Que l'on soit au Gouvernement ou dans l'opposition, notre fonction ne change pas nous devons produire des idées, anticiper sur les choix d'avenir, fournir des repères et indiquer des perspectives.
C'est pourquoi nous devons rester un parti de débat. Hier, ce travail nous a permis d'établir un programme suffisamment mobilisateur et réaliste pour provoquer l'adhésion des Français. Aujourd'hui, il s'agit de fournir aux socialistes et au Gouvernement, les éléments de leurs actions futures. Tout n'a pas été écrit le 1er juin et les socialistes doivent imaginer les solutions pour demain. Voilà pourquoi je propose d'associer directement les militants à cinq grands débats sur des thèmes aussi essentiels que l'éducation, la solidarité, le secteur public et la politique industrielle, l'aménagement du territoire et la Nation dans l'Europe.
En anticipant sur les choix, en prenant date, le Parti socialiste gardera ainsi la maîtrise de la politique qu'il soutient.
Mais il faut faire un pas de plus : notre parti doit être encore plus militant et, pour cela, nous devons convaincre, être visibles et porter le dialogue. Il faut nous tourner vers ceux qui ne se dirigent pas naturellement vers nous, c'est-à-dire les militants associatifs, les couches populaires, les jeunes, les femmes et les personnes issues de l'immigration. Ainsi, je souhaite notamment développer la parité entre les hommes et les femmes dans toutes les instances du Parti. De même, je vous propose de mettre en place un Comité économique et social représentatif de la diversité des forces associatives, sociales et culturelles.
Enfin, il faut se féliciter, pour notre démocratie interne, que les militants aient pu avoir le choix entre trois textes qui développaient des approches contradictoires. Le socialisme, c'est la démocratie, c'est le débat, c'est la liberté. Mais cela doit se faire dans le souci de la cohérence. Les militants se sont prononcés massivement. Ils ont soutenu dans leur très grande majorité la motion que je vous ai présentée. La clarté y a gagné sans que le rassemblement en ait pâti. Pour être un acteur de la transformation sociale, nous devons être forts. Pour être forts nous devons être rassemblés, unis dans le respect de notre diversité.
Je souhaite être le premier secrétaire de l'ouverture, du débat et du rassemblement.
FRANÇOIS HOLLANDE
Chers camarades,
J’ai décidé de présenter ma candidature à vos suffrages pour l'élection du premier secrétaire national de notre Parti. Je le fais dans la sincérité d'un engagement pris au parti refondé par François Mitterrand, et vécu sans relâche au cours des vingt ans que j'ai passé avec beaucoup d'entre vous dans toutes les batailles du socialisme. Pour notre parti, j'ai exercé bien des tâches, de la création d'une modeste section rurale au secrétariat national. Et c'est lui qui m'a fait l'honneur de me confier une part de sa parole au Parlement. Pour porter nos couleurs avec vous, j'ai couru le pays, de campagnes électorales en réunions de débat. Ainsi, pour moi, la France, ses visages, ses paysages et ses accents, c'est d'abord à travers cette part ardente et militante de notre peuple que je l'ai apprise, dans ma famille socialiste, la gauche, dans les soleils des bons jours et la cendre des mauvais.
A l'aube d'une phase nouvelle de notre belle histoire commune, nous le savons tous : pour la gauche unie revenue au pouvoir, rien n'est acquis d'avance. Beaucoup dépend aussi de nous, sur le terrain, là où la conscience politique se construit dans la vie quotidienne, là où les rapports de force sociaux prennent racine.
Je veux agir pour que notre parti occupe, en pleine indépendance, toute la place qui doit être la sienne, afin de mobiliser toutes les énergies disponibles dans notre société pour contrer les ravages humains de la mondialisation libérale.
Je suis candidat pour faire vivre une certaine conception du mouvement socialiste.
En Europe d'abord, puisque c'est là que se joue notre avenir. Je veux porter hautement et clairement au sein du Parti socialiste européen un message et une pratique qui privilégie l'action unie des forces sociales que nous représentons sur le continent, réhabilite le rôle de la confrontation sociale, affirme le combat laïque, et trace l'horizon d'une République européenne.
En France, la situation d'urgence sociale et politique de notre pays exige un parti tourné vers l'action autant que vers les débats. Les socialistes doivent être pleinement partie prenante du mouvement social et de l'action écologiste pour pouvoir à la fois porter leur parole en politique et contribuer à fortifier leurs combats. Ainsi, dans le contexte de la négociation historique sur les 35 heures, les socialistes doivent être aux avant-postes de la lutte contre la flexibilité et contre l'annualisation du temps de travail. Face à la menace du Front national, c'est à eux de militer, notamment pour l'interdiction de sa milice, et de doter de moyens d'action puissants les sections et les fédérations qui sont en première ligne. C'est à nous encore de prendre l'initiative pour reconstituer le front laïque qui fait si durement défaut aujourd'hui.
Pour moi, il faut faire vivre sans complexe l'identité du socialisme, telle que la résumait Jean Jaurès : « Le socialisme proclame que la République politique doit conduire à la République sociale », En France et en Europe.
« Là où il y a une volonté, il y a un chemin ». J'en suis.
Jean-Luc Mélenchon