Texte intégral
Mes chers amis
Mes premiers mots seront pour vous remercier, tous, sans exception. D'où que vous veniez, quelle que soit votre sensibilité, vous êtes des militants du Rassemblement pour la République. Il n'y en pas un seul ici dont nous n'ayons plus besoin qu'un autre et il n'y en pas un seul ici dont nous pouvons nous permettre de nous passer… et à cette tribune et dans la salle.
Je veux vous remercier parce que vous avez choisi d'être la, chaleureux, attentifs, disponibles, exigeants.
Je veux vous remercier pour notre famille politique dont vous êtes les héritiers et qui, tout au long de son histoire, a toujours su trouver les ressources pour susciter de nouvelles vocations au sein de la nouvelle génération. Mais bien sur que les candidats du rassemblement pour la République de demain aux municipales, aux cantonales, aux législatives, c'est ici qu'ils se trouvent. Exactement quand il y a dix ans, vingt ans, un certain nombre d'entre nous qui sommes aujourd'hui à cette tribune étions à votre place dans une salle qui ressemblait trait pour trait à celle que vous occupez aujourd'hui.
Je veux vous remercier parce que tout au long de ces deux journées nous avons tous sentis chez chacun de vous une formidable envie de relever les défis que doit affronter le RPR.
Vous avez soif d'action, vous avez faim d'aventures… Vous vous sentez de taille à surmonter toutes les difficultés ; et bien figurez-vous cela tombe bien ! J'ai comme le pressentiment qu'elles ne vont pas manquer.
La famille gaulliste a besoin que se lève une nouvelle génération de combattants. À chacun de vous de dire si vous voulez en être ! Sans état d'âme, sans faiblesse ! Avec passion, comme il se doit lorsqu'on décide de mettre sa vie au service d'un idéal politique, au service d'une grande cause qui, pour nous, ne peut être que celle de la France.
Que chacun d'entre vous comprenne que faire le choix de la politique ce n'est pas faire le choix de Monsieur ou de Madame « tout le monde ». La vie politique, mes chers amis, elle est plus difficile, elle est plus aléatoire, elle est plus ingrate que beaucoup d'autres. Nombreux sont ceux ici qui pourrait en témoigner. Et pourtant tout ceux qui ont épousé le combat politique comme je l'ai fait il y a bien des années n'ont jamais eu à le regretter parce qu'à l'ingratitude, à la force, au combat, à la ténacité répond la passion d'un idéal partagé. Il vous faudra y développer dans cette vie politique à chacune et à chacun d'entre vous des qualités de courage, de force, de ténacité que beaucoup à l'extérieur de notre mouvement jugeront hors normes. Et pourtant vous le pourrez si vous êtes assurés comme je le suis que nos idées sont justes et qu'elles finiront forcement par triompher. Cette nouvelle génération du RPR Que j'appelle de mes voeux, cette nouvelle génération que vous représentez, elle devra avoir bien sur toutes les qualités de ses devancières : l'imagination, l'enthousiasme, le coeur, le désintéressement… mais l'histoire vous a réservé, a réservé à chacune et à chacun d'entre vous un sort particulier et un sort exaltant : à ce moment de l'histoire de notre mouvement, celui de démontrer que votre volonté d'existence en tant que gaulliste est une volonté parfaitement indéracinable !
Pour vous ce sera une affaire de volonté, de choix assumé, pour d'autres c'était une affaire d'évidence.
Je veux également remercier chacun des orateurs qui se sont succédés pour débattre avec vous. Chacun a fait un effort sur cette tribune comme dans cette salle pour être présent, pour apporter son identité, sa diversité, son originalité. Et bien je vais vous le dire, nous aurons besoin bien évidemment de chacun d'eux. Pas l'un plutôt que l'autre, certainement par l'une contre l'autre. Mais pour une fois dans cette famille gaulliste unis tous ensemble comme un seul homme, comme une seule femme, pour que notre famille retrouve cet esprit de compagnonnage, cette religion de l'unité qu'elle a perdue trop souvent au long de ces dernières années, et qui explique tant de déceptions et tant de défaites.
Nous, mes chers amis, notre unité est un élément essentiel de notre identité. Ce que certains parmi les générations qui nous ont précédés n'auront pas su maintenir, il va nous falloir le réussir. C'est une question simple qui est posée à chacun d'entre nous. C'est celle de la vie ou de la mort, c'est celle de la disparition ou de la pérennité. Vivre ensemble, tous ensembles ou cesser de vivre, voilà la première des questions qui nous ait posé, voilà le premier défi qui nous est offert. Il n'y a rien pourtant d'insurmontable pour qui veut bien mettre de cote les rivalités, les jalousies, les petites haines recuites qui n'ont aucun intérêt et qui nous empoisonnent la vie depuis trop longtemps et qui doivent appartenir à un passe définitivement résolu. Puis-je vous faire partager cette conviction : si nous le voulons, nous le pourrons. Si vous le voulez, nous l'exigerons. Si vous le voulez, nous l'imposerons. C'est d'ailleurs bien parce que nous serons unis que nous pourrons retrouver cette culture du débat qui nous a trop fait défaut dans un passé récent. C'est la désunion qui empêche le débat, en le réduisant à des affrontements personnels.
Unis, nous n'avons rien à craindre du débat idées, de la confrontation des points de vue, et même de certains désaccords entre nous. Peu importe que nous ne soyons pas d'accord sur tout si nous sommes décidés une fois pour toute à additionner nos différentes comme autant de richesses plutôt qu'à se soustraire comme si nous étions adversaires politiques alors qu'à l'évidence aucun d'entre nous ne peut gagner sans l'autre. La société française est multiple. Le RPR n'a rien à craindre à être divers à la condition expresse qu'au nom de cette diversité personne ne remette en cause la volonté profonde de vivre ensemble.
Qu'il me soit permis un mot plus personnel à cet instant de mon propos !
Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve, vous réserve, me réserve. Le passé récent ayant été pour moi si riche en rebondissements inattendus… je vous prie de croire que tout ne fut pas une partie de plaisir, loin de là. Je me suis battu. Il le fallait bien. Je n'avais pas observe que les volontaires étaient innombrables. En votre nom, j'ai reçu des coups, j'ai été attaqué, je me suis interrogé, j'ai douté. Et comme il se doit pour un responsable politique quel qu'il soit j'ai remis en cause beaucoup de choses à titre politique, comme à titre personnel. Et pourtant, je vais vous le dire aujourd'hui, comme il y a 25 ans lorsque j'ai adhéré pour la première fois à la formation gaulliste, je suis heureux être parmi vous. Tout simplement parce que, moi aussi, je me sens l'un des vôtres. Je n'ai connu qu'une famille politique et je n'en connaîtrai qu'une seule : la nôtre. Ma place était d'être ici, justement parce que les temps sont difficiles. Et elle le restera, quel que soit le rôle qui sera le mien. Je voudrais d'ailleurs rappeler à ceux qui nous observent, étrange vie de la famille gaulliste, étrange pour ceux qui n'en sont pas et qui n'en seront jamais, j'ai passe comme d'autres ici plus de temps à être un militant qu'à être un dirigeant. Et je veux vous le dire parce que c'est le devoir de chacun d'entre nous, cela ne me gênerait nullement de revenir à la base et de laisser à d'autres le soin d'assumer les charges et les responsabilités qui sont aujourd'hui les miennes. Pas un seul parmi nous n'est propriétaire de son mandat, de ses responsabilités, de ses titres et de ses fonctions. Le moment venu, vous déciderez, vous choisirez et votre choix pour nous tous sera forcément le bon parce que cela sera le choix de la démocratie et qu'il est venu le temps que le RPR se comporte en formation politique authentique démocratique.
Depuis deux ans, c'est-à-dire depuis nos défaites aux élections législatives, les difficultés se sont multipliées. Chacun les a présentes en mémoire. Ce fut d'abord le malentendu persistant avec une partie de notre électorat devant la politique que nous mettons en oeuvre. Ce fut ensuite la division du RPR, l'échec aux élections européennes, la démission de Philippe, les oppositions entre les uns et les autres.
Et pourtant aussi étrange aussi étrange que cela puisse paraître, je suis venu vous dire parce que j'en suis convaincu que, de toutes ces difficultés additionnes, nous pouvons, nous devons, nous allons en faire une chance… Une chance mes chers amis parce que sans doute pour la première fois depuis 25 ans la possibilité nous est ainsi offerte de tout reconstruire à partir de la base, en quelque sorte à partir des fondations. Repartir tous ensemble pour reconstruire une famille politique moderne qui aura les moyens, parce qu'elle va se les donner, de réparer les erreurs accumulées depuis trop longtemps, de trancher les questions laissées de cote de peur de briser un faux unanimisme, de se débarrasser des mauvaises habitudes, celle de l'opposition souterrain refus du débat explicite. Mon idée est finalement assez simple. Nous n'avons d'autres choix aujourd'hui que celui de prendre des initiatives fortes et ambitieuses. Le pire risque pour notre famille politique est celui qui consisterait justement à ne pas en prendre. Le monde a changé. La France a bougé. Il est largement venu le temps de nous adapter, de nous moderniser. Rien dans la situation d'aujourd'hui ne justifie plus les prudences, les fausses pudeurs, les atermoiements et même les lâchetés du passé qui ont jeté un grand trouble dans notre électorat.
Il faut donc d'abord nous attacher à rebâtir un véritable discours politique avec un authentique programme de gouvernement. Trop souvent, il nous est arrivé de ne pas oser dire ce que nous pensions, ou alors de le dire si faiblement que cela en devenait parfaitement inaudible, à force de ne vouloir fâcher personne, nous avons fini par ressembler à personne. Et ceux que nous séduisions se réduisaient comme une peau de chagrin. Les exemples sont multiples. Qu'il me soit permis d'apporter ma contribution à ce débat. Je ne prétends pas que c'est la position de chacun mais je veux dire que c'est ma conviction.
Comment incarner la droite moderne et généreuse si justement nous nous interdisons de prononcer le mot « droite », parce que ce mot la ne plairait pas à un cénacle compose de gens qui n'ont jamais vote jamais pour nous et qui ne voteront jamais pour nous. Vous savez le combat qu'avec d'autres et notamment avec Philippe dans cette région que nous avons mené contre l'extrême droite. Comme vous, je veux dire mon horreur pour tout ce qui s'apparente aux théories de l'extrême-droite, à ses valeurs, à son discours, à son attitude, à ses comportements. Mais combien de temps va-t-on accepter de perdre la bataille idéologique face à la gauche avant même de la mener ? Nos adversaires politiques ne réclament avec fierté de la gauche, pourquoi donc devrions-nous nous excuser d'être de la droite moderne ? Je suis un homme de droite comme il en existe dans chacune des grandes démocraties d'Europe et du monde. C'est assez simple, pour retrouver nos électeurs, il convient de défendre les idées qui sont les leurs, pas celles de nos adversaires ou plutôt plus celles de nos adversaires. Car à ce petit jeu, on est perdant à tous les coups. Je n'ignore pas bien sur que la gauche a évolué, moins qu'on ne le dit parfois si j'en juge par le projet sur ces 35 heures centralisés, autoritaires et administratifs, moins qu'on ne le dit parfois si on en juge par ces augmentations d'impôts en rafale que nous connaissons depuis 1997, moins qu'on le dit parfois si j'en juge, n'en déplaise à M. Strauss-Kahn décidément si content de lui, il n'y a vraiment pas de quoi, si j'en juge par l'inflation des dépenses publiques. Bien sûr que la droite elle-même doit évoluer, mais cela ne signifie pas que la droite et la gauche sont de la même essence.
Ainsi encore notre discours sur la sécurité s'est trop si souvent empêtré de considérations sociologiques ou économiques, souvent empruntées au « préchi-prêcha » d'une gauche mondaine parfaitement déconnectée de la réalité de la vie quotidienne des français, qui ne supportent plus ces français qu'une minorité en tout impunité terrorise un quartier, saccage des transports en commun ou rende impossible la vie dans un lycée. Mais quelle signification, mes chers amis, peut bien avoir aux yeux de nos compatriotes les mots « autorité de l'État », lorsqu'on habite dans une cité où la police n'ose pas pénétrer ? Que veut dire les mots « autorité de l'État » lorsque l'on a peur quand sa femme ou ses enfants empruntent les transports en commun ? Que veut dire les mots « autorité de l'État » lorsqu'une famille doit faire des pieds et des mains pour éviter d'inscrire son enfant dans un établissement scolaire, où même les enseignants les plus motivés ont baissé les bras puisqu'ils ont l'impression, souvent justifiée, que décidément tout le monde s'en moque ?
Nous devons incarner ce souci de faire respecter l'autorité de l'État sur toutes les parcelles de notre territoire. Et c'est ainsi que nous retrouverons l'écoute des plus faibles, des plus démunis, des plus fragiles, des plus exposés. La reconquête des couches populaires de notre électorat, objectif justement évoqué par un grand nombre des orateurs qui m'ont précédé, elle ne se fera pas la reconquête des couches populaires si nous pratiquons une pale imitation des socialistes avec toujours plus d'impôts, de réglementations ou de redistribution pour achever de décourager ceux qui, dans notre pays, veulent entreprendre, innover, imaginer, oser. Nous reconquerrons ces classes populaires en étant ce que nous n'aurions jamais du cesser d'être, des hommes et des femmes qui veulent garantir la sécurité et la tranquillité des français quel que soit l'endroit où ils vivent, et quel que soit le statut social qui est le leur. Etre le porte-parole des plus pauvres, c'est leur garantir un même droit à la sécurité que pour les plus riches.
L'égalité des chances, mes chers amis, passe aussi par une égale sécurité pour tous. Et si pour arriver à ce résultat il faut punir, il faut assumer, alors nous n'avons pas d'autres choix que d'assumer. La pagaille, le laxisme, le laisser-aller n'appartiennent pas au panthéon de nos valeurs. Ayons le courage de rappeler que l'autorité, qu'une certaine forme d'ordre, la discipline, le respect, notamment des plus faibles, sont indispensables dans toute société qui se veut civilisée. Ces valeurs, j'en ai la conviction, sont éternelles, ne les abandonnons pas au profit de la mode d'un temps forcément éphémère.
Mais l'inverse, il m'est arrivé de nous trouver trop frileux sur les questions de l'immigration. C'est certain qu'il fallait contester avec force les régularisations massives et répétées de clandestins en situation irrégulière. Nous ne pouvons, nous ne pourrons pas accueillir sur notre sol national toute la misère du monde.
Mais je veux dire aux jeunes du RPR ma conviction que nous ne pouvons pas non plus rester insensibles à la détresse de ces deux malheureux jeunes Guinéens trouvés morts dans les conditions les plus sordides qu'il soit, dans le local à train d'atterrissage d'un Airbus. Ce sont des êtres humains, ils sont à nos portes, ils ressemblent aux enfants que vous aurez plus tard, à la toute petite différence pour certains d'entre vous de la couleur de leur peau. Nous devons aussi si nous voulons être à la hauteur du message gaulliste qui est le nôtre être porteurs de l'impérieuse nécessité d'une grande politique du développement et de la coopération. C'est notre devoir et c'est notre intérêt. Je veux d'ailleurs souligner combien Jacques Chirac à raison de montrer son intérêt, sa sollicitude, son ambition pour l'Afrique. Hélas, il est encore trop seul dans le monde des chefs d'État à penser et à agir ainsi. La générosité gaulliste ne doit pas, ne peut pas s'arrêter aux frontières de l'hexagone. La France est grande lorsqu'elle est porteuse d'un message universel, pas lorsqu'elle se recroqueville dans des préoccupations uniquement nombrilismes, égoïste, à courte vue et à court terme.
Préparer notre avenir, préparer notre avenir, c'est savoir se préoccuper de ceux qui n'ont rien, et que nous devons aider à accéder au progrès, au développement, au bien-être auxquels ils ont droit comme vos enfants aspirant également à y prétendre.
De la même façon, il me semble et c'est un défi considérable que nous devrons être plus attentifs à ceux qui portent aujourd'hui, qui incarnent aujourd'hui, les couleurs de l'équipe de France. Tout le monde a bien présent à l'esprit, au coeur, à la raison l'image de cette équipe de France de football avec les Zidane, Djorkaeff, Karembeu et tous les autres. Mais qu'avons-nous vu cette semaine à Séville pour le mondial d'athlétisme ? Qui portait haut les couleurs de la France ? C'est Eunice Barber, c'est Kader Klouchi, c'est Mustapha Essaïd ! Ils forment la même équipe de France que Jean Galfione. Elles sont aussi fières de chanter la Marseillaise et de porter les trois couleurs bleu, blanc, rouge qu'aucun autre. Parce qu'on est français non pas parce que l'on est né par hasard dans une famille de souche française, mais parce que l'on veut profondément être français.
La France est diverse, la France est multiple, la France est différente. Eh bien oui, mes chers amis, les Français le sont tout autant ! Et c'est parce que nous sommes différents, que nous sommes un grand peuple. Eh bien je veux le dire, reconnaissons qu'il nous est trop souvent arrivé de privilégier la France d'hier, ce qui nous a fait parfois oublier la France d'aujourd'hui. Voilà le second défi qui est le nôtre. Ces Français d'aujourd'hui devront trouver une place dans notre discours politique et dans le choix de nos candidats aux prochaines élections, notamment municipales. Ma conviction si nous voulons représenter la France, il va nous falloir apprendre à lui ressembler.
Notre idée et notre vision de la famille : eh bien, là aussi, il faut que nous sachions nous ouvrir, nous moderniser, nous actualiser ! J'aime idée de la famille. Je crois dans la famille et je suis d'ailleurs certain que nous ne faisons pas assez, pour aider les familles à avoir des enfants, à les éduquer, à les assumer. La famille est le socle de de notre société. Elle doit être défendue, promue, encouragée. C'est d'ailleurs mes chers amis la plus belle chose que je vous souhaite à chacune et à chacun d'entre vous : réussir sa famille parce que réussir sa famille, c'est réussir sa vie. Mais je vous le dis avec la même force, il nous faudra être plus à l'écoute et plus tolérants à l'endroit de ceux qui ont fait un autre choix, par exemple celui qui consiste à s'aimer en dehors du mariage, parce qu'eux aussi sont porteurs du même amour, de la même sincérité et de la même confiance dans l'avenir. Nous devons les associer à notre projet politique.
J'étais, chacun le sait, contre le PACS et je le demeure. On m'a d'ailleurs reproché à l'époque d'avoir été l'un des rares responsables politiques de formation politique à me joindre à ces milliers de familles qui défilaient contre le PACS parce que je pensais que ma place de responsable politique était d'être avec elles, notamment pour éviter qu'une fois encore, ces hommes et ces femmes qui ont nos idées ne soient récupéré par la présence de qui vous savez, qui profite toujours de notre absence, de notre démission et d'une certaine forme de lâcheté. Mais je veux le dire avec la même force et peu importe que ce que je vais dire n'est pas l'avis de chacun, je donne mon opinion pour ce qu'elle est, je regrette que nous n'ayons pas pu nous faire davantage entendre, nous faire davantage comprendre d'une communauté homosexuelle qui a parfois pu être blessée par ce qu'elle a cru entendre. Nous devons être à l'écoute de toutes les différences, parce qu'elles sont parfois synonymes de souffrances et qu'un gaulliste est par définition ouvert à toutes les souffrances. A quoi cela sert-il de se dire gaulliste et de rappeler cette phrase du général de Gaulle « la seule querelle qui vaille est celle de l'homme » mais c'est l'homme avec ses souffrances parce que l'homme avec ses bonheurs et avec ses espérances n'a pas besoin de nous, c'est les souffrances dont il s'agit.
Finalement, ici, se trouve bien l'essentiel. Il nous faut reconstruire un discours politique où chacun pourra se sentir concerné, considéré. C'est une grande erreur que de croire que les Français veulent être d'accord avec nous sur tous les points , ils veulent chacun être considérés ; et ils seront considérés parce que nous auront su les écouter. Il est là, notre projet social : un projet pour tous les Français.
Mais le social, ce n'est pas faire du socialisme. Ce n'est même pas scander le mot social comme une incantation. Le social c'est prendre le temps de s'adresser à tous les Français où qu'ils se trouvent, et quels qu'ils soient. Et le travail mes chers amis ne manque pas. Qu'avons-nous par exemple à dire aux enseignants dont la tache est colossale : éduquer. Leur place, c'est ma conviction, dans la hiérarchie sociale doit être à la mesure du rôle des enseignants. Et leur rôle est considérable. Il faut cesser cette dévalorisation, cette paupérisation, cette banalisation du métier d'enseignant. Il faut donc rompre avec tout ce qui y concourt. Cela veut rompre avec la gestion centralisée du ministère de l'éducation nationale où tout se décide rue de grenelle : ce ne sont plus des enseignants, ce sont devenus des numéros. Quant aux enfants avec le collège unique, on a oublié que chaque enfant est justement unique c'est-à-dire différent des autres.
Il faut rompre et avoir le courage de le faire avec la cogestion syndicale qui dans l'éducation nationale autorise tous les conservatismes, tous les archaïsmes, toutes les rigidités. C'est justement parce qu'il y a la mainmise syndicale que le monde de l'éducation nationale ne peut pas s'adapter. Et c'est au nom du changement, de la modernité et de l'adaptation qu'il faut rompre avec ses luttes logiques. Les syndicats sont des contrepoids parfaitement indispensables dans une démocratie. Mais chacun doit être à sa place et la place des syndicats ne doit pas consister à l'administration du corps des fonctionnaires dans notre pays.
Je n'accepte pas qu'un enseignant connaisse sa future affectation parce que le syndicat auquel il appartient lui annonce quelle sera son affectation avant même l'inspecteur d'Académie ou le recteur qui sont les représentants de l'État et du gouvernement ne le sachent lui-même. Il faudra rompre, mes chers amis, avec le nivellement et avoir le courage de dire qu'il y a des bons enseignants et des moins bons. Il faudra pouvoir récompenser et promouvoir les bons. Il faudra donc, en l'occurrence et a contrario, avertir et, s'il le faut, sanctionner les moins bons.
Ce que je dis aux enseignants vaut tout autant pour les millions de fonctionnaires nationaux, territoriaux, hospitaliers. Nous ne devons pas nous résoudre à laisser le monde de la fonction publique, n'est-ce pas Dominique, comme une clientèle captive d'une gauche ou de l'abstention simplement parce que, depuis si longtemps la droite a oublié de parler aux fonctionnaires, de s'adresser à eux, de leur réserver une place dans le projet politique qui est le sien. Nous ne survivrons pas si nous restons les seuls représentants des chefs d'entreprise, des agriculteurs, des commerçants ou des professions libérales.
Le général de Gaulle a été le génial inventeur de cette formidable idée qu'est la participation. Il faut l'actualiser. Notre projet social finalement est trouvé, Jacques : il s'agit que chacun puisse tenter sa chance et plusieurs fois s'il le faut. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi l'échec serait définitif alors que le succès ne l'est pas. Nous sommes le seul pays où un homme et une femme, où une femme qui connaît un échec dans son parcours professionnel est marqué d'une véritable étoile jaune et condamné à tout jamais à vivre dans l'échec. Non seulement il nous faut nous battre pour la politique de la première chance mais de la seconde et de la troisième. Le succès, j'en sais quelque chose, est provisoire… le moins qu'on puisse demander c'est qu'il en aille de même pour l'échec. J'ajoute que dans notre conception des choses, chaque homme est unique. Notre devoir sera de faire en sorte que chaque être humain puisse vivre sa vie comme une grande aventure. Il n'y a pas de petites vies. Il n'y a pas de petites gens. Il y a la vie. Il y a les hommes. Chacun se vaut, a les mêmes droits. Ce qui ne veut pas dire qu'à l'arrivée, il aura les mêmes choses. Là, réside la grande différence avec les socialistes. D'un côté, le nivellement. De l'autre, la promotion.
Je ne suis pas choqué et peut-être êtes choqué en le disant : il est normal dans notre société que certains possèdent davantage sue ce davantage est le fruit de leur travail, de leur mérite et de la récompense d'une vie de labeur. Le social ne veut pas dire l'échec pour tout le monde mais la réussite possible pour chacun.
De la même façon, l'assistanat généralisé auquel nous assistons dans notre pays : chaque année plus d'assistance, chaque année plus de redistribution, chaque année plus systématique. L'assistanat n'est pas une politique sociale. Tous simplement parce que notre projet social, à nous, ne doit pas consister à donner un minimum de ressources vitales parce qu'on ne vit pas et qu'on ne fait pas son projet de vie avec comme ambition ultime : « avoir le minimum ». Notre projet, c'est de donner à chacun les moyens de vivre et de faire vivre sa famille avec le fruit de son travail. Parce que c'est le travail une fois pour toute qui rend à l'homme sa dignité et c'est l'absence de travail qui l'aliène.
Bien sur, il y aurait encore tant et tant de chose à faire, à dire. Juste un mot, oui, il nous faudra réparer les pots casses avec une petite partie de nos électeurs ; je pense notamment aux professionnels de la santé. Il faut nous parler clairement. Le malentendu perdure. Le fossé ne s'est pas réduit aussi peu. C'est un très grave handicap pour nous. Nous ne pouvons nous le permettre.
J'irai ce mois-ci, au nom du RPR, au congrès de la plus importante des organisations de médecins. Il nous faut renouer le dialogue, et revenir aux valeurs qui sont les nôtres. Et je veux pouvoir leur dire que la responsabilité collective ne fait pas partie de notre panthéon même si la maîtrise des dépenses de santé est incontournable pour les professions de santé comme tout n'importe quel contribuable, associe social et citoyen français.
Il nous faudra rebâtir enfin une méthode d'action politique. La politique ne peut pas, ne doit pas, se vivre dans un cénacle ferme, aux codes ésotériques, aux pratiques archaïques. Il faut ouvrir le RPR. L'ouvrir à tous ceux qui veulent nous rejoindre, et qui doivent souvent emprunter un véritable parcours du combattant pour avoir le droit d'exercer les responsabilités les plus mineurs ou tout simplement la possibilité de prendre la parole.
C'est tous les jours que des bonnes volontés sont ainsi découragées, alors que nous en aurions tellement besoin. Le prochain et grand combat des municipales qu'est la prochaine grande aventure pour le rassemblement pour la République va nous donner l'occasion de fournir leurs chances à beaucoup de ceux qui veulent nous rejoindre. De promouvoir des visages nouveaux. D'attirer des femmes et des hommes qui, jusqu'à présent, ne venaient pas à la politique puisqu'ils se disaient que venir à la politique ne sert à rien puisqu'on peut ni prendre la parole, ni y agir, ni y peser dans le choix des décisions politiques.
Il ne faut pas craindre les talents. Il faut les promouvoir. La chasse qui constitue, dans nos circonscriptions, dans nos départements, dans nos régions et disons-le, au niveau national, à tuer toute tête qui dépasse et quand deux dépassent à organiser leur compétition doit être définitivement appartenir au passé et être une pratique révolue. Le RPR, ce ne doit plus être une tête mais des dizaines, des centaines, des milliers qui, à travers toute la France, incarneront notre idéal.
Nous le pouvons parce que pour nous l'élection présidentielle n'est pas un problème. C'est un des nôtres qui est à l'Élysée, et c'est celui-là qu'il nous faudra naturellement soutenir s'il décidait d'être à nouveau candidat. Oui, Jacques Chirac est notre candidat naturel. Nous n'en cherchons pas d'autres. C'est un atout majeur pour notre famille politique. Inutile d'organiser la compétition des talents et des rivalités pour un combat présidentiel que nous n'avons pas à engager puisque le choix en l'occurrence est déjà fait.
Et pour gagner le combat des législatives et des municipales, tous les talents seront nécessaires.
Oui, mes chers amis, le RPR peut donc avoir à sa tête une équipe qui sera l'armature de l'équipe de France, qui devra préparer l'alternance au socialisme et qui organisera la relève.
C'est donc un RPR réconcilié que j'appelle.
Cette nouvelle méthode d'action politique doit tout autant s'adresser à nos partenaires de l'opposition. Je veux le dire pour que chacun m'écoute, au-delà de ceux qui sont ici, personne ne pourra gagner seul. Nous avons besoin les uns des autres. Les autres ont besoin de nous. Et bien nous, nous aurons besoin d'eux. Nous sommes condamnés à nous entendre dans le respect de nos différences. Alors, autant le faire dès maintenant. Trop de temps a déjà été perdu. La majorité est en train d'imploser sous les pressions contradictoires et multiples d'une coalition gouvernementale de plus en plus hétéroclite. Alors, si le RPR et au-delà du RPR toute l'opposition donnait ce week-end le spectacle d'une opposition réconciliée, rassérénée, apaisée, décidée, mobilisée. Voyez-vous le formidable message que nous adressons en ce moment à l'ensemble de nos électeurs : tendre la main à nos partenaires de l'opposition est un geste qui témoignera de notre force, de notre confiance en l'avenir. C'est à nous qu'il revient de le faire puisque justement nous sommes la formation politique du président de la République.
Une période de deux mois et demi va maintenant s'ouvrir pour que chaque militant puisse choisir le nouveau président du RPR. Chacun sait les conditions dans lesquelles j'ai été amené à continuer à assumer les fonctions de secrétaire général. Quels que soient mes sentiments personnels, j'ai considéré que mon devoir était de ne pas démissionner, d'assumer aussi cette période de transition, quel qu'en est été la difficulté. Je n'avais pas le droit d'abandonner, de laisser tomber, de vous laisser tomber. Chacun voit bien ce qu'il en serait advenu d'ailleurs si je l'avais fait et si tous ensemble nous n'étions pas remis au travail dès le début du mois de juillet.
Aujourd'hui, notre mouvement est davantage apaisé. Oh ! Cela ne signifie pas que les problèmes sont réglés. Mais le mouvement peut aujourd'hui se permettre de laisser le débat prospérer. Il y a beaucoup d'hommes et de femmes de talent dans notre famille. C'est une chance, ce n'est pas une difficulté. Chacun d'entre eux, chacune doit pouvoir exprimer ses idées, son projet librement, simplement, sincèrement. Chacun est attaché au RPR comme je le suis moi-même. Ensemble, nous sortirons renforcés par ce débat.
J'ai lu beaucoup de choses ces derniers temps sur mes intentions supposées. C'est curieux : moins je voyais ceux qui écrivaient sur mes intentions, plus ils en écrivaient. Ces commentaires passent souvent à côté de l'essentiel, qui me soit permis de le dire. La question n'est pas de savoir ce que chacun d'entre nous veut faire, ce que je veux faire, ce que les autres veulent faire. La question, la seule : quel sera le devoir pour chacun d'entre nous ? J'ai la conviction qu'il est en effet venu le temps de se demander ce que chacun nous devons faire pour le RPR, et non ce que le RPR doit faire pour nous.
Que le mouvement donc s'exprime du plus profond de ses entrailles ! Que chacun fasse connaître son projet et ses ambitions légitimes ! Cet après-midi j'ai parlé. Durant ces prochaines semaines j'écouterai avec attention les uns et les autres. Puis viendra pour les autres comme pour moi le moment de la décision.
D'ici là, mes chers amis, retournez dans vos départements et annoncez la nouvelle : le Rassemblement pour la République est de retour !
Merci
(Source http://rpr.org, le 21 septembre 1999)