Texte intégral
LE FIGARO. - Comment expliquez-vous la mauvaise image du libéralisme dans notre pays ?
José ROSSI. - Elle reste à prouver. C'est la présentation caricaturale d'un pseudo-libéralisme, devenu le slogan du PS, qui en est à l'origine. Nous avons d'ailleurs commandé, pour nos journées parlementaires, une étude d'opinions sur le libéralisme dans l'action. Car nous avons la volonté de montrer que le libéralisme a une vocation sociale et humaniste, et s'inscrit dans une tradition nationale et républicaine.
LE FIGARO. - Après une campagne européenne dans laquelle vous avez choisi l'alliance avec le RPR, l'heure est-elle au « chacun chez soi » ?
- Au moment où les grandes formations de l'opposition recherche avec difficulté leur identité, on ne va pas constamment en appeler à la création d'un grand parti de droite. Le sujet n'est pas d'actualité, et ce type d'incantation est contre-productive. La campagne des élections européennes est derrière nous. Le groupe DL n'est pas l'appendice du RPR, et nous n'avons pas l'intention de nous faire plumer ! Nos liens avec le RPR se sont certes renforcés, mais nous ne constituerons pas pour autant un bloc privilégié avec les gaullistes. DL a l'intention de poursuivre le dialogue avec les démocrates chrétiens de l'UDF et avec les amis de Charles Pasqua. Car en vue des élections législatives, nous aurons besoin d'additionner nos forces et de rassembler tout le monde sans exclusive.
Grâce à l'affaiblissement du Front national, la droite peut, à travers ses différentes familles, couvrir un terrain électoral plus large, à condition que règne entre nous un climat de tolérance mutuelle. Si Charles Pasqua peut ramener dans le giron démocratique des électeurs souverainistes de droite, tant mieux ! Mais nous ne laisserons pas Charles Pasqua chasser seul sur les terres populaires.
LE FIGARO. - Y a-t-il une place sur l'échiquier politique pour les tenants du libéralisme ?
- D'un côté, le RPR cherche à retrouver ses racines, celles d'un gaullisme étatiste et bonapartiste. De l'autre, l'UDF incarne la démocratie chrétienne. Entre ces deux pôles, il y a à l'évidence un vaste espace pour un libéralisme moderne et réformateur. Nous laissons d'ailleurs la porte ouverte pour tous ceux qui se retrouvent plus volontiers dans la famille des républicains et indépendants.
LE FIGARO. - Sur quel terrain allez-vous travailler ?
- Nous voulons occuper le terrain du débat. Dès le début octobre, le groupe DL organisera un débat sur l'éducation, en relation étroite avec le parti, qui sera suivi d'autres, sur la justice, la sécurité, la santé... Chacun de nos 44 députés sera affecté à un secteur. Et bien sûr, les députés des groupes voisins seront associés à nos travaux. Nous allons par ailleurs développer les relations Internet entre le siège de Paris et les fédérations DL de province, travailler davantage en réseaux, avoir une démarche plus militante. Nous voulons aussi recruter des candidats nouveaux dans les circonscriptions reprenables à la gauche, en vue des élections législatives de 2001, et féminiser les candidatures.
LE FIGARO. - Afficherez-vous une unité parfaite avec vos partenaires RPR et UDF sur les principaux textes inscrits à l'ordre du jour de la session qui va s'ouvrir ?
- Notre conception de l'intergroupe parlementaire n'est pas d'aller vers des positions enrégimentées. Quand nos analyses seront différentes, nous les exprimerons en toute liberté, dans une attitude de respect mutuel. Sur les 35 heures notamment, il est clair que le groupe DL n'a pas la même vision que l'UDF et le RPR. Nous refusons ce cadre rigide, car pour nous, l'idéal de partage du travail n'est ni dynamique ni moderne. A notre époque, il vaut mieux se retrousser les manches, et bénéficier en contrepartie d'une politique sociale plus forte.