Texte intégral
Q - L'expérience de la semaine de quatre jours, avec quinze ans de recul, est-elle concluante à vos yeux ?
Ségolène Royal : « Bizarrement, aucune évaluation sur ce dispositif n'a jamais été faite. Je viens de demander à l'inspection générale de l'Éducation nationale d'établir un rapport pour le mois de décembre. Mais je constate que toutes les villes qui ont engagé cette démarche ne sont jamais revenues en arrière. C'est donc un signe de satisfaction. »
Q - Êtes-vous personnellement favorable à cette formule ?
- « Oui à condition qu'il ne s'agisse pas seulement d'un choix de confort pour les parents qui veulent profiter de leur week-end. Même si c'est un désir respectable, notamment pour les familles recomposées. Mais cela ne peut pas être la priorité de l'école. D'ailleurs, de plus en plus, les écoles qui en font la demande ont un véritable projet pédagogique : développer du soutien scolaire, des activités sportives, culturelles. J'ai donné des instructions aux inspecteurs d'académie pour que, partout où l'on souhaite aller vers la semaine de quatre jours, on soit ouvert à ces demandes, dès lors que l'organisation des rythmes scolaires est bien prise en compte. »
Q - Ce sont surtout les quartiers aisés et les secteurs ruraux qui ont adopté la semaine de quatre jours. En l'encourageant, ne craignez-vous pas de favoriser une école à deux vitesses ?
- « Le risque existe. C'est pourquoi j'ai créé un cadre nouveau, le contrat éducatif local, qui incite toutes les écoles d'un même secteur à organiser un projet et un calendrier scolaire communs. Avec les enseignants, les partenaires de l'école - parents et mairies -, y sont associés. Des crédits sont affectés à ces contrats, dont 10 000 ont déjà été signés, et ils sont prioritairement affectés à des zones défavorisées. »
Q - Dans quelques années, on ne travaillera donc plus le samedi matin dans les écoles françaises ?
- « Après tout, les adultes passent bien aux 35 heures, pourquoi ne pas faire profiter les enfants de cette tendance ? »
Q - Vous imaginez faire de la semaine de quatre jours le modèle unique de l'école du XXe siècle ?
- « En tout cas, ce modèle-là n'est pas à écarter. Mais je ne souhaite pas imposer une norme. La richesse des écoles maternelles et primaires est avant tout dans leur diversité. Cela ne me choque pas que toutes les écoles ne soient pas coulées, taillées sur le même moule, tout en restant dans un cadre contrôlé. J'encourage ainsi également les collèges à réfléchir à la possibilité d'un samedi allégé. On ira difficilement jusqu'à la suppression des cours le samedi dans le secondaire, à cause des contraintes d'emploi du temps. Mais il y a là aussi beaucoup à faire sur l'aménagement des rythmes scolaires... »