Article de M. Jacques Voisin, secrétaire général de la CFTC, dans "La Vie à défendre" de mai 1999, sur la réduction du temps de travail, notamment l'aménagement et l'organisation du temps de travail, les salaires et les conditions de travail et la représentativité de la CFTC dans les négociations d'accords de branche.

Prononcé le 1er mai 1999

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Texte intégral

Les 35 heures continuent à faire couler beaucoup d'encre. On le comprend facilement devant les défis à relever. L'emploi reste le premier de ces défis, c'est le sens de l'engagement CFTC dans les négociations tant au niveau des entreprises que dans les branches. C'est notre obsession, la réduction du temps de travail ne constituant qu'un moyen.

Mais, faciliter l'emploi dans l'entreprise c'est, nous le savons, regarder toutes les questions périphériques telles que l'aménagement et l'organisation du temps de travail, les salaires et les forfaits, les conditions de travail… Il y a là bien des risques et fort à faire pour intégrer à tout prix dans ce chapitre, notre deuxième revendication : l'harmonisation des temps de vie, vie professionnelle, vie sociale et familiale.

Rien enfin ne peut être fait au détriment des salaires notamment pour ceux qui sont les plus bas et sur ce point, les discussions sur le SMIC ou la baisse des charges avec les effets de seuil ne nous rassurent pas.

Tout ceci montre bien la nécessité de vraies négociations au plus proche des salariés, dans les entreprises. C'est le sens de notre engagement, conformément aux orientations du Conseil confédéral, dans la semaine d'action et d'expression commune avec le CFDT, la CGT et la CGC en regrettant la non participation de FO.

Il s'agissait de marquer des temps forts pour convaincre de l'importance de la négociation, seule façon de faire des salariés de réels partenaires dans l'entreprise. Il faut à tout prix que ces négociations soient équilibrées, c'est-à-dire ne pas placer nos représentants dans une situation qui leur soit défavorable : mauvaise convention de branche, chantage sur les conventions collectives. C'est notre exigence et la garantie qui permettra d'intégrer les besoins des salariés à ceux de l'entreprise.

Cette semaine d'action montre bien que sur l'essentiel, les organisations syndicales savent se retrouver et se rassembler ; que ces mêmes organisations ont aujourd'hui toutes compris que la négociation reste la seule voie possible. Elle montre aussi que la CFTC n'est pas, sur ce chantier majeur, d'un optimisme béat notamment au regard des résultats sur l'emploi, mais qu'elle est consciente des risques sur lesquels nous devons sensibiliser.

Le satisfecit que se donne volontiers le ministère de l'Emploi et de la Solidarité appelle des réserves. L'analyse des accords de branches et d'entreprise témoigne de la forte pression patronale et notamment dans le sens d'une plus grande flexibilité. Nous resterons donc exigeants et vigilants. Nous ne voulons que cette occasion de relance du dialogue social, d'amélioration de l'emploi et des conditions de vie se transforme en recul social, en particulier par le biais d'une précarisation des conditions de travail sans création d'emplois.

N'oublions pas enfin que la mise en place de la réduction du temps de travail est une occasion de développement pour notre organisation. Que ce soit par le biais de la création de nouvelles sections d'entreprise ou par le mandatement, la CFTC s'est implantée dans des entreprises de toute taille et notamment dans des PME-PMI traditionnellement dépourvues de présence syndicale. C'est ainsi un nouvel espace qui s'ouvre pour l'implantation de nos idées. Mais c'est aussi le meilleur moyen de prendre en compte les attentes des salariés de ces entreprises. Un nouveau défi…