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Robert Hue : « Pour réussir l’Europe, il faut la transformer »
Nous voulons réussir l’Europe. Parce que nous sommes conscients que nos destins sont liés. Et parce que nous voulons réussir le changement en France. Mais notre conviction est faite pour réussir l'Europe, il faut la transformer » a souligné Robert Hue dans son allocution de clôture. Les débats de cette journée « sont l'expression vivante que la réflexion critique sur l'Europe n'est pas un combat d'arrière-garde (...), mais bien au contraire qu'elle est un regard sur l'avenir, un regard constructif ».
L'expérience de l'Europe pour beaucoup de ses habitants c'est l'austérité, le chômage, la déréglementation, la domination des marchés financiers, la mise en cause d'un modèle social. » Or ils attendent de l'Union « qu'elle les aide à affronter les défis de la mondialisation (...), qu'elle les protège contre la loi des marchés ». Il faut donc unir les forces pour « contribuer à substituer aux rapports de domination des relations de codéveloppement ». C'est parce que nous sommes convaincus de la nécessité d'une Union européenne et de la possibilité d'intervenir pour la transformer que nous nous affirmons sans complexe « euroconstructifs », rappelle Robert Hue.
Les changements politiques intervenus en France « nous semblent devoir naturellement contribuer à ce mouvement ». « Ce qui m'a amené à proposer à Lionel Jospin que le gouvernement de la France engage les discussions avec les partenaires européens afin de rediscuter des priorités » européennes en mettant « au centre des discussions la première des préoccupations des opinions de nos pays : l'emploi ». « Le sommet extraordinaire de Luxembourg est une première réponse parce qu'il signifie aux yeux des opinions une obligation de résultats. » Il a buté sur « les exigences des marchés financiers ». Mais « une brèche est ouverte. Il ne faut pas la laisser se refermer ». Pour cela, il faut « articuler les politiques nationales avec des institutions communes permettant une utilisation socialement efficace de l'argent », précise Robert Hue en évoquant « la taxation des mouvements de capitaux, l'utilisation de la Banque européenne d'investissement, que nous lions pour ce qui nous concerne à notre proposition de coopération monétaire originale avec une monnaie commune articulée aux monnaies nationales ». « On nous dit l'euro fait la force. Mais en fait l'euro fait la force des marchés financiers », constate Robert Hue pour souligner qu'il est « bien légitime que les Français soient consultés par référendum sur un tel bouleversement ».
L'aspiration d'autres pays, d'autres peuples à être partie prenante à la construction d'une communauté englobant tous les pays d'Europe qui le souhaitent est parfaitement légitime », dit encore Robert Hue. Mais « on ne leur laisse d'autre choix que la soumission à des règles draconiennes fixées par l'Union européenne. Comment ne pas voir les dangers d'une telle conception dominatrice ? (...) S'inscrit-on dans une logique de mise en concurrence des salariés, de dumping social, de sacrifice des agricultures, ou dans une logique de codéveloppement ? C’est ensemble qu'il faudra traiter des conditions de cette étape absolument nouvelle ». La Conférence européenne « ne doit pas être une salle d'attente, pour faire patienter, mais un véritable forum où pourraient être élaborées des solutions aux problèmes communs ».
Dans le même temps, « la construction de l'Europe peut être une chance pour la paix ». Mais cela implique « qu'on se dégage des conceptions de la sécurité héritée de la guerre froide » au profit d'un édifice garantissant « la souveraineté et (...) la sécurité de tous par la substitution d'accords politiques et économiques aux rapports de forces militaires ».
Le secrétaire national du PCF « plaide pour un échange exigeant qui aide à surmonter les obstacles ». Dans ce contexte un colloque commun PC-PS est prévu début février sur « l'Europe et sa nécessaire réorientation ». Les communistes souhaitent contribuer « à l'information des Françaises et des Français sur les enjeux de la construction européenne et des échéances de 1998, et à l'instauration d'un véritable débat national ». C'est le sens de la campagne lancée avec « l'adresse des communistes aux autres citoyens ». « Nous voulons faire du 18 janvier prochain un grand moment de cette mobilisation citoyenne, pour un référendum sur le passage à la monnaie unique et pour la réorientation de la construction européenne, avec une manifestation nationale à Paris, place de la République », souligne Robert Hue en concluant : « Il s'agit de redonner du sens à l'Europe. L'ambition est grande. Mais, on l’a vu aujourd’hui, les conditions peuvent se créer du rassemblement des volontés nécessaires pour y parvenir.