Déclaration de M. Laurent Fabius, président de l'Assemblée nationale, sur les relations entre la France et la Hongrie, Paris le 1er décembre 1997.

Prononcé le 1er décembre 1997

Intervenant(s) : 

Circonstance : Visite en France de M. Zoltàn Gal, président de l'Assemblée nationale hongroise-réception à l'Assemblée nationale le 1er décembre 1997

Texte intégral

Monsieur le président,

Je suis heureux de vous accueillir au terme de deux années importantes pour la Hongrie : 1996 fut pour votre pays l’année de grandes commémorations, récapitulant son histoire, du millénaire de l’établissement des Magyars dans la plaine panonienne, au cinquantenaire de la proclamation de la République en 1946, au quarantième anniversaire enfin du soulèvement de Budapest.

La France et l’Europe ne sauraient oublier les combats de la Hongrie aux avant-postes de la liberté, société éprise de démocratie dans un monde alors cadenassé. Après ces combats, c’est aussi la Hongrie qui, en 1989, ouvrit une large brèche dans le Rideau de fer.

1997 est, pour vous, et aussi pour nous, l’année où notre futur commun a commencé à prendre figure puisqu’elle a marqué le début du processus d’entrée de la Hongrie dans l’Alliance atlantique et dans l’Union européenne.

Nous saluons aujourd’hui en vous, Monsieur le président, la Hongrie riche de son expérience, de sa culture et de sa vie hier tourmentée, aujourd’hui plus sereine, tournée vers l’avenir, et qui s’y prépare. Je ne me livrerai pas à l’exercice du panégyrique sur les performances de votre pays. Nous sommes bien conscients, en France, des efforts consentis par la Hongrie, des résultats déjà atteints par elle pour se rapprocher de ses partenaires occidentaux et pour cela nous la saluons.

La France s’honore d’être au premier rang de ces partenaires. Quoi de plus naturel qu’un dialogue étroit entre nos deux pays, qui comptent parmi les États les plus anciens d’Europe ? Le roi Étienne, qui fut couronné par un pape auvergnat, et Hugues Capet étaient contemporains. Depuis ces origines lointaines, les contacts et les échanges entre la Hongrie et la France ont été multiples, dans tous les domaines.

Pourtant, les relations franco-hongroises n’ont pas toujours été, pour des raisons diverses, à la hauteur des attentes de nos deux peuples. Je crois que votre Président de la République, M. Arpad Gonez, a déclaré un jour que la Hongrie éprouvait pour la France un « amour sans espoir ».

Cette expression était de nature à donner à la fois la fierté d’inspirer un tel sentiment et la mauvaise conscience de ne pas le payer de retour. Je voudrais vous assurer que ce temps est révolu.

Les conditions nouvelles créées depuis quelques années nous ont heureusement fourni la possibilité de diversifier et d’intensifier nos relations. Les perspectives désormais ouvertes nous invitent à les renforcer encore. C’est avec beaucoup de satisfaction que nous pouvons constater qu’au cours des deux dernières années, nos relations économiques et politiques se sont développées. Nous sommes déterminés à continuer dans celle voie et je me réjouis que par votre présence parmi nous, vous apportiez le témoignage de cette volonté commune de resserrer nos liens.

Je tiens donc il vous affirmer que l’attention, l’affection, sont aujourd’hui tout à fait réciproques, au point que c’est désormais sous le même toit  un toit européen  que nos deux pays entendent vivre.

Vive la Hongrie, vive la France, vive l’amitié entre la Hongrie et la France !