Texte intégral
Q - Vous êtes maire du 11e, député, président du groupe MDC au conseil de Paris. Au mois de juin, vous disiez qu'à l'Hôtel de ville c'était le grand bazar. Vous confirmez ?
– « Pour être précis, je crois avoir dit : « Le Bazar de l'Hôtel de Ville a changé de trottoir. »
Q - Et c'est toujours le cas ?
– « Eh bien, c'est le roman hein ! Ça s'accélère. D'un épisode on passe à l'autre. Mais si je voulais faire un commentaire politique je vous dirais que je trouve que J. Tiberi, d'une certaine façon, fait preuve d'un certain stoïcisme. Parce qu'enfin, d'après ce que j'ai lu, compris, l'essentiel des faits incriminés portent sur des choses qui, clairement montrent qu'il s'agissait de financer un parti politique, le RPR, qui avait, comme par hasard, un candidat à promouvoir à la présidence de la République. Dans le même temps, on le voit bien dans le contexte actuel, le maire de Paris – s'il est le maire maintenant – était à l'époque premier adjoint et il y avait un maire au-dessus de lui, un patron. Voilà cette situation équivoque dans laquelle nous sommes. »
Q - Est-ce que dans le fonctionnement actuel de la mairie de Paris il n'y a pas eu une sorte de nouvelle façon de gérer les logements et l'attribution de logements ?
– « Je dirais qu'il y a peut-être un peu plus de transparence mais il n'y en avait pas du tout avant, c'était l'opacité totale. Maintenant il y a un petit filet de lumière, c'est mieux, naturellement. Mais, et vous le voyez bien – j'ai dit : roman, roman-feuilleton, épisodes qui se bousculent – la mairie de Paris est bloquée, paralysée. L'administration est hésitante, elle ne sait pas ce que sera la suite. Donc il est temps, ça prendra encore quelques mois et un peu plus, qu'il y ait des élections pour que les électeurs tranchent. »
Q - A propos d'élections justement, on a vu – c'est une sorte d'estimation – un score très brillant des Verts sur la capitale. C'est vrai que vous, vous étiez handicapés puisque vous étiez sur la liste socialiste.
– « Comment ça, j'étais handicapé ?! »
Q - C'est difficile d'évaluer les forces du Mouvement des citoyens dès l'instant où vous étiez sur la liste exactement…
– « Oui, en tant que parti Mouvement des citoyens, nous avions fait le choix de nous rassembler de façon à ce qu'il y ait un pôle majoritaire dans le pays, de façon – et nous avons bien fait de le faire – qu'il n'y ait pas émiettement de la majorité présidentielle. »
Q - Vous n'avez pas l'impression…
– « Pas présidentielle, mais de la majorité plurielle. »
Q - Ça c'est un lapsus très révélateur…
– « J'anticipe peut-être, nous verrons. »
Q - Je ne sais pas, l'avenir nous le dira. N'est-ce pas justement une sorte de handicap ? Difficile de compter le Mouvement des citoyens aujourd'hui.
– « C'était un choix politique car nous avons cherché à préserver l'avenir ou plutôt à préparer l'avenir. Ce qu'il nous importe, c'est de réorienter la construction européenne. A partir du moment où, avec L. Jospin et certains socialistes, il est possible d'aller dans cette direction, eh bien nous jouons ce paris-là car il nous semble porteur. Qu'est-ce qui compte aujourd'hui ? C'est finalement permettre une politique qui fera reculer le chômage, créer l'emploi et plus encore. C'est là que la gauche est utile, parce qu'on peut se poser la question : à quoi sert la gauche aujourd'hui en France et en Europe ? La gauche a un sens, elle a une mission si elle est capable de s'opposer, de contrecarrer la mondialisation libérale avec son cortège de délocalisations, de fermetures d'entreprises, de chômage, ou bien alors de guerre commerciale – voyez ce qui se passe à propos du boeuf aux hormones. Il faut que la France soit indépendante, qu'il y ait un monde multipolaire, et puis, bien entendu, que l'on préserve les intérêts des Français et plus précisément des salariés. »
Q - D. Cohn-Bendit a dit, hier, qu'il ne visait pas du tout la mairie de Paris. Ca vous rassure ?
– « Je considère qu'il faut avoir avec ces Verts un vrai débat. Car ils préfèrent l'anathème plutôt que débattre. Avec eux, nous avons des désaccords de fond très profonds. Je prends trois exemples rapidement : ils disent « qu'il est interdit d'interdire. » Nous, nous disons : en société… ».
Q - C'était il y a longtemps ça.
– « C'était il y a longtemps mais enfin ce sont les mêmes ! "Il est interdit d'interdire" et donc nous disons : il faut qu'il y ait des règles. Par exemple, si vous conduisez en état d'ivresse ce n'est pas bien. Il faut des règles pour dire non. Deuxièmement, si on prend l'école : ils sont à la fois pour le « pédagogisme », le spontanéisme. Nous disons : l'école est là pour transmettre les connaissances, les savoirs et promouvoir la laïcité. Autre exemple : il ne faut pas alimenter les grandes peurs, les grandes frayeurs. Débattons au fond du nucléaire, des énergies. Eux, ils préfèrent l'irrationnel. »