Editorial de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, dans "Français d'abord" de la deuxième quinzaine de décembre 1997, sur la corruption et l'accroissement de la pauvreté, intitulé "Noël des Gueux !"

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Noël des « Gueux » !

Par un cruel paradoxe dont raffole notre époque, les affaires politico-maffieuses prospèrent en même temps que s’accroît la pauvreté. Jamais sans doute notre société n’aura connu un tel degré de corruption, jamais les scandales n’auront été si nombreux, jamais le gouffre entre l’insolente richesse des crapules la désarmante misère des humbles n’aura été si profond, et l’injustice aussi patente.

La Cour des comptes a récemment révélé dans son rapport annuel quelques « gâchis coûteux », « irrégularités graves », termes euphémiques pour évoquer les malversations d'un État aussi piètre gestionnaire que corrompu. De « gauche » ou de « droite », les gouvernements se suivent et se ressemblent. Plutôt que de punir sévèrement les voleurs en col blanc, plutôt que de « dégraisser le mammouth », ils préfèrent accroître la pression fiscale, pressurer le contribuable, cette éternelle vache à lait. C'est ainsi devenu une coutume pour les entreprises publiques que de laisser aux contribuables le soin de combler leurs pertes gastronomiques. Le Crédit Lyonnais, la SNCF, le GAN, Air France, le Comptoir des Entrepreneurs, Giat Industries, les Charbonnages de France, Thomson, Aérospatiale, le Crédit Foncier, la Marseillaise de Crédit, la Banque Hervet, à elles seules ces douze entreprises, totalisent un passif estimé entre 365 et 600 milliards de francs, soit une dette de 15 000 F par foyer fiscal. Et ce n’est là qu’une estimation minimale…

Or, à qui fera-t-on croire ces trous astronomiques sont dus à autre chose que des magouilles criminelles, rendues possibles par la complicité des plus hautes autorités de l'État ? Il y a des responsables à cette situation, des responsables techniques bien sûr, mais surtout des responsables politiques. Quand des dizaines de milliers de PME-PMI, artisans, commerçants, ferment leurs portes faute de crédits, quand des millions de chômeurs sont acculés à la misère et au désespoir, il est scandaleux que de tels détournements des deniers publics puissent se réaliser ainsi en catimini. En vérité, ce dont manque la France en matière de corruption, c'est de bataillons de juges. Et si les magistrats pouvaient réellement faire leur travail, c'est 90 % de la classe politique qui irait aussi sec sous les verrous !

Les voyous en col blanc laissent une dette de 15 000 F par foyer fiscal !

S'enrichir n'est pas condamnable, bien au contraire. La richesse crée la richesse, et l'économie de marché est la seule à même de satisfaire les besoins de tous. Toutes les expériences socialistes ont conduit au désastre. Mais s'enrichir en détournant ou puisant dans les fonds publics est criminel. Car ce sont ceux qui travaillent, produisent, inventent, qui en pâtissent, et c'est tout le pays, surtout les plus petits, les plus fragiles, qui en souffrent. Selon un rapport du Commissariat au Plan, chômage et précarisation touchent aujourd'hui 7 millions de personnes. La France s'enfonce dans un chômage massif persistant, et toutes les catégories sont exposées à une précarité croissante.

Tous les signaux sociaux sont aujourd'hui au rouge : on compte en France plus d’un million de bénéficiaires du seul RMI, et 3,3 millions de nos concitoyens (6 millions avec leurs familles), vivent, ou plutôt survivent grâce aux autres minima sociaux, minimum vieillesse, minimum invalidité, allocation adulte handicapé, allocation de parent isolé, allocation d'assurance-veuvage, allocation de solidarité spécifique, allocation d'insertion. Quand on sait, en outre, que près de 3 millions de salariés gagnent moins de 5 000 F par mois, on mesure l'étendue du naufrage social qui menace notre société, minée par l'illettrisme, la dénatalité, l'immigration, la violence, et tant d'autres maux. Comment s'étonner dans ces conditions que, selon une récente enquête du Figaro Magazine, une écrasante majorité de Français (84 %), estiment que la politique est en crise en France, et que la quasi-totalité (93 %), des personnes qui pensent qu'il y a une crise politique estiment que celle-ci « touche aussi bien la droite que la gauche » ? Voilà le prix de la corruption, voilà le résultat tragique, le bilan honteux que les politiciens corrompus, qui ont pillé les caisses de l'État, menti au peuple, l'ont trahi, bafoué, humilié, appauvri, et ont failli à leur mission, s'évertuent à le cacher. Voilà pourquoi, on diabolise Le Pen, et on bâillonne et persécute le Front national.

Au XVIe siècle, les gentilshommes flamands qui se liguèrent contre l'administration espagnole, choisirent par défi de s'appeler les « Gueux ». De leur révolte naquit en partie la puissance maritime des Province-Unies, et leur prospérité. Nous aussi, les parias du Front national, qui sommes les « Gueux » des temps modernes, nous qui sommes les filles et les fils de France, nous voulons retrouver notre dignité et notre rang. Nous levons l'étendard de la révolte pour réveiller notre peuple, lui rendre sa fierté et son honneur, l'espoir et le courage. Aussi, en ces jours de fin d'année, où la lumière est au plus bas, où la misère et l'injustice apparaissent encore plus insolentes, c'est d'abord à mes compatriotes les plus démunis, à ceux qui sont dans la détresse, à nos prisonniers aussi que je m'adresse. Je veux qu'ils sachent que c'est pour eux que je me bats depuis tant d'années, avec tous les cadres et militants du Front national, pour qu'ils puissent vivre debout, tête haute et mains propres.

À mes compatriotes dans la détresse

Parce que Noël est la fête de la joie et de l'espérance dans les cœurs et dans les âmes, et parce que le Solstice d'hiver annonce le retour de la lumière et la promesse du printemps, je vous souhaite joie, santé, bonheur à vous, à vos familles, à la France.