Texte intégral
Déclaration du 14 juin 1999
Il faut dire les choses comme elles sont : le résultat de ces élections - avec une abstention record - est un revers pour l'Europe ; un revers pour la démocratie.
Cela concerne toutes les formations politiques ; toutes les listes. Nous n'avons pas réussi à convaincre les Françaises et les Français de l'importance et de la nécessité de leur vote.
Il y a à cela plusieurs raisons.
On pense d'abord à la guerre déclenchée en pleine campagne électorale. Elle a souligné les insuffisances, les incohérences, les injustices de la construction en cours dans l'espace européen.
Par ailleurs, les politiques menées en Europe depuis plusieurs années, en ignorant les citoyens, voire en les méprisant, ne les ont-elles pas conduits à s'abstenir massivement ?
Enfin, il faut mesurer l'effet terriblement négatif de la publication, à la veille du scrutin du « manifeste » libéral de Tony Blair et Gerhard Schröder. Les deux principaux dirigeants sociaux-démocrates européens ont dit brutalement « non ! » à celles et ceux qui voulaient peser en faveur d'une Europe sociale !
Cela a favorisé l'abstention à gauche. Les électeurs socialistes les plus « libéraux » ont pu choisir, avec Daniel Cohn-Bendit le candidat le plus en phase avec les sociaux libéraux dominants en Europe. Dans le même temps, les scandales dans l'agro-alimentaire ont favorisé un vote se réclamant de l'écologie. Ce qui implique le score de la liste des Verts.
C'est dans ce contexte que j'apprécie le résultat de la liste·« Bouge l'Europe ! ». Il aurait certes pu être meilleur en d'autres circonstances. Il n'est pas à la hauteur de nos espérances. Cela dit je note qu'il est le résultat d'une formidable campagne de toute une liste, unie dans sa diversité. Je remercie les électrices et les électeurs qui ont voté pour cette liste et toutes celles et tous ceux, candidates et candidats, militantes et militants qui ont contribué à ce résultat. Cette campagne ne sera pas sans lendemain. A l'heure actuelle et cela peut continuer à bouger, notre résultat est légèrement supérieur à celui de 1994.
Notre liste devance - c'est à mes yeux très important - celle de Le Pen.
Non, il n'y a pas eu de vote « censure » contre le Parti communiste ! Au contraire, tout nous encourage à poursuivre dans la voie d'un lien plus fort et plus étroit avec le mouvement social dans sa diversité ; pour une autre façon de faire la politique ; et pour ancrer à gauche la politique en France et en Europe. C'est dans ce sens que nous allons poursuivre nos efforts.
Parti communiste français
Déclaration du 20 juin 1999
Cher(e) Camarade,
Les communistes ont entrepris l'analyse des résultats des élections européennes. Le Bureau national y a consacré une longue réunion. Plusieurs comités fédéraux, des comités de section, des réunions de cellules, des assemblées d'adhérents ont eu lieu. D'autres vont se tenir dans les prochains jours. Et je souhaite que les travaux de notre Comité national contribuent à un élan vigoureux de la réflexion de chacun et de tous, de la discussion. Il s'agit, en effet, de comprendre - le mieux possible, et pour cela au plus près du « terrain » - ce qui s'est passé. Et bien sûr d'en tirer les conséquences.
Je mesure l'émotion des communistes, de celles et ceux qui nous ont soutenus, de nos électrices et électeurs, devant le résultat - trop en deçà de ce que nous espérions - de la liste « Bouge l'Europe ! » que je conduisais. Je ne la mesure pas seulement : je la partage. D'autant plus que la campagne menée par tous les candidats et candidates, par les militantes et les militants, par toutes celles et ceux qui s'y sont impliqués a été, à bien des égards, exceptionnelle.
Je suis donc particulièrement à l'écoute de ce qui se dit, des remarques qui sont faites, des premières conclusions qui sont tirées. D'abord - cela va de soi – par les communistes. Et c'est dans le même esprit, que j'ai réuni les candidates et candidats de notre liste. L'abondant courrier que je reçois contribue aussi à ma réflexion. Il constitue d'ailleurs un précieux encouragement. J'ajoute que l'expérience qui a été la mienne au cours de ces derniers mois si intenses compte évidemment dans l'opinion que je me forge.
Tout cela n'est déjà pas mince. Je souhaite encore l'enrichir. La réunion de notre Comité national va y contribuer. C'est pourquoi - et afin de favoriser les débats que nous devons y avoir - j'ai tenu à m'adresser à chacune et chacun de ses membres. Pour dire, simplement, où j'en suis, l'état d'esprit qui est le mien, les questions que je me pose, les pistes que je suggère d'explorer pour l'avenir. Si, en effet, la responsabilité de chaque membre du Comité national est engagée, celle du secrétaire national l'est de façon tout à fait singulière.
Cette démarche est inhabituelle. Mais il me semble que la situation l'exige. Et, tu l'auras compris, je souhaite qu'elle permette le plus libre et le plus riche apport de chacun à notre réflexion commune.
Par ailleurs, nous envisageons, conformément à nos statuts, de tenir le trentième congrès du parti au début de l'année prochaine : en février 2000. Rien n'est évidemment décidé quant à sa préparation. Mais la date approche et nous nous devons d'y réfléchir. C'est pourquoi - et afin, là encore, de favoriser la discussion - je tiens à faire part de premières idées sur les orientations qui pourraient être les nôtres. Elles découlent des questions qui nous sont posées et que le récent scrutin a mis en évidence. C'est pourquoi je les évoque dans cette lettre. Il est crucial que les communistes décident souverainement de tout ce qui concerne leur congrès. Je pense donc que le Comité national devrait dès à présent lancer une consultation des communistes, la plus large et la plus approfondie possible, pour qu'ils définissent la façon dont ils souhaitent préparer leur congrès et les questions qu'ils souhaitent y discuter.
Je reviens aux questions qui m'apparaissent posées à nous au terme de cette campagne. Je m'en tiendrai, pour le moment, à trois d'entre elles.
En premier lieu, et bien des camarades le notent dans la discussion, la difficulté que nous avons rencontrée pour convaincre de l'utilité du vote en faveur de notre liste pour « ancrer à gauche » la France et l'Europe tient pour beaucoup au fait que nous n'avons pas su donner l'idée - et la faire vivre - d'un projet concret d'alternative au libéralisme. C'est la question de la crédibilité de notre politique qui est ici posée.
Cette question est importante. Je me suis efforcé pour ma part d'avancer en ce sens avec mon livre « Communisme : un nouveau projet ». Et, dès que les circonstances qui pesaient sur la campagne (guerre au Kosovo, etc...) l'ont rendu possible, j'ai tenté de conjuguer, en matière d'emploi notamment, à la fois propositions, concrètes et vision d'avenir. D'autres candidats se sont également investis en ce sens. Mais force est de constater que nous n'avons pas su faire voir autrement qu'opposés l'un à l'autre les différents aspects complémentaires que suppose notre stratégie : proposition immédiate et visée d'avenir, primauté au mouvement social et participation au gouvernement, contestation et construction, contre l'Europe actuelle et pour une construction européenne réorientée, ouverture à la société et identité communiste d'aujourd'hui,... A l'évidence il y a là une difficulté qui tient non pas tant à la conception - c'est la stratégie que nous avons définie à nos derniers congrès - qu'à son maniement concret dans les faits, à notre capacité à la faire vivre.
En deuxième lieu, des remarques sont faites à propos de la liste elle-même. Son aspect profondément novateur n'est généralement pas mis en cause. Mais beaucoup remarquent qu'il a été victime d'un effet de « brouillage » au regard de l'opinion du fait de la guerre au Kosovo. On ne peut certes que le constater et le regretter. Mais ne faut-il pas aller plus loin ?
Dans notre esprit - et nous l'avons souligné lors d'une session du Comité national - cette liste dite « à double parité » était tout autre chose qu'un « coup » médiatique. Son manifeste de constitution l'affirmait clairement : elle se voulait réponse à la « crise de la politique », recherche d'une nouvelle manière d'en faire, tentative d'articuler de façon inédite les exigences du mouvement social et sa capacité à les faire entendre en intervenant au plan politique. Sa constitution pourrait-elle être considérée comme « trop en avance », alors que la coupure société-politique est bien réelle (l'abstention encore en hausse cette fois ci le confirme a posteriori), ainsi que la nécessité de trouver de nouvelles réponses à cette autre coupure, particulièrement stérilisante, entre mouvement social et intervention politique ?
Pourtant la vie a montré qu'il existait une contradiction au sein du mouvement social lui-même (et ses différentes organisations) entre la nécessité, pourtant ressentie, de pouvoir s'exprimer dans le champ politique (voire d'y prendre des responsabilités) et une culture qui s'y oppose (voire même des dispositions statutaires qui l'interdisent).
Notre liste a contribué à « mettre le doigt » sur cette contradiction et à ouvrir des pistes pour la surmonter. Elle s'est bien battue. Et si j'ai un regret à formuler, c'est que nous n'ayons pas pu aller au bout de cette démarche. Lors de la constitution de la liste en effet une partie des·acteurs du mouvement social sollicités et désireux de s'y impliquer n'ont pu le faire, ce qui n'a pas aidé à rendre plus « visible » l'esprit qui nous animait, notre volonté d'avancer dans la voie d'une solution réelle au problème posé par la crise de la politique et par les attentes du mouvement social.
Par ailleurs, je suis sensible au fait que beaucoup de communistes - et pourquoi ne pas le dire : une majorité de communistes - ont le sentiment de ne pas avoir été correctement informés et consultés à propos de la constitution de cette liste si nouvelle et originale par rapport aux habitudes. Elle a pu ainsi apparaître comme une décision de « sommet » purement « électorale », sans rapport avec leur propre réflexion sur la politique, voire comme dangereuse pour « l'identité communiste ».
Pourtant nous avions bel et bien décidé de consulter le Parti à propos de sa constitution. On peut certes invoquer les circonstances et la rapidité avec laquelle les échéances nous imposaient de décider. Ne convient-il pas plutôt pour l'avenir de réfléchir à l'organisation du Parti, à son mode de vie, à ses façons de travailler, aux rapports entre responsables et adhérents ? Ne faut-il pas chercher là les raisons d'une consultation souvent formelle et trop limitée ?
A cet égard, permettez-moi de renvoyer à ce que j'ai écrit aux dernières pages de mon livre, dans ce que j'ai appelé « le dixième chantier du projet communiste : quelle organisation des communistes pour le XXIe siècle ? ». Il y a là évoquées, me semble-t-il, quelques questions sur le Parti, sur ce qu'il est, sur ce qu'il doit devenir pour conquérir les moyens de ses ambitions, sur la fonction communiste moderne dans une société comme la nôtre… des questions auxquelles nous devons, je pense, consacrer notre réflexion en y associant étroitement tous les communistes.
En troisième lieu, évoquant les enseignements qu'il convient de tirer de cette campagne, des camarades notent une « distorsion » entre la démarche novatrice qu'a été celle du Parti en construisant la liste « Bouge l'Europe ! » et des pratiques politiques réelles, des habitudes bien ancrées, donnant du Parti une image bien différente de sa démarche, voire contredisant celle-ci dans les faits. Pour les expliquer, on invoque parfois « une résistance à la mutation ». Elle peut être en certains cas bien réelle. Mais ces cas sont limités et peuvent à mon sens être surmontés par le débat et le sens de l'initiative. Et comment oublier que, dans leur grande majorité, les communistes ont choisi ? La « mutation », ils sont pour, ils veulent la poursuivre et l'approfondir. Ils ont de l'ambition pour leur parti qui doit peser davantage dans la vie sociale et politique, au sein de la gauche. Ils veulent du souffle, du dynamisme, de l'enthousiasme, de l'espérance, du rêve. Ils veulent que leur Parti soit communiste et communiste à la façon d'aujourd'hui, pour répondre aux enjeux du siècle qui vient, ce que résume précisément le terme de « mutation ».
La question de la mise en oeuvre concrète de la mutation leur est évidemment directement posée, à eux, les adhérents du Parti, mais elle l'est avant tout à nous, les responsables du Parti à tous les niveaux. Et la question est en fait, me semble-t-il : pourquoi ne parvenons-nous pas davantage à impulser de nouveaux rapports stimulants et féconds entre communistes et « société », à construire de nouvelles politiques d'ouverture, d'écoute, de débat et de travail avec d'autres dans le respect de leurs convictions et la recherche commune de projets, de constructions, de propositions nouvelles ?
Là encore, ce sont des problèmes relevant de la conception et de la vie même du Parti qu'il faut évoquer : la circulation de l'information, l'écoute des communistes, la libération de leur créativité, la stimulation de leur expérience, la nature même de ce que doit être aujourd'hui l'exercice de responsabilités dans un Parti communiste moderne. Nous devons les prendre à bras le corps. Non seulement « par le haut », « entre responsables », mais dans un vaste débat avec tous les communistes. Et pour surmonter avec eux ce qui ne va pas, en trouvant ce qu'il faut faire.
Tu le vois, cher(e) camarade, j'ai le sentiment que nous sommes à un tournant. Comme je l'ai déjà dit, il faut que nous « bougions », sinon la société et le monde « bougeront » sans nous. Et ce ne sera pas dans le bon sens.
Cela suppose un vaste débat dans le Parti. Un débat sérieux et approfondi. Je ne voudrais pas que la discussion suscitée par notre résultat, avec l'émotion légitime qu'il provoque, soit sans lendemain. Que peu à peu « la vie reprenne son cours » et que, la période estivale aidant, nous retournions à la routine.
J'ai parlé de « débat sérieux et approfondi » avec tous les communistes. Il faut le susciter, l'organiser, le déployer avec audace. Il faut surtout se décider à en tirer les conclusions. Certaines peuvent l'être sans délai. Et pour d'autres les communistes en décideront lors du prochain congrès du Parti. Il ne faut pas tricher avec eux. Ils se posent des questions bien réelles. Ils sont mécontents de certaines attitudes, de certaines pratiques et c'est légitime. Ils souhaitent une identité communiste moderne et humaine, un Parti communiste, novateur et attrayant. Eh bien, j'estime de mon devoir de faire en sorte de peser de tout mon poids pour que l'on discute de cela lors de ce congrès et lors de, sa préparation. C'est le sens de la consultation que j'ai évoquée au début de cette lettre, et qui m'apparaît indispensable.
Si nous la décidons, cette consultation (j'y insiste : la plus large et la plus approfondie possible) va se déployer dès les jours, dès les semaines qui viennent et reprendra à la rentrée de septembre. Elle se déroulera naturellement à partir des questions qui sont apparues dans la campagne qui vient d'avoir lieu et qui sont posées par le score que nous avons obtenu. Sans anticiper sur ses résultats, ni sans vouloir le « corseter » en quoi que ce soit, il m'apparaît utile, à la place et avec les responsabilités qui sont les miennes, de proposer quelques pistes. Elles n'ont d'ailleurs rien de « mystérieux » : elles découlent des réflexions que m'inspire la période que nous venons de vivre.
Ainsi - c'est un premier point - il m'apparaît nécessaire d'avancer dans notre réflexion sur la question de l'alternative que nous proposons au « libéralisme » et au « social libéralisme ». Au plan du contenu d'un nouveau projet communiste à construire en liaison avec les problèmes concrets posés à notre peuple. Quelle société voulons-nous ? Quelle place de l'individu ? Quel rôle pour l'individu dans cette société ? Quelle conception de la vie sociale, en rapport avec les problèmes mais aussi les potentiels de la société française moderne, avec la croissance de la ville, le brassage des populations, les flux migratoires, etc... ? Quel « lien social », quel projet collectif dans cette vision d'un « nouveau communisme » enthousiasmant et mobilisateur qui doit être la nôtre ?
Et au plan de la stratégie politique. Une stratégie politique qui prenne bien en compte la société telle qu'elle est et telle qu'elle change aujourd'hui. Une stratégie politique qui réfléchisse aux rapports de force existants, à la manière de faire grandir et prévaloir des idées, des propositions sans être en position dominante dans les institutions ni au sein du gouvernement et de la majorité. Une stratégie politique qui parvienne à faire vivre de nouveaux rapports entre « mouvement social », « exigences citoyennes » et intervention dans le champ politique. Une stratégie politique qui puisse dynamiser la situation, doubler la révolte et la contestation d'une perspective et d'un espoir, susciter l'élan d'une intervention citoyenne plus résolue, d'initiatives combatives et rassembleuses. Une stratégie politique qui s'emploie à faire progresser l'exigence de la transformation sociale en lui ouvrant de nouveaux terrains, de nouvelles luttes.
De même - et c'est un deuxième point, indissociablement lié au premier - il me semble que quelques questions-clés méritent un travail d'élaboration collective de tout le Parti pour donner sens et consistance à ce que pourrait être la transformation sociale que nous voulons, la « priorité à l'épanouissement de l'être humain » que nous préconisons, la « logique nouvelle », que nous appelons à faire prévaloir comme « règle du jeu » de la société.
Par exemple, nous avons beaucoup réfléchi, au dernier congrès et depuis, à ce que nous appelons une « sécurité d'emploi et de formation ». C'est une véritable question de société, qui doit être approfondie dans tous ses tenants et aboutissants - qu'il s'agisse de problèmes de financement comme de ceux relatifs aux droits sociaux et démocratiques nouveaux qu'elle implique. Ne convient-il pas d'aller plus dans le concret, de donner à cette idée une, forme plus précise et plus identifiable pour qu'elle puisse alimenter des mobilisations, des rassemblements ? De même nous proposons de faire vivre une « démocratie de participation » dont nous devons préciser les contours, en liaison avec la question des droits nouveaux à conquérir, avec celle de la souveraineté populaire, de « la nation » et de son devenir aujourd'hui dans le cadre de « la mondialisation » et des réalités nouvelles de la construction européenne.
On le ressent bien, sur ces questions un travail d'élaboration est nécessaire, dans l'ouverture aux apports les plus divers et les plus riches, dans les dialogues citoyens, dans le débat et l'initiative combative pour faire pièce à la « déferlante libérale » et à son accommodement « social libéral », pour construire pas à pas une alternative au quotidien, donner vigueur à l'interrogation sur la visée d'un « nouveau communisme ».
Enfin - et c'est un troisième point - il y a l'ensemble des questions qui tiennent à ce qu'il faut modifier dans le Parti lui-même - dans sa vie, dans ses modes de fonctionnement et de décision, dans son ouverture à la société, dans ses capacités d'expression et d'initiative - pour qu'il puisse se renforcer et jouer pleinement son rôle, pour que les communistes puissent s'y sentir à l'aise, pour que la société puisse y reconnaître un levier permettant de contribuer à son mouvement et à sa transformation par une pratique motivante de la politique. En d'autres termes, pour, que la mutation puisse s'amplifier et réussir. Je suis convaincu qu'il y a là beaucoup à faire et que ces problèmes devront tenir une place primordiale dans la préparation, la tenue et les suites de notre prochain congrès.
Au vu des idées qui s'expriment dans la discussion menée sur les résultats des élections européennes, je pense qu'une telle réflexion est indissociable de celle visant à créer les conditions du rassemblement et des initiatives de ce que nous avons appelé « la force communiste », et de ces millions d'hommes et de femmes qui ne se retrouvent pas dans la politique telle qu'elle est aujourd'hui pratiquée, qui partagent notre volonté de changer le cours des choses et de promouvoir des avancées de civilisation. Indissociable et essentielle : c'est de notre capacité à bouger le Parti pour qu'il soit bien la formation communiste moderne et dynamique que nous voulons que dépend la possibilité qu'il joue un rôle initiateur et moteur pour la mise en mouvement de cette « force communiste ».
En ce sens, je dois dire que tous les candidats de la liste « Bouge l'Europe ! » ont émis le voeu que l'expérience si fertile qui s'est engagée ne s'arrête pas avec l'élection. Je dois t'informer - et informer le comité national - qu'en réponse à ce souhait, je leur ai proposé de réfléchir au prolongement de la dynamique que chacun d'eux ressent - même si elle n'a pas pour l'heure, loin s'en faut, donné les résultats escomptés - sous la forme d'une association qui pourrait s'intituler : « Bouge la gauche ! ». Et qui pourrait se donner comme base une charte de même esprit que le manifeste ayant permis la constitution de la liste, c'est-à-dire d'orientation antilibérale, de volonté citoyenne, d'objectif transformateur. Bien entendu, les communistes doivent aussi en discuter, en liaison avec les hommes et les femmes, nombreux qui se sont engagés avec cette liste, notamment dans les nombreux comités d'animation ou de soutien créés durant la campagne.
Cher(e) camarade,
Chacun mesure, je crois, l'importance du prochain congrès de notre Parti. Il doit être un grand moment d'ambition, de novation, d'audace, d'ouverture. Il doit permettre une avancée décisive dans la définition d'un nouveau communisme de notre temps, d'une organisation communiste du XXIème siècle. Il doit être également un événement à la hauteur des attentes de notre peuple, des espoirs de celles et ceux qui sont intéressés par nos efforts et nos initiatives, des idées de celles et ceux qui comme nous veulent du neuf en politique.
Il n'en sera ainsi que si tous les communistes s'y impliquent. C'est dans ce but que je propose de les consulter. J'ai, pour ce qui me concerne, fait part de mes réflexions actuelles; Je souhaite que chacune et chacun des membres du Comité national puisse faire de même. Et c'est à partir de là que nous pourrons définir, avec les communistes, les modalités les mieux à même de permettre l'organisation et le déploiement de la discussion préparatoire au congrès et des formes que pourrait prendre le congrès lui-même.
Telles sont les remarques que je souhaitais te faire connaître avant la tenue de nos travaux. Encore une fois, je souhaite qu'elles contribuent à leur richesse.
En te remerciant pour ton attention, je te prie, cher(e) camarade, de croire en mes fraternelles amitiés.