Texte intégral
« J'ai la conviction que le PCF doit être un parti différent de celui des décennies précédentes. Je le pense profondément. Et dire cela, ce n'est pas dénigrer le passé ou, pis encore, le renier. Il ne serait pas digne d'insulter le passé. Mais il serait suicidaire d'insulter l'avenir !
Je l'ai dit, nous voulons agir en faveur de la transformation sociale, ouvrir la perspective d'une société débarrassée de l'exploitation et des aliénations que fait peser sur elle le capitalisme. Et pour cela, oui, il y a besoin d'un Parti communiste dans la société française.
Un parti pleinement communiste, c'est-à-dire résolument anticapitaliste, porteur en toutes circonstances des protestations, des souffrances et des aspirations des citoyens.
Un parti moderne, attentif à tout ce qui bouge dans la société, sachant choisir les priorités de son action non pas à partir de présupposés mais en fonction des questions posées aujourd'hui à notre peuple et au monde moderne.
Un parti en prise sur le réel, informé et conscient des formidables capacités de développement qu'il recèle. Et, en même temps, un parti qui sache ne pas couper les ailes à l'imagination, au souffle, à la part de rêve sans lesquels on ne donnera pas de véritable élan à l'action pour changer le monde.
Un Parti communiste capable de jouer un rôle moteur dans l'animation et la mise en mouvement d'une grande force communiste démocratique.
Un parti – et c'est extrêmement important – pleinement valorisant pour les individus qui en sont membres ou qui s'y intéressent d'une manière ou d'une autre. Les rapports entre le parti et ces hommes, ces femmes ne peuvent pas être fondés sur une conception instrumentale, à sens unique, selon laquelle ne serait digne d'intérêt que ce qui serait utile au parti. Oui, c'est bien un militantisme enrichissant au plan humain, proposant des formes d'engagement gratifiantes pour les individus eux-mêmes, pour leur propre développement, qu'il nous faut inventer et faire vivre. Et cela suppose, pour les adhérents, une revalorisation sensible de leur rôle et de leurs pouvoirs dans le parti. Ce qui ne se réduit pas à des consultations formelles, épisodiques ; à des questions auxquelles ils seraient simplement invités à répondre par OUI ou par NON.
Vous le voyez, chers camarades, c'est d'un parti radicalement nouveau que je parle. C'est de reconstruire une identité communiste moderne, anticonformiste, ouverte sans réticence sur le monde et sur la société, complètement disponible à tout ce que les citoyens font entendre, expriment diversement, sous des formes elles-mêmes très diverses (…).
Je mesure l'étendue de ce que tout cela implique, et tout particulièrement du point de vue des directions, de leur fonctionnement et de leur renouvellement. Je parle ici de toutes les directions, à commencer par la direction nationale. Je mesure ce que cela implique comme renouvellement. Et je l'assumerai (…).
Je souhaite que notre 30e Congrès en fonde les bases et débouche sur la naissance, très vite, d'une formation politique communiste moderne. C'est aux communistes eux-mêmes, à tous les communistes, qu'il appartient naturellement de décider des conditions permettant d'aller dans ce sens, si telle est leur volonté. Notre parti aura alors, j'en suis sûr, une direction profondément renouvelée à l'image de la société d'aujourd'hui. Une direction qui comptera en son sein un nombre sensiblement accru de jeunes, de femmes, d'acteurs du mouvement social.
Si nous parvenons à atteindre cet objectif – et j'ai la conviction qu'il est à notre portée – alors j'estimerai avoir bien travaillé pour contribuer à ce que nous franchissions ensemble une nouvelle étape : celle d'un communisme français, à l'échelle et à la hauteur des enjeux du XXIe siècle. »