Texte intégral
M. le président,
M. le maire,
Mesdames, Messieurs,
C'est dès 1981 que Roland Petit me fit part d'un projet qu'il chérissait depuis longtemps : la création, à Marseille, d'une École nationale supérieure de danse.
Il fourmillait d'idées : la prise en compte des acquis de l'évolution de la pédagogie chorégraphique au cours des récentes décennies, un enseignement qui associe les techniques de la danse classique et celles de la danse contemporaine, l'accueil des futurs professionnels mais aussi des amateurs, le couplage de cette école avec le ballet national de Marseille.
Son enthousiasme fut communicatif et rallia l'unanimité.
Le 9 mars 1982, François Mitterrand, Président de la République, inscrivait ce projet sur la liste des grandes opérations d'architecture et d'urbanisme.
Aussitôt, les collectivités territoriales s'engageaient dans une collaboration avec l'État qui fut exemplaire, chacun apportant sa contribution : 32,3 MF pour la ville, 6 MF pour le conseil régional, 3 MF pour le conseil général et 12 MF pour l'État.
Mais les chiffres n'étaient pas tout. Il fallait une architecture, il fallait un programme d'études.
Le concours lance par la municipalité de Marseille fut remporté par Roland Simounet. D'emblée, il conçut son travail en fonction des vertus cardinales de l'art de la danse. Je le cite : "Mouvement, rythme, harmonie, justes réponses pour un lieu voué à la danse".
Cependant, Roland Petit et Jacques Namont, peaufinaient le cursus des études, dans un esprit d'érudition et d'ouverture à tous les genres, formes et styles.
Ce 12 novembre 1992, on peut se réjouir :
Un bâtiment à l'équilibre exact entre les volumes et les circulations, entre les lieux de travail et ceux de repos et auquel la lumière confère cette légèreté et cette liberté essentielles à l'art de la danse, une sculpture commandée à César, au titre du 1/100, en sera l'emblème.
Un cursus d'études dont l'éventail est le plus couvert possible : de la technique académique au jazz, des cours d'anatomie au matériel audio-visuel.
Il faut désormais que l'École nationale supérieure de danse de Marseille vive dans ce bâtiment et s'y déploie, que s'y impose un esprit, une âme. L'État l'y aidera. Sa subvention de fonctionnement, qui fut de 970 000 F en 1992, sera portée à 3,9 MF en 1993.
Au-delà des chiffres à nouveau, c'est un grand projet culturel qui est en jeu : allumer, en France, un phare international pour cet art mystérieux et magique qu'est celui de la danse, dont Paul Valéry disait : "Une simple marche et déesse la voici. Et nous, presque des dieux".
Jack Lang