Article de M. Pierre Zarka, membre du secrétariat du comité national du PCF, dans l'"Humanité" du 21 mai 1999, sur la liste "Bouge l'Europe" conduite par Robert Hue, tête de liste du PCF aux élections européennes 1999, intitulé "Un enjeu de taille".

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  • Pierre Zarka - Membre du secrétariat du comité national du PCF

Média : L'Humanité

Texte intégral

Ce qui compte le plus dans une élection, c’est ce qui se passe après. Cela dure longtemps. Les Français expriment l’attente d’améliorations concrètes dans leur vie et en faveur de l’avenir de leurs enfants. Au fur et à mesure que le temps passe, grandissent l’insatisfaction et la question de savoir comment obtenir du gouvernement que ses actes répondent davantage à leurs attentes. Y compris lorsqu’il s’agit d’Europe : nombre de décisions qui en découlent concernent l’emploi, la protection sociale, les services publics ou la lutte contre les inégalités. Or, aujourd’hui, pour l’essentiel, l’Union européenne se construit au détriment du monde du travail.
Le caractère de la liste conduite par Robert Hue donne un sens particulier aux enjeux politiques de l’élection. La droite sollicite l’électorat pour affirmer les exigences du libéralisme afin de faire pression sur le Gouvernement ; le Parti socialiste revendique la volonté de poursuivre ce que Lionel Jospin nomme « une politique d’équilibre » dont on voit bien les limites… Quant au Parti communiste, il affirme depuis quelques années que sa vocation est de profiter de tous les lieux où il a accès, non pas pour se substituer au mouvement populaire, mais au contraire pour favoriser l’intervention de celui-ci.
La présence sur la liste Bouge l’Europe ! de militants issus du mouvement social, de la CGT, de la FSU, du Parti communiste lui-même, comme du mouvement civique et citoyen, des féministes, de SOS-Racisme, du mouvement des sans-papiers, des homosexuels… fait de cette listes un pont entre ceux que représentent tous ces mouvements et la politique. L’objectif est que les citoyens ne demeurent pas en situation de dire : « vous, les politiques », ce qui est une manière de se résigner à leur inaccessibilité. Toutes ces forces réunies ainsi peuvent alors prétendre investir le champ de la politique afin de faire prévaloir les mesures de justice sociale et de développement que le Gouvernement ne prend pas. D’autant que le contexte des autres pays membres n’est plus celui de 1994 : dans onze pays sur quinze se sont dégagées, de manière diverse, des majorités d’électeurs pour exprimer leur refus du libéralisme. La crédibilité de voir le mouvement social peser de manière nouvelle peut encore grandir.
Les sondages révèlent que, pour l’essentiel, les Français n’ont pas encore fait leur choix, c’est dire que la situation reste ouverte et que la perception de cet enjeu peut déplacer une part de l’opinion.