Texte intégral
Il y a une certaine cohérence à ne pas rejoindre une organisation parce que l’on juge ses statuts trop peu démocratiques. En revanche, lorsque les statuts de l’organisation en question sont franchement démocratiques, il est plus difficile d’expliquer qu’on ne la rejoint pas… à cause, justement, de ses statuts !
Les Verts n’ont pas voulu changer leurs statuts. Et après ? Si je ne rejoins pas le PS ou le PCF, ce n’est pas « à cause » de leurs statuts, mais parce que je ne partage pas suffisamment leurs analyses, leurs propositions, leur stratégie. Or, sur ces points, les Verts ont, à l’évidence, de fortes ressemblances avec Convergences écologie solidarité (CES), le Parti écologiste (PE) et tous les groupes écologistes opposés au gouvernement Juppé. N’avons-nous pas rédigé ensemble une charte politique, largement adoptée en AG le 23 mars ? Ne sommes-nous pas côte à côte, dans de nombreuses luttes, depuis des années ?
Une motion sur l’intégration de groupes écologistes, elle aussi largement adoptée à l’AG, permet aujourd’hui à des groupes de rejoindre les Verts en étant représentés dans les instances internes – y compris au Conseil national interrégional (CNIR) et au collège exécutif. Cette représentation est numériquement très favorable aux entrants, puisqu’elle leur garantit, par exemple, une place au CNIR par tranche de quinze nouveaux adhérents – soit une proportion double de celle qui vaut pour les Verts actuels.
Un autre exemple ? Au nom de la majorité des Verts, les porte-parole (1) ont proposé à Noël Mamère de soutenir solidairement sa candidature au porte-parole des Verts (2). Pour l’instant, celui-ci refuse. Nous le regrettons et persistons néanmoins dans notre offre.
Dans le même esprit d’ouverture, le CE proposera au CNIR de La Rochelle de consulter, par référendum, les adhérent(e)s des Verts sur un texte précisant les modes de participation des groupes écologistes et écolo-alternatifs qui nous rejoindront. La réussite de ce pari ne sera pas la simple addition de mouvements ou groupes qui s’unissent. La mesure de la réussite sera dans la capacité de tous à créer une dynamique, fédératrice de l’arrivée de nombreuses personnes chez les Verts… Bien entendu, la responsabilité est partagée. Chaque adhérent(e), chaque structure locale, départementale, régionale, doit travailler dans le sens d’un élargissement des Verts. Pour garantir leur autonomie, leur lisibilité, pour mieux diffuser leurs valeurs, pour qu’ils pèsent plus lourd dans la vie politique…
Si l’ouverture est notre état d’esprit, nous nous devons aussi désormais de rééquilibrer notre temps, de bien définir nos priorités : participer plus et mieux aux mouvements sociaux et actions de terrain, mais aussi aux mouvements d’idées, et surtout préparer sérieusement les élections de 1998 en évaluant clairement la menace du Front national.
(1) Yves Cochet, Guy Hascoët, Marie Anne Isler Béguin et Dominique Voynet.
(2) Le 5 avril, à La Rochelle, le CNIR élira un nouveau collège exécutif.