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Le Figaro Magazine : À l’aube d’une année électorale, quelle stratégie doit être celle de l’UDF ?
Jean-Pierre Raffarin : L’UDF doit affirmer son identité avec davantage de force, notamment pour répondre au déficit d’Europe et à l’exigence de décentralisation.
Le Figaro Magazine : Pour mieux peser au sein de la majorité, les grands leaders de l’UDF doivent-ils intégré l’équipe gouvernementale ?
Jean-Pierre Raffarin : Je pense qu’Alain Madelin serait plus utile à l’intérieur du gouvernement. Il faut réconcilier le stratège de la réforme avec les praticiens au quotidien. La victoire se forge autour du premier ministre. Je souhaite donc qu’Alain Madelin retrouve l’équipe gouvernementale et que François Léotard la rejoigne.
Le Figaro Magazine : Dans les négociations avec le RPR, l’UDF doit elle se montrer très ferme pour obtenir le plus d’investitures possibles ?
Jean-Pierre Raffarin : Nous devons veiller à ce que le RPR respecte la parole du président de la République, c’est-à-dire la parité dans la majorité.
Le Figaro Magazine : L’UDF doit-elle avoir pour ambition de devenir le premier parti de la majorité en 1998 ? Si ce devait être le cas, Matignon devrait-il revenir à un dirigeant de l’UDF ?
Jean-Pierre Raffarin : Depuis sa création par Giscard, l’UDF a vocation à jouer les premiers rôles. Il est naturel pour une famille politique de vouloir devenir la première. Il serait regrettable que l’UDF y renonce. En ce qui concerne Matignon, la clé d’entrée n’est pas l’appartenance partisane, mais la confiance du président
Le Figaro Magazine : Le projet de l’UDF est-il assez perceptible ? Quelles idées vous différencient du RPR ?
Jean-Pierre Raffarin : Le message et la sensibilité de l’UDF sont indispensable à la victoire de majorité. L’UDF n’est pas frileuse face à la mondialisation, mais elle veut renforcer trois espace d’initiative et de protection. D’abord l’Europe, dont la monnaie sera le bouclier. Ensuite, la décentralisation, pour répondre au déficit de proximité, par exemple, en matière d’emploi. Enfin, l’entreprise, pour fertiliser l’esprit d’initiative et faire toujours respecter davantage dans ce pays la « France d’en bas », comme dit Alain Madelin.
Le Figaro Magazine : Le RPR souhaite que les législatives et les régionales aient lieu le même jour, en mars 1998. Pourquoi y êtes-vous hostiles ?
Jean-Pierre Raffarin : Je ne veux pas dissoudre le fait régional dans le débat national. L’UDF est la première force politique en région. Elle reste très attachée à son identité décentralisatrice.