Texte intégral
Réunion de lancement de la droite indépendante – Discours de Philippe de Villiers
Mes chers amis,
Chers amis du Centre national des indépendants et paysans,
Mon cher Olivier d’Ormesson,
et vous tous, indépendants et paysans,
Chers amis du Mouvement pour la France,
Il est si rare d’entendre un homme politique vous expliquer que la France n’est pas seulement une comptabilité nationale mais que nous étions tout à l’heure tout surpris, tout étonnés de voir Olivier d’Ormesson nous emmener en voyage, dans son voyage, le voyage du rayonnement de la France.
Je pensais en vous écoutant tout simplement que ceux qui voudraient nous coller une étiquette, trouvaient là de quoi nourrir leurs propres ambiguïtés.
La France est grande !
La France est un acte d’amour.
Partout on attend la France. Hélas, elle n’est plus nulle part.
Je voudrais vous dire mes chers amis, avant de commencer, la fierté qui est la nôtre. De cette alliance, dont nous avions tout de suite pressenti qu’elle serait, qu’elle était une alliance de conviction. Et je voudrais dire, à titre personnel, à votre président, au président du CNIP, au nom de tous les membres responsables du Mouvement pour la France, que, à titre personnel je suis fier de le rencontrer, de travailler avec lui – c’est un homme droit qui incarne pour moi les valeurs de loyauté, de conviction, de gratuité. Merci Olivier, soyez et continuez à être ce que vous êtes. Vous êtes le plus jeune d’entre nous tous !
Et je voudrais embrasser dans le même hommage tous les responsables du Centre national des indépendants et paysans car nous avons tout de suite trouvé nos marques, nos deux équipes, à tous les niveaux : quand il a fallu choisir le sigle, on avait pensé au même. Bien sûr ce n’est pas facile, de département en département, de trouver toujours le candidat idoine, mais tout se passe dans la bonne humeur, dans l’enthousiasme. Dans l’enthousiasme. Ce qui fait la percée d’un mouvement politique, d’une mouvance, ce n’est pas l’accumulation des vedettes, c’est la dynamique ! Eh bien, je vous dis cet après-midi que nous sommes au début d’une dynamique qui ne s’arrêtera pas et qui durera pendant toute l’année. Vous serez de plus en plus nombreux, nous serons tellement nombreux que le Palais des Congrès, avec ses cinq mille places, sera trop petit le 15 novembre, lorsque nous lancerons notre campagne.
C’est parti, mes chers amis, la campagne est lancée. Voici que 150 candidats parmi nous ont décidé de se lancer dans la bataille et de voir leur nom publié à partir de demain matin.
Pourquoi notre combat est-il essentiel ?
Pour quatre raisons.
La première c’est que nous constatons tous que ce Gouvernement conduit notre pays à l’échec. L’échec sur le front du chômage (5 millions ou plus de gens sans travail), échec de l’endettement (1 milliard de francs par jour), échec de la sécurité sociale en voie d’étatisation (les internes ont raison de le souligner), échec de la sécurité car les zones de non-droit s’étendent chaque jour davantage, échec de la lutte contre la corruption (et pourtant ils avalent promis, et pourtant nous avions promis) la marée montante des affaires ne cesse de susciter des effets de surprise qui sont probablement à venir et j’oserai une formule « l’année 97 sera probablement une très grande année judiciaire. » Bref, ce Gouvernement ne correspond en aucun cas et en aucun domaine à toutes les promesses qu’avait faites Jacques Chirac il y a maintenant deux ans.
Et plus grave encore, cette majorité des appareils (je ne parte pas là des électeurs puisque les électeurs sont chez nous ou vont y venir. Qu’on ne nous dise pas « Ah vous êtes en dehors de la majorité ! ». Nous sommes en-dehors de la majorité des appareils. Nous la majorité des électeurs. Nous sommes la majorité silencieuse, et qui va parler).
Eh bien la majorité du RPR et de l’UDF, c’est ce qui nous frappe aujourd’hui, n’a plus, n’a pas de projet politique. C’est l’impuissance affichée. On nous explique qu’il faut, c’est le verbe qui est le nouvel impératif, nous adapter.
Il faut s’adapter à la mondialisation. C’est-à-dire lever tous les obstacles qui permettent à la mondialisation de se mettre en place.
S’adapter à la monnaie unique, donc s’adapter à la désertification.
S’adapter au chômage.
Le choix qui est fait, c’est de ne rien faire qui puisse troubler les événements extérieurs par rapport auxquels on se situe. Et c’est ainsi, que préparant un grand marché unique planétaire, libre-échangiste, préparant une monnaie unique (à combien ? On ne sait pas encore), le pouvoir politique se défait lui-même de toute volonté.
Ce n’est plus la puissance publique, c’est l’impuissance publique.
S’il y a un point commun entre le RPR, l’UDF et le Parti socialiste, c’est qu’ils ne se situent plus (observez-les, écoutez-les) par rapport à eux-mêmes ou par rapport à la France ou par rapport aux problèmes de la France, par exemple le problème du chômage, mais ils se situent par rapport à des phénomènes extérieurs. Ils se situent par rapport à la mondialisation, pour eux inéluctable et qu’il ne faut pas entraver. Ils se situent par rapport à la monnaie unique qu’il faut accomplir, comme si c’était là l’exercice d’un culte ultime au veau d’or de l’orthodoxie financière, au sens du docteur Tietmeyer.
Et ils se situent sur le plan politique, par rapport au Front national. Ils sont tellement habitués à se situer par rapport au Front national, que la première question qui leur vient à l’esprit c’est : « mais comment vous vous situez par rapport au Front national ? »