Texte intégral
RUTH ELKRIEF
Bonsoir et merci d'être avec nous pour ce nouveau numéro de « 19 heures dimanche ». Nous allons parler aujourd'hui de politique en coulisses surtout bien sûr. Après la démission surprise de Nicolas SARKOZY de la présidence du RPR, notre équipe a parcouru les différentes planètes de la galaxie gaulliste, traumatisée par les batailles de personnes. Nous avons également suivi Jacques CHIRAC et Lionel JOSPIN. Ils étaient tous deux à 24 heures d'intervalle au championnat du monde du labour en Champagne et à l'inauguration de la FIAC, la Foire internationale d'art contemporain à Paris. Les jeux subtils de la cohabitation passaient cette semaine par l'agriculture et la culture, nous vous raconterons. Et puis nous parlerons avec notre invité en direct, François HOLLANDE, le premier secrétaire du PS, de la situation à gauche. Après la dernière intervention de Lionel JOSPIN, ses alliés pluriels déplorent le tournant libéral et la droite dénonce l'immobilisme. François HOLLANDE que l'on présente comme un proche du Premier ministre, répondra à toutes nos questions. Enfin vous saurez tout sur la techno-parade, cet évènement qui a mobilisé ce week-end plus de 200 000 personnes dans les rues de Paris. Nous avons suivi les préparatifs du défilé et nous avons rencontré les principaux DJ, les disc-jockeys. Alors à tout de suite après l'écran de pub.
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RUTH ELKRIEF
Voilà, on se retrouve donc pour « 19 heures dimanche ». Je vous le disais, l'actualité était très politique cette semaine. Après Alain JUPPE, après Philippe SEGUIN, et de trois, ont pensé les militants du RPR en apprenant la démission de Nicolas SARKOZY de la présidence de leur mouvement. Que se passe-t-il au RPR ? Quel rôle joue vraiment l’Elysée ? Comment se préparent les candidats à la succession ? Voyage au coeur du parti gaulliste après le choc, par Emmanuel OSTIAN.
- REPORTAGE
RUTH ELKRIEF
Et on dit qu'une femme entrera dans la course, Michèle ALLIOT-MARIE, la députée des Pyrénées-Atlantiques. Alors pendant ce temps-là, la cohabitation se poursuit avec ses chassés croisés quotidiens. Jeudi, Jacques CHIRAC inaugurait le championnat du monde de labour dans la Marne et Lionel JOSPIN, la FIAC, la Foire internationale d'art contemporain à Paris. Et vendredi, le Premier ministre était aux champs, à son tour, toujours dans la Marne, tandis que le président parlait culture à la FIAC. Alors qui talonne l'autre, qui précède qui ? Séquence vécue et mise en images par Thierry GUERRIER.
- REPORTAGE
RUTH ELKRIEF
Bonsoir François HOLLANDE, merci beaucoup d'être avec nous sur ce plateau. Vous êtes le premier secrétaire du Parti socialiste. On va parler de la situation à gauche, des dernières déclarations de Lionel JOSPIN, de la cohabitation évidemment dans un instant. Mais un mot sur vous. Vous étiez tête de liste aux européennes. Votre notoriété du coup s'en est accrue. Est-ce que ça a changé quelque chose dans votre vie ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Non, ça n'a rien changé. Ça n'a pas non plus modifié mon rapport aux Français même si ça m'a donné sans doute une notoriété plus forte. Mais je suis surtout content du résultat que nous avons obtenu parce qu’il n'était pas évident pour un parti de gouvernement, pour le parti du Premier ministre après deux ans, de faire 22 % des voix. Alors je crois qu'on a permis à la gauche – et le Président de la République d'ailleurs en a tiré les leçons – de gagner la durée. Et c'est finalement le plus beau résultat que je pouvais espérer.
RUTH ELKRIEF
François HOLLANDE, est-ce que ça vous a permis aussi peut-être de vous émanciper un petit peu par rapport à Lionel JOSPIN dont on vous disait un proche et parfois même la créature ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Ecoutez, je ne sais pas, peut-être que c'est lui qui s'est émancipé de moi, on en reparlera mais... je n'avais pas besoin d'une campagne pour être ce que je suis parce que je n'ai pas ni le même caractère ni le même parcours que Lionel JOSPIN mais c'est vrai que je suis en cohérence avec ce qui se fait en ce moment au gouvernement. Et puis je ne recherche pas du tout le positionnement, je ne cherche pas à me situer personnellement dans une aventure collective. Je pense que nous réussirons ensemble, le Parti socialiste, la gauche plurielle...
RUTH ELKRIEF
Vous n'avez pas d'ambition personnelle, c'est ça ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Si, on peut en avoir une mais elle se fera dans un ensemble collectif. Je ne joue pas ma partie alors que d'autres seraient ailleurs.
RUTH ELKRIEF
Alors parlons de la cohabitation. On vient de voir un petit peu ce chassé-croisé qui était à la fois amusant et en même temps plein de significations. Mais qui est-ce qui court après l’autre ? C'est Lionel JOSPIN qui court après CHIRAC ou c'est Jacques CHIRAC qui coup après Lionel JOSPIN ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Ecoutez, pour l'instant, ils courent à travers les champs si j'ai bien compris pour remplir leur mission. Le Président de la République, c'est normal, inaugure un certain nombre de manifestations. Le Premier ministre, c'est normal, il est chargé d'un certain nombre de dossiers agricoles, il est au contact avec les organisations et notamment le CNJA qui l'avait invité. Si je puis me permettre cette formule, je pense que Jacques CHIRAC, il est dans sa nature d'être candidat. D'ailleurs il n'a pas beaucoup d'autres choses à faire que de l'être. Il est Président de la République, chacun le sait, et au plan international, il remplit ses fonctions, mais en même temps, il est surtout le chef de l'opposition et ça lui fait beaucoup de travail quand on voit le nombre de président du RPR depuis maintenant trois ans, quand on voit le nombre de candidats à cette fonction, je comprends qu'il ait beaucoup de préoccupations avec sa famille politique.
RUTH ELKRIEF
Et Lionel JOSPIN n'a pas vocation à être candidat, c'est ce que vous me dites ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Il y a une grande différence entre Jacques CHIRAC et Lionel JOSPIN, c'est que Jacques CHIRAC, il sera jugé peut-être sur ses discours, Lionel JOSPIN, il sera jugé sur ses actes. Il est le Premier ministre. Si la politique qu'il mène, est bonne, je peux penser qu'on nous donnera les moyens de continuer. Si notre politique n'est pas jugée satisfaisante, nous aurons, je pense, une sanction qui viendra comme elle est venue à d'autres époques. Donc la grande différence entre eux... si je puis dire, le Président de la République, c'est qu'il peut parler, il n'est pas jugé sur ce qu'il fait, sauf sur le domaine internationale ; le Premier ministre, lui, il est obligé d'avoir des résultats.
RUTH ELKRIEF
François HOLLANDE, tout de même, lorsque le Président parle, il agit, il peut influer, Il joue un rôle d’aiguillon, ça peut avoir une influence sur la politique du gouvernement et lorsque Lionel JOSPIN se déplace dans des terrains qui ne sont pas toujours les siens comme l'agriculture, malgré tout, ce n'était pas tout à fait son image, on peut aussi dire que la course à la présidentielle a commencé, on peut aussi le voir comme ça.
FRANÇOIS HOLLANDE
Que demandent les agriculteurs quand ils rencontrent Lionel JOSPIN ? Ils lui demandent des décisions. Ils lui disent : attention, il va y avoir une négociation très importante qui va se passer en novembre prochain dans l'organisation mondiale du commerce, il faut que vous nous défendiez concrètement. Ils demandent aussi un certain nombre de soutiens pour la politique des fruits et légumes par exemple...
RUTH ELKRIEF
Le Président aussi est dans la négociation.
FRANÇOIS HOLLANDE
Le Président de la République, il est davantage pour porter, comme on l'a vu avec les sapeurs-pompiers, un message au nom de la Nation, de solidarité avec une profession, ou d'expression d'un intérêt général. Mais le rapport qu'ils entretiennent avec leurs interlocuteurs est différent puisqu'avec Lionel JOSPIN, on demande – et je trouve ça parfaitement légitime – des résultats. Avec Jacques CHIRAC, il nous fait des discours et on peut supposer qu'il influence même si on sait que son influence sur la politique intérieure est limitée.
RUTH ELKRIEF
Je vous ai entendu un petit peu ironiser sur le RPR et les difficultés de ce parti. Au Parti socialiste aussi, il y en a eu, il y en a encore, vous connaissez quand même les problèmes.
FRANÇOIS HOLLANDE
Oui, c'est vrai qu'on a tous connu à des moments différents des crises dans les partis. Et je me souviens d'une situation à partir de 93 où ce n'était pas glorieux pour le Parti socialiste et où on changeait aussi de premier secrétaire. Si je peux me permettre un conseil donc au RPR qui connaît ces difficultés aujourd'hui, c'est qu'il faut d'abord avoir un projet, sinon on a des candidats – et ils sont nombreux, j'ai l'impression qu'il s'en déclare un par jour – mais on ne porte rien. Et donc si on s'en est remis, ça a mis du temps, c'est parce qu'il y a certes eu Lionel JOSPIN pour la candidature à l'Elysée en 1995, mais c'est parce qu'on a été capables collectivement de faire un projet et de le proposer aux Français. C'est la seule solution.
RUTH ELKRIEF
Un tout petit mot sur Nicolas SARKOZY. C'était votre rival aux élections européennes. Là, il démissionne. Vous trouvez, comme on a dit, qu'il va prendre un peu d'épaisseur personnelle à cette occasion ? Rapidement.
FRANÇOIS HOLLANDE
Je ne sais pas si les défaites donnent de l'épaisseur, je pense que c'est plutôt les succès qui donnent de la hauteur. Mais ce que je crois, c'est qu'il y a un rapport qui n'est pas sain entre le RPR et le Président de la République. On a le sentiment que le Président de la République, pour se protéger lui-même, sacrifie tous les présidents de sa formation politique. Il y a d'abord eu Alain JUPPE, il y a eu ensuite Philippe SEGUIN qu'il a découragé, il y a maintenant Nicolas SARKOZY qu'il vient de remercier. On nous dit maintenant monsieur DELEVOYE...
RUTH ELKRIEF
Vous le connaissez ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Je ne le connais pas.
RUTH ELKRIEF
Vous le voyez comme votre adversaire je dirais sur le terrain ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Nous prendrons celui que les militants du RPR désigneront mais on nous le dit ne faisant pas d'ombre au Président de la République, je pense qu'il a les caractéristiques pour atteindre ce résultat.
RUTH ELKRIEF
Un tout petit mot sur Strasbourg puisqu'on parlait de Nicolas SARKOZY. Vous y restez à Strasbourg comme député européen ou vous partez ?
FRANÇOIS HOLLANDE
J'y étais encore cette semaine et nous avons investi Romano PRODI...
RUTH ELKRIEF
Donc vous ne partez pas.
FRANÇOIS HOLLANDE
Je ne pars pas.
RUTH ELKRIEF
Parlons bien sûr maintenant de l'action du gouvernement et du Parti socialiste. Lionel JOSPIN a fait une intervention à la télévision en début de semaine et notamment il a parlé de l'affaire MICHELIN et il a eu des mots qui ont suscité beaucoup de réactions notamment à gauche. Alors je reviens là-dessus. Il a dit sur les licenciements à MICHELIN : je ne crois pas que l'on puisse administrer désormais l'économie. Ce n'est pas par la loi et les textes que l'on régule l'économie. Mobilisez-vous, a-t-il dit aux syndicats. Alors est-ce que c'est un aveu d'impuissance ou est-ce que c'est un virage libéral de la gauche française sur les traces du Premier ministre britannique Tony BLAIR ?
FRANÇOIS HOLLANDE
D'abord Lionel JOSPIN a dit que les annonces de MICHELIN n'étaient pas un fait acquis. Et je pense que c'est un message très important. Il y a eu des annonces – on nous dit 7 500 suppressions d’emplois – pour l'instant, il n'y a pas de plan social déposé, en bonne et due forme, de négociations engagées avec le personnel. Donc lorsque le Premier ministre dit : moi je ne considère pas que c'est un fait acquis, ça veut dire qu'on peut, par la pression des salariés sans doute, des consommateurs, car moi je n'oublie pas les consommateurs dans ce rapport-là, je pense que nous, en tant que consommateurs, on peut aussi faire pression sur les entreprises en disant « nous n'acceptons pas aussi une façon de se comporter ».
RUTH ELKRIEF
Ça veut dire quoi François HOLLANDE ? Vous dites qu'il faut boycotter les pneus MICHELIN, qu'est-ce que ça veut dire précisément ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Non, ce que je veux dire, c'est qu’il faut qu'une entreprise soit sensible aux messages qu'elle fait passer. Lorsqu'elle dit qu'elle préfère – c'était quand même ça qui nous a été dit – ses actionnaires à ses salariés ; nous pouvons dire aussi « nous sommes solidaires des salariés » quand il y a de mauvais comportements. Donc ce que je veux dire...
RUTH ELKRIEF
Vous dites quoi ? Boycottez les pneus MICHELIN ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Aux dirigeants de MICHELIN, je pense que c'est très important de leur dire : écoutez, vous avez d'autres manières d'affronter la compétitivité qui est réelle, la mondialisation, elle est pour tout le monde et pour une entreprise comme MICHELIN plus qu'aucune autres. Donc nous comprenons la concurrence. Mais vous avez d'autres façons, que de procéder à des suppressions d'emplois. Lesquelles ? La réduction du temps de travail. Si nous faisons une loi sur les trente-cinq heures – nous allons en discuter dans quelques jours – c'est bien parce que nous pensons que la réduction du temps de travail doit créer des emplois ou tout du moins éviter d'en supprimer...
RUTH ELKRIEF
C'est ce que disait Lionel JOSPIN.
FRANÇOIS HOLLANDE
Deuxièmement, si vous pensez qu'il faut supprimer des emplois – nous, nous pensons que ce n'est pas nécessaire quand on fait des bénéfices – eh bien à ce moment-là, préférez les départs à la retraite ou les préretraites. Donc considérons la décision de MICHELIN comme n'étant pas un fait acquis. Deuxièmement, quel est le rôle de l'Etat puisque c'est la question que vous posez...
RUTH ELKRIEF
Tout à fait justement et quel est le rôle de l'Etat dans l'esprit des socialistes français aujourd'hui puisque Lionel JOSPIN dit en gros : l'Etat ne peut plus intervenir sur l'économie, ça c'est un grand changement. Alors expliquez-nous, est-ce que c'est un virage, est-ce que c'est un tournant important de la gauche française aujourd'hui, du PS ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Ce que l'Etat ne peut pas faire, c'est se substituer aux entreprises, chacun l'aura compris. Nous n'allons pas nationaliser MICHELIN parce qu'il y a un problème d'annonce de suppression d'emplois. Ce que nous ne voulons pas faire non plus, c'est interdire tous les licenciements – nous savons bien que l'économie, elle est fluctuante – et le rejet de l'économie... ce qu'on appelle l'économie administrée – le mot a pu être prononcé par le Premier ministre – ça veut dire quoi ? Ça veut dire que depuis longtemps, les socialistes ont abandonné cette idée qu'il faudrait tout régir d'en haut. Mais en même temps, ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas intervenir. Qu'est-ce qu'on peut faire sur le cas particulier...
RUTH ELKRIEF
Vous rectifiez, la quand même François HOLLANDE, vous rectifiez parce que Lionel JOSPIN a semé quand même un certain désordre, une certaine confusion. Là, vous êtes en train de rectifier, de dire à vos alliés : ne vous inquiétez pas, on va revenir sur nos positions d'avant...
FRANÇOIS HOLLANDE
Je ne rectifie pas, je donne le sens de ce que nous faisons. Réguler l'économie, c'est ce qu'a dit le Premier ministre, c'est-à-dire intervenir lorsque c'est nécessaire. Par exemple pour la précarité, elle est trop forte aujourd'hui, je propose qu'il y ait un texte, sans doute une loi, pour limiter les abus de la précarité. Contrôler les licenciements, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on peut pénaliser financièrement les entreprises qui procèdent à des licenciements qui sont sans rapport avec leur situation financière.
RUTH ELKRIEF
Je vous arrête François HOLLANDE, parce que ces deux thèmes, Lionel JOSPIN les a évoqués dans son intervention pour les exclure ou les reporter. Sur l'autorisation administrative de licenciement, il a dit : on n'en parle pas. Et puis sur la taxation de l'emploi précaire, parce que les derniers emplois sont beaucoup plus précaires, il a dit : on en parlera dans quelques années, dans les prochaines années. On a eu l'impression que c'était reporté aux calendes grecques. Ce soir, vous nous dites non ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Ce que je vous dis, c'est que pour la précarité... pour l'autorisation administrative de licenciement, je pense qu'on peut s'y prendre autrement et je pense notamment à la dissuasion financière pour les entreprises prospères, des suppressions d'emplois. Ce que je crois aussi, c'est qu'on peut mieux contrôler les plans sociaux. Ce que je pense enfin, c'est qu'il faut donner plus de droits aux salariés parce qu'il n'y a pas que le droit des actionnaires, il y a le droit des salariés. Sur la taxation du travail précaire, oui, je pense que les socialistes doivent proposer, lorsque le moment sera venu et il est proche, un texte qui limitera l'abus du travail précaire. On sait bien qu'il y a toujours besoin d'un recours à l'intérim, de contrats à durée déterminée, mais quand ça devient la forme normale d'embauche – et c'est le cas dans beaucoup d’entreprises – alors il faut savoir limiter les excès. C'est ça qu'on appelle réguler l'économie, c'est fixer les limites de ce que peut être le pouvoir de l'entreprise.
RUTH ELKRIEF
Mais sur cette question, Lionel JOSPIN a dit finalement ils sont précaires aujourd'hui mais grâce à la croissance, ils vont devenir stables. Donc on avait le sentiment que c'était une affaire réglée. Elle n'est pas réglée ?
FRANÇOIS HOLLANDE
C'est vrai que la croissance, c'est quand même la meilleure façon de limiter les licenciements. Quand on regarde ce qui s'est passé quand même depuis deux ans, je dis bien depuis 97, notre venue aux responsabilités, c'est que les licenciements ont baissé de 30 %, c'est ça la croissance, c'est pour limiter les licenciements, pour réduire les licenciements et puis aussi pour éviter la précarité parce que quand ça va mieux dans l'économie, on recrute avec des contrats à durée indéterminée. Mais quand des employeurs préfèrent, même quand la croissance est là, même quand la reprise est confirmée, recourir au travail précaire, eh bien il faut intervenir. C'est ça la régulation de l'économie.
RUTH ELKRIEF.
François HOLLANDE, ça veut dire que vous me dites ce soir : il n'y a pas de virage libéral. Il ne faut pas interpréter ces phrases importantes et fortes de Lionel JOSPIN comme un tournant.
FRANÇOIS HOLLANDE
Je pense que Lionel JOSPIN n'a pas fait de tournant, n'a pas modifié sa politique. Il a parlé de deuxième étape et il a eu raison...
RUTH ELKRIEF
Vous savez ce qu'on a dit, vous l'avez lu comme moi : il n'y a pas de deuxième étape, c'est une deuxième mi-temps sans ballon, la montagne accouche d'une souris... on ne l'a pas vue, la deuxième étape !
FRANÇOIS HOLLANDE
Il y a deux ans et demi, nous sommes là pour deux ans et demi. Mais il a parlé de deuxième étape parce que pour la première fois dans l'histoire de la gauche française, nous sommes au pouvoir depuis deux ans et nous avons engrangé un certain nombre de succès. Je ne méconnais pas les limites, les urgences sociales, la précarité dont je parlais et encore le chômage, mais pour la première fois... en deux ans, nous avons rétabli l'économie française sur ses bases, nous avons redonné la confiance, nous pouvons élargir le champ des réformes...
RUTH ELKRIEF
On va en parler...
FRANÇOIS HOLLANDE
Agir sur les causes mêmes des problèmes que nous affrontons.
RUTH ELKRIEF
On va en parler dans un instant, merci beaucoup François HOLLANDE, on se retrouve tout de suite après la pub. A tout de suite.
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RUTH ELKRIEF
On se retrouve à « 19 heures dimanche » avec François HOLLANDE, le premier secrétaire du Parti socialiste. Merci d'être sur ce plateau. Je vous écoute parler depuis un petit quart d'heure et en gros, vous nous expliquez que Lionel JOSPIN n'opère pas de tournant libéral. J'ai envie de dire... mais depuis son intervention de la fin de la semaine dernière, vous, au Parti socialiste, et puis d'autres sont allés lui dire : attention, attention, tu as dérapé, il faut rectifier le tir tout de suite parce que nos alliés pluriels vont être très en colère et on va perdre le contrôle de la majorité ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Non, d'abord on ne raisonne pas par rapport à nos alliés. On fait une politique parce qu'on a pris des engagements, parce qu'on a un cap et qu'on s'y tient. Donc Lionel JOSPIN, s'il a parlé de deuxième étape – et il a eu raison – c'était parce que nous avions rétabli la confiance et qu'on pouvait agir et agir sur des champs nouveaux, par exemple la politique de la ville, par exemple la politique des droits qu'il faut accorder aux salariés, aux consommateurs, aux producteurs et puis préparer l’avenir : la redistribution, l’éducation, la formation professionnelle qui va devenir un sujet majeur, et puis les retraites. Tout ça va se faire.
RUTH ELKRIEF
Alors on va y revenir un petit peu parce qu'au contraire, on accuse Lionel JOSPIN d'un certain immobilisme. On lui dit : finalement il y a un peu d'autosatisfaction, il y a un peu d'immobilisme, tout va bien, il y a la croissance, alors on ne voit pas grand-chose se dessiner.
FRANÇOIS HOLLANDE
Il y a quand même la seconde loi sur les trente-cinq heures qui va arriver ces jours prochains. Il y a ce budget qui a été annoncé qui va, dès le 15 septembre permettre cette baisse de la TVA qui est très utile dans le secteur du bâtiment et qui va créer 30 000 emplois au moins. Il y a la loi sur le financement de la Sécurité sociale qui va équilibrer pour la première fois les comptes de la Sécurité sociale. Et donc je pense que le gouvernement agit. Ça ne veut pas dire que pour autant, il faudrait considérer que tout est fait, que nous avons terminé notre œuvre législative et qu'il faudrait attendre maintenant je ne sais quelle échéance d'ailleurs, présidentielle, législative et surtout prier – ce qui n'est quand même pas dans notre tradition – pour que la croissance ne faiblisse pas.
RUTH ELKRIEF
Mais c'est quand même le sentiment que vous donnez, vous savez, on dit que vous surfez sur la croissance en espérant qu'il y aura toujours des emplois, mais le grand projet, un grand projet... par exemple le budget, vous en parliez... on a l'impression qu'il y a un saupoudrage comme ça dans certains ministères, souvent ceux de la majorité plurielle pour faire plaisir à vos allies malgré ce que vous dites...
FRANÇOIS HOLLANDE
Mais c'est important l'environnement, les transports, c'est quand même important...
RUTH ELKRIEF
Alors voilà, l'environnement, les écologistes ; les transports, les communistes. Donc c'est bien clair.
FRANÇOIS HOLLANDE
Et l'emploi... 4 %, c'est aussi l'augmentation du budget de l'emploi, c'est quand même important.
RUTH ELKRIEF
Donc c'est bien clair mais en revanche, on ne voit pas un grand dessein vraiment émerger. Je continue juste sur le budget...
FRANÇOIS HOLLANDE
Je vous arrête sur le mot « grand dessein ». Le vrai dessein que la gauche essaie de poursuivre, c'est la lutte contre le chômage, c'est de mettre plus de personnes encore dans l'emploi et je pense aux jeunes, mais aux moins jeunes, à tous ceux qui sont à l’écart du processus de croissance, à ceux de moins de 25 ans qui ne se retrouvent même pas dans les emplois-jeunes et je propose d'ailleurs qu'il y ait une allocation de formation pour ces jeunes de moins de 25 ans ; plutôt qu'on leur dise « vous aurez peut-être un jour le RMI », non, qu'on les mette tout de suite dans une filière de professionnalisation. Et d'ailleurs la mesure bâtiment peut aussi aller dans ce sens. Je crois aussi qu’il faut donner à ceux qui sont depuis longtemps exclus du marché du travail, une perspective. Il faut sans doute augmenter le nombre d'emplois qui sont consacrés à ceux qui sont dans le chômage de longue durée parce que nous, notre politique, ce n'est pas d'accorder des allocations, de l'assistance, c'est de permettre qu'il y ait une entrée dans la vie, dans la société par l'emploi. Donc nous n'avons pas fini par rapport à ce grand dessein. Il est majeur dans ce que nous voulons faire.
RUTH ELKRIEF
Oui, et en même temps j'ai envie de dire : à quoi sert le Parti socialiste dans toute cette construction, parce qu'on a l'impression que Lionel JOSPIN s'adapte un peu plus à la situation. Peut-être qu'il a dans la tête le dessein présidentiel justement, peut-être qu'il a dans la tête en ligne de mire la présidentielle et que c'est plus difficile de prendre des risques dans ce contexte. Est-ce que vous ne craignez pas, vous, au Parti socialiste, d'être un petit peu oubliés, d'être un petit peu déconnectés de ses propres projets ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Je crois que le rôle du Parti socialiste aujourd'hui, ce n'est pas simplement de soutenir le gouvernement, ça va de soi, ce n'est pas de l'appuyer ou de le critiquer lorsque c'est nécessaire ou d'améliorer ses textes, c'est important, le rôle du Parti socialiste, c'est de faire des propositions. Justement, le gouvernement va dans un sens réformateur, il veut accélérer, amplifier son travail de changement de la société. Eh bien à nous de lui apporter des propositions. J'en fais sur la précarité, sur l’insertion des jeunes, sur la formation professionnelle, sur la décentralisation, il faut aller plus loin.
RUTH ELKRIEF
Et vous allez aussi manifester à l’appel du Parti communiste contre le chômage, ça c'est quand même un peu bizarre, non ? Vous allez être à la fois dans la rue et au gouvernement. Ça sert vraiment à quelque chose d'aller manifester contre le chômage ?
FRANÇOIS HOLLANDE
D'abord ceux qui ont décidé d'une manifestation, c'est d'abord le patronat. Curieusement le MEDEF... peut-être pas curieusement... je pense qu'aujourd'hui, la droite est dans un état – vous l'avez montré dans votre reportage – qui n'est pas brillant. Et ceux qui sont à l'offensive, c'est le patronat. Ils proposent une grande manifestation le jour de la discussion sur les trente-cinq heures et je trouve légitime que les organisations syndicales, les salariés, se mobilisent aussi. Pour les partis politiques, on verra bien...
RUTH ELKRIEF
Alors vous n'y allez pas ou vous y allez ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Ça, c'est une manifestation de syndicats qui répond a une manifestation de patrons. Je crois que beaucoup de chefs d'entreprise d'ailleurs ne se retrouveront pas dans cette mobilisation du MEDEF. Mais s'il doit y avoir une initiative du Parti communiste, nous allons en discuter demain avec lui, elle doit être conçue pour appuyer ces efforts menés par le gouvernement et Ia majorité plurielle pour la réduction du temps de travail, pour les emplois jeunes...
RUTH ELKRIEF
Ce n'est pas tout a fait l'esprit du Parti communiste apparemment...
FRANÇOIS HOLLANDE
Le problème, ce n'est pas d'aller manifester pour simplement demander des choses impossibles ou inatteignables. L'objectif du Parti socialiste, c'est de faire des propositions qui peuvent être reprises, qui peuvent être mises en place, pas simplement de faire des incantations.
RUTH ELKRIEF
Comment ça se passe, François HOLLANDE ? Vous dites a Lionel JOSPIN : je vais proposer ça à la télévision et puis j'espère que tu me le donneras après, quand je l'aurai dit, c'est comme ça que ça se passe ? Les dessous de la politique, ça se passe comme ça ?
FRANÇOIS HOLLANDE
II n'y a pas forcement de dessous, il y a tout simplement un dialogue qui peut se faire. Lionel JOSPIN, il a ses contraintes de chef de gouvernement, pas de candidat... je vous l'ai dit, on sera juges sur nos actes, pas sur nos discours et nos intentions.
RUTH ELKRIEF.
II n'y a pas de « balladurisation » de Lionel JOSPIN ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Je ne crois pas.
RUTH ELKRIEF
II ne reste pas immobile parce qu'il ne veut pas déplaire ?
FRANÇOIS HOLLANDE
C'est le rôle du Parti socialiste de le rappeler à chaque fois à nos engagements et à nos objectifs. Et je n'ai pas de peine d'ailleurs à lui faire passer ce message. Donc je n'ai pas de doute là-dessus. Mais le rôle du Parti socialiste, c'est surtout de faire des propositions. Et je demande tous les citoyens, tous ceux qui se reconnaissent dans la gauche, pas simplement dans le Parti socialiste, faites-nous un certain nombre de propositions, agissez aussi. Il n'y a pas que l'Etat, il n'y a pas que le gouvernement.
RUTH ELKRIEF
Et ce n'est pas un tournant.
FRANÇOIS HOLLANDE
Ce n'est pas un tournant, c'est une ligne droite.
RUTH ELKRIEF
Alors François HOLLANDE, je voudrais vous parler de la situation à Paris rapidement parce que c'est une grosse bataille qui s'annonce. Apparemment il y a pléthore de candidats à droite mais il y en aura peut-être bientôt à gauche, Bertrand DELANOE, Dominique STRAUSS-KAHN, Jack LANG dans un dernier sondage. Vous ne seriez pas candidat vous aussi par hasard ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Non, moi ce n'est pas parce que je suis député de la Corrèze que je suis candidat à la mairie de Paris. II faut savoir éviter de faire des modèles.
RUTH ELKRIEF
Mais comment vous voyez cette bataille ? Elle peut être aussi sanglante chez vous qu'à droite, non ?
FRANÇOIS HOLLANDE
D'abord nous n'avons pas de candidats en voie de béatification, c'est la grande différence avec la personne que vous receviez la semaine dernière dans votre émission, Jean TIBERI. Nous avons des candidats sans doute, mais nous avons un projet sur Paris et je pense que ce qui doit là encore mobiliser les socialistes à Paris, ce n'est pas de savoir qui est le meilleur, ça viendra...
RUTH ELKRIEF
Ne me dites pas qu'au Parti socialiste, it n'y a pas de bataille de personnes, il n'y a pas de rivalités personnelles, l'histoire l'a montre.
FRANÇOIS HOLLANDE
Nous désignerons notre candidat pour la mairie de Paris comme pour toutes les villes de France en mars prochain. Donc c'est dans six mois et vous aurez donc à ce moment-là et le nom des candidats potentiels et le nom du candidat qui aura été retenu. D'ici là - et c'est ce que fait Bertrand DELANOE, tous les socialistes à Paris - fabriquons le projet qui permettra de convaincre les Parisiens qui ne sont quand même pas majoritairement tous de gauche, ça ne m'a pas échappé, de choisir... pour la première fois depuis vingt ans que la mairie de Paris est a droite, eh bien pour la première fois depuis vingt ans, une autre famille politique, qui se comportera différemment. Vous m'interrogiez sur ma propre candidature qui n'avait pas de sens... Moi je ne suis pas favorable à ce qu'un chef de parti se retrouve à la mairie d'une grande ville de France.
RUTH ELKRIEF
Et est-ce que les ministres qui vont être candidats aux municipales devront aussi démissionner puisqu'on voit qu’il y a beaucoup de ministres qui s'annoncent comme tête de liste aux municipales, comme Catherine TRAUTMANN...
FRANÇOIS HOLLANDE
Ça, c'est Lionel JOSPIN qui a fixé une règle. Je pense qu'elle sera respectée jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à la fin de cette législature. Les ministres ont parfaitement le droit d'être candidat. Le jour où ils sont élus à la tête d'un exécutif, une mairie, eh bien ils ont à choisir : soit rester au gouvernement, soit aller prendre la responsabilité qu'ils ont demandée.
RUTH ELKRIEF
François HOLLANDE, je voudrais vous parler à présent des affaires car depuis le début des enquêtes sur la MNEF, la Mutuelle Nationale des Etudiants, d'anciens dirigeants donc sont soupçonnés d'irrégularités dans le financement de cette mutuelle. Depuis le début au Parti socialiste, on a dit : ce n'est pas une affaire socialiste. Et puis il y a une enquête préliminaire qui est en train d'établir l’existence d'une trentaine d'emplois fictifs dont certains étaient occupés par des proches de Lionel JOSPIN. Alors est-ce que vous dites toujours ce soir : ce n'est pas une affaire socialiste ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Oui, ce n'est pas une affaire socialiste au sens où la MNEF qui est un organisme de mutuelle étudiante n'a jamais financé de près ou de loin le Parti socialiste. Donc la-dessus, il n'y a pas de rapport entre notre parti et cette mutuelle étudiante même s'il y a toujours eu - chacun le sait depuis toujours - il y a eu des dirigeants de cette mutuelle qui ont été des socialistes parce que c'était la tradition de l'engagement dans le monde mutualiste. Voilà ce que je peux vous dire. Alors après il y a une enquête judiciaire. Qu'elle aille jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'elle entame des procédures. S'il y a des irrégularités, je ne doute pas qu'elles seront condamnées.
RUTH ELKRIEF
Et lorsqu'on découvre peut-être qu'il y a d'anciennes personnalités qui étaient proches de Lionel JOSPIN qui auraient occupe des emplois fictifs dans cette mutuelle, vous ne croyez pas que ça peut fragiliser le Premier ministre ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Mais pour l’instant, rien n'est démontré. Ces personnes s'expliqueront. Est-ce qu'elles ont effectué un vrai travail où c'était un travail de complaisance ? Laissez la justice travailler, en tout cas nous, c’est notre conception, mais nous n'avons rien à craindre.
RUTH ELKRIEF
II y a un faux facturier de Ia MNEF justement, qui est en prison et qui a donné une interview au PARISIEN hier et qui dit « c'est une affaire d’Etat ».
FRANÇOIS HOLLANDE
Ecoutez, moi je n'ai pas d'informations. Je ne connais rien de cette histoire. Et je suis tout à fait attentif au fonctionnement de la justice, mais vraiment là, vous interrogez quelqu'un qui est à la tête du parti depuis deux ans et qui peut vous dire que depuis que j'ai des responsabilités dans ce parti, il n'y a eu aucune relation ; s'il y a des problèmes de personnes, c'est à la justice de les régler.
RUTH ELKRIEF
Et vous pouvez nous garantir ce soir qu'il n'y a pas de réseau de financement occulte du Parti socialiste dans le passé, qui serait passé par la MNEF.
FRANÇOIS HOLLANDE
Absolument.
RUTH ELKRIEF
Vous êtes catégorique.
FRANÇOIS HOLLANDE
Je peux vous donner cette garantie.
RUTH ELKRIEF
II y a également votre numéro deux, Jean-Christophe CAMBADELIS, qui va passer en correctionnelle au mois de décembre pour recel d'abus de biens sociaux dans une autre affaire privée ; mais comme c'est vrai que la gauche se gausse un peu des affaires de la droite...
FRANÇOIS HOLLANDE
Nous, nous n'avons quand même que peu d'affaires mais il est normal que vous en parliez puisque vous en avez beaucoup parlé avec Jean TIBERI mais je ne crois pas qu'il y ait quand même égalité.
RUTH ELKRIEF
Alors il y en a aussi à gauche mais je voudrais bien savoir comment vous le gérez justement, vous qui appuyez bien fort sur les affaires de la droite. Lorsque vous avez un numéro deux du PS qui se retrouve en correctionnelle dans trois mois, dans deux mois... en décembre...
FRANÇOIS HOLLANDE
Eh bien on verra la décision qui sera prise par la justice. Si la justice le condamne, sans doute des conséquences seront à prendre. Mais pour l’instant, écoutez, je n'ai pas à modifier le fonctionnement du Parti socialiste en fonction de cet événement judiciaire, on verra bien. Moi, ma position, c'est que c'est bien que la justice puisse travailler en toute indépendance, qu'elle touche qui elle veut du moment que le procès soit impartial et juste.
RUTH ELKRIEF
Et vous trouvez qu'il est impartial et juste dans l'autre sens, avec la droite ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Ecoutez, moi je ne sais pas, je veux le croire, je pense que si on a voulu que la justice soit indépendante, c'est qu'on a fait confiance à la justice, qu'elle le soit, indépendante, mais qu'elle soit juste.
RUTH ELKRIEF
Dernière question, François HOLLANDE, le voyage en Corse de Lionel JOSPIN, c'était il y a à peine deux semaines. Et puis toute la semaine, il y a eu des attentats tous les jours, il y a même eu une prise d'otages, une famine qui a été molestée. Ça veut dire que la méthode JOSPIN, ça ne marche pas encore ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Qu'est-ce qu'a dit JOSPIN en Corse ? Il a dit : tout est possible, on peut discuter de tout y compris d'une évolution du statut, on peut discuter de nouvelles compétences, de nouveaux moyens donnés à l’île. Mais en même temps, il faut que soit levé le préalable, c'est-à-dire l'abandon de toute violence. Visiblement, ce message n'est pas entendu parce qu'il y en a qui préfèrent toujours la violence au débat démocratique. Eh bien écoutez, ceux-là, méritent je pense des sanctions.
RUTH ELKRIEF
J'ai une toute toute petite dernière question : François BAYROU a dit : il faudrait faire les élections législatives et présidentielles en même temps pour éviter que les législatives soient avant la présidentielle. Vous êtes d’accord ?
FRANÇOIS HOLLANDE
J'ai l'impression que certains pensent vraiment beaucoup à la présidentielle, ce qui n'est pas notre cas...
RUTH ELKRIEF
C'est ce que vous dites...
François HOLLANDE
Ecoutez, ce n'est pas nous qui avons procédé à une dissolution. Avec la dissolution, les élections législatives ont lieu en mars 2002, nous ne préparons que cette échéance et nous n'en souhaitons pas d'autres.
RUTH ELKRIEF
Merci beaucoup François HOLLANDE, vous aimez la techno ?
FRANÇOIS HOLLANDE
J'aime la techno...
RUTH ELKRIEF
Vous étiez hier soir dans les rues de Paris ?
FRANÇOIS HOLLANDE
Jack LANG nous représentait collectivement.
RUTH ELKRIEF
Effectivement, vous allez le voir, Jack LANG était parmi les 200 000 personnes dans les rues de Paris pour la gigantesque Techno-parade, la deuxième en France ce week-end. Qui sont les amoureux de la techno ? Pourquoi un tel engouement ? Plongez dans l'univers techno avec Philippe LEVASSEUR.