Démenti de M. Le Pen, président du Front national, publié dans "Présent" du 8 mars 1997, et article dans "Français d'abord" de la première quinzaine de mars, en réponse à l'émission "Envoyé spécial" sur France 2, consacrée à sa vie privée et politique.

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Circonstance : Diffusion de l'émission "Envoyé spécial" consacrée à Jean-Marie Le Pen, sur France 2 le 20 février 1997

Média : Français d'abord - Présent

Texte intégral

Présent - 8 mars 1997

Le droit de réponse de Le Pen

La récente diffusion d’un « Envoyé spécial » consacré au président du Front national a donné lieu à une demande de droit de réponse de la part de Jean-Marie Le Pen. Les avocats du Front national et ceux de France 2 sont parvenus à un accord. Le texte qui suit devra donc être diffusé – dans les trente jours – par France 2 en ouverture d’un prochain « Envoyé spécial ».

« L’émission “Envoyé spécial” du 20 février dernier comportait un certain nombre d’imputations ayant trait à ma vie privée, professionnelle et politique.
J’oppose un démenti formel :
– aux allégations relatives à ma blessure aux yeux, dont je fus victime en 1957 en défendant la candidature d’Ahmed Djebbour. Les blessures ouvertes de l’œil droit qui ont nécessité le port d’un bandeau ont entraîné des cataractes traumatiques nécessitant des opérations dont l’une a abouti à la perte de l’œil gauche ;
– à l’affaire d’un compte bancaire suisse qui concerne en réalité un emprunt auprès de l’UBS, parfaitement légal ou officiel fait par la société des disques dont j’étais le gérant. Ce prêt a transité à l’aller comme au retour par l’administration du Trésor ;
– ainsi qu’à la version donnée du testament de monsieur Le Sabazec. En vérité, j’ai cohérité de ce dernier, plusieurs mois après sa mort alors que je ne l’avais jamais rencontré, d’une somme de 5 200 francs. J’ai informé sa famille que j’étais prêt à contribuer financièrement à sa sépulture ; je n’ai jamais reçu de réponse.
Pour ce qui touche à ma vie politique, je proteste contre la sélection d’extraits de discours politiques qui sont ma propriété, à leur commentaire par des adversaires notoires, ainsi qu’à leur rapprochement avec des documents d’actualité de l’Allemagne nazie.
Il m’a été refusé la communication préalable de la cassette vidéo et le juge des référés n’a pu juger en son absence. »

 

Présent - 1re quinzaine de mars 1997

Quand sophistique rime avec bolchevique…

« Le Front national ? Mais on n’arrête pas de parler de vous en ce moment ! »

Cette remarque m’a été faite à plusieurs reprises ces derniers temps. Elle est révélatrice d’un processus subtil et extrêmement pervers, qui vise à répandre dans l’opinion l’idée que le Front national a la parole. On parle de lui, donc on l’entend. Rien n’est plus faux. Le procédé est proprement diabolique, mais assurément efficace : il s’agit de parler du Front national pour ne pas le laisser parler. Et pour ne rien laisser au hasard, la rhétorique développée est entièrement fondée sur le mensonge.
La technique est éprouvée. L’écrivain russe Serge Tchakhotine a en son temps démonté les rouages de cette machine à décerveler les peuples. Elle a été rodée, éprouvée, puis portée à la perfection par les bolchéviques, les trotskystes et autres révolutionnaires gauchistes orfèvres en la matière. Leurs modernes séides hantent aujourd’hui les rédactions et les salles de presse des médias bourgeois. Ils bâillonnent le Front national, et dans le même temps multiplient les diatribes, les éditoriaux, les faux reportages pour donner de lui l’image la plus haïssable qui soit, sous couvert d’objectivité bien sûr, et en jurant la main sur le cœur qu’ils respectent la prétendue déontologie journalistique !
La scandaleuse émission de Nahon et Benyamin à l’occasion de leur « Envoyé spécial » me concernant est la parfaite illustration. Une fois de plus, ils se sont trompés. Pas un aveu édifiant, la justice a d’ailleurs reconnu qu’il s’agissait en la circonstance bel et bien d’une « émission militante » et a laissé faire sans sourciller ! Les attendus de l’ordonnance de référé rendue le 20 février 1997 par le président du Tribunal de Grande Instance de Paris, sont d’ailleurs sans ambiguïté. On pouvait y lire la réflexion suivante : « les journalistes Paul Nahon et Bernard Benyamin ont clairement fait connaître leur intention de sortir du cadre de l’information traditionnelle pour entrer dans celui de l’information militante au motif essentiel d’ailleurs que monsieur Le Pen a toujours le dernier mot en direct et qu’il apparaît nécessaire d’ouvrir une nouvelle piste pour parvenir à l’éclosion d’un véritable débat sur l’intéressé et les thèses qu’il défend ».
Cette édition d’« Envoyé spécial » constituait donc bien une émission « ad hominem », ayant uniquement pour vocation de salir l’image de Jean-Marie Le Pen, sans jamais lui donner la parole, ni lui permettre de se défendre, ce qui est un procédé proprement scandaleux, et en vérité stalinien. Beria et Lyssenko ont fait des petits. La Tchéka, le Guépéou, le NKVD, le KGB ont changé d’oripeaux, mais le clivage reste le même. Il oppose encore et toujours les forces vives des nations aux forces occultes qui visent à la domination universelle.
Pour les faiseurs d’opinion qui sévissent dans la « médiacratie » que nous connaissons, il y a là une inversion totale et délibérée du signifiant et du signifié. Certes, la méthode n’est pas nouvelle, elle vient d’aussi loin que la science politique elle-même. Faisant référence à l’art des discours dont les Grecs antiques étaient si friands, ce procédé est appelé sophisme. Si l’on ouvre le Grand Larousse, on peut en lire la définition suivante : « Faux raisonnement, fait avec l’intention d’induire en erreur ». Ces raisonnements captieux, c’est-à-dire qui tendent, sous des apparences de vérité, tout simplement à tromper, sont devenus les armes favorites des détracteurs du Front national. Tout ce que dit ou propose le Front national est passé au filtre des censeurs, et retourné. Nous parlons identité, patriotisme, terroir, ils entendent racisme, chauvinisme, fascisme. Cette obstination proprement paranoïaque à travestir systématiquement la réalité à des fins politiciennes est révélatrice du naufrage de la politique en cette fin de Ve République. Le système à bout de souffle ne tient plus que par la propagande d’État. Celle-ci est d’ailleurs cyniquement animée par les ministres et même le Premier ministre.

La machine à décerveler

Comme l’avait si pertinemment mis en évidence le situationniste Guy Debord, la politique est devenue ni plus ni moins qu’un spectacle. Le metteur en scène, les acteurs, les accessoiristes s’entendent comme larrons en foire, convaincus que leurs petites comédies continueront à être applaudies. Ils n’oublient qu’un cas de figure : celui où le peuple, spectateur irrité, las d’être trompé et abusé, monte sur la scène pour donner une correction méritée à ces pitres dont l’impudence n’a d’égale que la corruption. Ce moment ne saurait tarder. Il verra l’affrontement de deux conceptions du monde. L’une, celle des sectateurs du mondialisme, fondée sur la haine, l’incantation, l’inversion de toutes les valeurs, le travestissement du réel. L’autre au contraire, celle des défenseurs de la nation, attachés à la défense de leur mémoire, leur terre, leur tradition, et fondée sur le réalisme et l’amour de la patrie. Face à face, nous verrons donc s’opposer la politique de l’illusoire et la politique du réel. Nos adversaires ont oublié la leçon de Lénine observant : « les faits sont têtus ». Oui, et ils nous donneront raison, pour autant que nous ayons le courage de faire front. Car tout dans la vie est fonction de la foi et de l’énergie qu’on met à accomplir sa destinée.