Article - profession de foi de M. François Fillon, conseiller politique et candidat à la présidence du RPR, dans "La Lettre de la Nation" du 22 octobre 1999, sur ses propositions pour sortir le RPR de la crise notamment le dialogue avec Charles Pasqua en vue de la réconciliation de la famille gaulliste, la préparation de l'alternance et la rénovation des méthodes et de l'image du RPR.

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Circonstance : Elections à la présidence du RPR les 20 novembre et 4 décembre 1999

Média : La Lettre de la Nation Magazine

Texte intégral

Chères amies et chers compagnons,

Dans cette campagne, j'ai décidé de jouer cartes sur table. Je ne flatte ni les habitudes ni les positions acquises. La situation exige un devoir de franchise et de clarté politique.

Dissolution manquée, querelles de la mairie de Paris, échec aux élections européennes, départ de Charles Pasqua, chute vertigineuse du nombre des militants : le rassemblement est confronté à une crise très profonde. La jeunesse ne nous écoute plus. La confiance avec les Français est rompue.

Je ne suis pas le seul des candidats à faire ce diagnostic. Mais je suis celui qui propose un projet alternatif, un projet clair et direct pour sortir de cette crise.

Depuis trois ans nous perdons. C'est dont qu'il y a un problème de fond. Discrédité sur le plan des idées, paralysé par la cohabitation, engoncé dans ses vieilles méthodes, notre mouvement est en panne.

L'heure n'est plus aux demi-mesures et aux vagues imprécations. Il faut changer résolument de cap.

J'ai placé ma candidature sous le signe du combat. Je vous propose une autre ligne politique.

Mon objectif est ambitieux : faire du RPR un mouvement fort et moderne, renouant avec les classes populaires et les classes moyennes. Un RPR capable de promouvoir un patriotisme éclairé. Un RPR réconciliant la justice sociale, la participation et l'innovation économique. En un mot, je veux que notre mouvement soit porteur d'une synthèse nationale pour le XXIe siècle.

Pour cela, je propose une nouvelle stratégie et une nouvelle méthode.

Concernant la stratégie, je fixe deux objectifs pour élargir notre socle électoral et affirmer notre crédibilité politique :

- je veux réconcilier l'ensemble de la famille gaulliste en nouant avec Charles Pasqua un dialogue constructif et confiant. Seuls nous sommes faibles, ensemble nous serons forts. En renforçant et en rénovant sa sensibilité nationale, républicaine et sociale, le RPR peut atteindre cet objectif. Dans le cas contraire, il se banalisera et fusionnera avec les autres formations de droite car les différences n'existeront plus. Ce serait sa mort. Je veux la réconciliation et je crois pouvoir être celui qui la réussira ;
- je veux que le RPR soit un mouvement d'opposition et pas un parti de cohabitation. Pour préparer l'alternance, pour être offensif et sans complaisance avec la gauche, le RPR doit faire entendre une voix forte et originale. Pour cela, il doit être autonome. C'est ainsi qu'il gagnera en crédibilité et qu'il servira véritablement la cause de Jacques Chirac.

Concernant la méthode, je fixe quatre objectifs pour rénover les méthodes et l'image du RPR :

- chaque adhérent doit être personnellement responsable de la désignation des candidats aux élections locales. Il votera pour le candidat de son choix. Cette règle démocratique s'appliquera à Paris comme partout ailleurs ;
- l'intégralité des ressources des cotisations doit rester entre les mains de ceux qui mènent le combat dans les fédérations et les circonscriptions. Car c'est sur le terrain que se gagnent les élections ;
- le RPR doit faire une large place à la jeunesse et aux femmes. Pour les municipales, un seuil minimal de 40 % de renouvellement des candidats sera fixé ;
- le RPR doit être exemplaire. Nos élus doivent être inattaquables sur le plan de la morale. La commission des sages du RPR devra trancher rapidement et sans complaisance les cas litigieux.

Chers amies et compagnons, vous avez le pouvoir de décider.
Pour ma part, j'ai choisi le changement.