Texte intégral
* Rassembler pour vivre
L'étalage de nos divisions n'a que trop duré ! Nous sommes tous gaullistes. Nous avons la même volonté de voir triompher nos idées. Nous avons la même confiance en l'avenir et la même foi en l'homme. Alors, de grâce, que cesse l'artificialité de nos déchirements qui ne repose bien souvent que sur d'obscures querelles de personnes. Je souhaite et je veux que cette élection à la présidence de notre mouvement soit l'occasion de nous réconcilier avec nous-mêmes.
Que diable, nous sommes tous, avant toute chose, des militants ! Vous l'avez d'ailleurs prouvé en répondant unanimement aux demandes de parrainage de tel ou tel candidat. Plus du quart d'entre vous ont accepté cet acte militant. Cela prouve bien que le RPR est toujours vivant et n'est jamais aussi fort que dans l'adversité. Ni héritier d'un clan, ni d'une faction, ni porte-parole de l'un ou de l'autre, je n'ai d'autre ambition que de vous représenter, d'être le porte-parole de tous les militants de notre mouvement car le RPR appartient à chacun d'entre vous. Et demain, tous ensemble, réunis, nous concevrons et nous rédigerons le projet que nous soumettrons aux Français.
* Rassembler le RPR pour s'opposer au gouvernement socialo-communiste
Nous ne pouvons laisser M. Jospin continuer à diriger la France comme il le fait. Ce serait suicidaire. Il faut arrêter l'hémorragie de nos jeunes talents qui partent s'installer à l'étranger. Il faut stopper la démagogie qui consiste à utiliser les fruits de la croissance pour alimenter des dépenses passives et non pour financer la recherche, l'enseignement ou pour baisser les impôts, c'est-à-dire l'avenir de notre pays. N'oublions pas que c'est sous M. Jospin que la France ne respecte plus les critères de Maastricht. Il faut mettre un terme à l'hérésie qui consiste à dire qu'on peut travailler moins en touchant plus de salaire. Il faut enfin faire cesser une fois pour toutes ces agressions répétées contre la famille avec la ribambelle de mesures funestes : PACS, plafonnement des allocations familiales, garde d'enfants, suppression de l'autorisation parentale pour l'avortement des mineurs.
* Rassembler l'opposition pour gagner les élections
L'opposition parlementaire est malade mais elle ne guérira que si le RPR se porte bien. Toute reconstitution de la droite qui exclurait le RPR est vouée à l'échec. C'est pourquoi, une fois que nous aurons rénové nos structures, changé nos méthodes de travail, élaboré notre discours et fixé notre projet, nous pourrons tendre la main à nos partenaires de Démocratie libérale, de l'UDF et du RPF. L'union pour l'union me paraît un objectif douteux. De même, je ne pense pas qu'une fédération de tous les partis de droite soit une bonne chose : chacun possède sa spécificité, chacun a son propre discours. L'important c'est que des règles de bonne conduite soient fixées et que des procédures soient mises en place pour que, dans la plus grande transparence, le meilleur candidat soit choisi le moment venu. Car nous devons être rassemblés pour gagner les élections. A cet égard, je me fixe comme priorité la victoire aux municipales. De ces élections dépendra le succès aux législatives et à la présidentielle. Il est impératif que nous nous attachions à préparer dans leurs moindres détails ces échéances. Dès maintenant, il faut que tous nos efforts soient déployés pour, ici, faire connaître le bilan et les réalisations de tel ou tel maire sortant, là, aider nos élus minoritaires dans les conseils municipaux pour qu'ils fassent entendre leur voix et puissent avoir les moyens de proposer une alternative aux habitants de leur commune. C'est l'objectif premier que je fixe au RPR : approfondir sa connaissance des communes, aider nos conseillers municipaux, gagner les municipales... Ce sera la première étape sur la voie de la reconquête de l'opinion et du pouvoir.
Proposer est vital pour notre mouvement. C'est la clef de nos succès futurs, le gage de notre efficacité sur le terrain, la condition de notre crédibilité. La force de nos propositions doit être notre signe distinctif, notre marque de fabrique. Je ne veux plus que vous soyez démunis en face de vos adversaires politiques, privés d'arguments et dans l'impossibilité de diffuser nos propositions pour cause d'inexistence. En bref, je ne veux plus que vous soyez les laissés-pour-compte de la pensée politique. Je me suis engagé, il y a deux semaines, à vous écouter. Je continue et je continuerai, car là réside la dynamique de notre mouvement. Je me suis engagé la semaine dernière à vous rassembler pour que vive le RPR. Je m'y emploierai de toutes mes forces pour que l'aventure gaulliste retrouve ce supplément d'âme qui faisait sa particularité. Aujourd'hui, je m'engage à vous donner les moyens d'exister dans le combat politique, à vous fournir les arguments dont vous avez besoin, à imaginer avec vous les propositions et les idées que les Français attendent. Ma satisfaction serait que l'on puisse, demain, apposer une étiquette « fabriqué au RPR » sur toutes les réponses aux défis du siècle prochain. C'est un bel enjeu que je vous propose de relever ensemble.
Cette ambition suppose tout d'abord la réaffirmation de nos valeurs : la participation, la responsabilité, l'égalité pour protéger le faible, la liberté pour nos entrepreneurs, le rôle sacré de la famille, la grandeur de la nation, la dignité de l'individu. Elles sont le socle fondateur de notre engagement. Leur modernité répond aux attentes de nos concitoyens et calme leurs angoisses. Oui, la société qu'ambitionne le RPR sera plus juste, plus humaine, plus ouverte à la réussite. Le débat n'est pas de savoir si le RPR est libéral ou non. La question n'a pas lieu d'être. Le RPR est pour le dépassement du libéralisme qui a prouvé son efficacité économique mais qui montre ses limites humaines. Il faut le dépasser pour acquérir une dimension éthique et sociale qui replace l'homme au coeur des préoccupations. Le libéralisme crée la richesse ; la participation associe les hommes qui, par leur travail, font la croissance de la nation. Dissocier l'un de l'autre serait utopique. Il est légitime que l'initiative et le courage des entrepreneurs soient récompensés. Il est impératif que tout le monde soit associé à la croissance.
Faire du RPR la force de proposition centrale de l'opposition suppose par ailleurs une profonde réforme de nos structures militantes. Nous ne pourrons pas continuer à fonctionner sur le modèle d'un parti politique de l'après-guerre. Deux maîtres mots doivent présider cette réforme : l'association de tous, la responsabilisation de chacun. Ainsi, chacun d'entre vous aura sa place au sein de notre famille et sera en droit de lui demander une aide.
Pour cela, je souhaite que le Centre national soit réorganisé autour de trois pôles d'excellence : l'un serait consacré à l'anticipation et à la réflexion sur tous les enjeux de société. Il aurait la responsabilité d'éclairer le débat et de faire en sorte que nous ne soyons plus à la traîne des évolutions de la société. Le deuxième pôle serait tout entier dévoué à la préparation des élections et à la vie des fédérations. Il aurait entre autres la charge d'identifier les nouveaux talents pour les aider à trouver une investiture et à organiser les relations avec nos partenaires de l'UDF, de DL et du RPF de Charles Pasqua pour que cessent les luttes fratricides et que des règles du jeu claires soient établies. Le troisième pôle, enfin, serait axé sur la communication, l'aide et le conseil. Ce pôle serait à votre disposition, élus, cadres et militants, pour vous fournir une formation adaptée, les documents et argumentaires dont vous avez besoin. Je souhaiterais aussi que ce pôle dispense un service de conseil pour tous ceux d'entre vous qui sont élus et qui ont besoin d'aide et d'expertise pour répondre aux défis que soulève leur mandat.
De ces trois pôles naîtra une formidable dynamique, tournée résolument vers l'avenir et vers les prochaines échéances électorales. Une continuité sera ainsi créée entre la réflexion, la préparation et l'action. Nous serons plus forts, car armés idéologiquement, préparés physiquement et soutenus matériellement. Par ailleurs, afin de préparer l'avenir, nous devons associer nos jeunes compagnons aux décisions du mouvement. Je ne suis pas persuadé que séparer les opérations Jeunes des autres soit une bonne chose. Au contraire, il me paraîtrait plus judicieux que chaque responsable de l'un des pôles ait un adjoint Jeunes qui le seconderait. Ce « parrainage » interne donnerait un souffle nouveau à nos décisions et permettrait de transmettre l'expérience aux cadres de demain. Il pourrait être étendu à d'autres niveaux de décision.
Le RPR sera alors profondément imprégné de cette culture du débat, marquée par ces échanges continus entre générations et entre expériences diverses, faisant naître sa richesse de la diversité et sa cohésion de la foi en nos valeurs gaullistes.