Interviews de Mme Nicole Notat, secrétaire générale de la CFDT, dans "L'Expansion" du 4 décembre 1997, "Le Figaro" du 5, Europe 1 le 8, France-Inter le 11 et à RTL le 14, sur les élections prud'homales et la réduction du temps de travail, les relations avec FO et l'attitude du CNPF sur les 35 heures.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission Forum RMC Le Figaro - Emission L'Invité de RTL - Emission Le Grand Jury RTL Le Monde LCI - Europe 1 - Forum de l'Expansion - France Inter - L'Expansion - Le Figaro - RTL

Texte intégral

L’Expansion  : 4 décembre 1997

L’Expansion : Quelle est la véritable ambition de la CFDT pour les élections prud’homales : devenir le premier syndicat de cadres ou conforter sa position de n° 2 derrière la CGT ?

Nicole Notat : Les évolutions sont lentes en matière électorale et il faudra encore du temps pour que la CFDT, qui est aujourd’hui la première organisation syndicale en nombre d’adhérents, le devienne également en audience électorale. Une nouvelle progression d’ensemble dans tous les collèges confortant notre deuxième place sera un bon résultat. Chez les cadres, la première place est à notre portée. Si tel est le cas, ce serait évidemment un résultat particulièrement satisfaisant…

L’Expansion : Vos prises de position – sur le plan Juppé, les trente-cinq heures, la réduction du temps de travail… – vous paraissent-elles vraiment de nature à séduire les « classes moyennes » ?

Nicole Notat : Je l’espère ! Ce qui ne veut pas dire que ces thèmes ne sont pas susceptibles d’intéresser les ouvriers et les employés. Nous croyons que tous les salariés peuvent, quand ils les connaissent bien, se retrouver dans nos choix. Prenons l’exemple du financement de l’assurance-maladie : c’est un gain de pouvoir d’achat de 1,1 % pour tous les salariés au 1er janvier prochain. Voilà une revendication que la CFDT a été longtemps seule à porter.

L’Expansion : Une faible participation des salariés (40 % en 1992) ne sonnera-t-elle pas le glas de ce type d’élection ?

Nicole Notat : Je refuse de penser que l’abstention pour un tel scrutin est une fatalité. Si, en tout état de cause, elle ne régresse pas le 10 décembre, ce sera le signe que le débat sur l’enjeu de ces élections n’aura pas atteint tous les salariés. On sait que l’abstention a aussi des raisons techniques. Les modalités d’inscription ou celles dans lesquelles les salariés ont la possibilité réelle de s’exprimer méritent d’être revues et corrigées. Mais, en tout état de cause, nous demeurons fondamentalement attachés à l’élection des conseillers prud’homaux ?


Le Figaro : 5 décembre 1997

Le Figaro-Économie : Quelle conception les candidats CFDT entendent-ils défendre au sein des conseils ?

Nicole Notat : Voter CFDT aux élections prud’homales, c’est bien sûr élire des conseillers compétents et intègres au cœur d’une institution qui n’a plus à faire la preuve de son efficacité. Dans la plupart des cas, les prud’hommes apparaissent comme les premiers et ultimes recours, favorables à 80 % aux salariés qui y ont recours.

Voter CFDT, c’est surtout faire le choix d’une conception renouvelée du syndicalisme. Les réalités économiques et sociales évoluent. Chaque jour, au quotidien, les salariés ressentent les répercussions directes des mutations importantes qui traversent le monde du travail. La CFDT ne refuse pas par principe ces changements quand ils sont justifiés. Par contre, dès lors qu’ils se couplent d’un accroissement de la précarité, du chômage, des heures supplémentaires abusives non payées, d’un non-respect des droits individuels et collectifs, nous devons agir.

Voter CFDT, c’est donc se donner les moyens d’une défense des intérêts de chacun, sans opposition d’une catégorie contre une autre. De l’ouvrier au cadre supérieur, personne ne se trouve à l’abri d’une remise en cause directe ou indirecte de sa situation.

C’est une évidence : la CFDT a cette ambition, par son expérience, sa connaissance et le savoir-faire de ses représentants, de contribuer à l’amélioration du sort de tous.

Le Figaro-Économie : Comment cette attitude s’articule-t-elle avec votre politique revendicative ?

Nicole Notat : Les revendications que porte la CFDT vont dans ce sens : l’Arpe (allocation retraite pour l’emploi), la réforme de l’assurance maladie qui veille à garantir un accès égalitaire à des soins de qualité, la réduction du temps de travail négociée et créatrice d’emplois, etc. Toutes ces mesures défendues par la CFDT procèdent de la même volonté : incarner une force indépendante de tout parti politique, une force qui sait se faire entendre quels que soient les gouvernements et les interlocuteurs patronaux en place. La CFDT est une force qui propose, qui agit, qui négocie pour orienter les changements dans un sens plus favorable à l’amélioration des conditions de vie et de travail des salariés et des chômeurs. Une force qui obtient des résultats concrets. En un mot, une force syndicale qui apporte chaque jour un peu plus la preuve de son efficacité et donc de son utilité.


Europe 1 : lundi 8 décembre 1997

J.-P. Elkabbach : Sans me montrer indiscret : vous chaussez du combien ?

N. Notat : 38. Vous voulez me payer une paire de chaussures ?

J.-P. Elkabbach : Non, vous voyez que tout le monde ne chausse pas du 35. C’est l’argument des patrons qui entrent en guerre contre la loi sur les 35 heures. Est-ce que vous êtes si sûre qu’ils n’ont pas un peu raison ?

N. Notat : Le patronat, dans cette bataille pour les 35 heures, part en guerre. D’abord, c’est une mauvaise guerre et en plus, si cela devait être une guerre, il mène cette guerre avec de très mauvais arguments. Alors, franchement, il est temps qu’il se ressaisisse et il est temps que ce patronat nous dise que si véritablement il est attaché à l’intérêt des entreprises, il est attaché au développement économique, il est attaché au développement de l’emploi. Bref, s’il ne se décide pas de se mettre sur la touche par rapport au terrain de jeu des problèmes de la société et des mutations françaises, il serait temps qu’il nous dise ce qu’il faut faire pour créer de l’emploi.

J.-P. Elkabbach : Mais pourquoi obliger les chefs d’entreprise, c’est-à-dire ceux qui créent des emplois en principe, à faire ce qu’ils ne veulent pas ?

N. Notat : Il y en a beaucoup qui en mangent, des emplois.

J.-P. Elkabbach : Mais il y en a qui en créent. Est-ce que vous êtes si sûre que les 35 heures ne vont pas affaiblir les entreprises en alourdissant le coût du travail, des charges ?

N. Notat : Voilà l’argument massue qui est un argument mensonger ! C’est un argument mensonger car il part du principe que la loi, qui n’est pas encore là mais qui devrait sortir des décisions de la Conférence du 10 octobre, est une loi qui passe tout de suite aux 35 heures de manière uniforme, de manière standard sans aide de l’État, tout le monde dans le même moule : ce n’est pas vrai ! Le patronat ment, il le sait parce que cette loi, dont on ne sait pas encore d’ailleurs ce qu’elle sera au 1er janvier de l’an 2000…

J.-P. Elkabbach : Mais elle sera.

N. Notat : Elle sera précédée par des négociations tous azimuts. Des négociations tous azimuts où les patrons auront la possibilité de mettre sur la table tout ce qu’ils ont envie de mettre sur la table pour changer l’organisation du travail, ce qu’ils réclament à cor et à cri. Nous, nous aurons la possibilité de demander pour les salariés de la vraie réduction de la durée du travail, pas de la fausse. Et puis surtout, par pitié, il y aura des gens qui vont rentrer dans l’entreprise, qui vont avoir de l’emploi, pas artificiel, grâce à des aides financières, à un investissement collectif, de la solidarité de la collectivité.

J.-P. Elkabbach : Mais c’est normal d’acheter comme cela autant d’emplois ? Et vous restez favorable à la loi qui a été mise au point ou dont l’idée a été lancée le 10 octobre ? À l’époque, vous vous félicitiez des résultats de la journée Jospin : vous restez toujours sur cette ligne ?

N. Notat : Oui, mais je continue à penser – à la CFDT, nous continuons à penser –, et cela va continuer à se savoir, que la réduction de la durée du travail, à condition de s’en servir d’une bonne manière, à condition d’utiliser à plein les deux années de négociations que nous avons devant nous, sera et fera la démonstration de la création d’emplois. La loi de Robien, voilà ce qui va se passer : c’est l’amplification.

J.-P. Elkabbach : Vous étiez isolée dans le soutien à la loi Robien et vous étiez isolée sur le plan syndical mais Martine Aubry était contre la loi Robien ?

N. Notat : S’il y a maintenant, plus de 1 200 accords signés avec la loi Robien en un an, alors que comme vous le dites, tout le monde était contre – le patronat déjà : à l’époque ce n’est pas parce qu’il y avait la loi sur les 35 heures, il n’y en avait pas de loi butoir à l’époque ; cela n’empêche pas qu’il nous a fait une démonstration, plus exactement des affirmations, une colère sur la loi de Robien comme on avait jamais entendu cela. Il continue aujourd’hui sur les 35 heures et pourtant, des entreprises, des chefs d’entreprise l’ont utilisée, et certains que j’ai rencontrés dernièrement en les visitant dans les entreprises me disent : vous savez, finalement, je ne comprends pas bien pourquoi on est contre ces 35 heures à Paris, car moi, dans mon entreprise, cela m’a servi pour améliorer ma compétitivité, pour développer mon entreprise et j’ai pu créer de l’emploi.

J.-P. Elkabbach : Ce n’est pas ce que pense un grand nombre de patrons. Je ne sais pas si vous avez vu la presse, MM. Beffa, Drouin, Dubrule qui montent eux aussi au créneau avec le CNPF. Mais si je comprends bien la loi, la première, c’est une loi-cadre ? Et on mettra ce qu’on voudra dedans ? Donc, c’est une loi politique : il fallait la prendre pour des raisons politiques ?

N. Notat : Écoutez, elle était déjà prise. C’est la loi de Robien qui continue pendant deux ans. Simplement, le gouvernement a ajouté au bout de ces deux ans sa volonté – c’était une promesse de campagne et puis c’était peut-être aussi un moyen de pousser les entreprises à négocier davantage. Car si elles veulent éviter la mauvaise manière de réduire la durée du travail – car il y a une mauvaise manière, nous l’avons dit –, c’est justement, avant l’an 2000, de négocier tous azimuts, de négocier dans les branches, de négocier dans les entreprises, de montrer qu’il y a une manière positive de réduire le temps de travail pour l’emploi.

J.-P. Elkabbach : Ernest-Antoine Seillière a promis, ici même, la chute de Lionel Jospin sur les 35 heures ? Pas sur le gouvernement, sur les 35 heures.

N. Notat : Oui, on ne sait plus trop comment l’un peut tomber sans l’autre.

J.-P. Elkabbach : Les adversaires durcissent leurs réactions, comment allez-vous faire, vous, les syndicats, face à un patronat de combat et plus radical que le précédent ?

N. Notat : Oui, je crois qu’incontestablement nous assistons en cette fin d’année à une radicalisation du patronat, une radicalisation un peu de tous les côtés. Moi, je vais vous dire, nous allons regarder ça de manière tout à fait sereine mais déterminée.

J.-P. Elkabbach : C’est-à-dire ?

N. Notat : C’est que nous ne laisserons pas le patronat porter atteinte à ce qui est aujourd’hui le problème et la nécessité principale qu’ont tous les acteurs responsables de ce pays, c’est-à-dire de sortir les Français du chômage, de l’exclusion, des problèmes de l’inquiétude et du désarroi sur l’avenir. Et s’il y a radicalisation des patrons, je peux vous dire que je ne vois pas comment il n’y aurait pas radicalisation du côté des salariés, au moins des tensions qui naîtraient. Et nous ne serons pas de ceux qui laisserons le CNPF conduire ce pays à la ruine, à plus de chômage, à plus de misère, à plus de pauvreté.

J.-P. Elkabbach : Il n’est pas pressé de vous rencontrer M. Seillière, j’ai remarqué ça.

N. Notat : Oh, il n’est pas élu, il est en campagne. Donc, pour le moment, je comprends qu’il ne rencontre pas les organisations syndicales. Je comprendrais mal, parce qu’à ce moment-là ce serait un signe, que dès qu’il est élu, il ne demande pas à rencontrer les organisations syndicales.

J.-P. Elkabbach : Après-demain, les élections prud’homales, c’est-à-dire l’occasion de mesurer l’audience, l’influence réelle des centrales syndicales. Tout le monde se souvient de la fin de conflit des routiers. Je prends cet exemple, la CFDT avait obtenu la reprise du travail, FO avait résisté et continué de menacer. Avec le recul, qui avait raison ?

N. Notat : Avec le recul, ce sont les routiers qui bien évidemment avaient raison, car maintenant les routiers ont sur leur feuille de paie, à partir de la fin novembre, les résultats de cette action. Donc, nous n’avons pas eu raison de lever les barrages, nous avons eu raison de conduire cette négociation pour les augmentations de salaire significatives que les routiers aujourd’hui ont maintenant sous les yeux, ont maintenant sur leur compte en banque, ont maintenant dans leur porte-monnaie. Eux savent qu’ils n’ont pas menés une action pour rien. Il faut que tout le monde le sache aujourd’hui, malgré l’intoxication, malgré le mensonge odieux qui ont été faits pendant cette période.

J.-P. Elkabbach : De qui ?

N. Notat : De M. Blondel, de FO en particulier. À peu près d’eux seuls d’ailleurs.

J.-P. Elkabbach : Donc, vous voulez dire que les coups de gueule, ça ne servait à rien ?

N. Notat : Si, bien sûr, ça servait à nuire à la CFDT, ça servait à laisser sous-entendre qu’il n’y avait rien dans cet accord, ça laissait sous-entendre que seule FO avait la bonne vision des choses. Eh bien Force ouvrière s’est trompée, j’en suis désolée pour elle car si nous avions pu, ensemble, conduire cette négociation, je crois qu’aujourd’hui les routiers auraient le sentiment d’avoir conduit une action non pas dans la confusion, dans la radicalisation entre les organisations syndicales mais dans une meilleure entente entre les organisations syndicales, et c’est ce qu’ils attendent.

J.-P. Elkabbach : Je peux vous demander ce que vous avez pris à votre petit déjeuner parce que M. Blondel, le patronat, ils en ont tous pris !?

N. Notat : Un petit déjeuner normal, mais écoutez, quand trop, c’est trop.

J.-P. Elkabbach : 1998, ça va être comment ? Parce que l’on voit bien que les armées sociales se mettent en place, d’ici au 31 décembre, d’ici 20 jours, 1998 ça sera comment ?

N. Notat : Il y a des fusils qui se mettent en place, mais j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de balles à blanc.


France Inter : jeudi 11 décembre 1997

S. Paoli : L’abstention aux élections prud’homales – plus de 65 % – donne-t-elle la mesure réelle du désamour syndical en France ? Ainsi, au moment où la question du travail, l’angoisse du chômage n’ont jamais été aussi vives que les conseils de prud’hommes sont de plus en plus souvent saisis pour trancher des conflits entre salariés et employeurs, ce scrutin national pose la question de la représentativité des grandes centrales. Le paysage syndical français évolue peu, la CGT reste en tête malgré une légère érosion, la CFDT progresse de deux points par rapport à 1992 et surtout prend la première place chez les cadres. FO reste stable. Le grand mouvement social de décembre 1995, non seulement n’a guère modifié le rapport de force entre les trois grands syndicats, mais n’a pas renforcé la fonction syndicale. Environ 8 % de syndicats en France, c’est l’un des taux les plus bas d’Europe. Y a-t-il une crise de la représentation syndicale ou pas ?

N. Notat : Il y a une spécificité syndicale française, c’est évident on le sait, on est les derniers en nombre d’adhérents par rapport aux autres pays européens. Cela a une histoire mais bon, je ne crois pas à cette fatalité. Il y a des possibilités de sortir de cette situation. Et je ne suis pas sûre, au regard du taux de participation sur lequel vous venez à juste titre d’insister beaucoup, que finalement les élections prud’homales, les conditions dans lesquelles elles sont organisées dans notre pays soient finalement le bon test ou peut-être, en tout cas, est-ce qu’il doit être le seul test ?

S. Paoli : Il y a un aspect structurel dans ces résultats ? Mauvaise organisation, mauvaise logistique ?

N. Notat : Vous savez comment c’est organisé. Il y a des grandes entreprises où on a la possibilité de voter sur place. Là, en général, les gens vont voter, il n’y a pas de problème, c’est organisé ou on organise les déplacements dans les grandes entreprises. Mais vous savez qu’il y a un certain nombre de villes – j’en vois quatre : Brest, Strasbourg, Quimper, Nevers – où il y a un seul bureau de vote pour tous les salariés qui ne votent pas dans leur entreprise. Avouez franchement qu’il faut vraiment avoir envie d’aller voter. Ajoutez à cela qu’à propos du vote par correspondance cette année, j’ai eu un nombre incalculable de gens nous disant : nous avons reçu nos documents la veille, si ce n’est le jour où il fallait déjà avoir fini de voter. Et ajoutez un point très important : vous savez que le syndicalisme n’est pas très implanté dans les petites et moyennes entreprises, eh bien dans ces PME on a tout simplement encore peur d’aller voter, de sortir de son lieu de travail parce qu’on a peur que ce soit mal vu…

S. Paoli : De peur de perdre son emploi ?

N. Notat : Peut-être pas jusque-là mais en tout cas j’ai pu constater, y compris hier en rentrant dans des commerces, des choses comme ça, que cela n’avait rien d’évident.

S. Paoli : Quel paradoxe. Tout de même, cette peur qui traduit la peur plus générale des Français sur la question du travail et de l’emploi, et un aussi faible investissement sur la question justement de la représentativité, de ceux qui vont défendre les salariés !

N. Notat : Non, ce n’est pas une aussi faible représentativité. Il y a les élections aux comités d’entreprise qu’il faut regarder aussi. Lors des élections aux comités d’entreprise, il y a 60 % de participation. Donc voilà un chiffre qu’il faut mettre en avant. Pour ce qui nous concerne, parce qu’après tout je veux aussi parler de ce que je connais un peu mieux, nous avons depuis les dernières élections prud’homales augmenté nos adhérents à peu près de 150 000. Peut-être aussi est-ce que ça se voit dans le résultat qu’on a là. Je crois que là où le bât blesse en France, c’est dans la présence syndicale dans des professions, dans des entreprises où le salariat est nombreux aujourd’hui et ne connaît pas encore assez de présence syndicale.

S. Paoli : Sur la question des 35 heures où beaucoup disent après tout, c’est peut-être entreprise par entreprise qu’on pourra avancer, beaucoup de chefs d’entreprise se plaignent de n’avoir pas d’interlocuteur syndical.

N. Notat : C’est un très bon exemple parce que la loi de Robien, comme 70 % des 1 000 accords qui ont été votés, ont été votés dans des entreprises de moins de 100 employés qui n’avaient en général pas de délégué syndical, mais qu’il en fallait un pour voter, on a mandaté des gens au nom d’une organisation syndicale pour négocier. Et nous avons depuis implanté beaucoup de délégués syndicaux et de sections syndicales dans les petites et moyennes entreprises. Donc, vous voyez, l’obligation de négocier la réduction de la durée du travail, c’était un bon moyen d‘entrer, d’implanter de nouvelles sections dans les entreprises.

S. Paoli : Mais est-ce que cette question qui est posée au syndicalisme en général n’est pas liée au fait que tout en France remonte à l’État et qu’au fond, il y a toujours l’État qui va finir par intervenir dans un conflit et prendre une position telle qu’au fond, les syndicats ne remplissent pas complètement leur rôle ?

N. Notat : Ce n’est pas qu’ils ne le veulent pas. Peut-être des fois la situation française, cette division aujourd’hui atteint des sommets et je crois se retourne contre l’efficacité syndicale c’est évident.

S. Paoli : Regardez ce que font les Allemands et les Anglais en l’occurrence.

N. Notat : Tout à fait. Mais c’est un peu l’histoire de l’œuf et la poule. L’État est omniprésent en France depuis tout le temps, c’est historique. Je crois qu’on ne changera pas du jour au lendemain cette situation du législateur. Et il est d’autant plus prêt à occuper le terrain que les partenaires sociaux ne l’occupent pas. Mais les partenaires sociaux voyant que l’État intervient se disent : eh bien ce n’est pas la peine qu’on intervienne puisque l’État intervient. Si tout ça peut participer d’une meilleure répartition des tâches et des rôles, où l’État a son rôle, sa fonction, peut-être davantage incitateur, impulseur de négociation plutôt que décisionnaire. Ce qui se passe sur la question de temps de travail, c’est une bonne chose.

S. Paoli : Ces deux points que la CFDT vient de gagner, surtout cette première place que vous prenez chez les…

N. Notat : Excusez-moi je suis modeste : 1,5 point.

S. Paoli : Cette première place que vous prenez chez les cadres, vous l’attribuez à quoi : au sentiment que, justement vous vous inscrivez dans une ligne un peu réformiste ? Tenez, si on veut faire une comparaison européenne, un petit peu à l’allemande ?

N. Notat : Écoutez, je l’attribue, je vous l’ai dit, à plusieurs choses. Parce que nous sommes premiers chez les cadres, c’est vrai, nettement, puisque là nous faisons un bond en avant très important. Nous sommes premiers dans la section agriculture. Et je voudrais dire au passage que chez les cadres, nous avons des endroits où nous faisons effectivement des scores très très importants, et c’est vrai que je peux me permettre ce matin de faire un petit clin d’œil, parce que ce sera la seule et unique réponse que je ferai, à la manière dont M. Blondel s’est situé par rapport à moi en particulier, à la CFDT en général. M. Blondel, il a voulu prendre la tête de la section encadrement à Paris, M. Blondel fait 9 %, je suis désolée qu’il n’ait même pas pu franchir la barre des 10 %. Et une femme, CFDT, représentant les cadres fait à Paris 34 %. Donc vous voyez, de temps en temps, il y a des scores liés à une morale dans la vie. Donc, par rapport au reste, comment j’explique ça ? Je vous l’ai dit : je crois, par le nombre d’adhérents. Je prends par exemple la région parisienne : nous étions toujours en dessous de notre moyenne nationale. À Paris même, nous progressons de 5,1 %. Dans les Hauts-de-Seine, pour ne citer par exemple qu’un département, nous progressons de 7 %. Val-de-Marne, fief de la CGT, 4 %. Donc, vous voyez qu’il y a en même temps, quand même, des voix qui sont venues à la CFDT, et qui ne sont pas des voix qui sont venues par hasard. Je crois que nous sommes en train d’installer, comme vous l’avez dit, un syndicalisme qui s’appuie d’abord sur des adhérents. Et ça c’est la solidité, ça consolide une organisation syndicale, ça enracine une organisation syndicale dans le secteur privé en l’occurrence. C’est tout un travail de longue haleine et un type de syndicalisme, vous avez raison de le dire, qui refuse de faire dans le populisme – ça, heureusement, M. Blondel n’a pas gagné en faisant le pari de cet affreux choix qu’il a fait, de rentrer sur ce terrain. Pas le choix non plus de l’acceptation et de la fatalité des choses. La CFDT est une organisation combative, est une organisation qui ne peut pas supporter ce qui est intolérable dans la société d’aujourd’hui. Simplement, elle refuse de se montrer toujours plus impuissante à changer les réalités. C’est donc un syndicalisme qui est combatif, mais constructif à la fois. Je crois que c’est ce que les salariés entendent et ce qu’ils aiment.

S. Paoli : Une chose encore : vous venez d’envoyer un message direct à M. Blondel ou plutôt une réponse, avez-vous quelque chose à dire à M. Seillière qui va bientôt prendre officiellement ses fonctions au CNPF ? S’agissant de ce débat d’idées, au risque des idées d’ailleurs, que vous préconisez à la CFDT ?

N. Notat : Je vais dire à M. Seillière que pour le moment il est en campagne, donc je ne veux pas considérer des propos de campagne comme des propos définitifs.

S. Paoli : Vous parlez comme M. Jospin là…

N. Notat : Ça peut arriver de temps en temps. Et, en l’occurrence, je pense que M. Seillière n’est pas un homme dont l’expérience au CNPF l’a conduit à véritablement réfléchir aux questions sociales. Et qu’on ne pourra pas avoir un président du CNPF qui méprise sa responsabilité sociale, qui méprise les problèmes qui sont posés aux salariés, aux chômeurs, à notre société, et qui ne pourra pas défendre les entreprises en ne pensant qu’aux intérêts particuliers de chacune des entreprises.


Grand Jury RTL - Le Monde – LCI, 14 décembre 1997
Passages importants

L’abstention aux élections prud’homales

À chaque élection prud’homale, le taux de participation est catastrophique. Cette année, c’est d’autant plus une catastrophe qu’il a encore diminué. (…) Diverses raisons expliquent le fort taux d’abstention aux dernières élections prud’homales : d’abord, il y a eu un changement fondamental dans la nature des catégories de salariés selon les sections (…) ; ensuite, c’est une course d’obstacles que d’aller voter aux prud’hommes (…) enfin, il y a eu des dysfonctionnements dans l’organisation de ce scrutin. (…) J’ajoute que, dans les petites entreprises, on a peur d’aller voter. (…)

Question : N’y a-t-il pas une autre raison : un certain discrédit des politiques syndicales ?

À chaque fois que l’on peut mettre le syndicalisme en difficulté, on lui appuie un peu plus sur la tête pour être sûr que ça va lui faire encore plus mal.

Cela dit, nous allons proposer (…) au gouvernement (…) de modifier les règles d’organisation du vote aux prud’homales (…) et de diversifier les critères de représentativité des organisations syndicales. (…)

L’exception française, c’est que la représentation des salariés peut se faire hors organisation syndicale représentative, ce qui n’existe nulle part ailleurs en Europe. (…) C’est tout juste si le Code du travail n’incite pas à penser qu’une organisation syndicale c’est peut-être un peu sale. Dans ces conditions, puisque le Code du travail les y incite, ne trouvons pas bizarre que les salariés désertent les organisations syndicales. (…) Il ne faut pas organiser la désertion des organisations syndicales. (…) Il faut au contraire organiser (…) la possibilité d’être représentant d’une liste syndicale : il y en a suffisamment en France et on peut faire son choix.

« Nous n’avons pas fait le plein de nos voix »

(…) Nous n’avons pas fait le plein de nos voix. Mais c’est plutôt encourageant pour l’avenir (…)

Nous pensons qu’une organisation syndicale, si elle veut véritablement être forte, représentative, légitime par rapport au message qu’elle porte, doit avoir le plus grand nombre d’adhérents possible.

Une faible participation, c’est aussi un pays faiblement syndiqué. (…). C’est une anomalie française dont il faut venir à bout. (…) J’ajoute que la division syndicale (…) joue contre l’intérêt du syndicalisme.

La CFDT première organisation des cadres

(…) Les cadres me semblent avoir, plus que les autres, été plus loin dans la dynamique CFDT qui s’est révélée à l’occasion de ces élections prud’homales. (…) Cela montre que (…) les cadres ont de plus en plus le sentiment d’être des salariés comme les autres. (…)

Dans des secteurs dont je disais qu’ils étaient faiblement sensibilisés, (…) la CFDT progresse. Ce n’est pas le fait du hasard, c’est une dynamique qui est enclenchée. (…)

Question : Qu’est-ce que cela change au sein de la CFDT ?

(…) Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, mais j’ai le sentiment que les choses vont très bien à la CFDT, en termes de moral interne et de cohésion retrouvée. Nous avons même une certaine fierté à avoir assumer dans l’adversité – et quelle adversité ! – (…) une ligne syndicale qui, finalement, fait la preuve qu’elle intéresse des salariés. (…)

Les propos de Marc Blondel

Question : Marc Blondel a même dit que vous trahissiez les salariés

Il a même dit ça. (…) Je trouve que c’est grave. (…)

Nous avons gagné dans l’hostilité complète, dans l’adversité, dans des conditions qui ne sont pas dignes des règles du jeu que l’on a toujours appliquées dans le mouvement syndical. (…)

Loin d’arrêter les croche-pieds, Marc Blondel a continué. Dans le débat syndical, nous défendons des valeurs d’authenticité, de démocratie, de tolérance, de respect de l’autre, d’un syndicalisme libre et authentique cher à Force ouvrière d’hier. Ces règles-là ont été falsifiées. Je crois que c’est la tentation du populisme. Comme c’est à la mode, (…) Marc Blondel a pensé que cela pouvait davantage prendre, afin que la CFDT ne se retrouve pas en tête. Il a perdu. Heureusement il y a une morale. (…) Il n’est pas parvenu à franchir la barre des 10 %, ce qui est tout de même dur pour lui.

Les protestataires et les réformistes

Je souhaite qu’entre les protestataires et les réformistes il n’y ait pas d’étanchéité irréductible. Je pense que la CGT est de tradition protestataire. Je pense que Force ouvrière veut faire tout à la fois – et c’est pour cela que l’on ne sait plus où elle est et quelle est sa stratégie –, c’est-à-dire tantôt dans le protestataire comme la CGT, pour aller chasser sur les terres de cette dernière, tantôt dans le populisme, pour aller chasser sur des terres qui me plaisent beaucoup moins, tantôt dans le contractuel – tout au moins dans les discours et dans quelques actes – pour tout de même rester FO et garder son électorat.

Par conséquent, Marc Blondel passe du froid au chaud, puis du chaud au tiède. Je crois que l’on ne sait plus trop où il est. Pour ce soir, je le mets entre parenthèses, car je ne sais pas ce que va devenir FO.

En revanche, pour tout le reste du paysage syndical ; il faut conserver la fonction protestataire, qui est à la source de toute fonction syndicale (…). Mais il faut, en même temps que l’on proteste, ouvrir les voies de quelque chose qui va véritablement permettre à la société de changer, aux conditions de vie et de travail des salariés de s’améliorer. Il faut protester et réformer pour devenir une force syndicale qui intéresse, qui attire parce qu’elle fait la preuve de son efficacité et de son utilité.

Le Front national, les syndicats et les partis politiques

Je regrette que nous ayons attendu qu’il y ait des élus du Front national avant de nous demander si ces listes qui étaient fabriquées de toute pièce par ce parti politique pouvaient se présenter aux élections prud’homales. Mais le Code du travail le permet. Décidément, le Code du travail a bien besoin de changer. (…)

Il faut une loi qui énonce clairement que ne peuvent se présenter dans des élections à caractère social que des organisations dûment reconnues comme étant des organisations œuvrant dans le domaine social. Or, à l’évidence, (…) personne n’a entendu parler de cette organisation créée de toute pièce par le Front national comme d’une organisation syndicale ; en fait, ce n’est que l’émanation d’un parti politique. Elle n’est donc pas à ce jour connue comme une organisation œuvrant dans le domaine social et syndical, ayant fait la preuve de sa légitimité : elle n’a donc pas à se présenter à ce type d’élections. (…)

Je ne souhaite pas que sur les terrains social et syndical, nous nous amusions à ce à quoi s’amusent les partis politiques avec le Front national, (…) lesquels ne se positionnent qu’en fonction des conséquences que leurs actes peuvent avoir sur l’électorat du Front national. (…)

Pour notre part, nous sommes pour que les syndicats soient indépendants des partis politiques. (…) Cela dit, il peut y avoir une filiation entre un parti politique et une organisation syndicale : c’est le cas du PC et de la CGT. Mais qui, aujourd’hui, peut nier que la CGT n’est pas une organisation syndicale ? (…) Ce n’est tout de même pas Robert Hue qui est le secrétaire général de la CGT. (…)

La réduction du temps de travail, la flexibilité et l’annualisation

Je suis étonnée, et un peu déçue, je dois le dire, que l’ensemble de la droite se retrouve dans un unanimisme, un peu troublant à mes yeux, contre la réduction du temps de travail, alors qu’hier, dans sa majorité, elle a voté une loi devenue célèbre, la loi Robien, qui finalement a été la première à ouvrir la voie à la réduction de la durée du travail à 35 heures ou à 32 heures, moyennant des aides de la collectivité (…). Je serais moins étonnée si la droite menait la bataille (…) contre l’article 1er de la loi qui tend, au 1er janvier de l’an 2000, à baisser la durée légale du travail dont elle pourrait penser, à tort à mes yeux, qu’elle serait obligatoire, uniforme, imposée à tout le monde. (…)

Il est évident que ce gouvernement a fait de la politique avec la réduction de la durée du travail, (…) mais je me souviens d’un autre gouvernement dont le Premier ministre était Chirac qui avait décidé la suppression de l’autorisation administrative de licenciement. L’un dans l’autre, à chacun son truc. (…)

Actuellement, les variations d’activités ont lieu contre l’intérêt des salariés et contre l’emploi. (…) C’est la raison pour laquelle nous ne sommes absolument pas effarouchés par une discussion sur l’organisation du travail. C’est l’intérêt des salariés s’ils veulent réduire leur précarité. (…) La précarité en moins, la réduction de la durée du travail en plus et l’emploi au bout, c’est le triplé gagnant. (…) Je ne comprends pas pourquoi les chefs d’entreprise sont arc-boutés contre cette négociation globale. (…)

Je veux simplement rappeler au CNPF que s’il lui tombe sur la figure cette loi, c’est peut-être parce qu’il n’a pas assez occupé dans de bonnes conditions le terrain contractuel. (…)

En France – c’est là encore une expression française –, nous n’avons jamais vraiment choisi entre le tout-législatif, entre l’intervention de l’État prédominante (…) et l’occupation d’un espace contractuel par les partenaires sociaux qui soit réelle et pas seulement occasionnelle. (…)

Le patronat part en guerre, mais contre qui, contre quoi ? Contre le gouvernement ? Contre les 35 heures ? Je préférerais qu’il parte en guerre contre le chômage. (…) En tout cas, les salariés n’accepteront pas longtemps d’être les otages d’une radicalisation entre le gouvernement et le patronat. (…) Je sens un patronat très dérouté, qui sait souvent dire ce qu’il ne veut pas ou plus, mais je ne sais encore pas ce qu’il veut de positif, de constructif pour répondre aux vraies questions qui sont posées à la société française et aux entreprises. (…)

L’ARPE

Depuis que ce dispositif existe, le CNPF est contre. Et à chaque fois que nous nous retrouvons autour d’une table, le CNPF signe pour prolonger le dispositif. C’est paradoxal : alors qu’une campagne patronale annonce qu’il n’y aura plus de négociations interprofessionnelles (…), hier une négociation interprofessionnelle s’est conclue par une signature au bout de quatre heures alors que d’habitude il faut y passer la nuit. (…)

Toyota en France

(…) La France aujourd’hui bénéficie largement de la mondialisation (…) même si certains secteurs, comme le textile, en subissent de plein fouet les conséquences. Si la France a envie de s’implanter dans d’autre pays – et c’est heureux, il est bien aussi que d’autres viennent s’implanter chez nous. (…)

Les fonds de pension

Il est évident que si nous voulons maintenir aux retraités de demain de bonnes pensions, il faudra faire un certain nombre de réformes. (…) Nous sommes attachés à la CFDT à ce que l’on privilégie le niveau de pension des retraités et que les réformes, si elles sont nécessaires, ne conduisent pas à une perte du pouvoir d’achat des retraités de demain. (…) Nous sommes attachés à la pérennité du système par répartition. (…) Nous allons dire à M. Jospin : il est inscrit dans la loi que le régime général doit garantir 50 % de la rémunération antérieure aux salariés ; aujourd’hui, il n’assure plus que 47 % et tous les ans ce taux risque de baisser encore. (…) Nous voulons que le minimum soit garanti à tout le monde, ainsi que le deuxième étage, c’est-à-dire les régimes complémentaires. (…) Si l’on fait un troisième étage, les fonds de pension, l’épargne-retraite, qui garantisse pour tout le monde les deux premiers étages, nous n’avons pas de position de principe. Pourquoi serait-ce impossible puisque, aujourd’hui, tous les salariés individuellement ont déjà des assurances d’épargne-retraite pour compléter ce que leur assure le régime par répartition. (…) Je préférerais que cela soit organisé de telle sorte que les bas revenus (…) ne soient pas exclus définitivement du troisième étage. (…)

Ce projet se heurterait à toutes les organisations syndicales – en tout cas à la CFDT – si, de près ou de loin, il revenait à grignoter, à modifier structurellement le système par répartition (…).

Les régimes spéciaux de retraite

(…) C’est l’intérêt de tout le monde d’anticiper les problèmes à temps. J’ai simplement un conseil à donner, mais je pense qu’il est inutile : avant de prendre des décisions, avant de s’orienter vers des solutions un peu hasardeuses et mal comprises, il faut peut-être faire un peu de pédagogie. (…) Que l’on ne prenne pas de mesures qui n’auraient même pas vocation à résoudre les problèmes d’un certain nombre de régimes spéciaux et qui, de toute façon, coûterait cher à la nation. (…)

L’Europe

(…) Les pays de l’ex-Europe centrale et orientale, oui, il faut les arrimer à l’Europe, quand cette Europe en train de se construire avec l’Union économique et monétaire aura été au bout des problèmes qu’elle doit résoudre. Après le traité d’Amsterdam qui doit être ratifié, il y a un gros problème que les Quinze (…) doivent prendre en charge, sinon on créera des illusions parmi les pays (…) qui frappent à la porte de l’Europe, c’est la réforme institutionnelle. (…) Un seul pays ne doit pas pouvoir bloquer et l’Europe doit, quand elle a pris une décision, avoir les moyens opérationnels qui lui permettent de l’appliquer. Cela doit être fait avant l’élargissement, sinon celui-ci sera dommageable pour tout le monde. (…)

L’ambition de la CFDT

L’ambition de la CFDT est d’être une locomotive pour que le mouvement syndical français pèse enfin sur son avenir, ne se laisse pas guider au fil de l’eau par des gens qui décident à sa place de ce que sera notre avenir commun.