Texte intégral
C’est avec grand plaisir que je mesure le développement, au sein de l’Institut d’études politique de Paris, d’une conscience franco-allemande vive dont témoigne l’activité de l’association franco-allemande.
Ainsi, le développement d'études en commun avec des étudiants allemands, qui constituait plutôt une exception du temps de mes études à Sciences Po, est devenu aujourd’hui comme une évidence. La coopération entre l’IEP et l’université libre de Berlin témoigne de ces liens riches et forts que nos jeunesses ont su tisser en une période relativement courte.
Cette conscience est, pour une part, l'héritage lumineux de l'enseignement humaniste d'Alfred Grosser qui est avec Carlo Schmidt, Emmanuel Mounier, Walter Hallstein, Joseph Rovan et quelques autres, au nombre de ces hommes de bonne volonté qui ont refusé les prétendues fatalités de l’Histoire.
Par leur inlassable activité, ils ont contribué et contribuent à ce que l'Allemagne et la France tissent depuis cinquante ans une communauté de destin.
Voici 34 ans, le général de Gaulle et le Chancelier allemand Konrad Adenauer scellaient en hommes de paix, en hommes de vision, avec détermination et courage, la réconciliation franco-allemande et, au-delà, ils donnaient un élan durable à l'Europe.
D'autres ont marché dans leurs pas, faisant de l'entente franco-allemande la force dynamique de l'Europe. Parce qu'ils ont su garder la volonté d'un projet commun et qu’ils présentent un point d'équilibre géographique, culturel et politique du continent, nos deux pays continuent de montrer la voie de synthèses européennes.
Depuis la fin de l'ordre bipolaire, ce couple qui a tant apporté à la construction européenne a été mis à l'épreuve par les changements rapides et profonds de l'environnement international ; il a su répondre à l'exigence de renouvellement de l'Europe.
Il a fortement contribué à la nécessaire adaptation de l'Europe, notamment en étant à l'origine des principaux développements récents, indispensables, de la construction européenne :
- l'Union économique et monétaire, face à la compétition économique mondiale ;
- l'identité européenne de sécurité et de défense et le développement de la politique étrangère et de sécurité commune, face au nouvel équilibre stratégique ;
- la réforme des institutions européennes, face aux équilibres nouveaux entre identités nationales et organisation supranationale.
Cette force efficace au service du progrès européen ne craint ni les cahots ni les obstacles quand elle est mue par une ferme volonté commune de dépasser les différences pour produire la synthèse européenne.
Par la fraternité qu'on y constate, dès l'entrée dans la « Péniche », entre étudiants français et allemands, Sciences Po est l'un de ces lieux privilégiés où se forge la conscience franco-allemande. L'association franco-allemande doit contribuer à poursuivre cette œuvre, plus que jamais nécessaire à la grandeur de l'Europe de demain.