Texte intégral
Date : mardi 1er avril 1997
Source : RTL
O. Mazerolle : Est-ce que le week-end politique de Strasbourg a changé quelque chose dans la vie politique française ?
J.-F. Mancel : Je crois qu’il a simplement permis de constater que le Front national continuait d’exister et que nous allons continuer d’exister et que nous allons continuer, nous, de le combattre avec la même détermination, avec la même vigueur et avec des arguments qui vont s’adapter à ce qu’a développé le Front national au cours de ce week-end.
O. Mazerolle : Vous pensez toujours que c’était une erreur de défiler et de manifester ?
J.-F. Mancel : C’était de la part des socialistes un aveu d’impuissance et je dirais même un aveu de culpabilité. Si le Front national aujourd’hui est là, c’est bien parce que le Parti socialiste par la mauvaise politique qu’il a menée depuis 1981 lui a permis de se développer et lui a permis de s’enraciner.
O. Mazerolle : Tout de même, il y a eu une atmosphère de fête dans l’après-midi du samedi. Certains élus de la majorité d’Alsace étaient gênés de ne pas être présents officiellement en tant que RPR ou UDF dans le défilé ?
J.-F. Mancel : Mais de quoi aurions-nous eu l’air en nous associant au Parti socialiste ? S’associer avec ceux qui ont été, je vous le disais, à l’origine du développement et de l’enracinement du Front national, c’était absurde.
O. Mazerolle : Cela, c’est votre point de vue.
J.-F. Mancel : Nos électrices et nos électeurs n’auraient pas compris. Et puis, notre rôle c’est justement de reconquérir les électrices et les électeurs du Front national pour le faire un jour reculer et enfin disparaître. On n’arrivera pas à convaincre les électrices et les électeurs du Front national que notre politique est bonne si nous nous associons, nous, au socialistes qui ont mené une mauvaise politique.
O. Mazerolle : Pour vous, cela n’était pas un mouvement populaire, samedi, à Strasbourg ?
J.-F. Mancel : C’était un mouvement populaire parce qu’il y avait des gens dans la rue, mais il ne faut pas exagérer non plus la portée des choses. Je crois qu’il est beaucoup plus efficace de mener le combat que, nous, nous menons. C’est-à-dire que nous donnons des arguments à nos militants, à nos cadres, à nos élus pour aller reconquérir un à un les électeurs du Front national. C’est cela qu’il faut faire et pas aller défiler dans la rue. Cela ne rapporte rien, cela a tendance, même je crois, à renforcer les gens du Front national dans l’idée qu’ils sont isolés. Et à partir de là, à les inciter à rester Front national et à toujours voter Front national.
O. Mazerolle : Précisément, vous étiez à Strasbourg mercredi soir, vous avez tenu une réunion en compagnie de Nicolas Sarkozy et un de vos militants vous a durement apostrophé, il vous a dit : « Vous n’apportez aucune réponse, vous vous contentez de cuisines électorales. »
J.-F. Mancel : Mais les réponses, nous les apportons de deux manières. Nous les apportons d’abord par l’action du gouvernement. Lorsque le gouvernement lutte contre le chômage, il apporte des réponses. Lorsqu’il lutte contre l’insécurité, et qu’il fait reculer l’insécurité, il apporte des réponses. Lorsqu’il lutte contre l’immigration illégale et qu’il fait reculer l’immigration illégale, il apporte des réponses. Lorsqu’il défend mieux les intérêts de la France au niveau européen, il apporte des réponses. Lorsqu’il se bat pour que la France, comme le fait le président de la République, rayonne au niveau mondial et gagne des marchés, il apporte des réponses au profit de la France et au profit des Français. Voilà ce que nous faisons. Et, par ailleurs, notre deuxième méthode d’action c’est d’aller sur le terrain à la rencontre des gens. On ne convainc pas les électeurs du Front national qu’ils font fausse route en manifestant. On les convainc en les prenant un à un et en leur faisant comprendre l’absurdité des thèses de M. Le Pen et de ses amis et que, nous, nous apportons les vraies réponses.
O. Mazerolle : Tout ce que vous venez de dire n’empêche pas Jean-Marie Le Pen, par exemple, de se réclamer du général de Gaulle pour annoncer qu’il faut absolument une nouvelle constitution à la France ?
J.-F. Mancel : M. Le Pen délire totalement. Il a déliré à Strasbourg comme il délire régulièrement, et en plus je considère que c’est un matamore.
O. Mazerolle : La comparaison avec le général de Gaulle, cela vous choque ?
J.-F. Mancel : Oh, c’est tellement ridicule que cela ne me choque même pas.
O. Mazerolle : Ah bon, pourtant vous êtes gaulliste ?
J.-F. Mancel : Je suis profondément gaulliste mais M. Le Pen est tellement ridicule quand il se compare au général de Gaulle que je ne vois, là, rien qui puisse choquer quand on a un personnage comme lui qui fait de telles comparaisons, il n’y a même pas de raison d’en être choqué. Je crois que le délire du discours de M. Le Pen à Strasbourg était tout à fait édifiant sur ce plan et d’ailleurs ces efforts de respectabilité disparaissent immédiatement lorsqu’il se laisse aller. Et quand vous écoutez ou que vous relisez son discours, vous vous apercevez que l’absurdité de ce qu’il développe, des excès dont est fourni ce discours et également les sous-entendus qui sont sous-jacents en permanence montrent bien que M. Le Pen est ce qu’il est c’est-à-dire xénophobe, raciste, antisémite. Quoiqu’il dise et quoiqu’il veuille nous faire croire.
O. Mazerolle : Tout de même, vous avez l’air de dire : il faut un peu faire confiance aux partis politiques. Est-ce que vous ne sentez pas tout de même dans la France d’aujourd’hui une envie de bouger, une envie de participer de la part des citoyens ? Nicolas Sarkozy lui-même – qui était avec vous à Strasbourg – a dit : « la vie politique génère l’ennui ».
J.-F. Mancel : Moi, je ne trouve pas que la vie politique génère l’ennui, au contraire je trouve qu’elle génère la passion et qu’elle génère le mouvement.
O. Mazerolle : Vous l’avez grondé après Strasbourg ?
J.-F. Mancel : La manière de travailler et de bouger, je vous l’ai expliquée. Je crois que la meilleure manière de bouger c’est de se dire : est-ce que je connais un électeur du Front national ? Certainement, nous en connaissons tous, eh bien, je vais me donner comme défi de le convertir à ne plus voter pour le Front national et à voter demain pour le Rassemblement pour la République ou pour l’UDF. Voilà le vrai combat contre le Front national.
O. Mazerolle : Tout de même, dans les forums RPR que vous organisez à travers la France, vous rencontrez des électeurs qui vous disent : « Tout cela, c’est bien gentil, on a entendu le candidat Chirac nous annoncer des tas de choses et puis finalement cela ne change pas beaucoup. La technostructure est toujours là, la France est toujours cloisonnée, écrasée par cette technostructure.»
J.-F. Mancel : Vous savez on ne fait pas une révolution aussi importante qui est une vraie révolution culturelle, Jacques Chirac le disait, en l’espace de deux ans. Jacques Chirac est élu pour 7 ans. Mais depuis deux ans beaucoup de choses ont changé. Je vous le disais tout à l’heure : l’insécurité a régressé…
O. Mazerolle : Mais vos électeurs ont l’air de trouver que cela ne va pas assez vite.
J.-F. Mancel : Cela ne va jamais assez vite quand on souffre et quand on est mal dans sa peau. Et c’est, hélas, le cas de beaucoup de Français à cause des deux septennats socialistes. On ne répare pas en deux ans ou en quatre ans – si on ajoute les deux années de cohabitation – les dégâts qui ont été causés pendant deux septennats et dix ans de gouvernement socialiste.
O. Mazerolle : La grève des internes et des chefs de clinique qui se poursuit, est-ce que cela n’est pas un solde des comptes de campagne ? Manifestement les internes et les chefs de clinique n’ont plus entendu dans les propos de Jacques Chirac l’annonce du plan Juppé sur la Sécurité sociale.
J.-F. Mancel : Je ne le crois pas. En faisant le plan Juppé nous sauvons la Sécurité sociale et nous sauvons en même temps la médecine libérale.
O. Mazerolle : Il n’y a pas de contradiction avec ce que disait le candidat Chirac ?
O. Mazerolle : Absolument pas, si la Sécurité sociale explosait, il n’y aurait plus de médecine libérale et il n’y aurait plus de Sécurité sociale pour les Français. À partir de là, nous avons sauvé les deux. Ce qui compte évidemment, c’est de faire preuve de toute la pédagogie nécessaire pour faire comprendre l’ambition et l’objectif de la réforme. Je vous le répète, l’ambition, c’est de faire une médecine de qualité et non pas de quantité. Et je suis persuadé que tous les médecins adhèrent à cette idée à condition que l’on s’explique et qu’on les associe, comme l’a proposé le gouvernement, à l’élaboration de l’ensemble des textes qui viendront dans ce domaine.
Date : 5 avril 1997
Source : La Lettre de la Nation Magazine
Il y a cinquante ans, le 7 avril 1947, le général de Gaulle prononçait à Strasbourg un discours resté célèbre dans lequel il annonçait : « Il est temps que se forme et que s’organise le Rassemblement du peuple français qui, dans le cadre des lois, va promouvoir et faire triompher par-dessus les différences des opinions, le grand effort de salut commun. »
Cinquante ans plus tard, ce sont les mêmes convictions – la passion de l’homme et la volonté déterminée de servir la Nation – qui fondent notre engagement politique.
Ce sont elles aussi qui ont toujours permis au mouvement gaulliste – dont on a souvent prédit la disparition – d’assurer, comme le disait Jacques Chirac le 5 décembre 1976, Porte de Versailles, lors de la fondation du Rassemblement pour la République, la pérennité de « ce vaste rassemblement populaire que la France a toujours su tirer de ses profondeurs lorsque le destin paraît hésiter ».
Cinquante ans plus tard, c’est toujours dans le dévouement, l’ardeur, le courage, de ses militants – hommes et femmes anonymes et désintéressés, réunis par-delà les âges, les métiers, les origines, autour « d’une certaine idée de la France » – que le mouvement gaulliste puise sa force et son unité.
Certes, il y a entre nous diversité de situations, de sensibilités. C’est d’ailleurs notre richesse.
Mais dès lors que l’avenir de la Nation est en jeu, les intérêts particuliers s’effacent devant l’intérêt supérieur du pays et de la famille gaulliste se rassemble naturellement, fidèle à l’idéal du compagnonnage.
C’est ainsi que nous avons remporté toutes les grandes victoires qui jalonnent l’histoire du gaullisme militant.
C’est ainsi que les gaullistes se sont levés pour relayer l’appel lancé par Jacques Chirac le 5 décembre 1976, « écho éternel des Nations qui ne veulent pas mourir ».
Et c’est ainsi que plusieurs générations de militants gaullistes ont effectué et effectuent jour après jour le travail humble et courageux, nuits passées à coller des affiches, journées de porte à porte, week-ends sur les marchés de nos villes et de nos villages.
Sans ce travail, rien ne serait possible.
À vous aujourd’hui de le poursuivre, derrière notre Président Alain Juppé, pour le succès du premier septennat de Jacques Chirac et de la France.
Date : 11 avril 1997
Source : La Lettre de la Nation Magazine
Écoutes : les socialistes responsables et coupables
Les récents développements intervenus dans la triste affaire dite des « écoutes de l’Élysée » illustrent une nouvelle fois crûment les turpitudes commises sous le règne de François Mitterrand.
Les socialistes peuvent bien essayer de noyer le poisson en fuyant leurs responsabilités et – comble de l’hypocrisie – en prétendant nous donner à présent des leçons de démocratie : personne n’est dupe.
Leurs gesticulations d’aujourd’hui n’effacent pas leurs mensonges et leurs fautes d’hier.
Ce qui est en cause, en effet, ce n’est pas l’existence du « secret défense », nécessaire pour défendre la nation contre le terrorisme ou pour lutter contre le crime organisé.
Ce qui est en cause, c’est la manière dont un PS qui se croyait tout-puissant a osé, durant des années, bafouer les lois de la République, piétiner le respect des libertés individuelles, et transformer l’État de droit en monarchie absolue, en organisant à grande échelle un système d’espionnage clandestin à des fins partisanes.
François Mitterrand porte là une terrible responsabilité. Mais il n’est pas le seul.
N’en déplaise à Messieurs Jospin, Glavany ou Charasse – par-delà les coups de couteau qu’ils échangent –, on ne nous fera pas croire que personne n’était au courant et que, tel Louis XVI s’adonnant à la serrurerie, François Mitterrand bricolait lui-même les téléphones à la barbe et au nez de ses collaborateurs et de ses ministres.
Ce scandale n’est pas l’œuvre d’un homme seul. Il porte la marque d’une dérive collective, celle des années fric et les années frime, celle du socialisme à la Tapie, qui ne reculait devant rien et se croyait invulnérable, celle qui faisait dire au député PS André Laignel que l’actuelle majorité avait « juridiquement tort » parce qu’elle était alors « politiquement minoritaire ».
C’est cette dérive que les Français ont sanctionnée par deux fois, en 1993 et en 1995.
Elle symbolise parfaitement ce qui nous sépare du PS qui, faute d’avoir le monopole du cœur, a voulu avoir celui des oreilles…
C’est parce qu’ils ont foulé aux pieds l’intérêt général que les socialistes sont durablement discrédités. C’est parce que nous les servons, avec Jacques Chirac et Alain Juppé, que nos compatriotes nous accordent et continueront de nous accorder leur confiance.
Date : 25 avril 1997
Source : La Lettre de la Nation Magazine
Le choix de l’intérêt national
En choisissant, par la dissolution de l’Assemblé nationale, de donner la parole au peuple, le président de la République a fait le choix de l’intérêt national. Il l’a fait en gaulliste, dans le strict respect des prérogatives inhérentes à sa fonction.
L’intérêt national, c’est d’abord de permettre au gouvernement de s’appuyer dans les cinq ans à venir sur une légitimité réaffirmée, pour poursuivre et approfondir les réformes engagées sur la base de l’effort d’assainissement menée depuis 1993 et pour aller plus loin, avec Jacques Chirac, dans la construction d’une France pour tous où nos concitoyens soient de nouveaux heureux et fiers d’être Français.
L’intérêt national, c’est également que le président de la République et le gouvernement disposent d’une majorité nouvelle et durable lorsque vont s’engager, dans les prochains mois, des négociations extrêmement délicates et difficiles sur l’avenir de la construction européenne. Cette légitimité renouvelée, particulièrement forte, sera un atout maître pour assurer au mieux la défense des intérêts de notre pays.
L’intérêt national, c’est encore d’épargner à la France de perdre près d’un an dans l’attentisme que suscitent toujours les périodes préélectorales et qui aurait inévitablement provoqué un ralentissement de l’activité économique au moment même où il faut la stimuler encore plus pour faire reculer le chômage.
La campagne électorale qui s’ouvre sera brève. Elle sera, n’en doutons pas, difficile, parce que nos adversaires, qui ont peur de devoir retourner devant les électeurs, ne reculeront devant aucun sacrifice pour tromper les Français. Elle devra être en conséquence, de notre part, d’autant plus ardente, déterminée et conquérante.
Votre engagement sur le terrain, dans les prochaines semaines, aux côtés de nos candidats, et votre présence permanente auprès de nos concitoyens, pour les convaincre de vous renouveler leur confiance, constituent les plus précieux atouts dont dispose le Rassemblement dans ce combat.
C’est à vous d’expliquer aux Français le choix qui s’offre à eux. Il est clair.
Nos compatriotes souhaitent-ils le retour vers le passé que leur proposent les socialistes, un retour vers une immigration irrégulière incontrôlée, toujours plus d’insécurité, toujours plus de dépenses publiques, d’impôts et, inévitablement, de chômage ?
Ou bien veulent-ils, avec la majorité, poursuivre la construction d’une France dans laquelle l’État soit plus proche et plus efficace, une France où vos initiatives soient mieux soutenues, une France qui offre à nos enfants toutes leurs chances de s’épanouir au sein de la Nation, une France forte au sein d’une Europe avant tout au service des femmes et des hommes qui la composent ?
Je sais pouvoir compter sur votre mobilisation au service de nos convictions et de la France pour emporter leur adhésion. Ensemble, forts de votre soutien, nous allons donner un nouvel élan à la France.