Interviews de M. Nicolas Sarkozy, membre du bureau politique du RPR, à RTL et France 3 le 23, "Le Parisien" le 26, Europe 1 le 29 et France 2 le 30 avril 1997, sur la politique gouvernementale souhaitable et les positions de la gauche dans la perspective des élections législatives.

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Intervenant(s) : 

Circonstance : Annonce par le Président Chirac le 21 avril 1997 de la dissolution de l'Assemblée nationale

Média : Emission L'Invité de RTL - Europe 1 - France 2 - France 3 - Le Parisien - RTL - Télévision

Texte intégral

Date : mercredi 23 avril 1997
Source : RTL

O. Mazerolle : Vous voilà de retour au cœur de l'action de la majorité. Vous allez être actif dans cette campagne aux côtés d'A. Juppé ?

N. Sarkozy : Bien sûr que je serai actif. Comment pourrait-il en être autrement ? La campagne sera difficile. Il s'agit de véritables choix de société entre les socialistes et la majorité. Comment peut-on imaginer que je n'y prenne pas toute ma part ?

O. Mazerolle : Précisément, est-ce que cet habillage de lutte gauche-droite, de confrontation Juppé-Jospin ce n'est pas quelque chose qui a été monté pour contrer le Front national ?

N. Sarkozy : Je suis content que vous me posiez cette question car enfin, je crois que l'on va avoir une campagne électorale comme depuis longtemps cela n'a pas été le cas, qui va vraiment pouvoir éclairer le choix des Français entre les socialistes et nous. Si vous me permettez, regardez les différences : d'un côté, nous, la majorité, nous disons que de tous les pays du G7, la France est celui qui a le poids des dépenses publiques, par rapport à sa richesse nationale, le plus important. Cela ne peut plus continuer. De l'autre côté, M. Jospin dit : « Non, pas du tout, excusez-moi, il n'y a pas assez d'État, il n'y a pas assez de fonctionnaires ; je propose d'engager 350 000 fonctionnaires de plus. » D'un côté, il y a la majorité qui dit qu'il n'y a rien de plus urgent que de libérer les initiatives pour permettre aux gens de créer des richesses, créer des emplois, monter leur entreprise. Finalement, nous voyons le travail comme une valeur d'émancipation et non pas d'aliénation. De l'autre côté, les socialistes disent qu'il n'y a rien de plus urgent, devant les difficultés de la France, que de dire aux Français : « Travaillez moins ; on va passer de 39 heures à 35 heures ». Les moins démagogiques disent qu'on va le faire en réduisant les salaires et les plus démagogiques, qu'il n'y aura pas de changement Et puis, enfin, les privatisations : il y a ceux qui disent : voilà, on va arrêter le processus de privatisation de France Télécom. Partout dans le monde où ça marche, on privatise. En France, on nous propose, socialistes en tête, de prendre le chemin inverse. Et enfin les baisses d'impôts : nous, nous pensons que la baisse des impôts ; c'est la condition du retour de la croissance et de la diminution du chômage. Et il y a les socialistes qui disent : pas du tout, c'est scandaleux, on ne taxe pas assez l'épargne - oubliant que c'est l'économie des Français qui ont déjà payé des impôts dessus -, on ne taxe pas assez les entreprises et on ne taxe pas assez un certain nombre de mouvements financiers.

O. Mazerolle : Donc il y a vraiment du gauche-droite. Vive Jospin finalement ?

N. Sarkozy : Mais finalement, il y a vraiment du gauche-droite. D'ailleurs, c'est normal que, dans une démocratie, il y ait des débats. Finalement, je crois effectivement que la montée du Front national s'est beaucoup nourrie de l'atonie du débat politique et je ne peux que me réjouir que chacun ait le courage d'affirmer ses différences.

O. Mazerolle : Donc Le Pen est une aiguillon utile.

N. Sarkozy : Non, certainement pas. Je dirais que dans la démagogie, on fait difficilement pire que Le Pen. Mais les Français auront un choix très simple. Est-ce que la France prend le chemin de la liberté - comme partout dans le monde où cela marche - ou est-ce qu'elle retourne au socialisme, alors qu'elle a déjà connu deux septennats socialistes ? C'est un choix qui est un choix lourd.

O. Mazerolle : Pour beaucoup, socialisme n'est pas contradictoire avec liberté.

N. Sarkozy : Permettez-moi de vous dire que nous, les socialistes, nous avons connu. Et la France a déjà donné. Au moment où l'Angleterre choisissait le libéralisme, au début des années 80 au moment où les États-Unis choisissaient le libéralisme, au début des années 80 également, nous, nous choisissions F. Mitterrand. Nous n'avons pas fini de solder les comptes.

O. Mazerolle : A. Juppé disait, hier : « La rigueur est derrière nous ». Mais un sondage CSA-Le Parisien montre que 68 % de Français sont convaincus qu'il y aura une rigueur accrue après ces élections législatives.

N. Sarkozy : Eh bien je regrette ce scepticisme pour une raison très simple. Admettons que l'on ne nous croit pas et que, finalement, on pense que dans une campagne électorale...

O. Mazerolle : Il y a eu le cas de la présidentielle où l'on n'avait pas parlé de prélèvements nouveaux et puis il y en a eu ensuite.

N. Sarkozy : Permettez-moi de vous dire que je n'ai pas l'habitude de dire ce que je ne pense pas, y compris pendant la présidentielle. Et j'ai bien l'intention de continuer ainsi. Il n'y aura pas de rigueur accrue, il n'y aura pas d'augmentation d'impôt, pas parce que je vous le promets, pas parce qu'A. Juppé l'a promis, mais tout simplement parce que nous sommes, de tous les pays développés ; celui dont le poids des prélèvements obligatoires est si lourd que nous ne pouvons-nous permettre le moindre alourdissement, parce que cela ne sert à rien. Nous avons démontré par l'absurde que, finalement, quand on augmente les impôts, on diminue les recettes. Donc il faut nous croire : si c'est la majorité qui gagne, non seulement on n'augmentera pas les impôts, mais il faudra les baisser, pas parce que c'est nous mais tout simplement parce qu'on le fait partout ailleurs dans le monde.

O. Mazerolle : Vous réclamiez constamment une accélération de la baisse des impôts. À votre avis, est-ce que la majorité actuelle pourrait baisser les impôts plus que les 12,5 milliards prévus pour l'année prochaine ?

N. Sarkozy : En ce qui me concerne, j'ai voté le projet de loi - qui est devenu la loi - Juppé sur la baisse de l'impôt sur le revenu 12,5 milliards par an. J'ai entendu l'intervention du Président de la République et du Premier ministre hier et avant-hier, qui ont dit qu'il fallait accélérer le grand mouvement ·de libéralisation des initiatives, en indiquant que pour libérer les initiatives, il fallait diminuer les impôts.

O. Mazerolle : C'est cela qui vous a convaincu de réintégrer l'équipe majoritaire ?

N. Sarkozy : Non, ce n'est pas cela. Vous savez, cela fait 20 ans que je suis dans le mouvement gaulliste. Je n'ai pas besoin de ces déclarations-là pour imaginer que ma place est dans le combat de la majorité face au socialisme.

O. Mazerolle : Cela signifie qu'il y aura tout de même une cure d'austérité pour l'État parce que comment peut-on à la fois réduire les déficits budgétaires, baisser les impôts et respecter les 3 % d'endettement prévus par les critères de Maastricht ?

N. Sarkozy : O. Mazerolle, moi je n'ai pas peur de dire que les économies sur les dépenses de l'État et sur les dépenses publiques, cela favorisera la croissance de l'économie générale. Et j'attends avec beaucoup d'intérêt celui qui osera dire aux Français que le poids de l'État ne doit pas être diminué et qu'il ne faut pas avoir un État modeste. Parce que j'aimerais enfin que l'on m'explique comment on va baisser les impôts si l'on ne réduit pas les dépenses.

O. Mazerolle : Mais les Français vous le disent eux-mêmes dans les sondages : ils ne veulent pas moins d'État ?

N. Sarkozy : Mais écoutez, ils ne veulent pas moins d'État quand ça sert à quelque chose. Est-ce que vous ne pensez pas qu'il y a un juste équilibre à trouver entre le poids des dépenses publiques que nous avons - encore une fois le plus important de tous les grands pays - et la disparition de l'État ? Je pense que le thème des économies, des économies sur le train de vie de l'État, est un thème que les Français sont aptes à comprendre, De toute façon, soit on aura plus de dépenses - 350 000 fonctionnaires de plus, comme le veulent les socialistes - et il y aura plus d'impôts, soit on aura moins de dépenses et il y aura moins d'impôts. Moi je crois que les Français sauront faire le bon choix.

O. Mazerolle : Pouvez-vous nous expliquer pourquoi il sera plus facile d'accélérer les réformes après une campagne législative qui verra, de toute manière, la majorité perdre des députés par rapport au nombre actuel plutôt qu'après une victoire aux élections présidentielles.

N. Sarkozy : Je crois que c'est assez simple et que tout le monde peut le comprendre parce que grâce à cette nouvelle élection législative et à cette nouvelle majorité que j'appelle de mes vœux, nous aurons 5 ans pour travailler. Et chacun sait bien qu'avec la durée, il est plus facile de mettre en œuvre des mouvements de réforme importants et structurels.

O. Mazerolle : Le chef de combat de la majorité est le Premier ministre, A. Juppé. Son impopularité est persistante : est-ce que c'est un handicap pour cette campagne ?

N. Sarkozy : Il est normal que le Premier ministre soit le chef de la majorité et il est parfaitement normal que dans cette majorité, toutes les tendances se rassemblent pour faire front face au risque socialiste.

O. Mazerolle : En novembre dernier, au Grand Jury-RTL-Le Monde, vous évoquiez les élections législatives de 1998 - c'était la date prévue à l'époque - en évoquant qu'il existait un risque non négligeable d'une prise de pouvoir par une majorité socialiste. Ce risque existe-t-il toujours ?

N. Sarkozy : Bien sûr. Je pense que les élections ne sont jamais un acte anecdotique. Il faut respecter les électeurs et il y a toujours un danger lorsqu'on va devant les électeurs. C'est d'ailleurs ce qui fait que la décision du Président de la République est éminemment respectable. S'il n'y avait aucun risque pour la majorité, cette décision ne serait pas aussi respectable qu'elle l'est.

O. Mazerolle : Moins d'État, un peu plus de flexibilité, le « capitalisme dur » dénoncé par L. Jospin : vous ne l'incarnez pas ?

N. Sarkozy : Vous savez, ceux qui ont inventé les nouveaux pauvres, ceux qui ont fait passer le nombre de chômeurs de 1 million à 3 millions n'ont pas de leçons à nous donner en la matière. Moi j'aimerais que l'on prenne les Français pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire des gens lucides et qui comprennent que nous ne pouvons pas nous astreindre d'un mouvement très vaste dans le monde qui fait que l'on parie sur la liberté. Je ne suis pas un idéologue du libéralisme. Ce que je veux, c'est que la France réussisse. Je crois à une France libérée qui pourra alors retrouver le chemin d'une croissance plus forte.

 

Date : mercredi 23 avril 1997
Source : France 3

France 3 : La droite part unie au combat pour ces législatives. On a le sentiment qu'il s'agit d'une unité de façade, ou en tout cas qu'il s'agit d'une unité de conjoncture.

N. Sarkozy : C'est une unité réelle autour de la nouvelle étape décrite par le Président de la République et expliquée par le Premier ministre dans son discours. Le combat va être un combat difficile. Il opposera le socialisme face à la majorité, et il était parfaitement normal que toutes les composantes de la majorité soient rassemblées pour mener ce combat-là.

France 3 : Unité totale ou on -va entendre quelques bémols ou quelques différences entre les composantes de la majorité ?

N. Sarkozy : L'unité est totale dans la mesure où nous ne voulons pas que la France fasse le choix du socialisme. Il n'est pas anormal que, dans la majorité, il y ait plusieurs familles et plusieurs pensées. Finalement, c'est son enrichissement.

France 3 : Depuis les présidentielles, depuis deux ans, on vous a entendu de temps en temps, non pas faire des critiques, mais faire des remarques sur l'action du gouvernement. Vous souhaitiez notamment moins d'impôts, et une politique un petit peu plus libérale. Est-ce que vous avez le sentiment d'avoir été entendu par A. Juppé, puisque vous étiez hier à ses côtés ?

N. Sarkozy : Oui, j'ai ce sentiment-là. Qu'est-ce qu'on veut ? On ne peut pas dire aux Français - si on est sérieux et si l'on refuse la démagogie - qu'on va leur promettre de nouvelles prestations sociales. Nous, ce que nous souhaitons, c'est offrir aux Français qui le souhaitent, qui l'espèrent, davantage de libertés pour qu'ils puissent prendre plus d'initiatives, qu'ils puissent entreprendre et créer plus de richesses. Il ne s'agit pas de retirer quoi que ce soit à qui que ce soit Il s'agit de permettre à ceux qui veulent aller plus loin dans la liberté de pouvoir en user. C'est finalement le choix qu'ont fait tous les grands pays du monde avec succès.

France 3 : Vous, vous êtes apparemment satisfait, mais alors pourquoi est-ce qu'A. Madelin semble si déçu ce soir ?

N. Sarkozy : A. Madelin est un de mes amis, et croyez-moi, il n'y a pas de déception…

France 3 : Il n’était pas là hier ?

N. Sarkozy : Il n'était pas là pour des problèmes d'organisation. Et on a déjeuné ensemble : A. Juppé, A. Madelin, moi-même et tous les autres. Finalement quel va être le choix ? C'est ce qu'il faut dire aux Français : si vous souhaitez plus d'État, eh bien ! Il faut voter pour Monsieur Jospin qui prévoit l'engagement de 350 000 fonctionnaires de plus ; si vous considérez que la baisse des impôts n'est pas une priorité, il faut voter pour Monsieur Jospin qui a prévu la taxation de l'épargne, qui refuse la diminution de l'impôt sur le revenu, et qui veut qu'on taxe davantage les sociétés. Enfin, si vous considérez que le travail est une valeur d'aliénation, et non pas d'émancipation, et si dans la compétition internationale, on pense qu'en travaillant moins on pourra créer plus d'emplois, il faut, là encore, voter pour Jospin. Vous avez compris que, moi, je ne voterai pas pour Jospin.

France 3 : Dans la veine du même discours, on vous a entendu, vous et A. Juppé, souvent dire que c'était d'abord un choix entre le passé et l'avenir. Mais est-ce que ce n'est pas un argument un petit peu simpliste parce que le passé, c'est aussi vous ? Vous étiez là ces quatre dernières années ?

N. Sarkozy : C'est assez simple. Le choix, c'est : est-ce que la France va s'extraire du grand mouvement de croissance qui embrasse partout le monde ? Est-ce que, à contre-courant de tous les autres, nous allons choisir le socialisme et les socialistes ? En France, nous, nous connaissons les ravages du socialisme. Quand l'Angleterre choisissait un gouvernement libéral - Mme Thatcher et M. Major -, quand les États-Unis choisissaient M. Reagan, eh bien ! la France choisissait M. Mitterrand. Deux septennats socialistes, nous l'avons expérimenté, nous avons vu les dégâts. Il a fallu redresser les comptes, il a fallu payer les années socialistes. Moi, je ne souhaite pas que la France fasse ce choix.


Date : 26 avril 1997
Source : Le Parisien

Le Parisien : Avez-vous le sentiment que, entre chiraquiens et balladuriens, la rancune, cette fois, a été jetée à la rivière ?

Nicolas Sarkozy : Qui pourrait imaginer que subsistent des divergences, alors que l’enjeu des prochaines législatives consistera à choisir entre l’opposition socialo-communiste et nous ? C’est tous ensemble que nous pourrons, demain, donner vie au nouvel élan que le Président de la République a proposé aux Français dans son discours fondateur de lundi dernier.

Le Parisien : Donc, entre vous, c’est l’union retrouvée ?

Nicolas Sarkozy : Au total, ce qui nous rapproche, c’est la volonté de voir la France profiter du formidable mouvement de croissance qui permet, partout dans le monde, de faire reculer le chômage, et d’éviter à la France de faire une nouvelle fois le choix du socialisme.

Il est vrai qu’il y a entre nous des différences de sensibilités. Je suis très attaché à la notion de liberté. Je souhaite que l’on supprime plus vite plus vite toutes les entraves administratives qui empêchent la naissance d’une nouvelle génération d’entrepreneurs. Je suis certain qu’une baisse plus forte des impôts n’est pas contradictoire avec la nécessaire réduction des déficits. Mais vous observez que ces orientations, que nous défendons depuis de nombreux mois avec Edouard Balladur, correspondent, point par point, au nouvel élan proposé par Jacques Chirac et Alain Juppé. Pourquoi devrions-nous nous plaindre d’être mieux entendus ?

Le Parisien : Quels infléchissements souhaitez-vous proposer ?

Nicolas Sarkozy : La question n’est pas de savoir s’il faut ou non changer de politique économique. Celle suivie depuis 1993 par Edouard Balladur, puis par le gouvernement Juppé, va dans la bonne direction. Les orientations sont claires, et je ne demande pas qu’elles changent : redresser la situation des finances publiques ; recentrer l’État sur ses missions essentielles ; réduire les dépenses et diminuer les impôts, l’un n’allant pas sans l’autre ; enfin libérer l’économie et faire sauter le carcan qui pèse sur les entreprises.

La question, c’est de savoir à quel rythme et avec quelle amplitude les Français souhaitent les réformes. Ma conviction est qu’il faut donner un coup d’accélérateur. Plus décidés nous serons à contenir les dépenses de l’État, plus vite on permettra aux entreprises de créer de la richesse et de l’emploi, et plus vite on diminuera les impôts.

La France est un pays où trop de nos compatriotes se sentent corsetés dans leur volonté d’aller de l’avant. Comment peut-on imaginer encourager les initiatives si, dès le départ, les Français savent que près de la moitié de ce qu’ils gagneront devra être versé à l’État, aux collectivités locales ou à la sécurité sociale, sous forme d’impôts ou de cotisations sociales ?

 

Date : mardi 29 avril 1997
Source : Europe 1

J.-P. Elkabbach : Que de naissances en une seule Journée ! À gauche, une alliance électorale ; à droite, un programme commun de gouvernement RPR-UDF, et qui vous concerne d'abord : voulez-vous continuer ce que cette majorité a fait depuis quatre ans, virer en douceur ou changer vraiment ?

N. Sarkozy : Quand on conduit un grand pays comme la France, on ne peut pas changer tous les quatre matins d'orientation ! Les orientations, celle de la construction européenne avec la monnaie unique, celle de la réduction des déficits, celle de la préservation de notre système de sécurité sociale restent et demeurent. On ne va pas tous les matins changer de direction, de façon inconséquente.

J.-P. Elkabbach : Cependant ?

N. Sarkozy : Cependant, il me semble que ce nouvel élan qui a été proposé par le Président de la République, c'est au moins quatre choses : davantage de liberté ; davantage de rapidité dans la mise en œuvre des réformes ; davantage d'ampleur et entre nous, dans la majorité, davantage d'union.

J.-P. Elkabbach : On va y venir. Quelle est la philosophie ou l'idée qui sous-tend la politique et l'action de cette année chiraquienne en quête de majorité ?

N. Sarkozy : Je n'aime pas trop le mot armée, le mot régiment, enrégimenter ! J'ai simplement la conviction…

J.-P. Elkabbach : Pourquoi ? Parce qu'il y a trop de généraux ou de colonels ?

N. Sarkozy : Ce n'est pas cela mais je crois à la liberté de pensée, je crois à l'individu, je crois à la capacité que nous avons tous de faire prévaloir nos convictions dans cette campagne. Elles vont dans le même sens. Moi, j'aimerais que la France redevienne l'un des pays du monde où on peut le plus facilement croire en l'avenir, où on peut le plus facilement assurer la promotion sociale de sa famille, où on peut refuser une logique de pénurie, où on peut profiter de la croissance mondiale. Bref, un pays où on ait comme préoccupation la création de richesses et non pas la répartition de la pénurie. Vous voyez, c'est assez différent du projet socialiste et c'est, en tout cas, ce en quoi je crois.

J.-P. Elkabbach : Une France plus libérale ?

N. Sarkozy : Une France plus libérale ou qui a plus de liberté. L'affaire est assez simple. Personne ne croirait un homme politique qui viendrait promettre de nouvelles prestations sociales, parce que le pays n'en a pas besoin. Ce que nous devons faire, c'est promettre davantage de liberté à ceux de nos compatriotes qui le souhaitent, pour prendre des risques, pour créer des richesses, pour créer des entreprises, pour prendre des initiatives. Et je veux dire, ce matin, que ce « davantage de liberté » pour ceux qui le souhaitent, cela ne veut pas dire, cela ne dira jamais la remise en cause de la sécurité pour ceux qui ne voudraient pas bénéficier de cette part supplémentaire de liberté.

J.-P. Elkabbach : On a entendu A. Madelin proposer...

N. Sarkozy : Je voudrais que la France ressemble aux grands pays du monde qui se développent et où le chômage recule et qu'elle ne s'abrite pas derrière une spécificité qui lui fait parfois penser qu'elle peut s'abstenir de faire les efforts que font les autres avant nous, mieux que nous et parfois plus que nous.

J.-P. Elkabbach : Mais chez les autres, il y a souvent des gens sur la route.

N. Sarkozy : Parce que vous croyez qu'il n'y en pas ici, non plus ? Est-ce que l'on peut sortir de ce discours politicien et - pardon de le dire - un peu absurde, qui consiste à s'envoyer à la tête des théorèmes intellectuels pour se caricaturer ? Moi, ce que je souhaite c'est que l'on crée davantage d'emplois. J'ai une vision du travail qui veut dire que le travail est une valeur d'émancipation et non pas une valeur d'aliénation. Et je pense que le travail, cela ne se partage pas comme autant de petites parts dans le cadre d'un gâteau frappé par la pénurie.

J.-P. Elkabbach : Mais avec tant de gens qui n'ont pas de travail...

N. Sarkozy : C'est parce qu'il n'y a pas assez de gens qui ont un travail, qu'il faut retrouver une nouvelle génération d'entrepreneurs, qu'il faut permettre à ceux qui le peuvent ou qui le veulent ou qui le souhaitent de créer des emplois pour ceux de nos compatriotes qui n'en ont pas !

J.-P. Elkabbach : Pourquoi réclamiez-vous plus d'union dans la majorité ?

N. Sarkozy : J'ai noté que dans le discours à la fois du Président de la République et du Premier ministre, il y a une volonté, qui me réjouit, d'associer tout le monde, quelle que soit sa sensibilité.

J.-P. Elkabbach : Vous vous sentez plus proche d'A. Madelin ? P. Séguin ? A. Juppé ?

N. Sarkozy : Je n'ai pas observé qu'entre A. Madelin et A. Juppé, il y avait de telles différences qu'il était impossible d'être proche de l'un et de l'autre. Pour le reste, mes choix européens sont connus. Je crois en l'Europe. Je pense que la monnaie unique serait une bonne chose pour nous et je ne crois pas que la France puisse s'extraire du processus de construction européenne sans prendre de grands risques.

J.-P. Elkabbach : On ne retarde pas ou on ne reporte pas le démarrage de l'euro ?

N. Sarkozy : Pour moi, ce serait une catastrophe que de retarder le calendrier car, soyons clair : c'est plus facile de mettre en œuvre des schémas de désunion que des schémas d'union. Si on devait prendre la responsabilité de mettre en cause le calendrier de la monnaie unique, craignons alors une crise dont l'Europe n'a vraiment pas besoin.

J.-P. Elkabbach : Et pour cela, vous dites qu'il faut mettre les critères de Maastricht en tendances ou en perspectives.

N. Sarkozy : Je considère que les critères de Maastricht sont plutôt une bonne indication, qu'Europe ou pas Europe il faut réduire les déficits mais que dans Maastricht, il y a une notion de tendance et je souhaite que, le moment venu, si on en a besoin, on n'hésite pas à utiliser.

J.-P. Elkabbach : Depuis longtemps, vous proposez de baisser davantage et plus vite les impôts, est-ce que c'est possible, est-ce que c'est une promesse qui sera tenue ?

N. Sarkozy : Je crois que non seulement c'est possible mais c'est parfaitement indispensable. Nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir les impôts et les charges les plus fortes de tous les pays de l'OCDE. Il n'y a pas le choix.

J.-P. Elkabbach : Les 75 milliards prévus sur cinq ans, c'est insuffisant, il faut aller plus loin ?

N. Sarkozy : Je pense que sur l'impôt sur le revenu, c'est une bonne chose, mais sur d'autres impôts comme les droits de mutation, il faudra aller plus loin. On ne peut pas dire aux Français : changez de métier, changez de région, soyez mobiles et avoir des droits de mutation qui sont parmi les plus élevés d'Europe. J'ai été heureux de voir que, dans le programme de la majorité, la baisse des droits de mutation est l'une des propositions phares.

J.-P. Elkabbach : Pour l'État, vous estimez qu'il faut réduire sa dette et ses dépenses publiques. De combien, jusqu'où ?

N. Sarkozy : Je n'ai pas peur, là non plus, ce n'est pas parce qu'on est en campagne électorale qu'il faut refuser de dire la vérité. On ne baissera pas les impôts si on n'arrive pas à tenir les dépenses. Il y a un chiffre simplement que je veux citer ce matin : la part de l'emploi public dans l'emploi total est, en France, de 25 %, c'est en Italie de 17 %, c'est en Allemagne de 15 % et c'est au Royaume-Uni de 14 %. Si nous continuons comme ça, nous ne pourrons pas baisser les impôts. Si nous ne baissons pas les impôts, nous ne retrouverons pas la croissance. Et si nous ne retrouvons pas la croissance, nous resterons avec un chômage le plus élevé. Le problème du mieux d'État, le problème du moins de dépenses publiques est un problème incontournable. Et permettez-moi de vous dire qu'il faut se méfier de ceux qui n'auront pas le courage de dire que la question de la réduction des dépenses publiques se pose.

J.-P. Elkabbach : Vous voulez dire le PS-PC qui signent aujourd'hui une déclaration commune, pas encore un contrat de gouvernement mais ils croient à leur victoire. Est-ce qu'il faudra cohabiter, alors ?

N. Sarkozy : Moi je ne m'inscris pas dans cette perspective. Ce que je veux simplement dire, c'est que, d'un côté, vous avez D. Voynet, au nom des Verts, qui ne cesse de dénoncer la croissance comme responsable de tous les effets pervers. De l'autre, L. Jospin qui dit : j'ai trouvé la pierre philosophale, la croissance est la solution à tous nos maux. D'un troisième, R. Hue qui explique que le problème de la France vient de l'Europe, et d'un quatrième, Mme Guigou, qui explique que rien n'est plus urgent que de créer la construction européenne.

J.-P. Elkabbach : Ça fait une unité, ça fait une union électorale.

N. Sarkozy : Ça fait une unité factice, le temps de trois semaines et demie de campagne. Qui peut croire que cette alternance est une alternative pour conduire notre pays ?

J.-P. Elkabbach : A. Juppé a proposé un catalogue de mesures pour les quarante premiers jours, tout le monde ironise. Pourquoi 40 jours, pourquoi pas 60, 90 jours, pourquoi pas cinq ans quand on les demande ?

N. Sarkozy : Honnêtement, je ne vois pas ce qui a matière à ironie. On ne cesse de mettre en doute la parole politique.

J.-P. Elkabbach : Mais pourquoi 40 jours, on s'essouffle après ?

N. Sarkozy : Tout simplement parce qu'A. Juppé a voulu crédibiliser les propositions de la majorité en disant : voilà nos objectifs à cinq ans et dans les 40 premiers jours, voilà ce que nous ferons tout de suite, notamment en matière de baisse des impôts et des charges. Je trouve plutôt que c'est une façon transparente d'exercer le pouvoir démocratique.

J.-P. Elkabbach : Malgré les propres doutes d'A. Juppé, personne ne croit qu'il pourrait quitter Matignon, est-ce que c'est une bonne chose qu'il reste ?

N. Sarkozy : Je crois que ce débat n'est pas un bon débat pour une raison simple, c'est que cette élection législative n'est pas une élection présidentielle. Il ne s'agit pas d'élire, dans les 577 circonscriptions de France, 577 A. Juppé ou 577 L. Jospin. Il s'agit de choisir la majorité qui conduira notre pays demain : est-ce qu'elle sera communiste, socialiste et vert ou est-ce qu'elle sera RPR-UDF ? Là est le problème.

J.-P. Elkabbach : Vous ne me répondez pas.

N. Sarkozy : Parce que je n'ai pas à répondre à des questions qui ne se posent pas pour l'instant. Ensuite, au vu des résultats et du choix des Français, le Président de la République choisira le Premier ministre.

J.-P. Elkabbach : Comment, avec une majorité qui va être ric-rac, si c'est une majorité, vous obtenez un nouvel élan ?

N. Sarkozy : Tout simplement parce que, ce qui est important, c'est que la majorité soit la majorité. Ce qui compte, ce n'est pas son ampleur, ce qui compte c'est le temps qu'elle a devant elle et la détermination dont elle aura su faire preuve pendant la campagne, gage de la légitimation de sa politique ensuite.


Date : mercredi 30 avril 1997
Source : France 2

D. Bilalian : Sur les chiffres du chômage, L. Jospin accuse de trucage le gouvernement. Les chiffres sont truqués ?

N. Sarkozy : Je ne comprends pas cette réaction, elle ne fait pas honneur à l'engagement politique respectable de L. Jospin. Si les chiffres avaient montré une augmentation du chômage, est-ce que L. Jospin aurait accusé le gouvernement de les truquer ? Que nous soyons de gauche eu de droite, on doit se réjouir de la baisse du chômage. Alors on peut dire que cela ne va pas assez vite, il faut continuer, mais pourquoi contester cela ? Il n'y a eu aucun trucage, c'est une bonne nouvelle pour la France, et quel que soit son engagement politique, on devrait s'en réjouir.

J.-M. Carpentier : Cela dit, sans rentrer dans la polémique sur le trucage, on peut considérer que ces chiffres sont en légère baisse, - 0,2 %, ce n'est quand même pas à la hauteur des préoccupations des Français.

N. Sarkozy : Mais J.-M. Carpentier, moi je ne m'inspirerai pas des comportements de L. Jospin, que je condamne par ailleurs. S'en inspirer ce serait dire que tout est résolu parce que, depuis deux mois, les chiffres du chômage baissent et parce que depuis six mois les chiffres du chômage des jeunes diminuent Je considère simplement que quel que soit son engagement politique, on doit se réjouir chaque fois qu'il y a davantage de Français qui ont un emploi. Et hélas ! se plaindre, contester, n'est pas à la hauteur de l'enjeu électoral.

J.-M. Carpentier : Mais est-ce que le programme RPR-UDF que vous avez présenté hier est à la hauteur de ce chômage qui est quand même très important ?

N. Sarkozy : Il y a une question de crédibilité dans tout cela. Seul le programme de la majorité est crédible. En trois points : il est d'abord crédible socialement, parce que c'est un engagement que nous avons pris. Nous ne voulons pas opposer solidarité et libertés. Il y a une partie des Français qui souhaitent conserver leur protection. C'est notre devoir de répondre à leurs craintes et de leur garantir cette protection. Mais il y a une autre partie de la France qui souhaite avoir davantage de libertés pour prendre des initiatives et créer des richesses. On ne va pas promettre de nouvelles prestations sociales, on n'en a pas les moyens. En revanche, on peut donner davantage de libertés à ceux qui le souhaitent. Notre programme est crédible économiquement, parce que nous disons qu'il n'y a pas d'autre choix que la baisse des impôts. Et la contrepartie de cette baisse des impôts, c'est la réduction des dépenses. Et enfin, dernier point, je pense que ce programme est crédible, parce qu'il est fondé sur une alliance, sur une union forte dans la majorité.

J.-M. Carpentier : Vous ne croyez pas un seul instant, comme c'est écrit dans le programme socialiste, qu'on peut augmenter modérément les salaires pour créer une certaine forme de croissance, pour augmenter la consommation et créer des richesses ?

N. Sarkozy : Franchement, considérer qu’on peut le faire en engageant 350 000 fonctionnaires de plus…

D. Bilalian : Ce n’est pas des fonctionnaires, des emplois publics [illisible] publics.

N. Sarkozy : Il faut être simple : des emplois qui sont payés par l'argent public qu'est-ce que c'est ? Des emplois publics qu'est-ce que c'est, si ce n'est des emplois de fonctionnaires ! J'ajoute que, quand le parti socialiste dit que cela dure 5 ans, permettez-moi de vous dire que c'est une novation juridique. Cela n'existe pas. Nous sommes, de tous les pays modernes, celui qui a le plus grand nombre d'emplois publics dans l'emploi total - 25 % - l'Allemagne en 15 %. Et les socialistes proposent d'engager 350 000 de plus. Qui peut croire que l'on peut engager plus de personnes et payer moins d'impôts parce qu'on dépense moins ! Je crois que véritablement s'il y a un problème de crédibilité, il se pose pour le parti socialiste.

J.-M. Carpentier : Vous dites que le PS et le PC ne forment pas une union très forte, et que donc le RPR et l'UDF sont très unis. Vous considérez que le discours de P. Séguin, hier, est un discours qui va dans le sens du soutien à la politique du gouvernement d'A. Juppé ?

N. Sarkozy : Il ne faut pas s'affoler qu'il y ait des débats et des différences de sensibilités. Les sujets sont si difficiles qu'il n'est pas anormal qu'on en débatte entre nous. Mais P. Séguin était avec nous lorsque le programme de la majorité était présenté, et il n’y a pas de doute : UDF et RPR nous nous engageons sur le même programme. À gauche, qu'est-ce qu'il se passe ? Vous avez d'un côté, Monsieur Jospin qui dit : tout sera résolu dès que l'on aura de la croissance. Madame Voynet lui répond - il y a un accord qui a été signé aujourd'hui entre eux - que la croissance présente plus d'effets pervers que d'avantages. À gauche, au PS, L. Jospin qui est un européen convaincu qui dit : l'Europe c'est une voie majeure pour la France, et à l'inverse R. Hue qui dit : tous les problèmes de la France viennent de l'Europe. Comment voulez-vous qu'ils gouvernent ?

J.-M. Carpentier : P. Séguin accuse quand même de tout brader avec Maastricht, que le gouvernement d'A. Juppé est en train de mettre en application.

N. Sarkozy : Vous avez observé que P. Séguin a le droit de dire ce qu'il veut ! Il n'est pas, jusque-là, le patron d'une formation politique signataire du contrat de majorité contre nous. J'ajoute que c'est plutôt un signe de richesse qu'il y ait dans la majorité des gens qui ont des sensibilités différentes. Pour le reste, croyez-moi, nous avons montré pendant ces quatre dernières années, que nous étions capables de gouverner ensemble. J'ai bien l'intention que l'on continue.

D. Bilalian : Alors rapidement : 7 jeunes sur 10 ne s'intéressent pas à la politique. 38 % des Français déclarent ne rien comprendre à ce que vous dites - gauche et droite - pendant cette campagne. Qu'est-ce que cela vous inspire ?

N. Sarkozy : J'ai bien conscience que ce n'est pas une insulte personnelle que vous me présentez. D'abord je voudrais dire que je n'aime pas la facilité qui consiste à dire que c'est toujours la faute des uns. S'il y a trop de jeunes ou trop de Français qui ne s'intéressent pas à la politique, permettez-moi de le dire très respectueusement, ils n'ont pas forcément raison. Parce que la politique c'est aussi notre vie quotidienne. Et parce que les pays où il n'y a pas d'hommes politiques sont des pays où il n'y a pas de démocratie. La politique et les hommes politique on a bien des défauts, mais permettez-moi de vous dire qu'avec tous nos défauts nous sommes, quand même, garants de la démocratie. Deuxième élément : dans le démarrage de la campagne, il y a toujours de la confusion. Il faut que les choses et le temps permettent de décanter. Je crois que nous avons une part de responsabilité en cette incompréhension, c'est un peu ce que je disais sur Jospin tout à l'heure. On doit confronter nos idées et nos projets, et finalement pas nous insulter.

D. Bilalian : Monsieur Barre a dit dans une interview que si la majorité perdait les élections, J. Chirac devrait se poser la question de savoir s'il doit rester ou non. Comment peut-on répondre clairement ?

N. Sarkozy : Je ne suis pas d'accord pour une raison simple : une élection législative, ce n'est pas une élection présidentielle. Finalement, le but d'une élection législative est de dégager une majorité pour réussir le nouvel élan qu'a proposé J. Chirac. Quelles que soient les conditions, J. Chirac restera Président de la République, comme F. Mitterrand était resté Président lorsqu'il y a eu l'alternance. Mais ce qui compte, ce n'est pas qu'il reste Président de la République pour rester Président, c'est qu'il ait une majorité qui lui permette de proposer une alternative au discours, me semble-t-il, archaïque et dépassée des Verts, des socialistes et des communistes.

Ce sont des images qui me font réagir (celles de J. Delors entarté, hier, à Grenoble, Ndlr). Je n'ai pas les idées de Monsieur Delors mais j'ai du respect pour la personne. Et je ne crois pas que l'on fasse beaucoup avancer la démocratie en se comportant avec la lâcheté dont ils ont fait preuve. Et permettez-moi de vous le dire : je ne suis pas sûr que ce soit un sujet si important que l'on en parle dans un journal de 20 heures.

D. Bilalian : C'est un événement, et nous avons à le relater parce qu'il a marqué la campagne, d'une certaine façon.

N. Sarkozy : Ce n'est pas un reproche...

D. Bilalian : En tout cas laissons aux spectateurs le soin d'en juger.

N. Sarkozy : Ce n'est pas du tout un reproche, je ne me permettrais pas. Mais puisque vous m'avez autorisé à donner mon opinion…

D. Bilalian : Eh bien vous l'avez donnée, et de manière claire.