Texte intégral
Michèle Cotta : Bonjour. En France, au début, l’affaire a fait sourire et puis chacun s’est passionné. La conversation préférée des Français depuis près d’une semaine tourne autour des frasques sexuelles de Bill Clinton. Le président du plus grand pays du monde pris au piège de ses relations avec les femmes, nous y reviendrons dans la deuxième partie de cette émission avec nos interlocuteurs français et américains avec plusieurs interrogations : Bill Clinton a-t-il gagné la partie aujourd’hui après qu’il ait dit aux Américains les yeux au fond des yeux qu’il n’y avait pas eu de relations intimes avec Monica Lewinsky ? Qui est le procureur Kenneth Starr, qui veut tellement de mal au président américain ? Les États-Unis sont-ils affaiblis sur le plan international avec le « Marina-gate » ? Nous y reviendrons donc dans quelques instants. Tout de suite, notre invité est Dominique Voynet, ministre Verts de l’environnement et de l’aménagement du territoire que nous allons interroger avec mon confrère Philippe Lapousterle de Radio Monté Carlo (RMC). Dominique Voynet, bonjour.
Dominique Voynet : Bonjour.
Michèle Cotta : Vous avez dit récemment « au sein du Gouvernement, je reste isolée sur le dossier du nucléaire ». Alors, est-ce que vous vous sentez isolée ? Et pourtant, nous journalistes, nous avons l’impression que très souvent Lionel Jospin vous donne raison face aux autres ministres.
Dominique Voynet : J’aimerais bien que ce soit le cas, vraiment !
Michèle Cotta : Vous trouvez que… ce n’est pas assez ?
Dominique Voynet : Je trouve que je suis écoutée, que je suis respectée, qu’il est possible de faire valoir un point de vue. Cela dit, sur le fond, sur le nucléaire, je ne suis pas majoritaire au sein du Gouvernement, c’est évident. Et si, dans le cadre des accords passés entre les Verts et le Parti socialiste à l’occasion des législatives un certain nombre de points permettraient d’ouvrir l’avenir vers éventuellement d’autres choix énergétiques, rien ne permettrait de remettre en cause le choix fait de recourir au nucléaire pour produire de l’électricité. Je tente de convaincre mes interlocuteurs, tous les jours, qu’il est décidément très intéressant d’un point de vue économique, mais aussi d’un point de vue de l’emploi… Du point de vue de l’emploi de choisir des économies d’énergie, la diversification des sources d’énergie.
Philippe Lapousterle : Pas majoritaire, Dominique Voynet, ou seule contre tous ?
Dominique Voynet : Disons que beaucoup de ministres sont conscients du fait que le choix exclusif du nucléaire pour produire de l’électricité a des conséquences néfastes, peu d’entre eux – sans doute pas – sont d’accord avec moi pour remettre en cause d’emblée ce choix et pour opérer une sortie du nucléaire dans dix à quinze ans comme nous le souhaitons, nous les Verts.
Philippe Lapousterle : Oui, je suppose qu’ils sont plus d’accord pour que le 11 février le Gouvernement accouche de la loi sur la qualité de l’air avec pastille verte à l’appui, à la clé ?
Michèle Cotta : Et pastille orange aussi paraît-il ?
Dominique Voynet : La loi sur l’air est une loi extrêmement difficile à mettre en œuvre. Elle prévoit d’une part des restrictions de circulation en cas de pollution, d’autre part un marquage des véhicules propres, elle ne fait pas le lien entre le marquage des véhicules propres et les restrictions de circulation en cas de pollution. Bref, tout ceci est assez difficile à mettre en œuvre. Les arbitrages ont effectivement eu lieu à propos d’un certain nombre de points concernant la mise en œuvre de cette loi…
Michèle Cotta : La pastille verte par exemple ?
Dominique Voynet : La pastille verte va être mise en place très rapidement. Il faut quand même quelques mois pour l’imprimer et pour résoudre un certain nombre de problèmes qui sont des problèmes techniques, de distribution de cette pastille, par exemple : qui va la distribuer ?
Philippe Lapousterle : Vers septembre ? C’est vers septembre ?
Dominique Voynet : … Est-ce que ce sera les préfectures ? Les buralistes ? Les garages ? Les centres de contrôle technique ? Bon, avant l’été. Avant l’été puisque c’est au cours de l’été qu’on sera confronté au problème concret des pics de pollution. Cette pastille ne sera pas attribuée aux véhicules polluants, c’était le minimum…
Michèle Cotta : Est-ce que cela pénalise justement… Le ministre communiste des transports, Jean-Claude Gayssot, vous reprochait de pénaliser les véhicules qui étaient les plus anciens donc les véhicules des gens qui n’ont pas l’argent de changer de véhicule. Est-ce qu’il y a une prime…
Dominique Voynet : La préoccupation de Jean-Claude Gayssot me paraît tout à fait légitime. Les gens qui ont de vieilles voitures polluantes ne sont pas des gens qui ont choisi de polluer. Ce sont des gens qui n’ont pas les moyens de renouveler leur véhicule. Donc, nous avons choisi une méthode qui respecte l’environnement, mais qui respecte aussi les difficultés sociales de ces personnes. Le système de restriction de la circulation fera appel à la circulation alternée, ce qui garantira qu’il y aura non seulement moitié de véhicules qui pourront rouler, mais moitié qui appartiendront, je n’en doute pas, à des personnes modestes.
Philippe Lapousterle : Mais la circulation alternée, elle est là pour longtemps ou bien vous allez rapidement décider qu’il n’y aura que les véhicules à pastille verte qui pourront circuler ?
Dominique Voynet : J’espère que l’on pourra s’en passer assez vite notamment en mettant en place une politique de reconquête de la qualité de l’air sur le fond. Comme dans beaucoup d’autres sujets, le traitement des pics des crises est finalement relativement peu intéressant. Ce qui m’importe, c’est que l’on remette la voiture à sa place en ville en revalorisant les transports collectifs. Jean-Claude Gayssot s’y emploie. Ce qui m’intéresse aussi c’est que l’on ait vite des voitures beaucoup moins polluantes qu’aujourd’hui. Dans le cadre européen, ce sera possible dès l’an 2000.
Philippe Lapousterle : Est-ce que vous remettrez à leur place les véhicules à diesel et est-ce que vous allez aggraver la fiscalité sur les diesel et augmenter la taxe sur les diesel ?
Dominique Voynet : Alors, soyons clairs ! Il ne s’agit pas « d’aggraver » la fiscalité du diesel, mais de…
Philippe Lapousterle : Oui ou d’enlever les avantages…
Dominique Voynet : Mais de corriger des avantages qui ne sont pas justifiés par aucun bénéfice ni économique, ni sanitaire de ce choix de combustible, de carburant. Il s’agit donc petit-à-petit de compenser l’avantage injustifiable, inexplicable dont jouit le diesel en France depuis les années 50.
Philippe Lapousterle : Ça démarrera quand ça ?
Dominique Voynet : Cela va se faire petit-à-petit.
Michèle Cotta : Vous vouliez poser une question sur le Vulcania, Philippe Lapousterle.
Philippe Lapousterle : Oui, le Vulcania alors, est-ce que le projet porté, je dirais, par l’ancien président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, est un projet qui vous convient, que vous avez envie de défendre ?
Dominique Voynet : C’est un projet que je trouve très surdimensionné et très coûteux. C’est un projet aussi qui est probablement incompatible avec le maintien du statut du parc naturel régional des volcans d’Auvergne. Je trouve ce projet non abouti, même si, dans le concept, dans l’idée même, avoir un équipement de grande qualité consacré au volcanisme, cela me paraît intéressant. Aujourd’hui, je sais que la justice s’est penchée sur les recours formulés par les habitants et par les associations. Il est normal de la laisser travailler. Je sais que les chantiers d’ores-et-déjà s’annonce beaucoup plus coûteux qu’on ne l’avait annoncé puisque les entreprises ont déclaré qu’elles ne pouvaient pas faire face, dans le cadre du budget qui était prévu. Donc, d’ores-et-déjà, le projet est menacé.
Michèle Cotta : Alors Superphénix. Donc, vous avez dit… on a tous compris qu’il fallait détruire Superphénix, mais cela coûte plus cher, je pense, de l’arrêter que de le poursuivre. Alors, est-ce que vous pensez qu’il y a un lobby pro-Superphénix et que vous pouvez faire quelque chose et honorer en tout cas les promesses de votre campagne ?
Dominique Voynet : Que la machine fonctionne ou non, elle coûte en frais de fonctionnement, en salaires, en entretien, en maintien de la sécurité sur le site, des centaines de millions de francs par an. Cette machine n’est vraiment adaptée ni pour produire de l’électricité en quantité ni pour éliminer des déchets nucléaires. Elle ne me paraît pas justifier les sommes considérables qu’on y engloutit.
Michèle Cotta : Sauf que ça coûte plus cher d’arrêter.
Dominique Voynet : À un moment ou à un autre, il faudra arrêter de toute façon puisque nos partenaires étrangers ont d’ores-et-déjà indiqué qu’ils n’entendaient pas poursuivre l’expérience au-delà de l’an 2000. Donc prévoir le démantèlement, l’arrêt de l’installation, c’est quelque chose qui va de soi dès qu’on la met en service. Il faudra bien arrêter un jour donc, nous avons décidé d’arrêter. Il nous faut à la fois reconvertir le site pour permettre de maintenir des emplois et pour répondre aux inquiétudes des collectivités qui craignent des départs de familles qui n’auraient plus d’emploi dans cette zone et à la fois donc prévoir l’arrêt sur le plan technique, décharger le sodium, décharger les combustibles, restaurer, je dirais, la qualité du site est quelque chose qui va prendre sans doute des dizaines d’années.
Michèle Cotta : Alors Dominique Voynet, là… là-dessus, vous avez comme adversaire le ministre communiste des transports, Jean-Claude Gayssot, et j’en profite pour vous demander, on revient un peu à la question du début…
Dominique Voynet : Je n’en suis pas convaincue. Je n’en suis pas convaincue.
Michèle Cotta : La CGT en tout cas manifeste pour rester.
Dominique Voynet : S’il est vrai que la CGT locale défend la poursuite de l’exploitation, je n’ai jamais entendu le ministre des transports s’exprimer sur ce point. Il savait dès le 1er juin que l’arrêt de Superphénix faisait partie de l’accord passé entre les Verts et le Parti socialiste. Cela n’a jamais été remis en cause depuis.
Michèle Cotta : Alors, passage, transition à la politique. Comment va la majorité plurielle ? Hier, Philippe Séguin a dit que l’on pouvait parler de « majorité virtuelle avec d’ailleurs une politique virtuelle ». Qu’est-ce que vous lui répondez ?
Dominique Voynet : Je ne comprends pas ce que cela veut dire. C’est un bout de phrase destiné à faire un effet de salle dans un congrès. Cela n’a pas de sens !
Michèle Cotta : Cela vous arrive aussi de faire un effet de salle dans un congrès !
Dominique Voynet : Ça m’arrive aussi ! Ça m’arrive aussi, justement donc je les détecte d’autant mieux chez les autres ! Mais soyons clairs : Philippe Séguin est confronté à un problème difficile, assurer la cohésion d’un rassemblement en péril, dont le nom d’ailleurs n’est pas tout à fait fixé à l’heure où je vous parle…
Michèle Cotta : Si, si…
Dominique Voynet : Si, ça y est ?
Michèle Cotta : Le RPR, il est resté RPR.
Dominique Voynet : Eh bien voilà, la nouveauté et la rénovation du rassemblement est en marche. Moi, ce qui m’apparaît aujourd’hui très intéressant, c’est de dire que l’on peut à la fois avoir un gouvernement pluraliste, une majorité plurielle, admettre le débat au sein de cette majorité et en garantir la cohésion. Moi, je me sens très bien dans cette majorité. Je me sens très bien quand je suis reconnue, respectée, écoutée, ce qui est le cas. J’admire de Lionel Jospin qu’il soit capable d’admettre cette diversité au sein de sa majorité, qu’il ne nous demande pas d’être le petit doigt sur la couture du pantalon…
Michèle Cotta : Non, ça on ne peut pas dire…
Dominique Voynet : … qu’il écoute et qu’il arbitre en connaissance de cause.
Philippe Lapousterle : Il ne vous a pas fait de remarque à aucun moment, Monsieur Jospin ?
Dominique Voynet : Je crois que Lionel Jospin a pour mission d’assurer la cohésion de sa majorité. Donc, quand il dit « l’image d’un gouvernement est fragile, il vous appartient, à vous, membres du gouvernement de bien peser ce que vous dites », il est dans son rôle. Il a raison de le faire. Moi, je le dis à mes camarades des Verts. On a tous effectivement à avoir présent à l’esprit cette cohésion, cette cohérence du projet gouvernemental, mais c’est aussi mon travail de ministre Verts que de porter les attentes de ceux qui ont voté pour les Verts. C’est aussi mon travail de ministre Verts de faire en sorte que les erreurs de l’union de la gauche des années 80 ne soient pas renouvelées. La nouveauté de la majorité plurielle, c’est la présence des Verts. Sans les Verts, la majorité plurielle, c’est PS-PC en tête-à-tête, franchement.
Michèle Cotta : Vous en jouez beaucoup de ça, non ?
Dominique Voynet : Je trouve que c’est un atout considérable pour la majorité qui doit s’en servir. Cela peut aussi parfois rendre les choses plus difficiles au quotidien. À long terme, je suis convaincue que c’est payant parce que c’est une garantie de proximité avec les problèmes concrets des gens.
Philippe Lapousterle : Est-ce que vous comprenez quand même, Dominique Voynet, les Français qui étaient un peu perturbés de voir que vous étiez au Gouvernement à côté de Monsieur Chevènement qui délogeait les chômeurs des ASSEDIC et, de voir que les Verts soutenaient dans la rue et dans les ASSEDIC même le mouvement de chômeurs ? Est-ce que vous étiez confortable, vous ?
Dominique Voynet : Alors, je pense qu’il y a des chômeurs, membres des Verts présents dans les ASSEDIC. Il y a des militants Verts présents aux côtés des chômeurs. Il y a aussi des socialistes. Il y a des communistes. Il y a des militants du MDC et je crois savoir qu’ils ont d’ailleurs interpellé leur ministre en lui disant « oui, bien sûr, nous comprenons la tâche difficile du ministre de l’intérieur qui est chargé d’assurer le maintien de l’ordre et la sécurité, mais nous voulons aussi entendre le militant du MDC qui défend une autre construction européenne et qui souhaite que la priorité reste bien la lutte contre le chômage et l’exclusion ».
Philippe Lapousterle : Au jour d’aujourd’hui, vous soutenez toujours le mouvement des chômeurs dans ses actions futures ?
Dominique Voynet : Ah bien non. On ne peut pas prendre des engagements sur des actions futures sans savoir ce qu’elles seront !
Philippe Lapousterle : La manifestation prochaine, par exemple ?
Dominique Voynet : Je soutiens effectivement les mouvements des chômeurs dans leurs démarches pour la création d’emplois qui est la priorité du Gouvernement. On l’a vu avec la loi sur les emplois jeunes et la loi en préparation sur les 35 heures qui sera d’ailleurs dotée d’encouragements très nets à aller plus loin vers les 35 heures. Je pense que l’on a tous intérêt, Gouvernement et mouvements de chômeurs à travailler ensemble pour l’emploi.
Michèle Cotta : Alors justement, si l’on passe aux 35 heures, vous étiez présente à l’ouverture du débat aux côtés de Martine Aubry. Alors, est-ce que vous êtes d’accord pour ces 35 heures, mais est-ce que vous êtes aussi favorable à ce que cela autorise à une organisation, à une nouvelle organisation du travail ? Je ne dis pas flexibilité, mais, par exemple, annualisation ?
Dominique Voynet : L’annualisation, elle existe dans beaucoup de métiers. Un instituteur ne fait pas cours en juillet-août. Un moniteur de ski ne donne pas de cours de ski au mois de juin, etc., etc. Donc, dans beaucoup de métiers, c’est déjà le cas. En politique aussi. Les députés ne siègent pas en dehors de la session, me semble-t-il. Donc, cette souplesse…
Philippe Lapousterle : Ils travaillent tout le temps…
Michèle Cotta : … Dans les 35 heures…
Dominique Voynet : Euh… Disons que c’est inégalement réparti.
Michèle Cotta : D’accord.
Dominique Voynet : Ce qui m’apparaît donc évident, c’est que l’on doit mettre en conformité le droit et les pratiques, mais que cela doit se faire par la négociation. Cette négociation donne un rôle fondamental aux partenaires sociaux, aux syndicats de salariés, au patronat. Il n’y a aucun motif pour qu’on ne mette pas tout le monde autour de la table le plus vite possible. Ce qui est le pire, c’est la flexibilité subie, c’est la contrainte venue d’en haut. La flexibilité assumée et choisie par les salariés, cela s’appelle plus de temps pour vivre et plus de temps pour choisir les activités non liées en dehors du travail.
Michèle Cotta : Donc cela doit dépendre de la négociation.
Dominique Voynet : Cela me paraît évident. La loi donne un cadre et ensuite, les partenaires sociaux ont la main pour aller plus loin.
Philippe Lapousterle : Alors, une épine peut-être dans cette majorité plurielle formidable et de bonne humeur, c’est le Nord. Votre mouvement préside…
Dominique Voynet : Ah, c’est une grosse épine, ça. C’est une grosse épine. Tout le monde s’accorde à reconnaître…
Michèle Cotta : Pour les régionales, deux listes…
Philippe Lapousterle : Les régionales, les Verts, votre mouvement préside la région Nord – Pas-de-Calais. Est-ce que vous pouvez admettre que cette région soit présidée par Monsieur Delebarre, socialiste et candidat ?
Dominique Voynet : Alors, je reconnais bien volontiers que Marie-Christine Blandin est arrivée à la présidence de la région Nord – Pas-de-Calais à la suite d’un concours de circonstances. Cela dit, elle a fait un travail formidable à la tête de la région et tout le monde s’accorde à la reconnaître. Ses adversaires et ses amis. Elle a eu le courage de poser un certain nombre de questions, de réhabiliter les lycées pollués à l’amiante avant que ce ne soit obligatoire, de lancer les assises pour l’emploi qui permettaient à l’ensemble des partenaires sociaux de s’engager pour l’emploi, de choisir, je dirais, les préoccupations du quotidien des gens plutôt que la réalisation de quelques grandes infrastructures à inaugurer à la veille des élections. Je pense qu’elle mérite de poursuivre son travail et que rien ne justifie dans une majorité plurielle que toutes les présidences de région soient accordées au plus gros des partenaires de cette majorité.
Philippe Lapousterle : Et si cela se faisait ?
Dominique Voynet : Pour moi, ce serait évidemment un casus belli. Je crois que Marie-Christine Blandin a bien fait son travail. Reconduire les sortants, il semblerait que ce soir une sorte de tradition républicaine à droite comme à gauche quand ils n’ont pas démérité…
Michèle Cotta : Mais casus belli, cela veut dire quoi ?
Philippe Lapousterle : Oui, casus belli, cela veut dire quoi ?
Dominique Voynet : Je crois que tout le monde le sait : les Verts et le Parti socialiste discuteront des présidences de région au soir des élections. Les Verts n’entendent pas apporter leur soutien à 100 % de candidats socialistes à la tête de ces régions et ils souhaitent, ils demandent de façon très précise que Marie-Christine Blandin puisse poursuivre son travail.
Philippe Lapousterle : Casus belli, cela veut dire que vous ne resteriez pas au Gouvernement, en gros ?
Dominique Voynet : On n’en est pas là ! Avant les menaces et le chantage, il y a la discussion et le dialogue, quand même !
Michèle Cotta : Alors, peut-être la dernière question que l’on peut vous poser et qui ouvrira le débat qui suit : vous avez suivi, je pense comme tous les Français, les vicissitudes de Bill Clinton. Quelle réflexion cela vous inspire ?
Dominique Voynet : Alors d’abord, je vous promets que je n’ai aucune relation ni personnelle, ni politique avec Bill Clinton !
Michèle Cotta : Vous faites bien de le dire, d’accord ! Il vaut mieux toujours être prudent !
Dominique Voynet : Je me réjouis qu’en France on juge les hommes et les femmes politiques sur la qualité de leur travail, sur la qualité de leurs relations avec leurs électeurs, sur leurs capacités à anticiper les choix de l’avenir, sur leurs capacités à gérer avec rigueur les fonds publics. Je ne comprends pas ce que nous aurions à gagner à aller lever les couvercles des poubelles, ouvrir les portes des frigos et de tirer les rideaux des alcôves, vraiment.
Michèle Cotta : Alors, Dominique Voynet, une dernière question, un de vos… le secrétaire national de votre… des Verts, a dit : « nous sommes le troisième parti de la gauche, mais nous comptons bien devenir le deuxième ». Est-ce que cela veut dire que, dans votre foulée, vous voulez avaler le Parti communiste ?
Dominique Voynet : Je n’ai pas entendu cette phrase. Je ne la revendique pas et je me réjouis de ne pas l’avoir entendue !
Michèle Cotta : Bien, je vous remercie. Merci Dominique Voynet. Alors l’Amérique dans tous ses états, les frasques sexuelles de son président Bill Clinton révélées, étalées dans tous les médias du monde, à la Une des journaux, sur tous les écrans, sur Internet aussi. Une tempête médiatique et politique qui frappe le président donc du pays le plus puissant du monde et qui aliment toutes les conversations du monde. On revoit la semaine avec Jean-Michel Mercurol.