Texte intégral
Madame le Maire
Je viens d’apprendre qu'à l'occasion de la tenue du Xe congrès du Front national en la ville de Strasbourg, vous aviez décidé de faire déboulonner la statue de Jeanne d'Arc de son socle. Permettez-moi de vous faire part tout à la fois de mon indignation et de ma stupéfaction.
Contrairement à vos allégations, je ne vois pas en quoi la venue du Front national en la capitale alsacienne constitue une « provocation ». Vous qui avez une bonne connaissance des arcanes de la vie politique française, savez parfaitement qu'au rebours des calomnies proférées par des individus sans scrupules le Front national n'a rien à voir, loin s'en faut, avec un quelconque « fascisme ». Bien au contraire, il rassemble dans ses rangs tous les patriotes soucieux de défendre l'intérêt national sans distinction d'origine, de race, de religion ou de philosophie, et a pour volonté première de s'ériger en rempart contre la décadence qui gangrène notre pays.
Alors que l’ensemble de la classe politique avait jeté aux orties la magnifique image de la Sainte de la Patrie, fleurie seulement par les militants de la droite nationale depuis le début du siècle, le Front national a poursuivi envers et contre tout cette noble tradition. Il n'y a là aucune « récupération ». Libre à chacun d'honorer la mémoire de la Pucelle d'Orléans. Mais il me semble particulièrement scandaleux et grotesque que vous agissiez de la sorte. Enlever la statue de Jeanne pour que les femmes et les hommes du Front national ne puissent lui rendre hommage équivaut à casser le thermomètre pour éviter de constater la fièvre. De même, si les militants du Front national décident de se rendre en nombre à la messe de Pâques, allez-vous pour autant démonter pierre par pierre la cathédrale ?
En espérant que vous comprendrez rapidement le ridicule de la situation dans laquelle vous vous êtes vous-même placée, et que vous reviendrez sur votre décision, je vous prie de croire, Madame le Maire, en l'assurance de mes sentiment sincères.