Déclaration de M. Bernard Pons, ministre de l'équipement du logement des transports et du tourisme, sur la liaison autoroutière Saintes - Rochefort et le développement du réseau autoroutier notamment dans la région Poitou-Charentes, Rochefort le 17 mars 1997.

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Intervenant(s) : 
  • Bernard Pons - Ministre de l'équipement du logement des transports et du tourisme

Circonstance : Inauguration de l'autoroute Saintes - Rochefort le 17 mars 1997

Texte intégral

Messieurs les ministres,
Messieurs les présidents,
Messieurs les parlementaires,
Monsieur le préfet,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,

Je suis particulièrement heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour inaugurer cette autoroute Saintes-Rochefort, qui irrigue le sud du département de la Charente-Maritime.

Je crois en effet que cette réalisation est exemplaire.

Elle démontre, en premier lieu, un point essentiel à mes yeux : développer nos moyens de transport peut et doit se faire sans altérer l'environnement.

Celui-ci en particulier méritait qu'on le protège : il n'est que de voir le site remarquable qui nous entoure.
 
Vous savez l'importance que j'attache à cette préservation. L'autoroute n'est pas seulement un ruban de bitume ! Elle doit s'intégrer dans les paysages, contribuer à leur découverte, les valoriser, et aussi participer au développement économique des régions traversées.
 
C'est la raison pour laquelle j'avais décidé, en 1996, d'étendre à l'ensemble des autoroutes en cours d'aménagement la démarche dite du « 1 % Paysage et Développement ». Après les grands axes du Massif central, l'autoroute Saintes-Rochefort en bénéficie à son tour, et je m'en réjouis.

Vous l'avez, poétiquement et avec justesse, baptisée « l'autoroute des oiseaux », car la région en accueille une grande variété d'espèces. La création d'un espace d'animation ornithologique sur l'aire du Bois-Brossard, les efforts déployés pour la préservation de biotopes et de zones humides témoignent de cette volonté de mettre en harmonie les autoroutes nouvelles et les territoires traversés.
 
Parmi les autres points forts, je citerai l'accès par un circuit de promenade à un espace muséographique à proximité de l'aire de repos de La Pierre-de-Crazannes. Le concepteur de cette aire, M. Lassus, a d'ailleurs reçu le « grand prix paysage » décerné par le ministre de l'Environnement.

Ces aménagements, et bien d'autres, permettront aux usagers de découvrir ces sites et de mieux connaître cette belle région de Charente-Maritime.
 
L'autoroute contribue également à la lutte en faveur de l'emploi, première priorité du gouvernement.
 
Le chantier a fait travailler ici, en moyenne, 450 personnes pendant la durée des travaux. Son entretien et son exploitation engendreront 60 emplois directs.
 
Exemplaire, la liaison Saintes-Rochefort l'est aussi dans les techniques de construction mises en œuvre. Celles-ci font partie d'un savoir-faire traditionnel chez les professionnels des travaux publics, mais on ne lui rendra jamais assez hommage. C'est, en effet, un atout très important pour nos entreprises et pour la technique française à l'exportation.

Je tiens donc à saluer les acteurs de ce formidable chantier, la société des Autoroutes du Sud de la France, les entreprises, les bureaux d'études et les architectes, qui ont su faire la preuve de leur dynamisme, de leur efficacité et de leur talent. Je pense en particulier aux ouvrages d'art, dont celui sur la Charente, d'une longueur de 860 mètres, qui franchit à la fois le fleuve et la voie ferrée Bordeaux-Nantes.
 
Cette inauguration est aussi l'occasion pour moi de faire le point sur les réalisations routières de l'État en Charente-Maritime et plus généralement en région Poitou-Charentes.
 
L'intérêt de cette autoroute entre Saintes et Rochefort, déjà considérable pour le département, sera renforcé par la réalisation de la future A 831, Fontenay-le-Comte - Rochefort, décidée en 1994 par mon prédécesseur en accord complet avec le ministre de l'Environnement. Je vous confirme que cette liaison sera inscrite au schéma directeur routier national.
Des études approfondies sont actuellement menées, compte tenu de la sensibilité des sites traversés. Les services de l'environnement sont désormais en mesure de remettre leur avis sur cette liaison. Ainsi, la concertation avec les élus et les responsables socio-économiques devrait pouvoir se dérouler avant l'été prochain. Et le fuseau d'un kilomètre de large, dans lequel le tracé devra s'inscrire, pourrait être arrêté d'ici la fin de cette année.

Cette nouvelle liaison vise à désenclaver la façade maritime du département et notamment le port de La Rochelle.

Vous connaissez l'ambition du gouvernement en matière portuaire, et tout l'intérêt qui s'attache à desservir nos ports de façon efficace.

Au Nord, l'autoroute A 83, devant relier Nantes à Niort, atteindra Oulmes le 21 mars prochain. Le raccordement à l'autoroute A 10, au droit de Niort, a été déclaré d'utilité publique en juillet dernier. Cette opération est financée en 1997 avec un objectif de mise en service en 2001.

En prolongement de la portion que nous inaugurons aujourd'hui, la liaison entre Rochefort et La Rochelle devra être améliorée. J'ai demandé que soient recensés tous les aménagements restant à réaliser pour la transformer en une véritable autoroute.

D'ores et déjà la dénivellation de quatre carrefours est inscrite au contrat de plan pour 65 millions de francs. Le premier sera aménagé avant l'été prochain. Les autres devraient suivre à partir de la fin de cette année.

Enfin, la desserte routière du littoral charentais sera encore améliorée avec l'aménagement de la RN 11 entre La Rochelle et Niort, pour se raccorder à l'autoroute A 10. La section, en Charente-Maritime, a été déclarée d'utilité publique en juillet dernier. L'objectif est une mise en service en 2000-2001.

J'indiquerai encore que le contrat de plan a aussi prévu : des aménagements sur la RN 10 entre Bordeaux et Angoulême pour la transformer en route express à deux fois deux voies ; la modernisation de la route Centre Europe Atlantique, entre Saintes et Angoulême, ainsi que la desserte de Royan, pôle touristique dont nous savons l'importance.

Voilà un programme routier et autoroutier ambitieux pour la Charente-Maritime. Il est rendu possible par une dynamique d'investissement que je souhaite maintenir, tout en tenant compte bien sûr de l'objectif du gouvernement de redresser les finances publiques de l'État.

Quelques mots pour vous expliquer combien je suis attentif à cette dynamique.

Au niveau national, l'ensemble des moyens consacrés à notre réseau routier atteindra en 1997 le niveau de 42 milliards de francs. C'est le plus haut jamais atteint, de moitié plus élevé qu'entre 1988 et 1993. Ceci est possible grâce à un effort sans précédent sur le réseau autoroutier concédé, mais aussi par la volonté de préserver et d'améliorer la qualité du réseau routier.

De la sorte, nous concourons à l'amélioration des conditions de sécurité pour les usagers de la route, objectif auquel, vous le savez, je tiens particulièrement, et nous maintenons la valeur du capital considérable que constitue pour la nation notre réseau routier.

C'est ainsi que sur le seul réseau concédé, le montant des investissements atteindra en 1997 la somme inégalée de 22 milliards de francs, soit un tiers de plus qu'en 1995, et deux fois plus qu'entre 1988 et 1992.

Ce sont donc 412 kilomètres d'autoroutes nouvelles qui seront lancées en 1997.

L'État s'est également engagé en 1994 sur de très importants programmes d'investissement routier avec les régions et les autres collectivités. Au total plus, de 64 milliards de francs, dont près de 45 % à sa charge.

Il est vrai que, compte tenu de l'objectif du gouvernement de réduire les déficits publics, il a été décidé de prolonger d'un an la durée des contrats de plan État-Région, qui s'étendront donc jusqu'en 1999. Mais cela ne remet nullement en cause les engagements de l'État. Les réalisations seront seulement étalées dans le temps.

Je dois rendre hommage à l'initiative du président Raffarin et des responsables de la région Poitou-Charentes qui ont souhaité participer activement au maintien des investissements routiers, et par là même soutenir l'activité dans le secteur des travaux publics.

Afin de faciliter cet effort, le gouvernement a décidé, pour 1997, de permettre aux collectivités territoriales qui le souhaitaient d'accélérer le financement des opérations routières prévues.

Grâce à leur apport – plus de 800 millions de francs –, les paiements seront globalement au même niveau qu'en 1996 et sensiblement plus élevés qu'en 1994 et 1995.

En Poitou-Charentes, l'avance des collectivités devrait permettre d'augmenter l'activité des travaux publics de plus de 40 % par rapport à l'an passé.

À travers ces chiffres, vous voyez que tant les collectivités locales que l'État ont à cœur de renforcer la desserte des départements du littoral, pour mieux arrimer la façade atlantique à l'Europe.

Exemplaire, l'A 837 l'est aussi par cette conjonction réussie des efforts de chacun.

Ces efforts ont permis que l'entreprise soit portée par une volonté à sa mesure, forte, rassemblée et soucieuse à la fois de développement et de beauté...