Interviews de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, dans "Le Figaro" du 27 mars 1997 et à RTL le 28, notamment sur les manifestations organisées à Strasbourg à l'occasion du congrès du Front national, son éventuelle candidature aux prochaines élections législatives, et sur la victoire de Catherine Mégret à Vitrolles.

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Circonstance : Congrès du Front National à Strasbourg du 29 au 31 mars 1997

Média : Emission Forum RMC Le Figaro - Emission L'Invité de RTL - Le Figaro - RTL

Texte intégral

Le Figaro - 27 mars 1997

Le Figaro : Le congrès du FN suscite beaucoup de protestations. Les anti-FN se mobilisent massivement contre vous…

Jean-Marie Le Pen : Oui, apparemment. Admettons que ces manifestations amènent 30 000 personnes, cela ne représentera encore que le sixième des voix que j’ai obtenues en Alsace. Et dans ces 30 000 personnes, il y aura les radicaux allemands, les Verts allemands, les cars remplis de permanents politiques et syndicaux… Ce sont 200 personnes qui en réalité parlent. Les autres n’en pensent pas moins mais ne sont pas forcément d’accord avec ce qui est exprimé en leur nom. J’ai été heureux de voir que les représentants de la communauté juive de Strasbourg ont été d’une réserve et d’une modération exceptionnelle, en disant qu’ils ne voulaient pas interférer avec la politique. La cavalcade des obédiences maçonniques contre le Front national me paraît mirobolante.

Une grande organisation politique française tient son congrès. Elle va exposer son point de vue, elle a droit à l’écoute médiatique. Or des gens annoncent qu’ils veulent au minimum parasiter cet événement, et empêcher que ce message médiatique soit entendu par les Français. En démocratie, l’opposition est toujours utile à un pouvoir, quel qu’il soit. Je crois que la manière dont on traite l’opposition du FN en la réfutant, de façon absolument mensongère, hostile à la République et à la démocratie, prive la classe politique d’un repère fort utile.

Le Figaro : Ce congrès, c’est le congrès de l’après-Vitrolles. Est-ce qu’il restera comme celui de la succession de Le Pen ?

Jean-Marie Le Pen : Pourquoi, vous me trouvez trop vieux ? Je n’ai pas l’âge de Deng Xiaoping. D’autres personnages, comme Clemenceau ou le général de Gaulle, ont joué un grand rôle à 70 ans passés. Tout le monde se rend bien compte que le président est tout à fait en état de présider le mouvement… Non, c’est un congrès institutionnel qui vient en son temps, trois ans après le précédent. Un an avant les échéances législatives, nous devons avant tout mettre au point un certain nombre de propositions qui constitueront notre plate-forme électorale.

Le Figaro : Ne faudrait-il pas tout de même préparer votre succession ?

Jean-Marie Le Pen : Pourquoi voulez-vous que je prépare ma succession ? Si je meurs, ce qui peut arriver à n’importe qui, le congrès sera réuni, sous la présidence du vice-président, et procédera à l’élection du nouveau président, selon nos statuts. On m’a dit, l’autre jour : « M. Le Pen, en 2002, vous serez peut-être un peu vieux. » J’ai répondu : « Mais comment, en 2050, j’aurai quatre ans de moins que Jeanne Calment ! » La vie m’a appris que beaucoup de jeunes sont morts autour de moi et que personne ne sait de quoi demain sera fait.

Le Figaro : Certains disent que vous avez été le seul artisan de l’éclosion et de la croissance du FN mais que vous êtes désormais le principal obstacle à sa progression…

Jean-Marie Le Pen : Les deux sont faux. Je n’ai pas été le seul responsable de la progression du FN qui est le fruit de milliers d’efforts pendant 25 ans, auxquels ont concouru les talents et les caractères de gens qui m’entourent.

Je ne crois pas être un obstacle à la progression du FN. Si je le pensais, je prendrais peut-être la décision de me retirer, mais ce n’est pas le cas. Il faudrait d’ailleurs que cette opinion soit partagée par les dirigeants du mouvement, ce qui ne semble pas être le cas.

Le Figaro : Pourtant, contrairement à de nombreux candidats du FN, vous paraissez inéligible dans toute la France. Et vous avez, vous-même, semblé avaliser ce rejet personnel en éludant la question de votre candidature aux législatives.

Jean-Marie Le Pen : Je suis un homme libre qui ne se croit pas obligé d’annoncer par quel défilement il va passer, pour qu’on lui tende l’embuscade. Il n’est donc pas dit que je ne serai pas candidat. La bête peut encore frapper !

Le Figaro : Il y a un mois, Catherine Mégret devenait maire de Vitrolles. C’était la première fois qu’un candidat du Front national était élu au scrutin majoritaire sans triangulaire. C’est la victoire de Bruno Mégret ou du Front national ?

Jean-Marie Le Pen : C’est la victoire des deux. Elle est le fruit de la persévérance, de la ténacité, du travail méthodique et démocratique. À Marseille et dans la région, cela est d’autant plus méritoire que, pour battre les sortants de gauche, il faut obtenir 55 % des voix réelles, à cause des voix de fraude en réserve, et combattre leur influence basée sur ce qu’ils appellent le tissu associatif, c’est-à-dire la trame d’associations bidon, qui servent à subventionner leurs militants.

Il s’agit donc d’un succès personnel de Bruno Mégret, et d’un succès du Front national et donc de Jean-Marie Le Pen. C’est le fruit d’un travail méthodique et tenace, pour une victoire à laquelle Mme Mégret a amené la petite fleur de la fraîcheur et de l’innocence.

Le Figaro : Ses propos à la « Berliner Zeitung » sont-ils également frais et innocents ?

Jean-Marie Le Pen : Oui, bien sûr, c’était innocent. Mais de toute façon, les propos ont été démentis.

Le Figaro : Quelle conclusion tirez-vous de cette victoire électorale pour les prochaines élections législatives ?

Jean-Marie Le Pen : Cette élection prouve que le scrutin majoritaire n’est pas le barrage que certains croient infranchissable pour tenir le Front national hors du Parlement et de la légitimité démocratique. En 1989, Marie-France Stirbois avait été élue à Dreux au scrutin majoritaire, mais il y avait eu un fait particulier qui l’avait aidée : les quatre foulards de Creil. Cette fois, il n’y a aucun fait particulier. Cette victoire de Vitrolles signifie que dans toutes les circonscriptions où le Front national dépasse aujourd’hui les 25 ou 30 %, il pourrait, si un fait exceptionnel intervenait – et il en interviendra – bénéficier d’une lame de fond populaire en sa faveur. Ce ne serait alors que l’expression de la volonté du peuple. Curieux démocrates que ces hommes de l’établissement qui considèrent que la démocratie marche à sens unique : quand elle va dans leur sens, le peuple est bon, quand elle va dans l’autre sens, le peuple se trompe.

Le Figaro : Quel « fait » imaginez-vous ?

Jean-Marie Le Pen : Imaginez une victoire du FIS en Algérie, et la fuite vers la France de centaine de milliers d’Algériens du FLN. Ou une explosion dans les banlieues.

Le Figaro : Il n’empêche qu’en dehors d’une situation exceptionnelle, le Front national enfermé politiquement dans un ghetto, sans alliés, ne pourra arriver au pouvoir.
Dans les années 60, on se demandait : à quoi sert le Parti communiste ? Aujourd’hui, à quoi sert le FN ?

Jean-Marie Le Pen : Nous ne servons pas à rien puisqu’on parle de lepénisation des esprits. Quant aux alliances dont nous aurions besoin, elles ne viendront pas forcément des partis, mais des individus. Les partis peuvent eux-mêmes se décomposer. La vie politique est un long parcours. Au Front national, nous ne sommes pas entrés en politique pour recevoir des prébendes. Mais ce sont les événements qui font l’histoire, pas les hommes. En avril 1940, l’armée française était encore la meilleure du monde…

Le Figaro : Dans un sondage CSA, publié lundi dernier par « Le Parisien », il apparaît que les habitants des quatre villes dirigées par des maires du Front national constatent que rien ne s’est amélioré, sauf en matière de sécurité et d’environnement. La banalisation municipale n’est-il pas le plus grave danger qui guette votre parti ?

Jean-Marie Le Pen : Je constate d’abord avec plaisir, qu’en dépit du pilori médiatique sur lequel on les cloue depuis des mois, ces maires gardent une image positive auprès de leur population. Quant aux questions posées, les gens savent bien que, pour l’essentiel, elles ne relèvent pas de la compétence du maire, mais de celle de l’État.

Le Figaro : Un autre sondage, publié cette fois, par le journal « Le Monde », indique que plus de 75 % des Français estiment que votre parti représente « un danger pour la démocratie ». La « diabolisation du FN », ça marche ?

Jean-Marie Le Pen : Oui, ça marche, surtout quand le sondage est fait après trois mois de pilonnage médiatique. Mais si ces sondages sont exacts, les hommes politiques de l’établissement devraient dormir tranquilles. Il est sûr que les 25 % restants voteront pour le Front national, alors qu’il n’est pas sûr du tout que les 75 % autres voteront pour l’un des partis de la bande des quatre.

Le Figaro : Dans votre programme, vous n’avez pas renoncé au libéralisme économique, mais vous y avez ajouté des principes protectionnistes. Voulez-vous inventer le libéralisme dans un seul pays ? Voulez-vous faire de la France, l’Albanie de l’Europe de l’Ouest ?

Jean-Marie Le Pen : Nous sommes en faveur de l’économie de marché. Nous avons toujours critiqué sévèrement le communisme, et le fait que nous soyons le pays du monde le plus proche du système marxiste, avec un nombre de fonctionnaires considérable et des prélèvements obligatoires trop lourds.

Mais pour lutter contre la mondialisation, nous avons préconisé un protectionnisme éclairé, qui nous permette de nous défendre contre le dumping, la pression qu’exercent des pays dont le coût du travail est moins élevé que le nôtre.

Nous souhaitons donc le rétablissement des frontières et leur contrôle, de façon à nous mettre en état de rivaliser avec les productions étrangères sans être asphyxiés par elles.

Nous sommes libéraux, nous ne sommes pas anarchiques.

Le Figaro : N’y a-t-il pas tout de même contradiction entre votre profession de foi libérale et votre refus du libre-échangisme ?

Jean-Marie Le Pen : Disons que nous sommes pour un libéralisme national. Aujourd’hui nous sommes, comme vous le dites, dans la religion du libre-échangisme, c’est-à-dire la liberté du renard dans le poulailler.

Le Figaro : Peut-on remettre en cause l’ouverture de nos marchés quand on sait qu’un Français sur quatre travaille pour l’exportation ?

Jean-Marie Le Pen : Soyons sérieux. Sur un PIB de 7 700 milliards, l’excédent de la balance commerciale est de 100 milliards.

Le Figaro : Votre programme, en proposant le SMIC à 7 000 francs, n’est-il pas, là encore, en contradiction avec le libéralisme qui préconise plutôt la diminution des contraintes ?

Jean-Marie Le Pen : Cette mesure nous apparaît comme un moyen de dignité élémentaire au point de vue social. D’autre part, cette mesure nous interdit d’aller trop loin dans la mondialisation. Si vous mettez en parallèle des économies où le salaire est de 200 F par mois, et d’autres où le salaire est de 10 000 F, il est bien évident qu’au bout d’un moment celui de 200 F va monter et celui de 10 000 va baisser. Ce sont des vases communicants.

Ce que la classe politique va avoir à gérer, c’est l’effondrement des rémunérations, et elle n’y résistera pas. C’est le fruit de la politique qu’elle a choisie d’adopter sans réserve. La mondialisation, la réduction de l’espace mondial, tout cela existe, c’est évident. Mais ce mouvement de mondialisation ne doit pas être accepté béatement. Il peut être jugé. On peut considérer qu’il est bénéfique ou maléfique. On peut considérer qu’on peut le freiner, le contrôler, l’orienter, ou au contraire pagayer dans le sens du courant. Et ceux qui pagayent dans le sens du courant, alors qu’on entend déjà les chutes quelques kilomètres plus loin, sont des fous.

Le Figaro : Les pays qui créent le plus d’emplois sont ceux pourtant qui sont libéraux sans états d’âme sociaux, comme les États-Unis ou l’Angleterre, et le plus immergés dans la compétition mondiale…

Jean-Marie Le Pen : Ce que je dénonce dans l’établissement politique français, c’est la contradiction de son propos et le mensonge de son message. Quand il dit : nous pourrons assurer l’entrée dans la mondialisation et en même temps préserver le statut social complexe, lourd et ruineux des Français, je les attends, moi, à la sortie de ce dilemme.

Le fait qu’il y ait mondialisation et qu’il faille en contrôler les effets négatifs ne doit pas nous faire oublier les pesanteurs et l’archaïsme de nos structures. Mais nos options économiques et sociales, à la différence des utopistes économiques, sont hiérarchisées. Eux mettent l’économie en tête de toutes les valeurs et soumettent à l’économie l’ensemble de leur comportement. Nous, nous pensons que la politique est avant l’économie et que la morale est avant la politique. C’est un choix de société que nous faisons et auquel nous soumettons, en reconnaissant ses forces considérables, la vie économique.

 

RTL - vendredi 28 mars 1997

Olivier Mazerolle : Il y aura, à l’occasion du congrès du Front national à Strasbourg, des manifestations comme il y en a depuis quelque temps dans beaucoup de villes où vous tenez meeting – vous ou Bruno Mégret. Quelles significations donnez-vous à ces manifestations ?

Jean-Marie Le Pen : Je crois que la classe politique dans son ensemble, et plus particulièrement la gauche dont c’est un des moyens d’action traditionnels, ne veut pas admettre que le Front national ait le droit à la parole. Et ils essayent par ces différents moyens de faire pression, d’intimider les publics du Front national et de créer autour de lui une atmosphère de violence dont il suffira, ensuite, de partager la responsabilité ou de l’attribuer directement au Front national. Je crois que c’est une tactique connue, habituelle. Ce n’est pas original.

Olivier Mazerolle : Est-ce que vous ne croyez pas qu’il pourrait s’agir d’une sorte de mobilisation populaire ? Il y a eu récemment un sondage de la Sofres, réalisé à la demande du « Monde » et de RTL, qui disait que 75 % des Français pensaient que votre parti était dangereux pour la démocratie.

Jean-Marie Le Pen : Je suis pour la démocratie des urnes, pas pour la démocratie de la rue ni pour la démocratie des sondages. Je constate que lorsqu’il y a des élections partielles, celles-ci contredisent radicalement les sondages qui sont publiés. Par conséquent, moi, je m’en tiens à la démocratie et à la République traditionnelle et je ne changerai pas de méthode.

Olivier Mazerolle : Est-ce que vous avez été déçu, dimanche dernier, d’entendre Charles Pasqua adhérer au discours de Lionel Jospin disant que le Parti socialiste est un adversaire mais que le Front national était un ennemi ?

Jean-Marie Le Pen : Charles Pasqua a toujours été un adversaire du Front national, y compris et surtout quand il faisait semblant d’en être l’ami.

Olivier Mazerolle : Bruno Mégret a dit que le Front national devenait un parti de gouvernement, mais avec qui ?

Jean-Marie Le Pen : Il pourrait être seul d’abord, à condition d’avoir la majorité.

Olivier Mazerolle : C’est envisageable ?

Jean-Marie Le Pen : Avec 35 % des voix, le RPR et l’UDF ont 477 députés. Alors une vague, nous en avons connue. Moi, j’ai connu le parti du général de Gaulle avec 400 000 voix en 1956, et ensuite il en avait dix millions. Ces choses-là changent. Cela dépend des événements. Le Front national fait un progrès continu, il perfectionne son implantation, son organisation, la formation de ses cadres et de ses militants. Il s’érige en force politique positive et calme, lui.

Olivier Mazerolle : Mais passer de 15 à 35 %, c’est énorme !

Jean-Marie Le Pen : Il peut aussi avoir des alliés. Vous savez dans l’adversité, on n’a pas d’alliés ; dans la victoire, on en a beaucoup.

Olivier Mazerolle : Mais vous rejetez le RPR et l’UDF, qui pourraient être vos alliés ?

Jean-Marie Le Pen : D’autres gens. Le RPR et l’UDF n’ont pas la propriété de leurs électorats. Je vous ai dit combien ces partis pouvaient représenter des enveloppes vides et il me semble quand vous parlez de soulèvements populaires à l’occasion de Strasbourg, que c’est une grande erreur. Qui va-t-on voir à Strasbourg ? On va voir les apparatchiks des partis et des syndicats, c’est-à-dire ceux qui sont statutairement obligés d’y être. On n’y verra pas, je ne le crois pas en tout cas, les Alsaciens, dont je rappelle qu’ils m’ont donné 25 % des voix aux élections présidentielles et qui n’ont pas tout à fait le tempérament de manifester de cette manière, surtout en période pascale.

Olivier Mazerolle : Au mois de septembre dernier, vous vous étiez adressé aux jeunes du Front national en leur disant de se préparer à la révolution, qu’est-ce que vous vouliez dire par là ? Quelle forme cette révolution pourrait revêtir ?

Jean-Marie Le Pen : La révolution peut être parfaitement pacifique. C’est le changement des institutions, de l’État, de l’économie, de la société. Personne, et surtout les jeunes, ne peut se satisfaire de la situation décadente de notre pays qui est dans le chômage, l’insécurité, etc.

Olivier Mazerolle : Est-ce que vous serez oui ou non candidat aux législatives ? Bruno Mégret disait, dimanche dernier, que Jean-Marie Le Pen a toujours été au feu. Est-ce que vous êtes décidé à vous présenter aux législatives ?

Jean-Marie Le Pen : Par tempérament, je suis un combattant, un combatif et je suis tenté d’aller à la bataille. Mais, je n’annoncerai pas la couleur, si j’ose dire, avant que ce soit nécessaire.

Olivier Mazerolle : Sur le principe, avez-vous décidé de vous présenter ?

Jean-Marie Le Pen : Pas encore !

Olivier Mazerolle : Est-ce envisageable que le leader d’un parti politique, qui a pour ambition d’avoir la majorité, ne se présente pas ?

Jean-Marie Le Pen : C’est en effet tout à fait discutable. Par conséquent, vous pouvez faire des prévisions.

Olivier Mazerolle : Si vous arriviez au pouvoir par hypothèse, quelle serait la première mesure qui vous apparaîtrait comme prioritaire ?

Jean-Marie Le Pen : La première mesure est d’élargir le champ du référendum de façon à permettre au peuple français, qui est privé de la parole depuis très longtemps, de s’exprimer sur un certain nombre de sujets de société particulièrement importants ; de façon à ce que le gouvernement sache clairement quelles sont les aspirations du peuple. Il n’y a que le Front national pour tenir compte de l’opinion du peuple.

Olivier Mazerolle : Sur quels thèmes voudriez-vous pouvoir organiser des référendums ?

Jean-Marie Le Pen : On peut en organiser sur l’immigration par exemple, sur la peine de mort, sur les grands sujets de société où il y a des ambiguïtés et où la classe politique se refuse à exprimer l’opinion que le peuple, lui, soutient.

Olivier Mazerolle : Le comité central de votre parti est élu pour partie, mais vous en désignez vous-même un sixième des membres, vous désignez les membres du bureau politique, vous désignez les membres du conseil scientifique du Front national. Pourquoi ne sont-ils pas élus par les délégués ?

Jean-Marie Le Pen : Un parti, un mouvement, c’est un peu comme un club de golf. N’y viennent que ceux qui le veulent et quand ils y viennent, ils adhèrent aux statuts de ce parti ou de ce mouvement. Par conséquent, les gens qui viennent au Front national savent que telle est sa forme d’organisation. Et elle est démocratique. Nous respectons nos statuts sans conteste. Par conséquent, personne ne voit d’inconvénient à ce que le président du parti…

Olivier Mazerolle : Est-ce que cela n’entretient pas le mythe du chef ?

Jean-Marie Le Pen : Ce n’est pas tout à fait le genre, non je ne crois pas. Je sais bien qu’il y a des gens qui veulent faire croire que le congrès du Front national, c’est le congrès de Nuremberg et que Le Pen, c’est Hitler mais ceux-là font sourire.

Olivier Mazerolle : Dernièrement vous parlez de vous-même au sujet des législatives en disant que « la bête peut encore frapper ». C’est étrange de parler de soi-même comme cela ?

Jean-Marie Le Pen : Oui, bien sûr mais c’était évidemment ironique. Il aurait peut-être fallu que je mette des petits point d’exclamation. C’est parce que je suis souvent comparé, par mes adversaires les plus féroces, à la bête immonde. Alors j’entre dans le jeu en quelque sorte mais il y a des bêtes très jolies et très puissantes.

Olivier Mazerolle : Il y a des chrétiens qui sont choqués que le Front national réélise son président le jour même de Pâques qui est un jour extrêmement symbolique et fort dans la religion chrétienne puisqu’il s’agit de la résurrection du Christ et que vous êtes vous-même chrétien.

Jean-Marie Le Pen : Cela aurait pu être à Noël, cela aurait pu être à l’Ascension. Il y a des fêtes tous les dimanches et même tous les jours dans la religion chrétienne. Il n’y a aucune interdiction dans la religion chrétienne d’agir quel que soit le jour. Dans la religion juive, le samedi on est obligé de s’arrêter de travailler et de faire un certain nombre de choses. Mais dans la religion chrétienne, il n’y a aucune de ces interdictions.