Interview de M. Alain Bocquet, président du groupe communiste à l'Assemblée nationale, dans "Le Parisien" du 28 septembre 1999, sur le rôle des communistes au sein du gouvernement, la politique gouvernementale, la manifestation communiste du 16 octobre à Paris.

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Média : Le Parisien

Texte intégral

Q- Avez-vous le sentiment d'avoir été entendu par Lionel Jospin ?

- « En tout cas, la preuve est faite que les communistes ont leur utilité et leur efficacité au sein de la majorité plurielle ! … Lionel Jospin a dressé un bilan positif de son action, c'est normal. Mais, cette fois, il n'a pas oublié de souligner les inquiétudes, les impatiences et les attentes qui restent fortes : c'est mieux. Quand le Premier ministre annonce des mesures contre les licenciements économiques, il ouvre des pistes de travail qui vont dans le bon sens. Seulement, il faut concrétiser tout cela par des textes et, surtout, par des actes. C'est urgent. Hier, Lionel Jospin a promis des lois… Parfait ! Mais, maintenant, je le répète, il faut aller vite. Le PC va donc mettre un bémol à ses critiques… Quand on voit que, pour une part, nos remarques sont prises en compte, je ne vais pas m'égosiller sur le thème : « Ouh, c'est pas bien ! » Il faut être cohérent. Bien sûr, je ne dis pas que j'ai entendu tout ce que je souhaitais entendre. Mais je préfère le discours de Lionel Jospin à Strasbourg à sa dernière prestation télévisée sur France 2. Surtout, quand il dit : « La mondialisation ne rend pas les États impuissants. » Parce que, ça, ce n'est pas tout à fait ce qu'il avait dit il y a quinze jours… Donc je me dis que les communistes servent à quelque chose dans la majorité. »

Q- Le Premier ministre vous a-t-il convaincu de ne pas manifester le 16 octobre ?

- « Cette manifestation se justifie plus que jamais ! Il suffit d'observer l'attitude du grand patronat et de la haute finance. Le sens de la manifestation, c'est : « Pour l'emploi, contre le diktat des marchés financiers ». En protestant, nous voulons soutenir la détermination du gouvernement dans sa lutte contre les licenciements. Dans ce défilé, il n'y aura donc pas de slogans hostiles au gouvernement… Rien de tout cela n'a jamais été prévu. Cette manifestation a pour but d'interpeller le Gouvernement. Affectueusement.