Texte intégral
Radio France : 13 mars 1998
Q. Comment peut-on espérer sortir du guêpier du Kosovo ?
R. Le Groupe de contact réuni à Londres a pris lundi des positions très claires, très nettes, très fermes. Il a déclaré sans ambiguïté que le statu quo au Kosovo était intolérable. Il n’a pas soutenu la demande d’indépendance puisque tout le monde, que ce soient les membres du Groupe de contact, les pays voisins, les Quinze de l’Europe, s’attachent à reconnaître qu’il faut trouver la solution à l’intérieur des frontières de la Yougoslavie. Mais en même temps, la pression doit être continue et forte pour que les dirigeants de Belgrade entrent dans un dialogue politique et fassent de vraies propositions sur cette autonomie substantielle qu’il ne nous appartient pas de définir dans le détail. C’est la négociation qui doit permettre d’y arriver. Donc nous sommes dans cette période et aujourd’hui à Edimbourg nous avons vu à quel point les Quinze étaient unis et cohérents dans le soutien aux positions prises par le Groupe de contact.
Q. Est-ce que vous pensez que le retour par exemple au statut d’autonomie interne qui était celui du Kosovo jusqu’en 1989, serait aujourd’hui suffisant pour les Kosovars ?
R. Je ne sais pas dans le détail et ce n’est pas à la France ni même aux Quinze d’ailleurs de définir dans le détail quel est le type d’autonomie, quel statut et à quoi il faut le comparer. Il y a en effet eu une autonomie entre 1974 et 1989 et elle a été supprimée à cette date. Est-ce que c’est un bon schéma pour aujourd’hui ? Je ne sais pas. On ne peut pas trancher à leur place. Est-ce que c’est suffisant ? Il est certain que la situation des Albanais du Kosovo n’a cessé de s’aggraver depuis 1989 où l’autonomie a été supprimée. Il y a une sorte d’exaspération que l’on peut comprendre mais pour toutes sortes de raisons, aucun pays ne pense pouvoir soutenir cette demande d’indépendance qui serait un facteur de déstabilisation grave pour l’ensemble de la région alors qu’elle n’a vraiment pas besoin de cela. C’est bien l’inverse. Donc c’est entre les deux qu’il faut trouver la bonne solution. Ce n’est pas à nous de la trouver. Mais nous faisons une pression maximale aujourd’hui pour que le dialogue s’engage et nous permette de la trouver. Ensuite nous verrons quand ce processus sera engagé, sous quelle forme nous pouvons l’aider, l’encourager, notamment si les interlocuteurs le demandent.
Radio France : 14 mars 1998
Q. Est-ce qu’il est opportun et réaliste de penser qu’on pourrait barrer la route à la Yougoslavie/Serbie/Monténégro pour la Coupe du monde de football ?
R. C’est une question qui a été étudiée par les représentants du Groupe de contact juste avant la réunion des ministres du Groupe de contact sur la Yougoslavie lundi matin à Londres et cela n’a pas été retenu. Il n’a pas semblé que c’était une mesure adéquate ni particulièrement intelligente. Donc je crois que nous sommes arrivés, sur l’affaire du Kosovo, lundi matin à Londres à plusieurs mesures qui couvrent l’ensemble du sujet et depuis lors, nous avons vu que tous les pays européens de la Conférence réunie à Londres l’avait soutenu. Les Quinze de l’Union européenne sont totalement favorables et les pays voisins, à travers la déclaration dont la Bulgarie a pris l’initiative, ont également soutenu ce programme. Donc, je crois qu’il faut surtout, à l’heure actuelle, le mettre en œuvre tel qu’il est.
Q. Pourquoi cette idée n’est-elle pas bonne ?
R. Elle n’a pas été retenue parce que c’est typiquement ce type de sanctions qui en quelque sorte prend en otage un peuple entier, soit à travers des sanctions économiques ou d’une autre sorte, alors que ce n’est pas cela qu’il faut viser. Ce n’est pas un peuple qui est coupable de telle ou telle chose. Il s’agit de modifier la politique des dirigeants à Belgrade qui ont laissé s’envenimer depuis des années la situation au Kosovo, depuis qu’ils ont mis fin à l’autonomie qui avait existé dans le passé jusqu’en 1989. Donc, il faut les convaincre, les persuader, les contraindre à modifier cette politique. C’est cela la priorité. Par ailleurs, il faut naturellement, vivement inciter les Albanais à accepter l’entrée dans cette offre de dialogue qui doit conduire à cette autonomie.