Déclaration de M. Charles Millon, ministre de la défense, sur le partenariat entre les entreprises et la défense pour promouvoir le volontariat des personnels de réserve et instaurer des "correspondants de défense", Paris le 13 mars 1997.

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Circonstance : 6ème cérémonie de signature des conventions "Armées-Entreprises" et "Armées-Institutions" à Paris le 13 mars 1997

Texte intégral

Madame le ministre, représentant Monsieur le maire de Toulouse,
Messieurs les parlementaires,
Messieurs les élus
Messieurs les présidents de Chambres de commerce et de l’Industrie,
Messieurs les présidents d’Unions patronales,
Messieurs les présidents des Fédérations de petites et moyennes entreprises,
Messieurs les présidents directeurs généraux de sociétés
Messieurs les présidents des associations Nationales des cadres de réserve,
Mesdames, Messieurs,

Il y a trois mois, la cinquième cérémonie de signature des conventions de partenariat entre la Défense et les structures civiles comprenait pour la première fois des collectivités locales.

À cette occasion j’avais exprimé mon souci de voir ce partenariat se prolonger et s’amplifier cette année.

Je suis heureux de constater qu’aujourd’hui ce sont trente-trois nouveaux signataires (Chiffre minimum arrêté le 8 mars 1997) représentant du monde économique et des collectivités territoriales qui ont décidé sur la base du volontariat, de rejoindre notre démarche, je m’en réjouis.

C’est au total plus de cent conventions, cent quinze exactement, qui ont été signées depuis avril 1996.

Aux Chambres de commerce et d’industrie, aux entreprises, dont je salue les responsables, aux unions patronales – dont celle de la Région Guyane, première union patronale de nos département d’outre-mer à signer – aux départements, aux communes – notamment les villes de Mulhouse et de Toulouse – je voudrais dire qu’elles incarnent désormais un vaste mouvement en faveur de notre nouvelle politique de défense.

Je salue également la présence de président du directoire du Journal « l’Alsace », qui est le premier grand quotidien régional à s’impliquer.

Ce que nous recherchons en commun, c’est avant tout à faciliter, dans le cadre d’une conception moins rigide de la durée et de l’organisation du travail, un véritable volontariat des personnels de réserve.

Pour cela il faut, le cadre conventionnel le permet, que le réserviste soit reconnu dans son entreprise, ou plus généralement dans sa structure civile d’emploi.

L’expérience qu’il acquiert sur le plan militaire en matière de commandement des hommes, l’approche stratégique ou tactique qu’offre au cadre de réserve le service dans des grands états-majors, son sens du devoir et plus généralement des valeurs morales, le conduisent à être reconnu comme un élément très précieux dans son emploi civil.

Il y a, entre stratégie d’entreprise et stratégie militaires de nombreuses analogies qui permettent de dire que le réserviste est en quelque sorte porteur de deux citoyennetés : citoyen au sein de la défense, mais aussi citoyen dans l’entreprise et plus globalement dans la société civile.

Il faut bien sûr que sa disponibilité soit organisée – nous nous y engageons – en étroite collaboration avec les employeurs civils, même si la plus grande part de la réserve, les durées d’activité seront limitées à quelques jours par an, de cinq à douze jours pour le plus grand nombre.

Il faut aussi que les protections sociales soient réelles et à ce titre, le volet conventionnel ne peut qu’être bénéfique, en complément de la loi sur les réserves, en cours de préparation.

En résumé, mais je tiens à le dire aux signataires présents, le nouveau modèle d’armées confère à notre réserve militaire un rôle essentiel :
    - la réserve est indispensable aux armées professionnelles en termes de qualité opérationnelle et d’ouverture sur le monde civil ;
    - la réserve est indispensable à notre société en termes de compétences militaires mais aussi et surtout de valeur partagées avec la communauté de défense ;
    - la réserve est enfin indispensable pour que se développe le sentiment que la nation doit être aimée et mérite d’être défendue.

Globalement, quatre champs d’actions s’offrent aux personnels de la réserve militaire dans les années à venir :

Premier champ d’action.

Bien entendu, tout d’abord, la mission d’agir en complément des forces d’active, aussi bien dans les forces de protection que dans la défense et la protection de notre territoire.

Cette mission reviendra prioritairement à une première réserve opérationnelle de 100 000 postes, composée d’hommes et de femmes répondant aux besoins des armées en terme de compétence et de disponibilité.

Deuxième champ d’action.

L’autre champ d’action sera – les présidents des associations nationales des cadres de réserve le savent – leur participation au « rendez-vous citoyen ».

Une participation de qualité inscrite dans la durée, marquant le double le double engagement des réservistes dans la vie civile et militaire ne peut manquer d’encourager et de susciter le volontariat des jeunes.

Troisième champ d’action.

C’est celui qui correspond au besoin de maintenir et de fortifier le lien Armées-Nation.

En effet, ni la dissuasion, ni l’armée professionnelle, ni les équipements de nouvelle génération, ne peuvent suffire à la défense de notre pays face aux nouvelles menaces, si celles-ci ne s’appuient pas sur l’esprit de la défense. Les personnels de la réserve militaire en sont aujourd’hui et en seront plus encore demain, les garants.

Quatrième champ d’action.

Enfin, les affaires civilo-militaires constituent le dernier champ d’action, le plus novateur et aussi le plus porteur sur le plan partenarial.

Chacun en connaît le développement chez nos alliés.

Découverte à l’issue de la guerre du Golfe, cette nouvelle forme d’action des armées étroitement liée à la vie économique du pays, doit s’accompagner de développements dans le domaine de la doctrine de l’emploi et des structures destinées à la promouvoir.

Les réservistes y trouveront – y trouvent déjà – une occasion de mettre en évidence leur double compétence civile et militaire.

En outre, les réservistes sont les mieux placés pour souligner l’importance des retours d’investissement pour les entreprises.

De tels retours d’investissement compenseront certaines contraintes qu’impliquera une politique d’emploi plus systématique des réservistes.

Cet aspect de leur engagement intéresse bien évidemment les signataires de conventions. Ceux qui ont déjà l’expérience de tels accords – plusieurs d’entre eux sont présents aujourd’hui – savent qu’ils peuvent en attendre de réelles retombées.

C’est la raison pour laquelle ont été désignés d’un commun accord, des correspondant défense dont la première réunion s’est déroulé le 25 février dernier à Paris.

Leur rôle sera important. En effet, au-delà des idées, ils contribueront à faire vivre à tous les niveaux, les relations nouées entre le ministère de la Défense, les entreprises et les institutions partenaires.

Leur mission, en liaison avec les autorités militaires compétentes, consistera en particulier à favoriser la gestion du « vivier » des réserves, à aplanir les difficultés, inéluctables dans une réforme de ce type, au moins dans ses débuts.

En outre, les liens qui se créeront entre eux, contribueront à mieux faire connaître le fait que défense et défense économique se rejoignent chaque jour davantage.

Ainsi, peu à peu, les armées et les partenaires civils se retrouveront dans un même effort de cohérence et de convergence.

Naturellement, les responsables territoriaux de la défense et plus particulièrement les Délégués Militaires Départementaux, prochainement réunis à Paris, contribueront largement à faire vivre ce partenariat.

De même, seront initiées au plan régional, à l’occasion des journées d’évaluation des cadres de réserve, des rencontres sur le terrain avec des chefs d’entreprise et des responsables des collectivités territoriales, auxquelles la presse sera associée. Une première rencontre de ce type aura lieu le 5 avril prochain en Région Rhône-Alpes.

Un dernier mot : nous avons, l’an dernier, lancé avec une passion qui est aujourd’hui partagée par la communauté de défense, cette grande réforme des armées.

Dès la loi de programmation, j’ai tenu à ce que le dossier de la réserve soit pris en compte comme une donnée majeure de notre futur modèle d’armée.

Cette année, c’est avec le même effort de concertation et la même transparence, que nous ferons progresser ce grand chantier.

Il s’agit d’un défi à relever pour faire une seule armée cohérente, comprise et soutenue par la Nation.

Certes, comme dans tout réforme, il faut avancer avec prudence, rassurer les inquiets, encourager les hésitants, inciter les volontaires, et faire régulièrement le point.

Mais notre capacité de créativité, notre enthousiasme – le vôtre comme le mien – sauront nous permettre d’atteindre nos objectifs avec le concours de toute la société civile dont vous êtes, élus et chefs d’entreprise, les représentants.